Conférence de presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la promotion de la gastronomie française, à Paris le 28 janvier 2016.

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Circonstance : Lancement de la deuxième édition de l'opération Goût de France, à Paris le 28 janvier 2016

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, bonjour et bienvenue dans cette Maison que maintenant vous connaissez.
Monsieur le Président, Philippe Faure,
Cher Alain Ducasse,
Chers Amis,
Mesdames et Messieurs
Nous sommes réunis pour le lancement de la deuxième édition de l'opération Goût de France.
La première édition en 2015, on peut le dire, a été un très grand succès. Elle doit beaucoup à Alain Ducasse, que je remercie encore pour sa mobilisation. Elle a permis - c'était le but - de faire rayonner notre gastronomie sur les cinq continents, dans sa diversité, depuis les grandes tables jusque les bistrots et les petits restaurants de qualité. À partir du succès de l'an dernier, nous avons souhaité que cette opération soit renouvelée. Elle a donc désormais lieu chaque année afin de célébrer... Nous avons choisi une date, le 21 mars, que les plus observateurs considèrent comme étant la date du printemps. Nous avons choisi cette date du 21 mars pour célébrer non seulement le printemps mais aussi la gastronomie française et les valeurs qu'elle porte : c'est-à-dire l'excellence, la créativité, la diversité, la convivialité et le partage.
L'année dernière, nous avions rassemblé plus d'un millier de restaurants. Cette année, nous avons encore encore progressé puisque je crois que ce sont plus de 1.500 restaurants qui seront mobilisés pour servir des dîners Goût de France sur tous les continents. Nos ambassadeurs, qui sont très investis dans cette opération, seront également les hôtes de dîners dans nos ambassades, comme cela avait été le cas l'an dernier.
Je veux profiter de notre rencontre pour remercier très chaleureusement tous les chefs qui, encore plus nombreux cette année, acceptent de participer à cette opération. Ils vont proposer des menus et des recettes qui mettront à l'honneur le savoir-faire culinaire français, la diversité de nos terroirs et la qualité de nos produits. Et je veux, de ce point de vue-là, saluer particulièrement nos amis du Marché de Rungis, qui est partenaire de l'opération.
Je veux aussi saluer le travail de l'ensemble de notre réseau diplomatique, qui souvent propose dans le cadre de l'opération Goût de France des initiatives originales qui célèbrent la gastronomie tout en donnant un accès à des lieux prestigieux que sont souvent les résidences des ambassadeurs. Par exemple, pour ne citer que cet exemple, notre ambassadrice en Italie ouvrira les cuisines du Palais Farnèse à trois chefs participant à l'opération Goût de France. Et je puis vous dire que c'est vraiment une épreuve assez pénible que de passer une soirée au Palais Farnèse, avec en plus cette fois-ci un repas de grande qualité.
J'ai souhaité, avec nos amis, que Goût de France puisse, cette année, se dérouler non seulement sur les cinq continents mais aussi ? alors là que ne va-t-on pas inventer ! - dans les airs et sur les mers... Donc, des repas Goût de France vont être servis durant 24 heures sur certains vols par Air France et dans les salons des aéroports. D'autre part - j'ai rencontré son président l'autre jour -, la compagnie de croisière Ponant - la publicité est gratuite -, qui arbore un pavillon français - ça, ça nous fait plaisir -, va servir le soir du 21 mars des dîners ? et là cela va être aussi assez pénible ! - dans l'archipel des Grenadines, à Belém au Brésil, au Cap Vert et à Manille. Pendant ce temps-là, nous serons là à grelotter...
Goût de France sera aussi l'occasion de mettre à l'honneur nos jeunes chefs et pour nous tous c'est une priorité : nous devons former encore davantage de jeunes aux métiers du tourisme, en particulier dans la restauration. Il y a quelques mois, ceux qui suivent les questions du tourisme se rappellent peut-être que j'avais annoncé la création de ce que nous avions appelé une «Conférence des formations d'excellence du tourisme» (CFET), parce que nous avons des écoles vraiment de première qualité mais qui ne sont pas toujours assez mises en valeur. Donc, nous avons voulu, avec les professionnels, renforcer la visibilité nationale et internationale de nos formations d'excellence en matière de gastronomie, d'hôtellerie et de tourisme. Maintenant, cette conférence des formations d'excellence est créée et très largement financée. L'opération Goût de France doit mettre en avant la formation. Par exemple, on m'a indiqué qu'en Afrique du Sud, les étudiants d'une école hôtelière vont élaborer le dessert du dîner organisé à l'ambassade ; et qu'à Chypre, l'Institut français, qui est notre bras armé sur le plan culturel, va organiser une «master class» au sein de l'école hôtelière.
