Déclaration de Mme Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux droits des femmes, sur l'engagement des femmes dans la lutte contre le réchauffement climatique, Paris le 10 décembre 2015.

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Permettez-moi de souligner une nouvelle fois à quel point la France est fière d'accueillir cette conférence, pour écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire commune.
L'engagement de la France, en tant que présidente de la COP21 c'est de faire de ce rendez-vous un succès, qui reposera sur la volonté collective de toutes les parties.
Le président de la COP21, Laurent Fabius, a défini les quatre critères de succès qui fondent ce que nous appelons communément l' « Alliance de Paris pour le climat ». Celle-ci doit marquer une transition, un point de bascule dans la lutte contre le réchauffement climatique et le développement durable.
Ainsi nous aurons réussi :
- si nous parvenons à un accord universel, robuste et contraignant, ce qui serait une première historique dans les négociations climatiques ;
- si l'accord permet de favoriser la mise en œuvre de contributions nationales toujours plus ambitieuses ;
- si la mobilisation des financements et des technologies est à la hauteur afin de concilier lutte pour le climat et développement économique ;
- si la mobilisation de la société civile permet d'agir dès maintenant.
Pour ma part, je voudrais ajouter un autre critère, qui est l'objet de notre mobilisation et de la mienne en particulier au sein du gouvernement français : l'égalité entre les femmes et les hommes.
Nous aurons réussi si dans ces quatre composantes de l'Alliance de Paris pour le climat, l'égalité entre les femmes et les hommes est pleinement intégrée :
- dans l'Accord de Paris,
- dans les contributions nationales,
- dans les mécanismes de financements,
- dans l'agenda des solutions.
La France est mobilisée sur cet objectif et le gouvernement français porte cette revendication, à travers les différents rendez-vous internationaux et nationaux.
L'ambition que nous portons est de parvenir à un accord dont le caractère sera universel, différencié et juridiquement contraignant.
Dans cet accord, il faut que les références à l'égalité entre les femmes et les hommes et à la prise en compte du genre dans le réchauffement climatique soient présentes.
- Sur le plan des principes il est fondamental que l'égalité femmes-hommes figure dans le préambule. En effet comment définir des actions sans poser des principes au préalable ?
Les droits des femmes n'ont pas de frontières, ils sont menacés partout, ils doivent être réaffirmés partout.
- Sur le volet opérationnel, le texte souligne la nécessité de mettre en œuvre des politiques d'atténuation ou d'adaptation qui soit sensible au genre, de l'inscrire dans les mécanismes de financements et de renforcement des capacités.
Où en sommes-nous ?
Le texte comporte 11 références pour la prise en compte du genre dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ces références sont toutes utiles et pertinentes…
Elles sont utiles, car elles permettent de lutter efficacement contre le réchauffement climatique qu'il s'agisse d'atténuation ou d'adaptation.
Elles sont pertinentes parce qu'elles recouvrent – à mon sens – toutes les dimensions nécessaire à une vraie prise en compte du genre :
- la promotion de l'égalité et de l'autonomie des femmes ;
- l'approche sensible au genre dans les stratégies d'adaptation ;
- la prise en compte du genre dans l'allocation des ressources financières, dans le renforcement des capacités, dans le transfert de technologie ;
- le suivi et l'évaluation avec une information basée sur des données désagrégées.
La mobilisation active de tous, pays développés et en développement, et de la société civile dans sa diversité, est la clé d'un accord robuste, qui résistera à l'épreuve du temps.
Le succès de cette conférence s'est construit avant le début de la COP21, et il sera apprécié bien après. Je dois aussi souligner que si l'objectif principal de la conférence de Paris est d'aboutir à l'accord, il ne faudra pas le considérer comme une fin mais comme le commencement, ou plutôt le point de bascule.
La transition vers un monde décarboné et un développement durable est déjà en marche, et Paris doit être l'accélérateur de cette transition.
Parmi les contributions nationales, seulement une cinquantaine de pays ont intégré des dispositions concernant l'égalité femmes-hommes. Une fois encore, le rôle des femmes dans le changement, dans la décision, dans les solutions n'est pas pris en compte. Il est temps que le monde s'adapte et prenne en compte les aspirations des femmes, la moitié de l'humanité.
La transition écologique, c'est l'avenir. C'est la promesse de création d'emploi pour les classes moyennes, pour les femmes, pour nos territoires. On prévoit qu'à l'horizon 2030, 330 000 emplois nets devraient être créés dans la cadre de la transition énergétique et 825 000 à l'horizon 2050 en France.
En France, le gouvernement est d'ores et déjà mobilisé sur cette question. Nous lancerons dès 2016 une étude prospective sur les emplois et formations prioritaires pour la transition énergétique, sous l'angle de l'égalité professionnelle. L'objectif est de créer des modalités opérationnelles pour favoriser la mixité des métiers à l'horizon 2020.
La France assurera le plaidoyer pour une intégration systématique du genre dans les mécanismes de financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
La barre des 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020, n'a jamais paru aussi atteignable. La France prendra toute sa part à ces efforts, en mobilisant dès à présent 3 milliards d'euros par an, puis, à partir de 2020, 5 milliards d'euros par an.
Le Fonds vert pour le climat, le premier à avoir inclus cette dimension dans ses modalités de fonctionnement, devrait servir d'exemple. Tous les acteurs, l'Union européenne, les États mais aussi les banques multilatérales de développement et le secteur privé, doivent s'investir sur cette question.
Enfin, s'il revient aux responsables politiques de mettre en place le cadre approprié, c'est l'ensemble de la société civile qui sera chargée de sa mise en œuvre et de son suivi.
Chaque jour, les femmes agissent pour développer des solutions dans tous les domaines. Les femmes sont engagées dans le changement, elles sont porteuses de solutions innovantes. Il est temps de leur laisser une place plus importante dans la prise de décisions et la définition des solutions.
Il est donc primordial d'impliquer la société civile engagée en faveur des femmes dans le processus d'élaboration et de mise en œuvre des politiques dédiées.
Voilà les pistes de travail qui sont les 4 composantes de l'Alliance de Paris pour le climat, dont il faudra assurer la mise en œuvre.
Pour ce faire, il sera essentiel de maintenir la dynamique après la COP21, et notamment de communiquer sur les enjeux « femmes-climat » dans les prochains moments dédiés aux femmes.
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec Hakima El Haite, la Ministre de l'environnement du Maroc, le Maroc qui comme vous le savez présidera la prochaine COP21, le Ministre de l'environnement, Pérou, Président de la Cop20, Mary Robinson, envoyé spécial du SGNU pour le climat, ainsi qu'avec l'OCDE et la Suisse.
Je peux vous dire que nous nous sommes accordés sur quelques pistes.
Il faut profiter de la dynamique existante en profitant de la présidence française, qui ne fait que débuter avec la COP21, et la présidence montante, celle du Royaume du Maroc qui s'accordent pour faire de l'égalité entre les femmes et les -hommes une clé de la lutte contre le réchauffement climatique.
Nous avons notamment évoqué le programme de travail de Lima sur l'intégration du genre dans le climat dont le calendrier est arrivé à échéance. Cela pourrait constituer un objectif concret pour nous mobiliser.
Source http://femmes.gouv.fr, le 14 décembre 2015