Interview de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes à France-Info le 28 janvier 2016, sur les soins palliatifs et l'aide aux malades en fin de vie.

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Média : France Info

Texte intégral


FABIENNE SINTES
Invitée politique ce matin donc Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales, de la santé et du droit des femmes, avec Jean-François ACHILLI et Guy BIRENBAUM.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Avec la démission de Christiane TAUBIRA, le président François HOLLANDE a-t-il perdu sa gauche ou du moins, une partie de l'esprit de 2012, Marisol TOURAINE ?
MARISOL TOURAINE
La gauche est au gouvernement avec François HOLLANDE, et moi, je veux saluer Christiane TAUBIRA, elle a été une ministre engagée, enflammée même, et chacun s'accorde à dire que son travail marquera durablement notre pays, et sera évidemment au bilan de ce quinquennat. Elle a dit qu'elle partait sur un désaccord, je le respecte...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais vous avez été surprise par cette démission ?
MARISOL TOURAINE
Oui, comme tout le monde. Mais je veux dire, je respecte ses convictions, je dois dire que je regrette son départ, et je le regrette d'autant plus que le Premier ministre, hier, a présenté le texte de la réforme constitutionnelle, qui faisait parler, qui fait parler et qui fait débat, et qui est à l'origine du départ de Christiane TAUBIRA, honnêtement, moi, je veux dire que ce texte montre que le gouvernement, que le Premier ministre et le président ont entendu les interrogations que traverse la gauche...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Parce que vous-même, vous étiez hostile au principe de cibler les binationaux, c'est ça ? Vous étiez hostile ou pas à ce texte ?
MARISOL TOURAINE
Oui, j'ai dit que je ne me sentais vraiment pas à l'aise avec l'inscription dans la Constitution de deux catégories de Français, ça n'est plus le cas. Et donc moi, je veux dire que depuis plus d'un mois, du travail a été fait, et que précisément, c'est un texte qui est un texte qui ne remet pas en question les fondements de la gauche, les valeurs de la gauche, qui est aujourd'hui présenté au Parlement, le Parlement d'ailleurs fera son travail, et pourra encore amender. Et donc il me semble que, aujourd'hui, pour nous, collectivement, le moment est venu d'avancer résolument, le terrorisme est un enjeu majeur, nous y répondons avec fermeté, avec détermination, et en même temps, dans le respect de nos principes fondamentaux. Moi, je ne suis pas certaine que nous gagnions à donner le sentiment que le seul sujet autour duquel se polarise le débat, c'est la question, une parmi d'autres, de la nature que va prendre la déchéance de nationalité, il y a d'autres questions dans le débat public. Hier, par exemple, nous avons voté une loi sur la fin de vie, et c'est quelque chose de très significatif...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On va y venir, on va y venir, ne vous inquiétez pas, on va y venir, c'est l'autre grand titre de ce matin. Mais je résume quand même : la notion de binationalité, elle disparaît effectivement de ce qui va être produit, en même temps, la France va ratifier la convention de 61, qui interdit la création d'apatrides, d'accord, donc quand une mesure de déchéance sera prononcée, Marisol TOURAINE, elle concernera les seuls binationaux, on y revient, mais sans le dire, il y a quelque chose d'un peu bizarre quand même...
MARISOL TOURAINE
Non, on n'y revient pas sans le dire, tous les Français...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais si, ça revient à ça...
MARISOL TOURAINE
Il y a l'égalité des Français face à la loi, on ne peut pas, pour moi, il était... comment dire... c'était un sujet de sensibilités, d'interrogations, que d'inscrire dans la Constitution deux catégories de Français, mais en même temps...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pour vous, c'est plus acceptable en tout cas...
MARISOL TOURAINE
L'affirmation, mais aujourd'hui, je ne vois pas l'enjeu...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous êtes moins gênée...
MARISOL TOURAINE
Mais ce n'est pas que je suis moins gênée, c'est que je ne suis pas absolument pas en difficulté avec le texte tel qu'il est aujourd'hui présenté. Franchement, remettons les choses en place, nous sommes face à des personnes qui sont terroristes, il y a une mobilisation extrêmement forte du pays. Nous n'allons pas commencer à nous interroger sur la question de savoir si des sanctions extrêmement fermes, symboliquement fortes, doivent être portées vis-à-vis de personnes qui en veulent à la France et aux Français. Cela n'empêche pas qu'il faut le faire dans le respect de nos principes, il me semble que, aujourd'hui, c'est ce qui est proposé par le Premier ministre et par le président de la République. Et donc je souhaite que la gauche se retrouve et se rassemble...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pour vous c'est acceptable...