Cela veut dire qu'autour de cette opération Goût de France, vraiment, c'est toute la gastronomie dans sa diversité française qui est mise en valeur et célébrée.
Un dernier mot pour dire qu'une attention particulière va être portée à nos régions et à leurs chefs, non pas les chefs des régions, les chefs au sens des vrais chefs qui sont ici. C'est une innovation par rapport à l'an dernier. Cette année, j'ai demandé aux préfets de région de participer aussi à l'aventure. Parce que nous souhaitons valoriser les chefs français qui travaillent dans nos territoires - notamment les plus jeunes et les plus prometteurs - et mettre à l'honneur nos traditions culinaires régionales. Nous le faisons déjà avec Atout France - dont je salue le président Philippe Faure - à travers nos «contrats de destination» : beaucoup de ces contrats de destination valorisent les grandes régions gastronomiques françaises - je pense en particulier à la Vallée de la Champagne, à la Bourgogne, à Bordeaux, ou à Lyon. Et nous voulons le faire aussi à partir de cette année à travers l'opération Goût de France.
Si j'avais à résumer, je dirais que Goût de France n°1 a été un grand succès et Goût de France n° 2 va être encore un plus grand succès!
Merci d'être là ce matin.
Q - Pourquoi ne pas associer des livres de cuisine avec de belles images que l'on mettrait à disposition des clients à l'entrée des restaurants, ainsi on favoriserait la vente des livres sur la France et sur l'art culinaire ?
Dans votre dossier de presse, j'ai constaté qu'il y avait une différence de prix, vous laissez à l'appréciation de chaque chef, le soin de choisir un menu à 30 euros ou à 120 euros. N'y a-t-il pas de limite dans la culture française ?
R - Intervenant - C'est assez logique car, en fonction du pays, ce ne sont pas les mêmes prix qui sont pratiqués à cause des taux de change. C'est aussi en fonction de l'établissement : il peut y avoir un très bon établissement, mais dans le genre bistro, qui ne sera pas dans la même catégorie qu'un restaurant avec toutes les étoiles, les macarons et les toques de la planète.
Quant à la suggestion sur les ouvrages, c'est une très bonne idée, nous allons la suggérer. Je ne sais pas s'ils auront le droit de les vendre mais ils peuvent les mettre à disposition.
Q - Comment le ministère des affaires étrangères, c'est peut-être vous, Monsieur le Ministre, qui pourrez répondre, comment lierez-vous le marketing de la gastronomie au marketing touristique ?
R - Le ministre - Oui. Je donnerai un chiffre. Plus d'un tiers des touristes étrangers qui viennent en France y viennent à cause de notre gastronomie et de nos vins. Chaque fois que l'on agit positivement pour la gastronomie, on agit aussi positivement pour le tourisme et il y a un lien entre les deux. Il y a maintenant deux ans que j'ai récupéré la compétence du tourisme, parce que, quand un touriste vient en France et qu'il est satisfait, ce sera ensuite le meilleur ambassadeur de la France et cela représente pour notre culture et notre économie un atout considérable.
Les professionnels, en particulier dans la restauration, sont des gens qui ne ménagent pas leur travail, qui ont toujours le sens de la qualité, de la discipline, de la rigueur et de la créativité. Ce sont des valeurs que l'on voudrait faire partager, c'est l'image de la France.
J'ai donc demandé à tous mes ambassadeurs et aux services diplomatiques, partout dans le monde, d'aider le tourisme et d'aider à la restauration et à la gastronomie. Cela veut donc dire qu'ils sont chargés dans leurs équipes d'avoir au moins une personne - indépendamment des réseaux d'Atout France puisque cette agence n'est pas présente partout dans le monde tandis que les ambassades, il y en a partout -, quelqu'un qui s'occupe du tourisme, qui essaie de le relancer, de le développer.
