Texte intégral
Je voulais vous dire avant toutes choses tout le plaisir que j'ai à me trouver parmi vous en Picardie. Une nouvelle fois, cette journée m'a permis d'apprécier toute la richesse des initiatives menées ici. En tant qu'élue de la région Picardie, c'est un retour aux sources qui me conforte dans l'idée que de beaux projets méritent d'être soutenus et développés ici.
Je tiens à remercier le Maire d'Abbeville, Nicolas DUMONT, pour son accueil. Je tiens également à saluer le professionnalisme de l'ensemble des équipes, de la MECS, de l'EHPAD « Georges Dumont » et du Logement foyer « Robert Page », que j'ai eu l'occasion de rencontrer.
Tout au long de cette journée, nous avons parcouru les différents âges de la vie, et parmi eux, ceux qui demandent une attention toute particulière de la part des pouvoirs publics, des professionnels, et des familles.
L'enfance et la vieillesse sont des moments de la vie qui peuvent être sources de fragilités et qui sont au cur des préoccupations de mon Secrétariat d'Etat. Nous devons apporter à ces enfants, à ces personnes âgées, à ces familles, la protection et le soutien nécessaires. Je sais que nous partageons, avec Monsieur le Maire, un engagement fort et constant : celui d'améliorer concrètement le quotidien des familles.
Rassemblés autour de cette ambition commune, je voudrais, avant de vous parler de la loi d'adaptation au vieillissement, revenir sur la visite de ce matin à la MECS d'Abbeville, et dire quelques mots de la réforme de la protection de l'enfance que je porte. Car ces deux actions fortes de mon ministère ont un ciment commun : la perspective de la bientraitance et du respect du droit des personnes :
I / Réforme de la protection de l'enfance
La bientraitance, l'écoute de la pluralité des besoins de l'enfant, le respect de ses droits sont effectivement au cur de la réforme de la protection de l'enfance que j'ai engagée il y a près d'un an.
Pendant plusieurs mois, j'ai rencontré les professionnels du secteur, les élus et les services des départements, les magistrats, les avocats ; j'ai écouté aussi les anciens enfants de l'aide sociale à l'enfance et les parents. Les constats ont rapidement convergé avec les nombreux rapports relatifs à la protection de l'enfance, et ont forgé ma conviction d'une nécessaire réforme de la protection de l'enfance.
Cette réforme se traduit aujourd'hui dans la feuille de route 2015-2017 pour la protection de l'enfance, qui a été présentée aux acteurs en juin et en conseil des ministres le 19 août dernier. La communication en conseil des ministres est importante et doit être soulignée à deux titres :
- La reconnaissance du travail collectif engagé, évidemment.
- Mais aussi le coup de projecteur permis sur une politique publique encore trop souvent dans l'angle mort du débat public.
La feuille de route s'appuie à la fois sur l'évolution législative (c'est le travail en cours au Parlement dans le cadre de l'examen de la proposition de loi relative à la protection de l'enfant), et sur l'accompagnement des professionnels dans l'évolution de leurs pratiques.
Trois objectifs à cette réforme :
- Une meilleure prise en compte des besoins de l'enfant et de ses droits :
- L'amélioration du repérage et du suivi des situations de danger ;
- Le développement de la prévention.
Une fois définis les objectifs que nous souhaitons collectivement atteindre, nous avons, et c'est ce qui constitue la force de cette feuille de route, identifié les leviers par lesquels y parvenir : gouvernance (le besoin se faisait grandement sentir), formation et soutien à la recherche.
Je suis particulièrement attentive à ce que cette ambition commune se traduise concrètement dans le quotidien des 300 000 enfants et jeunes majeurs accompagnés par l'aide sociale à l'enfance.
Ces mesures c'est l'attention que nous devons porter à la stabilité du parcours de l'enfant, pour éviter de passer de foyer en famille d'accueil, puis retourner chez ses parents, avant d'être confié à une nouvelle famille d'accueil. La stabilité c'est aussi s'assurer que les frères et surs, encore trop souvent séparés puissent grandir ensemble
J'ai bien vu ce matin, lors de ma visite à la MECS d'Abbeville, l'importance de la fratrie dans les contextes de séparation familiale (témoignage de la visite).
En matière de protection de l'enfance, il n'y a pas de dogme, il n'y a qu'une attention individuelle et particulière portée à l'enfant, à la prise en compte de ses besoins, en s'appuyant le plus possible sur ses ressources et celles de ses proches La protection de l'enfance ce n'est pas uniquement des parents malveillants à l'encontre d'enfants maltraités. Ce sont aussi des parents qui, à un moment de leurs parcours de vie, ont besoin d'être accompagnés dans l'exercice de la parentalité. Même si cela n'est pas envisageable pour chacune des situations le travail fait par la MECS d'Abbeville, en articulation avec les réseaux de soutien à la parentalité, trouve toute sa pertinence pour de nombreux enfants.
Dans la mise en uvre de la réforme de la protection de l'enfance, nous devons savoir nous appuyer sur les initiatives locales qui, en écho aux situations particulières, savent apporter des réponses adaptées.
J'ai acquis la conviction tout au long de cette année de concertation que la réforme de la protection de l'enfance ne serait possible qu'avec les acteurs qui la mettent en uvre, dans la prise en compte de leurs difficultés, mais aussi la valorisation de leur travail quotidien auprès des enfants et de leurs familles.
