Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Michel SAPIN est l'invité d'I Télé ce matin. Bonjour.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Hier, la ministre du Travail Myriam El KHOMRI a affirmé que toutes les pistes devraient être étudiées pour négocier les nouvelles règles de l'assurance chômage, y compris la dégressivité des allocations, précisons que le gouvernement prendrait ses responsabilités, en l'absence d'accord des partenaires sociaux. Question simple, Michel SAPIN : êtes-vous favorable à une dégressivité de l'assurance et de l'allocation chômage ?
MICHEL SAPIN
Alors, c'est d'abord la responsabilité des partenaires sociaux. En disant cela, ce n'est pas une manière de nous défausser, puisque justement la ministre du Travail a dit que nous prendrions, si c'était nécessaire nos responsabilités. Mais moi je suis pour le respect des quelques espaces qui restent, il n'y en a pas beaucoup, de négociations, entre les partenaires sociaux. Donc c'est d'abord au patronat et aux syndicats de prendre leurs responsabilités, avec deux objectifs, me semble-t-il. Le premier, c'est très déficitaire, l'assurance chômage
BRUCE TOUSSAINT
29 milliards.
MICHEL SAPIN
De dettes, donc c'est entre un et deux milliards de déficit. 29 milliards d'endettement. Bon, donc il faut faire face à cela. De même que dans l'Etat, nous luttons pour diminuer les déficits, de même je pense que dans l'assurance chômage il faut lutter pour diminuer les déficits. Mais plus important que cela, il faut un dispositif qui soit, qui accompagne le chômeur, qui le soutienne, mais aussi qui l'incite à reprendre le travail, d'où la question qui est posée, de la dégressivité des allocations, je vous rappelle que jusqu'en 2001, c'était un dispositif qui existait.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, voilà, de 92 à 2001, ça avait été mis en oeuvre.
MICHEL SAPIN
Ça n'est pas nouveau, ça fait partie des choses qui sont sur la table, et qui seront discutées par les partenaires sociaux.
BRUCE TOUSSAINT
Si les partenaires sociaux ne trouvent pas d'accord, ne se mettent pas d'accord sur ce sujet
MICHEL SAPIN
C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce que, non mais, est-ce que cette question est taboue ?
MICHEL SAPIN
Laquelle ?
BRUCE TOUSSAINT
La question de la dégressivité des allocations.
MICHEL SAPIN
Non, la preuve, Myriam El KHOMRI a dit : tous les sujets sont sur la table.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, mais moi j'aimerais bien avoir votre avis, à vous.
MICHEL SAPIN
Tous les sujets sont sur la table. Oui, mais ça fait un des sujets, ce n'est pas du tout le seul. Il faut
BRUCE TOUSSAINT
C'est un sujet important parce que
MICHEL SAPIN
Pourquoi je dis ça ? Parce que si on se polarise sur un seul point, on donne le sentiment de quoi ? De « désavantager » les chômeurs. Mais si de l'autre côté je vous dis que je suis plus efficace, que j'apporte plus d'éléments pour former le chômeur, et donc si je lui donne plus de chances de retrouver plus vite un emploi, je pense que tout le monde est gagnant.
BRUCE TOUSSAINT
Donc c'est une piste
MICHEL SAPIN
C'est une piste qui doit s'accompagner d'autres. Si vous êtes dans la dégressivité d'un côté, vous devez être, c'est ce que disait très bien le président de la République, dans l'augmentation des droits à la formation, des droits à la reprise de l'emploi.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez déjà réfléchi un petit peu au mécanisme ? C'est quoi ça serait dégressif au bout d'un an, au bout de six mois, au bout de 18 mois ? Je ne me rends pas compte.
MICHEL SAPIN
Tout est possible aujourd'hui, il y a à peu près deux ans d'indemnisations, qui est à peu près du même montant, après ça on bascule dans un système de solidarité, on peut très bien imaginer qu'entre un an et deux ans, en fonction des situations, en fonction des personnes, en fonction des âges, enfin bref, il y a plein d'éléments qui peuvent être discutés par les partenaires sociaux, les premiers, et je souhaite que ce soit les partenaires sociaux qui trouvent un accord sur ce sujet. Ils l'ont toujours trouvé jusqu'à présent.
BRUCE TOUSSAINT
C'est une façon supplémentaire, oui, une façon supplémentaire de faire sauter un peu ces tabous. On voit bien que sur les 35 heures il en a beaucoup été question la semaine dernière
MICHEL SAPIN
Ça n'est pas la même chose, ce n'est pas de même nature.