En ce qui concerne l'opération Goût de France , nous avons demandé à un maximum d'ambassadeurs d'organiser des repas. Donc, le 21 mars, ils inviteront toute une série de personnalités pour célébrer Goûts de France, célébrer la gastronomie française et, par votre intermédiaire, par la presse locale, nationale, internationale, mettre tout ceci en réseau.
C'est un tout, je suis extrêmement satisfait que nous ayons pu lancer cela ensemble. C'est ce que disait Alain Ducasse, ce qui compte, c'est de tenir sur la distance et être plébiscité à la fois par les professionnels et par le public.
L'an dernier, nous étions 1.300, cette année, si nous arrivons à 2.000, si dans tous les domaines dont s'occupe la France nous avions ce type de progression, nous serions satisfaits.
De tous les points de vue, la gastronomie est un leader et le tourisme aussi. Il est donc tout à fait normal qu'un ministère comme le mien, en charge du rayonnement de la France travaille avec les professionnels pour développer cela.
Q - Au Japon, il y a plus de cinquante ans, l'ex-chef du Grand Véfour a été envoyé au Japon comme ambassadeur de la cuisine française. Il a pénétré certains milieux japonais pour réaliser le rêve de celui qui l'avait envoyé au Japon à l'époque où les Français ne s'intéressaient pas à ce pays ni aux goûts japonais. Je pense que c'est maintenant que vous récoltez les résultats de tout cela, il y a maintenant de très bons chefs japonais qui font de la cuisine française. On ne parle pas assez de ce grand ambassadeur du goût français au Japon.
R - Le ministre - Philippe Faure, qui a été ambassadeur au Japon et qui, à l'égard de la cuisine aussi bien française que japonaise, n'est pas simplement un théoricien mais un praticien, de même que Christian Masset, aujourd'hui secrétaire général du Quai d'Orsay et qui fut ambassadeur au Japon ; vous voyez que les ambassadeurs au Japon sont une filière extraordinaire mais, pour réussir, ils doivent passer un test, c'est-à-dire à la fois aimer la gastronomie japonaise et aimer la gastronomie française. C'est le cas.
Donc, Philippe, faites écho à ce que disait notre ami qui est parfaitement juste.
R - Philippe Faure - Je pense, Madame, que vous faites allusion à Raymond Oliver qui était une immense star au Japon. Le nombre de fois où on a pu nous citer Raymond Oliver est considérable, mais il y a des centaines de chefs japonais qui ont tous été chez Alain Ducasse, chez Troisgros, chez Georges Blanc et bien sûr chez Bocuse qui est le deuxième personnage le plus connu dans la gastronomie française au Japon. Les deux sont immensément connus et je ne sais d'ailleurs pas si Bocuse n'est pas encore plus célèbre. À chaque fois qu'il s'est déplacé au Japon, il y avait des centaines de demandes d'hôteliers.
Q - (inaudible)
R - Philippe Faure - Vous avez tout à fait raison. Cela a été vrai également d'ailleurs pour Georges Duboeuf. Georges Duboeuf, avec le Beaujolais, se déplaçait ; ainsi qu'Henri Gault, qui, lui, avait mis sur le col de la bouteille une petite photo de lui. J'avais fait un déplacement avec lui il y a une vingtaine d'années au Japon et dans la rue, les gens le reconnaissaient en lui montrant le col de la petite bouteille.
Plus sérieusement, je pense qu'il y a une affinité considérable entre les chefs français et les chefs japonais. D'une manière générale, si on demande à des chefs japonais quelle est la gastronomie qu'ils apprécient et qu'ils reconnaissent le plus au monde, ils vous diront que c'est la gastronomie française - et je pense que c'est Alain qui pourrait le dire mieux que moi ou les amis qui sont dans la salle -, l'affinité, la curiosité, l'intérêt pour une autre cuisine étrangère, la réponse est très souvent : le Japon quand on est Français et c'est le Japon qui va être donné comme exemple. Un peu d'ailleurs comme les estampes japonaises, Claude Monet, Giverny que vous connaissez bien, Monsieur le Ministre. Les peintures qu'il y a à Giverny, tout ce qu'il y a au mur, ce sont des estampes japonaises alors que Claude Monet a connu tous les grands artistes impressionnistes de l'époque et ce n'est pas eux qu'il a choisi, il a choisi les estampes japonaises. Je pense qu'il y a une affinité culturelle qui est très grande. On le voit aussi en musique, on s'aperçoit que la musique européenne et la musique française, Fauré, Debussy, Ravel connaissent une reconnaissance au Japon, vraisemblablement plus forte que ce n'est le cas aujourd'hui en France.
