Texte intégral
Monsieur le ministre,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Messieurs les Délégués au Conseil Supérieur des Français de l'Etranger,
Mesdames, Messieurs,
Mes cher(e)s compatriotes,
Je suis heureux, avec Hubert VEDRINE et M. René DOSIERES, Président du groupe d'amitié franco-grec à l'assemblée nationale, de vous retrouver au sein de cette prestigieuse Ecole Française d'Athènes. Ce déplacement ici est naturel tant la Grèce représente, pour la France, un pays ami et un allié essentiel. Il n'est pas surprenant que la communauté française de Grèce se sente chez elle dans ce pays. Nos histoires et nos cultures se font écho, nos peuples ont souvent fait les mêmes choix, nous partageons la même vision de l'avenir. L'Union européenne rend nos liens plus forts encore.
La Grèce est en effet un partenaire majeur de la France.
Un partenaire économique important, bien sûr. Toutes les grandes entreprises françaises sont présentes en Grèce. Elles y emploient plus de 20.000 personnes. Elles y développent leurs activités dans de très nombreux domaines -la banque, les travaux publics ou l'électronique. Elles occupent le premier rang dans de nombreux secteurs tels que l'agro-alimentaire ou l'automobile. Elles sont présentes sur les plus grands chantiers, tels les métros d'Athènes et de Thessalonique ou le pont Rion-Antirion.
Grâce à des échanges très importants et diversifiés, la France est le troisième fournisseur de la Grèce et son troisième investisseur étranger. De plus, votre pays constitue un partenaire privilégié pour le développement de nos activités dans l'ensemble des Balkans. En témoignent les entretiens récents qu'a eus à Athènes le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, François HUWART, ainsi que la rencontre des attachés commerciaux français et grecs, à Thessalonique, la semaine dernière.
Mais la Grèce est aussi un éminent partenaire culturel. Berceau de la civilisation européenne, la Grèce est pour nous, Français, une référence irremplaçable. La Grèce est aussi un pays francophone de première importance. Un Grec sur dix est francophone ; un tiers des 15-35 ans parle notre langue. L'attrait du français reste vivace et emprunte des formes nouvelles : le cinéma, la musique ou la littérature. L'Institut Français d'Athènes, qui accueille 4.500 élèves, reste un lieu privilégié de l'expression culturelle de notre pays et d'échange avec tout ce que la société grecque compte d'intellectuels, d'artistes et de décideurs. En outre, l'Ecole Française d'Athènes maintient la tradition d'excellence des relations franco-grecques en matière d'archéologie.
Nous nous rejoignons aussi sur des choix politiques essentiels.
Nous partageons notamment une vision exigeante de la mondialisation.
Nos deux pays souhaitent tous deux une mondialisation maîtrisée. Nous voulons construire, par la régulation, une société internationale fondée sur le droit et la solidarité. Le commerce doit être équitable. Le partage des richesses plus juste. Nous savons combien sont essentiels des services publics performants, notamment en matière de protection sociale, d'éducation ou pour assurer l'accès de tous à l'information et au savoir.
Nous soutenons ensemble la naissance d'une justice pénale internationale.
La diversité culturelle est un autre de nos combats communs. Les Français, comme les Grecs, considèrent que le plurilinguisme et la mobilité des étudiants, des professeurs et des chercheurs sont une chance pour l'Europe et pour le monde. Il nous faut travailler activement pour surmonter les obstacles qui gênent la coopération inter-universitaire. Je suis confiant dans l'issue des discussions en cours. C'est dans le même esprit que nous soutenons les " Olympiades de la culture " lancées par le gouvernement grec.
Pour orienter ainsi le cours du monde, nous devons nous appuyer sur l'Europe.
Une Europe dont la Grèce est un membre actif et influent. Cette année, vous fêtez -et nous nous en réjouissons avec vous- le vingtième anniversaire de l'adhésion de votre pays à la Communauté européenne. La France a toujours soutenu les efforts qui ont conduit la Grèce à se trouver aujourd'hui au cur du processus d'intégration et de développement de l'Union européenne. La Grèce assumera d'ailleurs la Présidence de notre communauté au premier semestre 2003.
La Grèce a rejoint la zone euro. Elle vivra comme nous l'événement décisif que sera l'avènement physique de la monnaie unique à partir du 1er janvier prochain. Elle assumera la Présidence de l'Eurogroupe pendant un an.
La Grèce joue tout son rôle dans l'élaboration de la politique de sécurité et de défense commune. Elle soutient résolument la définition de capacités de défense européennes autonomes ; elle est d'ailleurs le cinquième contributeur annoncé aux forces européennes. En outre, membre actif de l'Alliance atlantique, la Grèce participe aux opérations menées dans les Balkans : au Kosovo -où nos bataillons conduisent ensemble un travail apprécié- et aujourd'hui à l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine. Elle apporte une contribution remarquée à la mise en uvre de la politique européenne dans la région, grâce à sa connaissance du terrain et des hommes, ainsi qu'à son expertise.
