Conférence de presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur l'accord de Paris sur le climat, à Strasbourg le 20 janvier 2016.

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Circonstance : Intervention en séance plénière devant le Parlement européen sur l’Accord de Paris sur le climat, à Strasbourg (Bas-Rhin) le 20 janvier 2016

Texte intégral

Q - Sur la COP 21 vous nous avez détaillé le « et maintenant », c'est-à-dire ce que vous avez appelé les «4 P», alors peut-être en plus résumé, surtout très concrètement pour les citoyens, en quoi ce succès va être transformé ?
R - On a tenu, vous vous rappelez, la COP 21 à Paris. C'était un grand succès mais maintenant il faut l'appliquer. Cette année, j'ai mis l'accent, ici au Parlement européen, sur quatre échéances : la première échéance, c'est au mois d'avril, à New York, où il va falloir signer l'accord et le ratifier parce que cet accord n'entre en application, en vigueur qu'une fois ratifié. Au mois de mai, il y aura une réunion plénière pour préciser toute une série de principes qui sont actés dans l'accord de Paris. L'accord de Paris, c'est à la fois 29 articles, plus une décision, mais il y a toute une série de précisions à apporter. On va donc se réunir au mois de mai avec tous les pays du monde pour préciser ce que l'on entend par financement, notamment.
Ensuite, pendant toute l'année, en liaison avec mon successeur marocain, on va donner vie aux engagements des Etats et aux engagements non gouvernementaux. Nous envisageons par exemple pas mal de choses pour électrifier l'Afrique. Autre exemple, des Etats et un certain nombre d'investisseurs, comme Bill Gates, m'ont promis de mettre de l'argent pour favoriser les changements technologiques.
Dernière étape, en novembre, où je vais transmettre la présidence de la COP à mon successeur marocain. Il va falloir que l'on prépare cela ensemble parce qu'une des raisons pour lesquelles on a réussi à Paris, c'est parce qu'on a eu une bonne transmission entre nos prédécesseurs péruviens et nous-mêmes. Je veux faire la même chose avec mon successeur marocain.
Voilà, il y aura des réunions en avril, mai et novembre. J'ai profité de mon passage au Parlement européen pour expliquer, pour la première fois, le calendrier d'application de l'accord de Paris.
Q - Il y a une urgence, vous avez un sentiment d'urgence, il faut mettre en application très rapidement toutes les dispositions?
R - Oui, l'urgence est donnée par la réalité : 2015 a été déjà l'année la plus chaude jamais enregistrée, il y a eu des phénomènes climatiques vraiment puissants et le dérèglement climatique, malheureusement, va s'amplifier. Il faut donc que l'on réponde en urgence.
Toute une série de mesures sont prévues par l'accord de Paris : certaines mesures tout de suite, d'autres en 2018, d'autres en 2020, 2025. Si vous me demandez mon sentiment, est-ce que cela ira plus vite ou moins vite que prévu ? Je dirais que cela ira plus vite que prévu. Je pense que le dérèglement climatique va être de plus en plus spectaculaire et, donc, que les mesures que l'on doit prendre pour lutter contre le dérèglement climatique vont être de plus en plus fortes.
Q - Est-ce que vous pouvez vous appuyer sur le Parlement européen, est-ce que votre présence ici signifie quelque chose ?
R - Oui, l'Europe m'a déjà beaucoup aidé dans la négociation. Vous savez que l'on négocie par groupes. Le premier groupe, si je puis dire, le groupe le plus dur, c'était la Chine ; il fallait l'accord de la Chine pour avancer, on l'a eu. Après, il y avait les Etats Unis, qui sont vraiment de gros pollueurs. Ensuite, il y avait l'Inde et l'Europe. Or l'Europe est assez exemplaire dans le domaine, même s'il y a des choses, évidemment, qui pourraient être mieux faites. L'Europe a été très allante et très ambitieuse dans le changement apporté. J'ai pu, pendant toute la négociation, m'appuyer sur l'ensemble des pays d'Europe, sur le Commissaire européen, M. Cañete, et sur la présidence luxembourgeoise. Bien sûr, il y a des pays disons plus ou moins réticents mais l'ensemble de l'Europe, en règle générale, est très consciente du problème du dérèglement climatique. Je compte donc continuer à m'appuyer sur l'Europe qui, si je puis dire, est quand même bonne élève.
Q - Il y a la question aussi des émissions du trafic aérien et maritime que Paris n'a pas abordée ?
R - On aurait voulu l'aborder mais cette question sera donc abordée cette année, dans d'autres enceintes : l'Organisation maritime Internationale, l'OACI pour l'aviation. Nous allons, nous Européens, pousser à la négociation dans ces enceintes parce qu'il faut compléter ce que nous avons fait par des accords de limitation, ou même de diminution des émissions de gaz à effet de serre dans ces deux secteurs.
(...)
Q : On vous donne comme futur président du Conseil constitutionnel, comment est-ce que vous pourrez...?
R - Vous avez lu ça quelque part ?
Q - Est-ce que ce sera compatible avec la présidence de la COP ?
R - La présidence de la COP, c'est tout à fait autre chose. De toutes les manières, puisque j'ai été élu comme président de la COP, c'est une fonction bénévole et de type international, c'est autre chose. En ce qui concerne le reste, je préfère ne pas rentrer dans ce type de spéculations.
(...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 janvier 2016