BRUCE TOUSSAINT
Non mais là, la dégressivité, il y a peut-être quelques mois ou quelques années, vous m'auriez dit : « Mais pas question » ! Là, ce matin, vous me dites « on va en parler ».
MICHEL SAPIN
Je n'ai jamais dit, parce que j'ai été ministre du Travail, la question justement de l'ouverture des négociations nécessaires sur l'allocation chômage était déjà sur la table, puisqu'on connait exactement les dates à partir desquelles la dernière convention n'existant plus, il n'y a plus d'indemnisation, en quelque sorte, il faut bien une nouvelle convention, discutée entre les partenaires sociaux. Ça fait partie des sujets. Mais ne l'isolons pas, si vous l'isolez, vous avez l'air de vouloir pénaliser. L'objectif, ce n'est pas de pénaliser, c'est d'encourager, d'aider, d'accompagner.
BRUCE TOUSSAINT
En 2015, la croissance a été de 1,1 %, ça c'est le chiffre définitif, certifié, c'est fini, ça ne bougera plus pour 2015 évidemment. Bon, vous êtes content ?
MICHEL SAPIN
C'est toujours très difficile d'être content.
BRUCE TOUSSAINT
C'est un peu plus que ce que vous aviez prévu.
MICHEL SAPIN
C'est toujours très difficile et je vois bien tous les commentaires, d'être très content de 1,1 %, alors qu'il nous faudrait 1,5 ou 1,8 % pour faire reculer le chômage, mais c'est le chiffre que nous avions annoncé, c'est le chiffre que j'avais comme objectif. C'est la première fois depuis cinq ans, que l'objectif que nous nous sommes fixé, nous l'atteignons. A chaque fois. La France, le gouvernement précédent ou ce gouvernement, était en dessous de l'objectif, cette fois-ci nous sommes au-dessus de l'objectif, donc, de ce point de vue-là, je ne peux être que satisfait d'avoir atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Il y a un an, les mêmes qui aujourd'hui nous disent « c'est insuffisant », me disaient « c'est beaucoup trop optimiste, jamais vous y arriverez ». Nous y sommes arrivés, de même qu'en 2016, cette année, nous arriverons au moins à ce chiffre de 1,5 % de croissance, à partir duquel le chômage recule.
BRUCE TOUSSAINT
Justement, on est le 1er février, vous avez peut-être quelque premiers indices, des toutes petites indications sur la situation économique du pays en ce début 2016. Est-ce que cette prévision de croissance ne bouge pas, est-ce qu'elle pourrait bouger ?
MICHEL SAPIN
Je pense qu'elle n'a pas besoin de bouger. L'année dernière, là où j'avais annoncé 1 %, on me disait « ça sera beaucoup moins », et puis ensuite, à l'été, il y a eu une sorte d'euphorie, on me dit « ça sera beaucoup plus », j'ai dit : « Je ne bouge pas » et j'ai eu raison de ne pas bouger, nous avons fait un peu plus. Cette fois-ci, l'objectif c'est 1,5 %, nous ferons tout pour atteindre cet objectif ou éventuellement le dépasser.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, j'aimerais que l'on parle maintenant de votre ex-collègue, Christiane TAUBIRA, qui revient déjà avec un livre, voici la couverture, donc ça sort en ce début de semaine, aux éditions Philippe Rey. « Murmures Vous étiez au courant qu'elle avait écrit un livre, dans le plus grand secret ?
MICHEL SAPIN
Mais, elle n'a pas besoin de me prévenir ces livres qu'elle écrit, de même que je n'ai pas besoin de la prévenir des livres que je suis en train d'écrire.
BRUCE TOUSSAINT
Mais, vous étiez au courant ou pas ?
MICHEL SAPIN
Non non, mais il n'y a aucune raison.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'étiez pas au courant. Bon. Alors, texte écrit non mais ce qui surprend, c'est le timing, encore une fois
MICHEL SAPIN
Oui, mais parce que je pense qu'elle avait du commencer avant
BRUCE TOUSSAINT
Oui, on se doute, mais du coup
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas, je lui connais beaucoup de talents, en particulier oratoires et d'écrivain, mais enfin, en l'espace de trois jours ça serait quand même beaucoup.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, voilà, c'est même techniquement impossible. Bon, donc, ce livre a été écrit avant, c'est un livre contre la déchéance de nationalité
MICHEL SAPIN
Vous l'avez lu ?