La Grèce prend toute sa part aux débats sur l'avenir de l'Europe. Sur l'élargissement, sur l'approfondissement des politiques communes, tout comme sur les évolutions institutionnelles, l'avis de la Grèce est sollicité et écouté. Le récent discours sur ces enjeux prononcé par le Premier ministre, Constantin SIMITIS, a marqué la haute ambition que la Grèce a pour l'Europe de demain.
De cette vision de l'Europe, nous partageons les traits essentiels. L'Union est un projet politique. Elle est une communauté de valeurs, un espace de solidarité économique et sociale, un acteur décidé à jouer tout son rôle dans le monde. Elle doit être forte et faire vivre son modèle de civilisation. Elle doit développer les politiques communes tout en préparant sa mutation institutionnelle. La définition d'un véritable " gouvernement économique " est aussi une priorité. Nous voulons une Europe ouverte, mais qui sache résister aux pressions de la mondialisation ultra-libérale. Tout en restant fidèle à ses alliances, l'Union doit assumer un rôle autonome sur la scène internationale, notamment en faveur de l'intégration des pays du sud.
Cette communauté de valeurs et de vision fait de la Grèce une remarquable terre d'accueil pour les Français.
La communauté française y est forte de 13.000 personnes. Elle est jeune et connaît une croissance continue. Elle est solidaire, comme le montre l'activité de nombreuses associations. Elle est aussi dynamique.
Ce dynamisme est soutenu par la bonne santé de l'économie grecque. Les bons résultats économiques de la Grèce -une croissance de 4,4 %, une inflation maîtrisée, un budget équilibré- et les perspectives ouvertes par l'entrée en vigueur du troisième cadre communautaire d'appui sont autant de bonnes nouvelles pour les Français travaillant en Grèce. Les Jeux Olympiques de 2004, qui retrouveront dans votre pays leur terre d'origine, seront aussi l'occasion de mettre en place des partenariats très importants, notamment dans les domaines des infrastructures, de l'aménagements des sites et de la sécurité, mais aussi pour l'usage du français.
Le dynamisme de la communauté française doit également beaucoup aux bons résultats économiques de notre pays. Grâce à une politique économique et sociale efficace, la France a retrouvé une croissance forte. Malgré le ralentissement actuel, elle joue un rôle de " locomotive " dans la zone euro. Plus d'un million de nos compatriotes sont sortis du chômage depuis 1997. Certes, le chômage est à la hausse depuis trois mois. Mais nous redoublons nos efforts en soutenant la croissance grâce à une baisse importante des impôts et à la prime pour l'emploi.
A Athènes comme à Thessalonique, notre communauté est soutenue par des Consuls généraux très actifs. Ceux-ci mettent en uvre les importantes mesures d'aide sociale et les bourses scolaires qui facilitent la vie des Français à l'étranger. A cet égard, je tiens à souligner que des mesures visant à faciliter les études en France des élèves scolarisés à l'étranger ont été récemment décidées.
Je souhaite rendre hommage au travail des élus au Conseil Supérieur des Français de l'Etranger qui contribuent à la mobilisation citoyenne des Français expatriés. A cet hommage, j'aimerais associer la mémoire de Mme Noëlle COLLET-KOUDOUNIS, déléguée au Conseil Supérieur des communautés françaises de Grèce, de Chypre et de Turquie, prématurément disparue cet été des suites d'une longue maladie. Son activité infatigable au service de ses compatriotes, sa générosité, sa détermination méritent l'expression de notre reconnaissance.
Mesdames, Messieurs,
Cher(e)s compatriotes,
Je souhaite vous exprimer à toutes et à tous ma confiance et mon estime. Vous assurez ici le rayonnement de notre pays. Vous faites vivre au quotidien notre amitié fidèle pour la Grèce et son peuple. Vous veillez à ce que le partenariat franco-grec garde la place qui lui revient au sein de l'Europe que nous construisons ensemble. Je tiens à vous remercier pour le cur que vous mettez à cette tâche.
Je voudrais, enfin, saluer le fait que le Premier ministre grec, mon ami Kostas SIMITIS, sera parmi nous dans quelques minutes avec plusieurs ministres de son gouvernement. Je suis sensible à ce geste exceptionnel d'amitié à l'égard de notre pays.
Je me réjouis de pouvoir maintenant m'entretenir plus directement avec vous pendant le moment -malheureusement trop court- qui nous réunit.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 12 septembre 2001)