Texte intégral
Consultés à ma demande, les Verts ont donc décidé de me demander de jeter l'éponge.
Je le fais en toute sérénité.
Une maladresse initiale de ma part, dans l'énoncé des conditions d'une réconciliation de la société corse avec elle-même, de fausses rumeurs répandues dans la presse, et surtout l'incapacité de certains animateurs du mouvement vert à serrer les coudes autour de leur candidat désigné, compromettaient gravement ma campagne, et avec celle-ci l'avenir de l'écologie politique en France.
À l'heure où les attentats du 11 septembre et les bombardements de l'Afghanistan posent en termes dramatiques les risques d'une dérive incontrôlable vers un conflit entre le Nord et le Sud de la planète,
à l'heure où l'explosion de Toulouse montre l'extrême dangerosité de notre modèle de développement libéral et productiviste,
à l'heure où la récession américaine indique, comme seule issue dans la lutte contre le chômage, le partage du travail et des richesses et l'économie solidaire,
il est essentiel que cesse le débat sur le candidat des Verts et que commence le débat sur ce que proposent les Verts.
Pour ma part, j'alimenterai ce débat dans la société, depuis mon poste de député européen, et ne chercherai en aucune manière à nuire à la campagne du nouveau candidat que les Verts se choisiront.
En ce qui concerne l'avenir des Verts, il est clair que les blessures qu'ils se sont portés les uns aux autres mettront du temps à se cicatriser. Au delà des rivalités de personnes, de vraies questions ont peu à peu émergé :
en ce qui concerne la conception même de la démocratie dans le mouvement,
en ce qui concerne les conditions d'une véritable autonomie lui permettant de nouer des alliances pour transformer les politiques publiques,
en ce qui concerne le juste équilibre à trouver entre la participation aux mobilisations sociales et la gestion des institutions.
Je suis convaincu que les Verts ne sauront sortir de cette crise qu'en se ressourçant dans un débat plus large, avec leurs partenaires de la société civile, les associations, les mouvements de citoyens, et les mobilisations pour un monde plus solidaire et écologiquement responsable.
(Source http://www.lipietz2002.net, le 18 octobre 2001)