BRUCE TOUSSAINT
Eh bien j'en ai lu quelques extraits.
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas le seul sujet qu'elle aborde.
BRUCE TOUSSAINT
Apparemment, sur cette question-là, il y aura un autre livre un peu plus tard, mais
MICHEL SAPIN
Je pense qu'il y a beaucoup d'autres sujets, sur ce qu'elle a pu faire, sur la manière de réformer la France, sur ce qu'elle a fait elle sur ce magnifique combat en faveur du mariage pour tous, oui, il y a de quoi écrire.
BRUCE TOUSSAINT
Enfin, il n'y a pas un petit problème de loyauté ?
MICHEL SAPIN
Non, mais, je ne cherche pas Mais, Christiane TAUBIRA, c'est un esprit libre, c'est une personnalité forte, elle a agi avec énormément de perspicacité, d'opiniâtreté, de courage, parce qu'il faut se souvenir, vous vous en souvenez, de l'ensemble des injures qui ont pu lui être adressées. Aujourd'hui, sur un point particulier, elle a exprimé un désaccord, elle en a tiré les conséquences, voilà, les choses sont maintenant claires. Je trouve, d'un certain point de vue, que c'est dommage parce qu'elle a tiré les conséquences en partant, au moment où justement le gouvernement et le Parlement étaient en train de trouver une solution qui à mon avis, n'est pas très éloignée de ce qu'elle aurait souhaité.
BRUCE TOUSSAINT
Oui. Mais vous, en tant que ministre, elle était dans votre équipe, en quelque sorte, il y a quelques jours encore, vous n'avez pas un sentiment un peu étrange, encore une fois, d'absence de loyauté, je repose ma question, et de
MICHEL SAPIN
Non, l'absence de loyauté c'est très fort, votre terme est très très puissant, et Christiane TAUBIRA a dit encore il y a quelques jours, quelques heures, lorsqu'elle s'est exprimée devant l'assemblée de jeunes, je crois, à New York, sa loyauté au président. Je n'ai aucune raison de mettre en doute la loyauté vis-à-vis du président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Bon, alors, j'utilise un autre mot : ça ne vous agace pas un peu, franchement ?
MICHEL SAPIN
Non. Objectivement non.
BRUCE TOUSSAINT
Regardez ce qu'elle écrit sur, parce que c'est quand même ça aussi le plus important, ce qu'elle écrit que cette déchéance de nationalité : « Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance, considérés comme indésirables ? Faudrait-il imaginer une terre déchèterie, où ils seraient regroupés ? ». Reconnaissez que l'argument est audible.
MICHEL SAPIN
L'argument est audible, à une condition, ou en tous les cas, ou en le modifiant ou en l'interprétant de la manière suivante. De qui s'agit-il ? De qui parlons-nous ? Est-ce que nous parlons des nationaux indésirables, serait indésirable celui qui ferait du bruit la nuit ? Celui qui agresserait, et c'est déjà tout à fait condamnable, pour prendre une pièce de monnaie ? Celui qui irait voler une pomme ? Non. De qui parle-t-on ? Nous parlons de terroristes qui eux-mêmes renient leur nationalité, qui eux-mêmes brûlent leur passeport, qui ont décidé d'être soldats du Kalifa, de je ne sais pas où, au lieu d'être Français de France. Il faut faire attention à l'amalgame.
BRUCE TOUSSAINT
Et elle en fait une question
MICHEL SAPIN
Il ne s'agit pas de tout le monde.
BRUCE TOUSSAINT
Et elle en fait une question de principe, c'est bien cela, vous avez compris.
MICHEL SAPIN
Les questions de principe, dans le contexte d'aujourd'hui, il faut y faire attention. D'ailleurs, on va y faite attention, puisque justement il n'y aura pas de discriminations entre catégories de Français. C'est ça qui pouvait choquer, c'est ça qui pouvait faire réfléchir chacun d'entre nous. Est-ce qu'on a le droit de discriminer, de traiter de manière différente, celui qui est Français, sans être autre chose que Français, celui qui est Français parce qu'il est né sur la terre de France, même s'il a une autre nationalité, et enfin, celui qui est Français, parce qu'il est devenu Français, alors qu'avant il avait une autre nationalité. C'est cette discrimination là qui n'allait pas. Les propositions qui sont faites aujourd'hui, sont des propositions qui permettent de traiter tous, de la même manière, mais très durement, vis-à-vis de ceux qui ne méritent pas, parce qu'ils n'appartiennent plus à la Nation française, ils n'appartiennent plus à cette cohésion de ceux qui ont justement montré leur courage, leur force, leur sérénité, en défilant pour brandir un drapeau en disant non au terrorisme.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez sûrement lui les commentaires après le départ de Christiane TAUBIRA, il a été dit : « Il n'y a plus personne de gauche dans ce gouvernement ». Est-ce que ça vous a alors, un, est-ce que vous vous sentez de gauche ?
