Texte intégral
A. Hausser Demain soir, vous saurez si vous être toujours le candidat des Verts à l'élection présidentielle, puisque les militants votent en ce moment et doivent répondre à la question : "Souhaitez-vous le maintien d'A. Lipietz comme candidat Vert à l'élection présidentielle ?" A combien estimez-vous vos chances d'être confirmé ?
- "C'est vraiment la bouteille à encre, nous n'avons aucun sondage..."
Il y a des pointages ?
- "Non plus. Je reçois énormément de messages de gens qui me disent : "J'ai déjà voté "non", je suis désolé, c'était vraiment trop difficile, la situation nous est trop hostile" ; je reçois beaucoup de messages disant : "J'ai voté "oui". Mais cela ne constitue pas un sondage. Je ne peux donc pas donner de pronostic."
Si vous êtes confirmé, vous n'avez plus d'équipe, puisque la direction actuelle des Verts - D. Voynet, J.-L. Bennahmias - vous a, en quelque sorte, désavoué. Que ferez-vous ?
- "Il va falloir discuter avec eux très sérieusement, en leur disant que je comprends qu'ils aient souhaité changer de candidat, face aux difficultés, mais qu'il se trouve que les militants souhaitent me garder. Je serais donc tout à fait disposé à continuer à travailler avec eux. Je ne leur en voudrais absolument pas."
Mais vous êtes formidable !
- "Non, je suis prudent."
Et si vous êtes désavoué, ce qui risque quand même d'arriver, est-ce que vous continuerez de travailler sur cette campagne ou vous en irez-vous en disant : "On n'a pas voulu de moi, tant pis."
- "Je suis député européen, j'ai énormément de travail en tant que tel. C'est sûr que la campagne présidentielle m'a amené à moins bien faire mon travail de député européen - bien que je continue à le faire, j'ai un rapport très important sur la surveillance des conglomérats financiers en cours, que je négocie avec le Conseil européen. Je continuerai ce travail, évidemment."
Quand vous parlez des conglomérats financiers, vous pensez à l'argent sale ?
- "A la banque-assurance..."
Cela n'a donc rien à voir avec le travail de V. Peillon et d'A. Montebourg en France ?
- "Non, c'est autre chose. Il y a actuellement un vrai problème qui est que de plus en plus de conglomérats sont à la fois des banquiers qui investissent et des assureurs. Or, l'assurance devient une activité extrêmement dangereuse, on l'a vu avec ces attentats et également avec les grandes tempêtes qui ont ravagé la France - suite, probablement à la montée de l'effet de serre, il y en aura de plus de plus -, on l'a vu avec l'explosion de Toulouse. En gros, le monde devient de plus en plus fragile, pour des raisons strictement écologiques et aussi pour des raisons géopolitiques. L'assurance va donc vers une crise probablement très forte, dans le courant de ce siècle. La banque elle-même, par ailleurs, a investi récemment dans des technologies comme l'UMTS qui ne semblent pas marcher et il y a des vrais problèmes de stabilité financière dans le monde qui viennent de ces risques écologiques."
Vous avez participez hier soir à la manifestation contre la guerre en Afghanistan, contre la riposte américaine...
- "Contre les formes de la riposte américaine..."
Vous en avez d'autres ?
- "La difficulté fondamentale est qu'à peu près tout le monde - et même le Président Bush et en tout cas le Premier ministre, L. Jospin - dit qu'il faut la justice et non pas la vengeance. Quelle est la différence entre la justice et la vengeance ?"
L. Jospin parlait de la légitimité de la riposte.
- "Bien entendu. Personnellement, les Verts français et les députés Verts européens, nous avons, de façon absolument claire, condamné les crimes du 11 septembre. Les députés européens Verts sont allés jusqu'à caractériser ce crime de "crime contre l'humanité." On a toutes les caractéristiques : 7.000 morts, dont 70 nations touchées d'un seul coup, au nom d'une idéologie totalitaire, à caractère raciste ; des crimes répétés puisque que, si c'est bien Al Qaida, l'organisation de Ben Laden qui en est à l'origine - et c'est très probablement le cas, puisqu'il s'en réclame maintenant, il a avoué d'une certaine façon -, cela s'inscrit dans une série de crimes tels que les attentats de Tanzanie et du Kenya. Voilà donc des crimes répétés, monstrueux touchant toutes les nations, au nom d'une idéologie totalitaire : c'est un crime contre l'humanité. De tels criminels doivent être poursuivis, de façon imprescriptible jusqu'à la fin de leur vie et jusqu'au bout du monde. D'accord. Comme en plus ces criminels disposent d'une petite armée - c'est un peu comme les pirates : ce sont des criminels qui ont une force armée -, il faudra des opérations de force pour s'en saisir et détruire leurs moyens. Nous sommes d'accord sur cela depuis le début. Le problème est que ce qui oppose la justice à la vengeance, c'est le droit, c'est le fait que cela soit dans des règles du droit où il y a un tribunal qui juge, un juge d'instruction qui donne un mandat à une gendarmerie internationale pour se saisir..."
