Texte intégral
Permettez-moi de souligner une nouvelle fois à quel point la France est fière d'accueillir cette conférence, pour écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire commune.
Comme la rappelé le Président de la République, « en 1948, la France accueillait les Nations unies pour adopter la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Lors de la COP21, la France accueille tous les pays pour une nouvelle étape des droits ».
Une fois encore notre pays par sa place, par son rôle, par son influence, est chargé d'une négociation décisive pour l'avenir de la planète.
Nous avons montré que notre pays était capable de s'engager pleinement pour la conférence sur le climat, la COP21. Voilà pourquoi je me félicite de la mobilisation, de la société civile en particulier, pour faire de ce rendez-vous un moment historique. Partout des initiatives sont prises. Vous-même en lançant cet appel sur les enjeux santé et climat, au nom des réseaux de femmes, vous montrez votre engagement pour le développement durable.
Pour la France, vous l'avez compris, il ne s'agit pas simplement de faire preuve d'hospitalité, nous avons souvent l'occasion de montrer cette hospitalité.
Non, l'engagement de la France, en tant que présidente de la COP21, c'est de faire de ce rendez-vous un succès.
Ce succès, il ne repose pas que sur la France, mais sur la volonté collective de toutes les parties, de tous les Etats. C'est là qu'intervient le travail intensif de notre diplomatie et du ministre des affaires étrangères, avec l'appui de tout le gouvernement et des parlementaires. Cette diplomatie s'exerce aussi à travers la participation de la société civile française, de la recherche, du secteur privé.
Je n'ai malheureusement pas pu suivre les débats des tables rondes que vous avez organisées mais, on m'a rapporté vos échanges et quelques-unes de vos conclusions. Il me semble que nous pouvons dire, que tous les acteurs du développement durable contribuent déjà à bâtir cette société plus inclusive, dans leurs actions au quotidien.
Le président de la COP21, Laurent Fabius, a défini les quatre critères de succès qui fondent ce que nous appelons communément l' « Alliance de Paris pour le climat ». Celle-ci doit marquer une transition, un point de bascule dans la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable.
Ainsi nous aurons réussi :
- si nous parvenons à un accord universel, robuste et contraignant, ce qui serait une première historique dans les négociations climatiques ;
- si l'accord permet de favoriser la mise en uvre de contributions nationales toujours plus ambitieuses ;
- si la mobilisation des financements et des technologies est à la hauteur afin de concilier lutte pour le climat et développement économique ;
- si la mobilisation de la société civile permet d'agir dès maintenant.
Pour ma part, je voudrais ajouter un autre critère, qui est l'objet de notre mobilisation et de la mienne en particulier au sein du gouvernement français : l'égalité entre les femmes et les hommes.
Nous aurons réussi si dans ces quatre composantes de l'Alliance de Paris pour le climat, l'égalité entre les femmes et les hommes est pleinement intégrée :
- dans l'Accord de Paris,
- dans les contributions nationales,
- dans les mécanismes de financements,
- dans l'agenda des solutions.
La France est mobilisée sur cet objectif et le gouvernement français porte cette revendication, à travers les différents rendez-vous internationaux et nationaux.
Car nous le savons, le dérèglement touche plus durement les femmes que les hommes. A travers l'accès aux ressources, à travers les conséquences des catastrophes climatiques, ou à travers les violences commises sur les réfugiées. Les femmes sont en première ligne face aux risques du dérèglement climatique. L'injustice climatique accroit les inégalités femmes-hommes. Il s'agit d'un fait désormais admis.
Les femmes sont en première ligne face aux risques du dérèglement climatique. Sur le continent africain par exemple, beaucoup travaillent sur des exploitations agricoles et sont ainsi confrontées à la sécheresse, aux inondations par exemple. Les femmes représentent près de 45% de la main d'uvre agricole dans les pays en développement et elles jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire.
Les risques associés aux catastrophes naturelles avec la hausse des prix des produits alimentaires, les pandémies, les crises prolongées affectent particulièrement les femmes et les filles. Les discriminations auxquelles elles sont confrontées que ce soit dans l'éducation, l'accès à la santé, à l'emploi sont autant de facteurs qui les rendent plus vulnérables pendant les situations de crises.
Vous l'évoquez dans votre appel, les femmes ne disposent pas d'un accès équitables à la santé.
La détérioration de la sécurité et de la protection sanitaire et sociale durant les conflits, les crises naturelles, ou tout autre contexte d'urgence, conduit très souvent à une augmentation des violences envers les femmes. Lorsqu'une femme se retrouve isolée, elle est malheureusement souvent l'objet d'abus. On le voit aujourd'hui à travers la situation des réfugiés. Les femmes sont victimes de grandes violences face à une société déréglementée, que ce soit après une guerre ou un réchauffement climatique.
En plus de la violence, il y a également l'accès aux soins de planification familiale, de santé maternelle et néonatale pour les femmes et leurs enfants qui sont souvent négligés dans la gestion des crises humanitaires. C'est pourquoi la question du genre dans le réchauffement climatique est un enjeu crucial.
Mais les femmes ne sont pas que des victimes, elles font partie des solutions. Vous l'avez également souligné dans votre appel.
Elles sont encore limitées dans leurs actions, parfois à cause de cadres juridiques discriminatoires. La transition vers des sociétés de développement durable passe aussi par un changement de ces statuts pour permettre aux femmes d'être propriétaire, décisionnaire.
Chaque jour, les femmes agissent pour développer des solutions dans tous les domaines. Les femmes sont engagées dans le changement, elles sont porteuses de solutions innovantes. Il est temps de leur laisser une place plus importante dans la prise de décisions et la définition des solutions.
Il faut penser à l'avenir. L'Alliance de Paris pour le climat, il faudra en assurer la mise en uvre.
Il sera essentiel de maintenir la dynamique après la COP21, et notamment de communiquer sur les enjeux « femmes-climat » dans les prochains moments dédiés aux femmes.
Les responsables politiques doivent offrir un cadre approprié, pour permettre à la l'ensemble de la société civile d'agir.
Il est donc primordial d'impliquer la société civile engagée en faveur des femmes dans le processus d'élaboration et de mise en uvre des politiques dédiées. Je suis engagée chaque jour sur ce terrain et je saisis toute l'importance de votre action à travers les réseaux de femmes.
Je vous remercie.
Source http://femmes.gouv.fr, le 14 décembre 2015