MICHEL SAPIN
Evidemment oui.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà. Et est-ce que ça vous a un peu blessé ?
MICHEL SAPIN
Non, parce que c'est du commentaire. C'est du commentaire de ceux qui se croient toujours plus à gauche que la gauche que la gauche. A force d'être toujours plus à gauche que la gauche que la gauche, ils finissent par tenir des propos qui sont à peu près identiques à ceux qui sont toujours plus à droite que la droite que la droite. Moi, quand quelqu'un me dit « plus à gauche que moi tu meurs », je lui dis « tu restes dans ton coin ». Je suis à gauche, je suis au gouvernement et je suis de cette gauche, que j'ai toujours servie, qui sait que si elle veut modifier les choses, si elle veut transformer la société, il faut le faire en exerçant le pouvoir. C'est difficile d'exercer le pouvoir. C'est beaucoup plus difficile que de rester en marge, de montrer du doigt, de critiquer, de chantonner, d'invectiver, comme j'en vois quelques-uns le faire aujourd'hui.
BRUCE TOUSSAINT
Ecoutez ce que dit le frondeur Christian PAUL.
CHRISTIAN PAUL
Pourquoi il faut des primaires aujourd'hui ?
JOURNALISTE
Pour que HOLLANDE reste ?
CHRISTIAN PAUL
Pour deux raisons. Pour donner à quatre ou cinq millions de Français, la possibilité de choisir des idées nouvelles, de prendre leur destin en main et de retrouver une façon de s'engager en politique. C'est d'abord ça les primaires. La deuxième chose, c'est que, aujourd'hui, ni François HOLLANDE, ni Jean-Luc MELENCHON, ni aucun autre candidat de la gauche ne sera au second tour de l'élection présidentielle s'il n'y a pas des primaires, pour ressouder cette gauche qui aujourd'hui est en lambeaux et en miettes.
BRUCE TOUSSAINT
Vous entendez ce que dit Christian PAUL ? Les primaires, on va en reparler, je vais vous poser la question dans un instant, mais il dit « la gauche est en miettes », aujourd'hui.
MICHEL SAPIN
La gauche est oui, il y a des séparations, il y a des fractures au sein de la gauche, c'est évident.
BRUCE TOUSSAINT
Elle est dans quel état ?
MICHEL SAPIN
Elle a d'ailleurs toujours été
BRUCE TOUSSAINT
Elle va mal.
MICHEL SAPIN
La gauche française est une gauche extrêmement diverse, qui prend le pouvoir, exerce le pouvoir, lorsqu'elle a une capacité de rassemblement suffisante. On laisse toujours quelques-uns qui ne veulent pas du pouvoir, qui veulent rester pour critiquer tout ce qui peut se faire par ailleurs
BRUCE TOUSSAINT
Mais là vous visez qui ? Vous visez MONTEBOURG, DUFLOT ?
MICHEL SAPIN
Non non non non, mais je veux dire, il y a toujours eu à l'extrême gauche
BRUCE TOUSSAINT
MELENCHON.
MICHEL SAPIN
Il y a toujours eu à l'extrême gauche, au-delà de MELENCHON, il a été ministre MELENCHON, que je sache, bien, les autres que vous venez de nommer ont été ministres, donc ils ont bien, à un moment donné, accepté d'être dans un ensemble qui gagne et qui à partir de là exerce le pouvoir. D'autres, je ne sais pas l'histoire, ont toujours refusé la gauche au pouvoir. Bien, laissons-les de côté. D'autres ont accepté la gauche au pouvoir. Aujourd'hui, la caractéristique, c'est que parmi ceux qui ont accepté la gauche au pouvoir, beaucoup en sont sortis en se disant « je ne m'y retrouve pas », donc la gauche, oui, elle est aujourd'hui éparpillée, la gauche elle a besoin de se rassembler, il faut qu'elle se rassemble, et de ce point de vue là
BRUCE TOUSSAINT
C'est pas gagné.