GUY BIRENBAUM
Madame la Ministre, c'est un aspect annexe, mais qui n'est pas annexe du tout, Christiane TAUBIRA qui s'en va, c'est une femme qui perd un ministère régalien.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous êtes ministre des Droits des femmes aussi, donc au passage...
GUY BIRENBAUM
Voilà, au passage, je m'adresse à la ministre des Droits des femmes, c'est quand même dommage, on avait la parité, et puis, là, bouf, hop, c'est parti !
MARISOL TOURAINE
Eh bien, on a la parité, pas...
GUY BIRENBAUM
Je parle de ministères régaliens...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Que des messieurs !
MARISOL TOURAINE
Oui, mais il n'y avait pas la parité jusque-là parce que...
GUY BIRENBAUM
Eh bien, c'est dommage !
MARISOL TOURAINE
Oui, eh bien, moi, je suis toujours pour la parité, on n'est pas non plus obligé de la compter catégorie par catégorie, mais c'est vrai que c'est un signe qui...
GUY BIRENBAUM
C'est un signe...
MARISOL TOURAINE
Oui, c'est un signe toujours utile que d'avoir des femmes à des postes dont on imagine qu'ils sont réservés à des hommes. Mais le gouvernement est paritaire, il est toujours paritaire, je veux le rappeler, puisque jusque-là, on avait une femme de plus, et donc maintenant, nous en venons à la stricte parité.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On va venir sur la fin de vie, juste encore une question quand même, Christiane TAUBIRA est dehors aujourd'hui, elle est dans la nature, elle a rejoint les AUBRY, MONTEBOURG, HAMON, DUFLOT, LAURENT, MELENCHON, tous ceux qui ont voté HOLLANDE en 2012...
GUY BIRENBAUM
FILIPPETTI...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Etc., donc on a l'impression qu'il y a une autre gauche, une autre partie de la gauche qui est dehors maintenant, c'est un petit souci quand même pour la présidentielle de 2017, ça n'a échappé à personne, vous êtes d'accord avec ça, même si vous êtes de gauche, d'accord, mais il y a une partie de la gauche qui est dehors...
MARISOL TOURAINE
Eh bien oui, d'accord, oui, je suis de gauche, je vous le confirme, Jean-François ACHILLI, et si vous voulez, je peux vous...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ne vous énervez pas...
MARISOL TOURAINE
Non, je peux vous parler de toute une série de sujets...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On va parler de la fin de vie en tout cas, oui...
MARISOL TOURAINE
Non, mais pas particulièrement la fin de vie, qui n'est pas un sujet de gauche ou de droite d'ailleurs...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui, j'ai bien compris...
MARISOL TOURAINE
Mais il y a quand même des avancées, en particulier des avancées sociales extrêmement fortes, et qui sont des avancées que la droite n'aurait pas faites, moi, je veux le dire, dans quelques jours, nous mettons en place la prime d'activité, un million de jeunes qui n'avaient droit à rien vont pouvoir percevoir la prime d'activité, donc...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et vous êtes d'accord qu'il va falloir faire revenir cette gauche-là avec vous ?
MARISOL TOURAINE
Il y a le tiers-payant, qui m'a valu des confrontations extrêmement fortes, c'est mis en place, à l'évidence, ça n'est pas une mesure autre qu'une mesure de gauche. Donc la gauche, elle est là, elle est dans le gouvernement, et ce gouvernement est un gouvernement de gauche. Vous savez, ce que vous sous-entendez, c'est un point important, c'est que parce qu'on se préoccupe d'économie, parce qu'on se préoccupe de modernité, d'innovation, on ne pourrait pas être de gauche, eh bien, pour moi, être de gauche, c'est prendre en compte la réalité du monde, de l'économie, de la mondialisation, et c'est aussi apporter des réponses à des questions de société, qui préoccupent l'ensemble de nos concitoyens.
FABIENNE SINTES
Marisol TOURAINE, pour autant, il y aura apparemment une primaire à gauche, et la popularité de Christiane TAUBIRA, on la connaît, si vous la croisiez, là, est-ce que vous lui diriez : n'y va pas, n'y va pas, c'est nous tirer une balle dans le pied, est-ce que vous lui diriez comme ça ?
