Texte intégral
Je commencerai en citant celle qui nous réunit aujourd'hui avec Monsieur le Maire André FREHAUT, et dont nous sommes venus saluer le formidable projet. Vous avez dit, Madame Lacaille, qu'il fallait « déplacer les habitudes ». Vous avez dit aussi que ce projet devait « profiter à tout le territoire et à l'ensemble de la population ». L'audace et la générosité, le courage et la solidarité, voilà les principes qui ont motivé votre action, et voilà les valeurs que je souhaite promouvoir aujourd'hui.
Les territoires ruraux ne sont ni délaissés ni relégués en marge de la modernité. Ils sont au coeur du développement de notre pays. La croissance démographique y est forte, et particulièrement dans les petites communes comme Villereau. Et la future région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui sera la troisième en termes de population, a déjà pris conscience de cet atout extraordinaire. Je souhaite ici saluer l'action de la Région Nord-Pas-de-Calais en la personne de son Président (Daniel PERCHERON). A la fois pour l'aide financière qui a rendu possible le projet exemplaire de la crèche de Villereau, et pour sa promotion dynamique, sur les territoires, des formations aux métiers d'accueil des jeunes enfants.
C'est ce changement de regard sur nos territoires qu'a souhaité promouvoir le gouvernement au cours des douze derniers mois. Les Assises de la Ruralité, les deux comités interministériels, les 67 mesures qui en ont résulté, ainsi que les moyens sans précédent qui ont été mobilisés, apportent la preuve de notre conviction : les territoires ruraux, par leur diversité, leurs richesses et leur identité, occupent une place majeure dans l'avenir de la France.
Seulement, « diversité » ne peut être synonyme « d'inégalité ». Dans le domaine de la petite enfance, la situation dont nous avons hérité en 2012 n'était pas acceptable. Les places d'accueil pour les enfants âgés de 0 à 3 ans variaient de 1 à 8 entre les départements. Parce que l'accès aux services publics sur tout le territoire de la République est un droit fondamental, notre politique d'accueil de la petite enfance déploie d'importants moyens pour rétablir cette égalité entre les territoires.
Nous entendons les préoccupations, les besoins et les attentes. De plus en plus de familles quittent la ville pour s'installer à la campagne, pour y trouver une qualité de vie, plus d'espace, plus de temps. Mais ces familles arrivent avec leurs exigences, notamment en matière de services publics. Les élus locaux doivent répondre à ces exigences en conciliant l'identité des territoires avec la qualité des services de la ville. Nous savons que le Département du Nord, et son Président Jean-René LECERF, accorde depuis longtemps une attention particulière à ces questions. Qu'il soit remercié pour son travail remarquable.
Pour aider les élus locaux à relever ce défi, Marisol TOURAINE et moi-même avons demandé à tous les Préfets, d'établir dans leur département, un schéma des services aux familles. En s'appuyant sur les services de la CAF et en mobilisant tous les partenaires, nous parviendrons à rétablir le service public sur tous les territoires. Pour garantir cette proximité nous avons notamment décidé la création de 1000 Maisons de Service Au Public d'ici la fin 2016.
La force de notre politique du jeune enfant réside dans la complémentarité des modes d'accueil : crèche, assistants maternels, gardes à domicile et préscolarisation. Votre projet le prend pleinement compte et je vous en félicite. Cette complémentarité des modes d'accueil répond à des transformations profondes du monde du travail et des structures familiales, qui nous obligent à un effort permanent d'adaptation.
S'adapter, c'est d'abord accroitre le nombre de places d'accueil disponibles. Notre ambition est de les augmenter de 20% sur 5 ans. C'est une ambition importante, mais réaliste, parce que nous nous en donnons les moyens. En 2011, les dépenses annuelles de la branche famille de la sécurité sociale consacrée à l'accueil du jeune enfant étaient de 2,2 Milliard d'euros. Elles s'élèvent désormais à 2,9 Milliards, soit un effort considérable de 700 Millions d'euros supplémentaires.
L'accueil collectif, premier lieu de socialisation de nos enfants dans cette période si importante de leur vie, est aujourd'hui le mode de garde préféré des parents. C'est pourquoi le gouvernement a augmenté de 2000 les subventions pour chaque place de crèche créée en 2015. Et pour favoriser ces initiatives, nous avons souhaité simplifier les normes de construction afin d'accélérer les chantiers. La future crèche de Villereau nous prouve l'efficacité de ces mesures. Je tiens ici à remercier Lydie LIBRIZZI et Luc GRARD, respectivement Présidente et Directeur Général de la CAF du Nord, dont l'expertise et le soutien financier ont été déterminants pour ce projet.
Les assistants maternels restent, en nombre de places, la première solution d'accueil du jeune enfant. Parce toutes les études démontrent la qualité de leur travail et la satisfaction des parents qui y recourent, ils méritent toute notre attention. Nous avons donc déployé des efforts importants pour créer de nouvelles places d'accueil dans le cadre des réseaux et des maisons d'assistants maternelles (RAM et MAM).
Comme je le disais, l'atout de la France dans le domaine de la petite enfance réside dans la complémentarité des modes de garde et la coopération des différentes professions. Cette articulation cohérente des différents acteurs permettra de répondre aux besoins de souplesse des familles. Je pense notamment aux crèches à Vocation d'Insertion Professionnelle (VIP) qui proposent aux parents sans activité, ou à ceux travaillant en horaires décalés, le plus souvent des mères qui élèvent seules leurs enfants, des solutions efficaces. Sans ne jamais perdre de vue l'intérêt de l'enfant, qui doit toujours demeurer au centre de nos préoccupations, nous inventons aujourd'hui les modes de garde de demain.
Rien n'est plus important à nos yeux, et plus encore pour les jeunes parents, que l'épanouissement de nos enfants. La qualité de leur environnement, comme à Villereau, au milieu du Parc Régional de l'Avesnois et sur les bords de la Rhônelle, sera propice à leur développement futur. C'est pourquoi la formation des professionnels de la petite enfance, initiale comme continue, a retenu toute l'attention du gouvernement.
L'accueil du jeune enfant est aujourd'hui un gisement d'emplois. Mais un gisement encore trop peu exploité, trop peu utilisé, trop peu valorisé. Le défi des mois à venir sera de renforcer la professionnalisation du secteur. Et pour y parvenir, nous avons prévu une refonte globale du CAP petite enfance et du diplôme d'auxiliaire de puériculture.
Bientôt, votre projet génèrera des emplois, accueillera des enfants, et apportera son soutien à de nombreux parents. Mais déjà, il révèle la vitalité et le dynamisme de nos territoires. Il nous apporte la preuve que chacun de nous peut, à son échelle, oeuvrer pour lui et pour son pays. Votre projet nous donne force, espoir et confiance en l'avenir.
C'est pourquoi je tenais à vous en féliciter et à vous dire combien je suis fière d'en poser la première pierre.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 13 janvier 2016