Après cette première visite à la MECS d'Abbeville, je me suis rendue dans deux autres établissements en lien avec l'autre versant de mon portefeuille : l'EHPAD Georges DUMONT, puis le foyer-logement Robert PAGE où nous nous trouvons actuellement. Deux établissements qui accueillent des personnes âgées au sein d'environnements différents, car adaptés à l'autonomie de chacun, et répondant à des besoins différents. 8
II / Anticiper et améliorer l'accompagnement de la perte d'autonomie grâce au projet de loi relatif à l'adaptation de la société au vieillissement
Dans le quotidien des familles, dans le déroulement d'une vie, l'avancée en âge constitue une source de questionnements, et parfois même de profondes inquiétudes. Choisir son lieu de vie, bénéficier d'un accompagnement de qualité, donner la possibilité à ses proches d'être présents, entretien le lien avec l'extérieur et continuer d'être un membre à part entière de la société, Autant de besoins qui se feront d'autant plus forts avec le défi du vieillissement de la population qui attend notre société.
Pour cela, une loi sur la dépendance a longtemps été attendue. C'est ce Gouvernement qui donne aujourd'hui des réponses concrètes à nos âgés et leurs familles, au travers du projet de loi relatif à l'adaptation de la société au vieillissement que je porte.
Dans le contexte actuel, ce sont plus de 650 millions d'euros qui seront consacrés à améliorer la prise en charge de la perte d'autonomie, mais également et c'est là une avancée majeure à anticiper la perte d'autonomie pour la reculer au plus tard possible.
[Accompagner la perte d'autonomie : Acte II APA / Droit au répit / Prestations socles (+EHPAD Georges Dumont)]
Afin de mieux accompagner la perte d'autonomie, je tiens à souligner 4 mesures concrètes que nous mettons en uvre :
1/ Nous engageons une véritable réforme de justice sociale grâce à la revalorisation de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) à domicile. Ces droits nouveaux permettront aux personnes âgées de bénéficier de davantage d'heures d'aide à domicile une heure hebdomadaire supplémentaire pour les moins dépendantes, une heure quotidienne supplémentaire pour les plus dépendantes et de voir leur reste à charge diminuer. C'est là aussi le respect du choix de nos aînés qui souhaitent en grande majorité, pouvoir continuer de vivre à leur domicile. C'est tout particulièrement le cas dans l'Abbevillois puisque pratiquement la moitié des personnes âgées vivent à leur domicile !
2/ Nous agissons aussi en faveur des proches « aidants », ces 4 millions de personnes qui, chaque jour, consacrent un temps important à la prise en charge de leur proche en situation de perte d'autonomie à domicile. Pour eux, nous créons un droit nouveau, le droit au répit. Une allocation leur sera versée pour financer une semaine d'hébergement temporaire, deux semaines d'accueil de jour, ou encore un renforcement de l'aide à domicile.
3/ Le maintien à domicile n'est pour autant pas toujours possible ou souhaitable. L'établissement permet alors d'apporter aux personnes âgées une prise en charge de qualité adaptée à leur situation. Et, je tiens à souligner, que la vie en établissement n'est pas pour autant synonyme de morosité. L'EHPAD Georges Dumont en est l'exemple. De nombreuses activités, en lien avec le Musée Boucher de Perthes, le CCAS, les autres EHPAD, donnent une véritable ouverture et permettent de tisser du lien avec le monde extérieur.
Dans le cadre du projet de loi, je suis particulièrement attachée à ce que les familles puissent avoir une connaissance précise du coût de l'hébergement, et des prestations comprises dans ce tarif. Ainsi, après l'entrée en vigueur de la loi, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) publiera sur le premier portail internet officiel, « www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr », les tarifs correspondant aux prestations de base de tous les EHPAD publics, associatifs et privés commerciaux. Cet outil facilitera la comparaison financière et permettra de générer des effets vertueux sur ces tarifs.
D'ores et déjà, un calculateur de reste à charge est mis en ligne sur ce site et permet de calculer les aides (allocation personnalisée d'autonomie, allocation personnalisée au logement) auxquelles peut prétendre chaque résident en EHPAD.
Développer les actions de prévention : Au sein des résidences autonomies (+ Logement-foyer « Robert Page) / A domicile (Contrat local de santé Abbevillois)
De l'établissement au domicile, il y a toute une offre d'habitat intermédiaire que nous développerons pour donner aux personnes âgées le choix du modèle d'habitat qui leur convient.
Le logement foyer « Robert Page » que j'ai pu visiter en est une parfaite illustration. C'est un beau lieu de vie qui crée de la rencontre et donne de l'espace à des temps d'échanges et d'activités partagés ! Il ne faut pas oublier que la vieillesse est un temps précieux de la vie, une formidable opportunité de donner libre cours à ses envies de loisirs, de s'engager dans des activités associatives et familiales.
Je tiens ici à rappeler que la vieillesse n'est pas fatalement synonyme de dépendance, loin de là. A 85 ans, seulement 20% des personnes âgées sont considérées comme en perte d'autonomie importante.
Mon objectif est précisément de prévenir la perte d'autonomie afin de la reculer au plus tard possible. C'est pourquoi le projet de loi que je porte prévoit de moderniser les logements-foyers qui deviendront des résidences autonomies. Ces résidences bénéficieront d'une aide financière « le forfait autonomie » qui leur permettra de renforcer leurs actions de prévention auprès de ses résidents.
Je sais que la prévention de la perte d'autonomie à domicile fait également l'objet d'une mobilisation forte de la Communauté de communes de l'Abbevillois, qui prévoit notamment de former les personnes d'aide domicile, en charge du portage des repas, pour qu'ils puissent éventuellement détecter une dénutrition et relayer cette information auprès d'associations ou du CCAS. Je souhaite apporter tout mon soutien à ce type d'initiatives qui participe pleinement au bien vieillir et à la protection des plus vulnérables.
Et je tiens à saluer une nouvelle fois, l'engagement quotidien des acteurs en faveur des plus fragiles, qu'il s'agisse de nos enfants ou de nos aînés.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 13 janvier 2016