Interview de Mme Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux droits des femmes à Sud Radio le 20 janvier 2016, sur la campagne d'affichage contre le harcélement des femmes dans les transports.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral


CHRISTINE BOUILLOT
Le harcèlement dans les transports, cette campagne pour dire : Stop, ça suffit ! Pascale BOISTARD, bonjour.
PASCALE BOISTARD
Bonjour.
CHRISTINE BOUILLOT
Merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes secrétaire d'Etat chargée des Droits des Femmes. Alors, cette campagne d'affichage recommence aujourd'hui dans les transports, contre ce harcèlement des femmes. Il y avait eu cette campagne, déjà, début novembre. Est-ce qu'il y avait eu un premier bilan de fait, est-ce que ça avait permis, en tous les cas, de libérer les paroles de femmes, des victimes ?
PASCALE BOISTARD
En tout cas, des premières retombées que l'on a pu mesurer, on sait que 55 % des Français interrogés se souviennent de la campagne, et une très très grande majorité, à savoir jusqu'à 95 %, ont considéré que c'était un sujet important, et dont il fallait se saisir. Ça a été la campagne la plus partagée depuis bien des années, sur Facebook.
CHRISTINE BOUILLOT
Ce qui veut dire aussi, c'est que, eh bien il est révélateur de ce que vivent des centaines de milliers de femmes au quotidien.
PASCALE BOISTARD
C'est une réalité qui n'était pas, effectivement, révélée, et que les femmes considéraient comme étant un désagrément du quotidien, et donc on a levé aussi un tabou, et on a aussi, on a souhaité mobiliser la société pour prendre soin les uns des autres et ne pas rester les bras ballants face à de telles situations.
CHRISTINE BOUILLOT
Alors, cette campagne, rappelons-le, Pascale BOISTARD, ne s'adresse pas, que, aux victimes, que, aux femmes, mais également aux agresseurs.
PASCALE BOISTARD
Alors oui. Vous avez trois panneaux, si je puis dire. Un qui, effectivement, retrace ce que ressent la victime, ce que peut dire l'agresseur dans de telles situations, et évidemment, les témoins, qui peuvent assister à ce type de scène, et qui peuvent agir, sans se mettre en danger.
CHRISTINE BOUILLOT
Il y a trop souvent des personnes qui sont témoins et qui n'osent pas, qui ne savent pas ? Qu'est-ce que vous en dites ?
PASCALE BOISTARD
Qui n'osent pas, qui ne savent pas, qui pensent toujours que quelqu'un d'autre qu'eux va se lever pour faire quelque chose, et c'est pour ça que nous avons souhaité aussi mettre des outils interactifs, une vidéo interactive qui permet ce jeu de rôles, entre victimes et témoins, et une grosse mobilisation sur les réseaux sociaux, l'affichage, et c'est vrai que tout à l'heure je dévoilerai encore, grâce aux panneaux DECAUX, encore, une partie de cette campagne, qui dans des milliers d'espaces, sera affichée, partout en France.
CHRISTINE BOUILLOT
Qu'en est-il aussi du bilan de cette brigade qui a été lancée à Paris, ou ce que l'on appelle « la brigade anti-frotteurs » dans les transports en commun parisiens ?
PASCALE BOISTARD
Eh bien, c'est une brigade qui existait et qu'on a fait connaitre aussi, pour que les femmes aussi puissent déposer plaine et leur dire que ça ne sert pas à rien de déposer plainte, qui agit effectivement sur tout ce qui concerne les agressions sexuelles dans les transports en Ile-de-France, en particulier, et qui chaque jour a besoin, notamment de dépôts de plaintes pour pouvoir conduire des enquêtes, et il y a des succès, si je puis dire, pour appréhender la les auteurs de ce type de comportement.