MICHEL SAPIN
Evidemment que c'est pas gagné, vous connaissez, vous, des combats politiques qui sont gagnés d'avance, avant même d'avoir été menés ? Donc il faut la rassembler, et de ce point de vue-là, l'idée d'une primaire n'est pas en soi quelque chose de condamnable, si la primaire c'est la méthode pour rassembler toute la gauche, toute celle qui a accepté à un moment donné d'être dans l'exercice du pouvoir, ça comprend le Parti communiste, ça comprend MELENCHON, ça comprend les frondeurs, ça comprend les socialistes, ça comprend les écologistes, ça comprend beaucoup de monde, tous ceux-là
BRUCE TOUSSAINT
Jusqu'à MACRON, comme dirait CAMBADELIS.
MICHEL SAPIN
Si vous voulez. De MELENCHON à MACRON, moi ça ne me pose aucun problème. Tous ceux-là ont accepté l'exercice du pouvoir. Tous ceux-là sont en capacité de se rassembler pour faire quoi ? Pour faire en sorte qu'il y ait un candidat de gauche au deuxième tour, qui permette de l'emporter ensuite au deuxième tour. Sinon, on connait le résultat. L'éparpillement, c'est l'absence de la gauche au deuxième tour. Donc il faut se rassembler.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, attendez, je ne comprends pas. La primaire, donc vous dites « la primaire ça n'a aucun sens ».
MICHEL SAPIN
Non je ne dis pas ça. Je dis au contraire que si l'idée c'est de rassembler toute la gauche, c'est une bonne chose, mais si c'est pour rassembler un petit morceau de la gauche, alors qu'un autre morceau de la gauche, j'ai écouté monsieur LAURENT ou monsieur MELENCHON, ils disent : « Ah ben non, nous on n'est pas d'accord si c'est pour ne pas pouvoir être candidat ». Eh bien le principe du rassemblement, c'est que tout le monde n'est pas candidat. Donc il faut que tout le monde soit cohérent, quand il réclame une primaire. C'est une primaire de rassemblement, pourquoi pas ? Alors elle ne peut pas se faire de la même manière, suivant qu'on est dans l'opposition ou suivant qu'on est dans la majorité. Vous n'imaginez pas un président de la République en exercice, agissant, fois cent le temps qu'avait passé par exemple François HOLLANDE dans les primaires alors, que nous étions dans l'opposition. Donc il faut imaginer un mécanisme de rassemblement qui soit aussi respectueux de l'exercice du pouvoir.
BRUCE TOUSSAINT
Et entre parenthèses, vous avez du coup, si je vous entends bien, vous n'avez pas de doute sur la candidature de François HOLLANDE, enfin, elle est automatique.
MICHEL SAPIN
Mais, rien n'est automatique dans la vie, elle lui appartient, c'est une décision qu'i prendra. Ce dont nous discutons aujourd'hui, c'est d'un processus de rassemblement, le processus de rassemblement il doit concerner tout le monde et il doit respecter la personnalité et ce que la responsabilité du président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Le ministre des Finances que nous recevons ce matin, s'apprête à présenter un comparateur de tarifs bancaires, alors même qu'on le sait, les tarifs sont plutôt en augmentation.
MICHEL SAPIN
Oui, c'est la raison, oui.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, qu'est-ce que vous sérieusement, qu'est-ce que vous pouvez faire pour éviter cela ?
MICHEL SAPIN
Alors, s'agissant des tarifs bancaires, puisque chacun paie lorsqu'il a un compte en banque. Il y a plusieurs choses à faire. La première c'est que parfois il faut règlementer, parfois il faut limiter le montant de ces tarifs bancaires, c'est ce que nous avons fait en particulier pour permettre à des gens très modestes, de conserver un compte bancaire qui est indispensable à la vie quotidienne. La deuxième chose, c'est qu'il faut informer, il faut que les gens sachent de quoi il s'agit. Donc je paie telle somme lorsqu'il y a un virement, lorsque j'ai un accident, comme on dit, un jour il y a un chèque sans provision, même de 50 centimes, etc. etc. et puis il faut pouvoir comparer. Parce que vous avez beau être informé, si vous ne savez pas ce qui se passe chez le voisin, vous ne pouvez pas faire votre choix, et la comparaison, c'est ça que je propose c'est une comparaison qui permet de faire le choix.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va se passer comment ? C'est un outil, c'est sur le site du ministère des Finances ? Il y aura
MICHEL SAPIN
Je vais vous dire les choses assez simplement, les gens sont aujourd'hui habitués à une carte de France sur laquelle ils peuvent comparer les prix de l'essence à la pompe.