MARISOL TOURAINE
Eh bien, je lui dirais certainement de ne pas y aller, et je lui rappellerai qu'elle a été ministre de ce gouvernement pendant quatre ans. Elle a d'ailleurs elle-même exprimé sa fierté d'avoir contribué au quinquennat de François HOLLANDE.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors la nouvelle loi sur la fin de vie a été votée hier soir par l'Assemblée et le Sénat, par le Parlement, le texte instaure un droit à la sédation profonde et continue, jusqu'au décès des malades en phase terminale. J'ai envie de vous poser une question ce matin : mais qu'est-ce qui a réellement changé ?
MARISOL TOURAINE
C'est un bouleversement, cette loi...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous trouvez ?
MARISOL TOURAINE
C'est un bouleversement pour une raison simple, quelque chose qui change tout, jusqu'à maintenant, la loi, elle était faite pour les médecins, elle disait ce que les médecins pouvaient faire ou devaient faire. La nouvelle loi...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous parlez des malades, c'est ça, oui...
MARISOL TOURAINE
Elle parle des malades, c'est-à-dire que, non, mais des choses très concrètes, elle instaure d'abord un droit aux soins palliatifs, j'ai lancé un plan qui va permettre d'installer des unités mobiles de soins palliatifs, pour aller au domicile des personnes, dans les maisons de retraite, nous allons augmenter le nombre d'unités aussi dans les hôpitaux. Et cette loi dit ensuite que lorsque vous êtes malade incurable, en fin de vie, que vous demandez à bénéficier d'une sédation profonde jusqu'à votre mort, on ne peut pas vous le...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est possible...
MARISOL TOURAINE
Non, ce n'est pas que c'est possible, voilà, c'est que, on ne peut pas vous le refuser, et ça, c'est une nouveauté majeure, on ne peut pas faire comme si c'était quelque chose d'anecdotique, jusque-là, il n'y avait que l'équipe médicale qui prenait la décision, elle pouvait écouter le malade, mais c'est l'équipe médicale qui était en responsabilité. Désormais...
GUY BIRENBAUM
Est-ce que ça n'est pas une étape franchie, finalement, qu'une étape franchie, prenez le cas de Vincent LAMBERT, dont nous parlons, hélas, hélas, régulièrement...
MARISOL TOURAINE
Mais Vincent LAMBERT, c'est un autre cas. Ce qui m'amène à la troisième avancée de la loi, ce sont les directives anticipées, parce que le cas de Vincent LAMBERT, c'est que...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Une famille se déchire !
MARISOL TOURAINE
Une famille se déchire, et ça, vous savez, les lois ne règlent pas toujours les familles qui se déchirent, mais il est important que chacun d'entre nous, nous puissions exprimer de manière fiable nos volontés. C'est le sens des directives anticipées, qui désormais s'imposeront aux équipes médicales. Il y a très peu de Français qui en ont écrit. Et le fait de savoir que si vous écrivez vos volontés en cas de fin de vie, vous serez écouté et respecté, ça doit amener nos concitoyens à le faire. Nous allons lancer une campagne d'information d'ailleurs dans l'année pour expliquer et amener le plus grand nombre de Français à dire ce qu'ils veulent, ce qu'ils ressentent pour le cas malheureux où ils seraient confrontés à une situation comme celle-là.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui, un dernier mot sur ce sujet, le suicide assisté, on n'y est pas encore.
MARISOL TOURAINE
On n'y est pas. J'ai entendu parfaitement dans le débat, et que certains auraient voulu que nous allions dans cette direction-là, personnellement, j'ai entendu, je comprends qu'il y ait cette préoccupation, mais ça ne veut pas dire pour autant que la loi qui est proposée ne constitue pas une avancée, que je crois sincèrement historique, parce que, encore une fois, considérer qu'en matière de fin de vie, c'est le malade, le malade lui-même, qui dit sa volonté, exprime sa liberté, revendique sa dignité, c'est évidemment un bouleversement, un bouleversement dont peut-être nous ne mesurons pas encore complètement les implications.
GUY BIRENBAUM
Madame la Ministre, est-ce que l'enquête a avancé dans l'affaire du test du médicament mené par BIOTRIAL à Rennes, cinq personnes qui testent une molécule hospitalisées, un décès, est-ce que, il y a du nouveau ?
