Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la situation politique et le soutien de la France au Liban, et sur le rétablissement de la paix civile dans ce pays, Paris le 14 novembre 1993.

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Circonstance : Dîner offert en l'honneur de M. Rafik Hariri, président du conseil des ministres de la République Libanaise

Texte intégral


Monsieur le Président,
C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir en France en visite officielle. Vous connaissez bien notre pays, et vous savez qu'il a partagé les épreuves du Liban, et n'a ménagé aucun effort pour l'aider à retrouver la paix. La France y a consenti de lourds sacrifices, tant l'étroitesse des relations entre nos deux pays lui dictait de ne pas se résigner devant la situation qu'affrontait votre peuple.
Aujourd'hui, je suis heureux de constater avec vous les progrès accomplis sur le chemin du retour à la paix civile. Je souhaite que nous tournions, ensemble, nos regards vers l'avenir.
Vous avez entrepris, depuis votre arrivée aux fonctions de Président du Conseil des ministres, de reconstruire l'économie et les infrastructures de votre pays. C'est une tâche indispensable, pour rétablir l'autorité de l'Etat et redonner aux Libanais la volonté de vivre ensemble dans leur pays. C'est aussi une tâche immense, que votre pays, malgré sa vitalité et ses ressources, ne peut mener seul. La France, il faut bien le dire parfois un peu seule, a tenu, dès la paix rétablie, à lui apporter son aide. En rétablissant sa coopération culturelle et technique, en accordant à votre pays des financements privilégiés, elle a montré sa volonté de voir revivre le Liban. Elle continuera à le faire, et c'est la raison pour laquelle nous avons voulu signer avec vous ce protocole de coopération, affirmant la pérennité de notre soutien, et un accord de coopération culturelle, scientifique et technique fournissant un cadre clair et stable à nos relations dans ces domaines.
Mon pays a également oeuvré, à de nombreuses reprises, à convaincre d'autres partenaires de participer à cette aide indispensable.
Nous estimons avec vous, en effet, que le retour à la prospérité, non seulement est un espoir légitime de tous les Libanais, mais aussi permettra à votre pays de progresser dans l'application pleine et entière des accords de Taëf et de réaffirmer son rôle sur la scène internationale, et d'abord dans votre région. ccord Israël - OLP - processus de paix au Proche-Orient - reconstruction
Celle-ci connaît maintenant des développements historiques. La reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP a ouvert la voie à un règlement progressif qui permettra, nous le souhaitons, aux Palestiniens de prendre eur avenir en mains. Nous avons salué ces développements, et décidé d'y apporter toute notre aide. Mais nous continuons à penser et à dire qu'un règlement au Proche-Orient doit être global. Le Liban, où tant de Palestiniens avaient trouvé refuge, doit participer à cette paix qui se fait devant nos yeux, et pouvoir ainsi recouvrer sa pleine souveraineté. C'est le souhait que je forme avec beaucoup d'espoir. Car chacun sait que la paix et l'équilibre du Moyen-Orient ne seront pas durables tant que chaque pays de la région ne pourra pas maîtriser son destin et coopérer librement avec ses voisins en faveur du progrès économique et du bien-être des populations.
Nous avons bon espoir que le gouvernement israélien saura trouver avec vous dans le cadre du processus de paix les moyens de mettre en oeuvre la résolution 425 du Conseil de sécurité La France est prête, en ce qui la concerne, à participer aux garanties internationales qui seront souhaitées de part et d'autre pour permettre un tel accord.
Monsieur le Président,
Le soutien de la France au Liban, qui ne s'est jamais démenti pendant les années difficiles qu'il a vécues, lui est acquis dans cette phase de reconstruction. Avec vous, nous partageons l'espoir, qui ne parait plus chimérique, que la paix et l'entente se rétablissent au Proche-Orient, et que dans ce cadre le Liban, rétabli dans son unité, sa souveraineté et son indépendance, joue de nouveau son rôle.
C'est avec ce voeu que je souhaite, Monsieur le Président, lever mon verre à votre bonheur personnel, au succès de votre mission et à l'amitié entre nos deux pays.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 mai 2004)