CHRISTINE BOUILLOT
Autre expérimentation, qui avait été lancée au démarrage de cette campagne, du premier volet, c'était notamment à Nantes, avec des bus de nuit à la demande. C'était une expérimentation. Est-ce qu'elle va être étendue, élargie à d'autres villes ?
PASCALE BOISTARD
Alors là, on est en plein moment d'expérimentation, il s'agit effectivement de demander l'arrêt, entre deux arrêts classiques, demander l'arrêt, à partir de 22h30, pour pouvoir, soit se rapprocher de chez soi, soit de l'endroit où on se rend, donc c'est en cours d'expérimentation, ça a commencé au mois de novembre dernier, et pendant six mois, pour qu'on puisse en tirer les conclusions et inviter d'autres villes à s'y inscrire, si elles le souhaitent.
CHRISTINE BOUILLOT
Alors, autre constat aussi, Pascale BOISTARD, je suis obligée de vous poser la question, c'est qu'avec l'état d'urgence, dans les transports en commun, la présence policière et militaire a été renforcée. Est-ce que ça a fait baisser, est-ce que les femmes se sont senties plus rassurées, les agresseurs, on va dire, un peu moins gaillards, quoi ?
PASCALE BOISTARD
Je dirais que tous les types d'agressions ont baissé, ont dû baisser, puisque c'est vrai qu'il y a une présence extrêmement forte, que ce soit des policiers ou de l'armée, dissuade, de fait, les agressions en général. Néanmoins, nous nous inscrivons dans un message pérenne, et c'est pour ça qu'il y a une récurrence dans notre campagne, qui n'est pas que de la communication, mais qui est aussi de mettre en place des outils, pratiques, pour soit alerter, soit pour les victimes, évidemment, appeler au secours. Et ça, nous y travaillons avec la SNCF, le 31 17, où vous pouvez joindre la SNCF lorsque vous êtes victime ou témoin d'un tel acte, et puis le SMS, depuis le 14 décembre, avec la SNCF, au 31 177, qu'il est possible de composer, pour plus discrètement aussi alerter. La RATP et la SNCF travaillent ensemble pour un numéro commun, qui devrait voir le jour, je pense, d'ici quelques semaines, et puis des applications, aussi, sont en cours d'étude, pour pouvoir élargir le champ des alertes.
CHRISTINE BOUILLOT
Pascale BOISTARD, je change de sujet. Je voulais vous poser cette question, par rapport à ce qui s'est passé hier à l'Assemblée nationale, sur les commentaires, sur les réactions, à l'Assemblée, sur la présence d'une star américaine, Pamela ANDERSON, qui est venue défendre la cause qu'elle défend, avec une député écologistes, c'est la cause animale et l'interdiction du gavage. On a vu la résurgence, quand même, de certaines critiques. Quel est votre avis, quel est votre sentiment après cet épisode ?
PASCALE BOISTARD
Ecoutez, c'est toujours des moments où on se dit qu'on recule de 15 ans en arrière, à chaque fois que ce type de réaction se propage. Donc, le sexisme, vous savez, qu'il soit en politique ou ailleurs, il existe bien, et d'ailleurs c'est pour ça que je fais de la publicité sexiste mon nouveau cheval de bataille, si je puis dire, et effectivement, les commentaires sexistes sont encore nombreux, malheureusement, voilà.
CHRISTINE BOUILLOT
Oui, il se porte bien.
PASCALE BOISTARD
Et on doit tous les combattre, parce que ça fait partie aussi des atmosphères très agressives vis-à-vis des femmes, et puis c'est considéré comme des femmes stupides, évidemment, et qui doivent surtout rester à leur place.
CHRISTINE BOUILLOT
Merci beaucoup Pascale BOISTARD, d'avoir été avec nous, ce matin, sur Sud Radio, notre invitée, secrétaire d'Etat chargée des Droits des Femmes, et donc vous allez présenter aujourd'hui cette nouvelle campagne d'affichage dans les transports en commun, pour dire stop au harcèlement des femmes dans les transports.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 janvier 2016