BRUCE TOUSSAINT
Exactement.
MICHEL SAPIN
Eh bien c'est exactement les prix de l'essence à la pompe, sauf que ce sont les tarifs bancaires de chaque guichet de banque.
BRUCE TOUSSAINT
Mais, ils sont d'accord les organismes bancaires ou ils font un peu la gueule, pardon pour l'expression ?
MICHEL SAPIN
Ils sont évidemment favorables à la concurrence
BRUCE TOUSSAINT
Parce qu'on le sait, il y a d'énormes disparités.
MICHEL SAPIN
Oui, il y a de grosses disparités, il y en a où c'est zéro, et d'autres où c'est 40 , oui, pour le même service.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce qu'au-delà du comparateur, de cet outil que vous allez mettre à al disposition des consommateurs, est-ce que vous demandez aussi un effort aux banques, ou ça, malheureusement, c'est pas de votre ressort, on ne peut rien faire là-dessus ? Parce que vous le savez, pardon de vous couper mais vous savez que c'est quand même souvent ressenti comme quelque chose comme une petite injustice ces frais bancaires.
MICHEL SAPIN
Je vais vous dire sur quoi il y a un effort, mais d'abord c'est de pouvoir comparer pour pouvoir changer de banque. Aujourd'hui, on change très difficilement de banque, on ne change même parfois pas de banque de toute sa vie, entre la première ouverture jusqu'à la fin vous êtes toujours dans la même banque. Non, il faut comparer, mettre en concurrence et pouvoir changer. D'ailleurs, on va faciliter c'est déjà fait mais ça sera encore plus facile à partir du début de l'année prochaine le changement de banque, parce que sinon c'est compliqué, il y a les prélèvements, il y a les virements automatiques. Ça, c'est la banque qui vous accueille, la nouvelle banque dans laquelle vous allez aller qui fera toutes les démarches à votre place. Donc ça sera très simple. Si c'est très simple de changer de banque, à ce moment-là c'est très important pour les banques de faire attention aux tarifs qui sont il y a un point sur lequel, j'ai demandé aux banques de faire un effort, c'est sur la commission pour les Cartes Bleues, parce que je souhaite qu'en France, on puisse payer dès le 1er euro en Carte Bleue. Or aujourd'hui, il y a des commissions payées par le commerçant qui sont trop élevées pour des petites sommes. Et donc j'ai demandé à l'ensemble des banques de faire un effort considérable pour diminuer le coût des transactions par Carte Bleue.
BRUCE TOUSSAINT
Le remaniement semble se rapprocher, ça c'est
MICHEL SAPIN
Il se rapproche toujours même s'il est encore loin.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez raison de le rappeler. Quoi qu'il arrive, le remaniement
MICHEL SAPIN
Quoi qu'il arrive.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà ! C'est inéluctable. Alors Christophe BARBIER vous disait tout à l'heure, à la fin de son édito, qu'il vous rappelait qu'à chaque remaniement vous dites que finalement, vous iriez ça ne vous dérangerait pas de retourner pêcher à la ligne. Alors est-ce que cette fois, vous allez pêcher à la ligne ou vous allez rester ?
MICHEL SAPIN
Alors ce n'est pas incompatible, même si on a peu de temps pour pêcher ce n'est pas incompatible de pêcher à la ligne tout en étant ministre. Pour le reste, j'ai trop l'habitude des remaniements
BRUCE TOUSSAINT
Vieux briscard
MICHEL SAPIN
J'ai quelques expériences dans ce domaine-là pour faire le moindre commentaire.
BRUCE TOUSSAINT
Non mais sérieusement, vous aimeriez poursuivre votre mission dans ce ministère des Finances ?
MICHEL SAPIN
Je
BRUCE TOUSSAINT
A choisir, si on vous laisse le choix ?
MICHEL SAPIN
Je suis aujourd'hui ministre pourquoi ? Parce que le président de la République et les Premiers ministres successifs ont souhaité que je le sois. Ensuite aussi parce que j'aime ça, parce que j'y trouve une satisfaction personnelle. Et le fond du fond de cette satisfaction, c'est comme ça depuis très longtemps pour moi, c'est d'avoir le sentiment d'apporter quelque chose aux autres. Alors je peux être critiqué, on peut être vilipendé, on peut être parfois apprécié, mais donner une partie de sa vie tout en gardant le temps qu'il faut pour la pêche à la ligne, donner une partie de sa vie à l'intérêt général, aux autres, je trouve que c'est difficile d'avoir quelque chose de plus beau.