C'est l'ONU ?
- "C'est l'ONU, ce doit être le Conseil de sécurité, cela aurait dû être la Cour pénale internationale que les Etats-Unis ont refusé de ratifier. Cela peut être dès demain, si le Conseil de sécurité le crée, un tribunal pénal international spécial..."
C'est un peu long...
- "Cela peut se faire du jour au lendemain."
Vous voyez le temps que ce genre de conventions mettent pour être ratifiées.
- "La Cour pénale internationale aurait pu être ratifiée depuis très longtemps par les Etats-Unis. Et c'est là que l'on arrive à l'autre aspect du problème : vous avez entendu, ce matin, G. Bush dire qu'il est impressionné par la haine qu'il y a contre les Etats-Unis, qu'il ne comprend pas, etc. Cette hostilité contre les Etats-Unis, le New York Times, quelques semaines avant les attentats, avait fait un éditorial dessus, en disant : "Comment voulez-vous que le reste du monde nous aime ? Nous refusons de ratifier tous les traités internationaux, la création de la Cour pénale internationale, l'Accord de Kyoto, des accords contre le terrorisme..."
C'est ce qui vous a valu des ennuis avec votre directeur de campagne, si mes souvenirs sont exacts ?
- "J'avais rapporté tous ces problèmes que les Américains disaient eux-mêmes à propos des difficultés qu'ils avaient..."
Et que les Verts français n'avaient pas compris ?
- "Que mon directeur de campagne n'avait pas compris. Le fait que les Américains l'aient compris, c'est ce qui est décisif, parce qu'il faut maintenant qu'ils convainquent G. Bush de ne pas continuer à bombarder l'Afghanistan, s'il n'a pas gagné la bataille de la légitimité."
Vous parliez de votre inquiétude à propos de la stabilité financière mondiale. La guerre bactériologique vous fait-elle peur ?
- "Oui. Il y a aujourd'hui des espèces de Frankenstein qui sont en train de lancer dans la nature, soit avec malveillance, soit au nom de l'augmentation de la productivité avec les OGM."
Ce n'est pas la même chose : les OGM et l'anthrax, ce n'est pas tout à fait pareil !
- "Ce n'est pas la même chose, sauf que personne n'avait de mauvaise volonté lorsque l'on a nourri les bêtes avec ces farines qui ont provoqué une catastrophe, l'épidémie de la vache folle, que nous ne savons pas plus maîtriser que l'anthrax."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 octobre 2001)
- "C'est vraiment la bouteille à encre, nous n'avons aucun sondage..."
Il y a des pointages ?
- "Non plus. Je reçois énormément de messages de gens qui me disent : "J'ai déjà voté "non", je suis désolé, c'était vraiment trop difficile, la situation nous est trop hostile" ; je reçois beaucoup de messages disant : "J'ai voté "oui". Mais cela ne constitue pas un sondage. Je ne peux donc pas donner de pronostic."
Si vous êtes confirmé, vous n'avez plus d'équipe, puisque la direction actuelle des Verts - D. Voynet, J.-L. Bennahmias - vous a, en quelque sorte, désavoué. Que ferez-vous ?
- "Il va falloir discuter avec eux très sérieusement, en leur disant que je comprends qu'ils aient souhaité changer de candidat, face aux difficultés, mais qu'il se trouve que les militants souhaitent me garder. Je serais donc tout à fait disposé à continuer à travailler avec eux. Je ne leur en voudrais absolument pas."
Mais vous êtes formidable !
- "Non, je suis prudent."
Et si vous êtes désavoué, ce qui risque quand même d'arriver, est-ce que vous continuerez de travailler sur cette campagne ou vous en irez-vous en disant : "On n'a pas voulu de moi, tant pis."
- "Je suis député européen, j'ai énormément de travail en tant que tel. C'est sûr que la campagne présidentielle m'a amené à moins bien faire mon travail de député européen - bien que je continue à le faire, j'ai un rapport très important sur la surveillance des conglomérats financiers en cours, que je négocie avec le Conseil européen. Je continuerai ce travail, évidemment."
Quand vous parlez des conglomérats financiers, vous pensez à l'argent sale ?
- "A la banque-assurance..."
Cela n'a donc rien à voir avec le travail de V. Peillon et d'A. Montebourg en France ?
- "Non, c'est autre chose. Il y a actuellement un vrai problème qui est que de plus en plus de conglomérats sont à la fois des banquiers qui investissent et des assureurs. Or, l'assurance devient une activité extrêmement dangereuse, on l'a vu avec ces attentats et également avec les grandes tempêtes qui ont ravagé la France - suite, probablement à la montée de l'effet de serre, il y en aura de plus de plus -, on l'a vu avec l'explosion de Toulouse. En gros, le monde devient de plus en plus fragile, pour des raisons strictement écologiques et aussi pour des raisons géopolitiques. L'assurance va donc vers une crise probablement très forte, dans le courant de ce siècle. La banque elle-même, par ailleurs, a investi récemment dans des technologies comme l'UMTS qui ne semblent pas marcher et il y a des vrais problèmes de stabilité financière dans le monde qui viennent de ces risques écologiques."