Q - Combien y a-t-il de participants cette année ?
R - Intervenant 1 - Je crois que nous en sommes aujourd'hui à 1.522 chefs qui feront ce repas à la française le 21 mars. La liste n'est pas terminée et comme il y a beaucoup de demandes d'inscriptions d'ici là, nous avons indiqué que nous donnions encore jusqu'au 22 février pour faire partie de l'opération.
Bien évidemment, il y a un comité de sélection car sinon, n'importe quel petit restaurateur qui n'a aucune capacité particulière et qui ne ferait pas un repas de qualité voudrait s'inscrire puisque c'est populaire. Ce comité de sélection est piloté par un certain nombre de chefs français ou étrangers pratiquant la gastronomie française, ce sont eux qui détermineront le final de la liste.
Q - Peut-on connaître le nombre de femmes parmi les chefs qui participent à l'aventure ? Y aura-t-il quelque chose qui sera fait en 2016 lors de cette édition dans l'univers de la salle ?
R - Intervenant - Concernant le nombre de femmes, attendons que la liste soit close et nous regarderons dans le détail sa composition.
R - Intervenant - La notion de services que je qualifierai par la notion d'hospitalité parce que le mot service a une consonance trop proche de servitude, ce sont d'ailleurs des métiers d'hospitalité et non pas des métiers de service, ce sont des décrets que l'on devrait prendre dès maintenant, ce qui valoriserait ces métiers dont le rôle est intimement lié au succès d'un restaurant puisque la manière d'accueillir, de servir, de donner du bonheur aux clients pendant tout le temps qu'il est sous notre toit, c'est un élément indispensable. Ils sont donc naturellement intimement liés au succès d'un dîner à la française.
R - Intervenant - Il y a toujours cinq critères, l'assiette, la cave qui est essentielle, il y a des restaurants qui ont une cave plus ou moins étoffée, avec une qualité différente, c'est évident que c'est important. Et puis il y a la salle, l'accueil et le service. On peut d'ailleurs imaginer avoir une cave faible, un accueil faible et de très bonnes assiettes. Tout cela se combine, les cinq ne sont pas nécessairement au sommet.
Q - En dehors de la conférence de presse, qu'allez-vous faire pour que le public soit au courant de cette opération ? Qu'est-il prévu au niveau des restaurants ? Y a-t-il un affichage spécifique ? Les restaurateurs ont-ils des aides pour la communication ?
R - Intervenant - Il y aura un affichage fait par tout le groupe de communication donc qui vont dans combien de pays ?
R - Intervenant - Il va y avoir des affichages J-C. Decaux dans cinq grands aéroports mondiaux, en Chine, aux États-Unis, au Japon et il va y avoir aussi de l'affichage en France. Ensuite, il va y avoir une campagne spécifique sur les réseaux sociaux qui est en train de se déployer par l'intermédiaire d'Atout France et de tous nos partenaires de l'opération Goût de France. Et, ensuite, une grosse campagne à l'intérieur de la presse habituelle, des magazines qu'on rencontre et on fait ici des voyages en France et avec nos restaurateurs à l'international pour faire des reportages qui vont faire la promotion de Goût de France.
R - Intervenant - Et, comme l'a dit notre ministre, tout le réseau diplomatique est au service de cette opération et notamment, bien sûr, Atout France.
R - Intervenant - Une chose très importante aussi : France Média Monde, TV5 Monde sont partenaires de l'opération et couvrent l'évènement et font des reportages pendant toute cette période à partir d'aujourd'hui où la liste est dévoilée, jusqu'au 21 mars ; et ils ont des reportages sur la gastronomie qui vont être animés dans plusieurs langues et sur tous les continents.
Il y a un kit de communication que chaque chef va pouvoir utiliser pour faire sa propre promotion et afficher sur son restaurant.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2016