BRUCE TOUSSAINT
Ce remaniement doit-il servir à rassembler la gauche, on en parlait tout à l'heure au sujet des primaires, est-ce qu'une famille politique doit faire son entrée, je pense aux écologistes, il a été question aussi de la société civile, Nicolas HULOT a été cité, qu'est-ce que vous souhaitez ?
MICHEL SAPIN
Je souhaite que ce remaniement s'il intervient, si le président de la République le décide, soit un remaniement qui permette de rassembler un peu plus qu'aujourd'hui, mais à une condition, c'est qu'on ne perde jamais la cohérence de l'action gouvernementale, la cohérence de l'action gouvernementale. C'est très important, de la constance, de la cohérence, de la cohésion ça n'empêche pas la diversité, ça n'empêche pas le rassemblement, au contraire.
BRUCE TOUSSAINT
Un remaniement mais avec Emmanuel MACRON !
MICHEL SAPIN
Emmanuel MACRON et bien d'autres, il n'y a pas qu'Emmanuel MACRON au gouvernement.
BRUCE TOUSSAINT
Dernière question, est-ce que vous dînez avec Jean-Luc MELENCHON ce soir ?
MICHEL SAPIN
J'ai compris que c'était avec monsieur Raul CASTRO
BRUCE TOUSSAINT
Dîner d'Etat
MICHEL SAPIN
C'est merveilleux. Si Raul CASTRO peut permettre de rassembler la gauche ce soir, ce sera un premier pas. C'est une forme de primaire qui va s'exercer ce soir.
BRUCE TOUSSAINT
Et vous avez vu le plan de table, parce que si vous êtes à côté de lui par exemple
MICHEL SAPIN
Non, non
BRUCE TOUSSAINT
Ça ne vous dérange pas ?
MICHEL SAPIN
Nous verrons heureusement que ça ne me dérange pas.
BRUCE TOUSSAINT
Et enfin, et enfin, je ne l'ai pas signalé mais ceux qui nous regardent l'ont peut-être noté, le bras ça va ?
MICHEL SAPIN
Ça va mieux, ça va mieux.
BRUCE TOUSSAINT
Vous aviez le bras en écharpe depuis quelques temps !
MICHEL SAPIN
15 jours, ça passe
BRUCE TOUSSAINT
Ça passe ?
MICHEL SAPIN
Comme quoi même les ministres peuvent se démettre une épaule.
BRUCE TOUSSAINT
Bon ! Donc la blessure est réparée !
MICHEL SAPIN
Elle se répare peu à peu.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Michel SAPIN, bonne journée à vous.
MICHEL SAPIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 février 2016
Michel SAPIN est l'invité d'I Télé ce matin. Bonjour.
MICHEL SAPIN
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Et merci d'être avec nous. Hier, la ministre du Travail Myriam El KHOMRI a affirmé que toutes les pistes devraient être étudiées pour négocier les nouvelles règles de l'assurance chômage, y compris la dégressivité des allocations, précisons que le gouvernement prendrait ses responsabilités, en l'absence d'accord des partenaires sociaux. Question simple, Michel SAPIN : êtes-vous favorable à une dégressivité de l'assurance et de l'allocation chômage ?
MICHEL SAPIN
Alors, c'est d'abord la responsabilité des partenaires sociaux. En disant cela, ce n'est pas une manière de nous défausser, puisque justement la ministre du Travail a dit que nous prendrions, si c'était nécessaire nos responsabilités. Mais moi je suis pour le respect des quelques espaces qui restent, il n'y en a pas beaucoup, de négociations, entre les partenaires sociaux. Donc c'est d'abord au patronat et aux syndicats de prendre leurs responsabilités, avec deux objectifs, me semble-t-il. Le premier, c'est très déficitaire, l'assurance chômage
BRUCE TOUSSAINT
29 milliards.