Vous avez participez hier soir à la manifestation contre la guerre en Afghanistan, contre la riposte américaine...
- "Contre les formes de la riposte américaine..."
Vous en avez d'autres ?
- "La difficulté fondamentale est qu'à peu près tout le monde - et même le Président Bush et en tout cas le Premier ministre, L. Jospin - dit qu'il faut la justice et non pas la vengeance. Quelle est la différence entre la justice et la vengeance ?"
L. Jospin parlait de la légitimité de la riposte.
- "Bien entendu. Personnellement, les Verts français et les députés Verts européens, nous avons, de façon absolument claire, condamné les crimes du 11 septembre. Les députés européens Verts sont allés jusqu'à caractériser ce crime de "crime contre l'humanité." On a toutes les caractéristiques : 7.000 morts, dont 70 nations touchées d'un seul coup, au nom d'une idéologie totalitaire, à caractère raciste ; des crimes répétés puisque que, si c'est bien Al Qaida, l'organisation de Ben Laden qui en est à l'origine - et c'est très probablement le cas, puisqu'il s'en réclame maintenant, il a avoué d'une certaine façon -, cela s'inscrit dans une série de crimes tels que les attentats de Tanzanie et du Kenya. Voilà donc des crimes répétés, monstrueux touchant toutes les nations, au nom d'une idéologie totalitaire : c'est un crime contre l'humanité. De tels criminels doivent être poursuivis, de façon imprescriptible jusqu'à la fin de leur vie et jusqu'au bout du monde. D'accord. Comme en plus ces criminels disposent d'une petite armée - c'est un peu comme les pirates : ce sont des criminels qui ont une force armée -, il faudra des opérations de force pour s'en saisir et détruire leurs moyens. Nous sommes d'accord sur cela depuis le début. Le problème est que ce qui oppose la justice à la vengeance, c'est le droit, c'est le fait que cela soit dans des règles du droit où il y a un tribunal qui juge, un juge d'instruction qui donne un mandat à une gendarmerie internationale pour se saisir..."
C'est l'ONU ?
- "C'est l'ONU, ce doit être le Conseil de sécurité, cela aurait dû être la Cour pénale internationale que les Etats-Unis ont refusé de ratifier. Cela peut être dès demain, si le Conseil de sécurité le crée, un tribunal pénal international spécial..."
C'est un peu long...
- "Cela peut se faire du jour au lendemain."
Vous voyez le temps que ce genre de conventions mettent pour être ratifiées.
- "La Cour pénale internationale aurait pu être ratifiée depuis très longtemps par les Etats-Unis. Et c'est là que l'on arrive à l'autre aspect du problème : vous avez entendu, ce matin, G. Bush dire qu'il est impressionné par la haine qu'il y a contre les Etats-Unis, qu'il ne comprend pas, etc. Cette hostilité contre les Etats-Unis, le New York Times, quelques semaines avant les attentats, avait fait un éditorial dessus, en disant : "Comment voulez-vous que le reste du monde nous aime ? Nous refusons de ratifier tous les traités internationaux, la création de la Cour pénale internationale, l'Accord de Kyoto, des accords contre le terrorisme..."
C'est ce qui vous a valu des ennuis avec votre directeur de campagne, si mes souvenirs sont exacts ?
- "J'avais rapporté tous ces problèmes que les Américains disaient eux-mêmes à propos des difficultés qu'ils avaient..."
Et que les Verts français n'avaient pas compris ?
- "Que mon directeur de campagne n'avait pas compris. Le fait que les Américains l'aient compris, c'est ce qui est décisif, parce qu'il faut maintenant qu'ils convainquent G. Bush de ne pas continuer à bombarder l'Afghanistan, s'il n'a pas gagné la bataille de la légitimité."
Vous parliez de votre inquiétude à propos de la stabilité financière mondiale. La guerre bactériologique vous fait-elle peur ?
- "Oui. Il y a aujourd'hui des espèces de Frankenstein qui sont en train de lancer dans la nature, soit avec malveillance, soit au nom de l'augmentation de la productivité avec les OGM."
Ce n'est pas la même chose : les OGM et l'anthrax, ce n'est pas tout à fait pareil !
- "Ce n'est pas la même chose, sauf que personne n'avait de mauvaise volonté lorsque l'on a nourri les bêtes avec ces farines qui ont provoqué une catastrophe, l'épidémie de la vache folle, que nous ne savons pas plus maîtriser que l'anthrax."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 24 octobre 2001)