MARISOL TOURAINE
Aujourd'hui, nous n'avons pas d'éléments complémentaires. J'ai demandé un premier rapport, un prérapport à l'Inspection générale des Affaires sociales, qui me le remettra en début de semaine prochaine. A partir de là, nous verrons si nous disposons d'éléments nous permettant de comprendre, parce que c'est bien de ça qu'il s'agit, de comprendre ce qui s'est passé. Je rappelle que ces essais cliniques de phase 1, c'est ceux qui sont au tout début du parcours du test du médicament, des précautions doivent évidemment être prises, des règles précises, internationales, encadrent ces essais. Nous n'avons jamais connu en France, je le répète, jamais connu en France d'accident de tel type, c'est évidemment dramatique, et j'espère que l'enquête nous permettra d'avancer...
GUY BIRENBAUM
Enquête en cours.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est un sujet d'inquiétude également, le virus Zika qui arrive en métropole, il y a des cas recensés en Martinique, en Guyane, et il arrive dans certains pays européens, donc il est chez nous...
FABIENNE SINTES
Au Danemark, en Italie, aux Pays-Bas...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui, Royaume-Uni...
MARISOL TOURAINE
L'épidémie de Zika qui concerne...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc c'est un moustique qui le véhicule...
MARISOL TOURAINE
Oui, donc l'épidémie de Zika concerne aujourd'hui tout le continent américain, c'est comme la Dengue ou le Chikungunya, une maladie qui est transmise par la piqure du moustique. Je veux dire que la maladie ne se transmet pas d'homme à homme. Donc quelqu'un qui est malade se fait piquer par un moustique, et encore, pas n'importe quel moustique, un moustique, ce moustique, ensuite, va piquer quelqu'un d'autre, qui, lui, n'est pas malade, et c'est le moustique qui lui apporte la maladie...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est le vecteur...
MARISOL TOURAINE
C'est le vecteur. Donc il faut tout faire, se mobiliser, pour lutter contre la présence de moustiques. Cette épidémie est sérieuse. Cette épidémie est sérieuse, et je veux dire à la fois ma préoccupation et ma détermination. C'est pour cela que dès les premiers cas au mois de décembre, nous avons engagé une campagne d'information, à destination des professionnels de santé, parce que la maladie, le Zika, dans l'écrasante majorité des cas, elle n'a pas d'effets ou c'est très bénin, parfois même, on ne voit pas même pas, on ne sent même pas qu'on est malade...
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Les femmes enceintes peut-être...
MARISOL TOURAINE
Mais dans des cas limités, elle peut être très grave, avec des effets neurologiques, et pour les femmes enceintes, des complications, des malformations pour leur bébé. Je veux donc dire très fortement que des femmes qui sont en métropole, ici, sur le territoire français, en métropole, et qui ont prévu d'aller en Martinique, à la Guyane où il y a aussi l'épidémie, ou dans les territoires d'Outre-mer, si elles sont enceintes, je leur recommande de différer leur voyage, je le dis très fortement, parce que, il y a un enjeu de santé publique. Nous sommes mobilisés, une équipe de renfort sanitaire va partir dans quelques jours en Martinique pour évaluer les besoins complémentaires que nous apporterons aux hôpitaux et aux médecins dans ces territoires.
FABIENNE SINTES
Marisol TOURAINE, une dernière chose, vous avez été interpellée vous aussi, on ne vous a pas beaucoup entendue, est-ce qu'il faut graciée Jacqueline SAUVAGE ?
MARISOL TOURAINE
Jacqueline SAUVAGE a été condamnée par la justice, il ne m'appartient pas de commenter une décision de justice. Elle est...
FABIENNE SINTES
Non, mais vous pouvez influer sur François HOLLANDE notamment ?
MARISOL TOURAINE
Non, elle est aujourd'hui le symbole des violences faites aux femmes, il y a une procédure qui est engagée, moi, je suis évidemment très sensible et très attentive à ce que les violences faites aux femmes soient condamnées fortement et même symboliquement. Le président de la République a lui-même dit qu'il avait entendu les débats, il se prononcera lorsque la procédure sera à son terme.
FABIENNE SINTES
Mais vous lui conseillez quelque chose, vous lui avez conseillé quoi à lui ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez, le président de la République, et lui seul, prend la décision, et je réserve au président de la République les conseils éventuels que je lui donne.
FABIENNE SINTES
Marisol TOURAINE, sur France Info. Merci
source : Service d'information du Gouvernement, le 29 janvier 2016