MICHEL SAPIN
De dettes, donc c'est entre un et deux milliards de déficit. 29 milliards d'endettement. Bon, donc il faut faire face à cela. De même que dans l'Etat, nous luttons pour diminuer les déficits, de même je pense que dans l'assurance chômage il faut lutter pour diminuer les déficits. Mais plus important que cela, il faut un dispositif qui soit, qui accompagne le chômeur, qui le soutienne, mais aussi qui l'incite à reprendre le travail, d'où la question qui est posée, de la dégressivité des allocations, je vous rappelle que jusqu'en 2001, c'était un dispositif qui existait.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, voilà, de 92 à 2001, ça avait été mis en oeuvre.
MICHEL SAPIN
Ça n'est pas nouveau, ça fait partie des choses qui sont sur la table, et qui seront discutées par les partenaires sociaux.
BRUCE TOUSSAINT
Si les partenaires sociaux ne trouvent pas d'accord, ne se mettent pas d'accord sur ce sujet
MICHEL SAPIN
C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce que, non mais, est-ce que cette question est taboue ?
MICHEL SAPIN
Laquelle ?
BRUCE TOUSSAINT
La question de la dégressivité des allocations.
MICHEL SAPIN
Non, la preuve, Myriam El KHOMRI a dit : tous les sujets sont sur la table.
BRUCE TOUSSAINT
Oui, mais moi j'aimerais bien avoir votre avis, à vous.
MICHEL SAPIN
Tous les sujets sont sur la table. Oui, mais ça fait un des sujets, ce n'est pas du tout le seul. Il faut
BRUCE TOUSSAINT
C'est un sujet important parce que
MICHEL SAPIN
Pourquoi je dis ça ? Parce que si on se polarise sur un seul point, on donne le sentiment de quoi ? De « désavantager » les chômeurs. Mais si de l'autre côté je vous dis que je suis plus efficace, que j'apporte plus d'éléments pour former le chômeur, et donc si je lui donne plus de chances de retrouver plus vite un emploi, je pense que tout le monde est gagnant.
BRUCE TOUSSAINT
Donc c'est une piste
MICHEL SAPIN
C'est une piste qui doit s'accompagner d'autres. Si vous êtes dans la dégressivité d'un côté, vous devez être, c'est ce que disait très bien le président de la République, dans l'augmentation des droits à la formation, des droits à la reprise de l'emploi.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez déjà réfléchi un petit peu au mécanisme ? C'est quoi ça serait dégressif au bout d'un an, au bout de six mois, au bout de 18 mois ? Je ne me rends pas compte.
MICHEL SAPIN
Tout est possible aujourd'hui, il y a à peu près deux ans d'indemnisations, qui est à peu près du même montant, après ça on bascule dans un système de solidarité, on peut très bien imaginer qu'entre un an et deux ans, en fonction des situations, en fonction des personnes, en fonction des âges, enfin bref, il y a plein d'éléments qui peuvent être discutés par les partenaires sociaux, les premiers, et je souhaite que ce soit les partenaires sociaux qui trouvent un accord sur ce sujet. Ils l'ont toujours trouvé jusqu'à présent.
BRUCE TOUSSAINT
C'est une façon supplémentaire, oui, une façon supplémentaire de faire sauter un peu ces tabous. On voit bien que sur les 35 heures il en a beaucoup été question la semaine dernière
MICHEL SAPIN
Ça n'est pas la même chose, ce n'est pas de même nature.
BRUCE TOUSSAINT
Non mais là, la dégressivité, il y a peut-être quelques mois ou quelques années, vous m'auriez dit : « Mais pas question » ! Là, ce matin, vous me dites « on va en parler ».
MICHEL SAPIN
Je n'ai jamais dit, parce que j'ai été ministre du Travail, la question justement de l'ouverture des négociations nécessaires sur l'allocation chômage était déjà sur la table, puisqu'on connait exactement les dates à partir desquelles la dernière convention n'existant plus, il n'y a plus d'indemnisation, en quelque sorte, il faut bien une nouvelle convention, discutée entre les partenaires sociaux. Ça fait partie des sujets. Mais ne l'isolons pas, si vous l'isolez, vous avez l'air de vouloir pénaliser. L'objectif, ce n'est pas de pénaliser, c'est d'encourager, d'aider, d'accompagner.
BRUCE TOUSSAINT
En 2015, la croissance a été de 1,1 %, ça c'est le chiffre définitif, certifié, c'est fini, ça ne bougera plus pour 2015 évidemment. Bon, vous êtes content ?
MICHEL SAPIN
C'est toujours très difficile d'être content.
BRUCE TOUSSAINT
C'est un peu plus que ce que vous aviez prévu.
MICHEL SAPIN
C'est toujours très difficile et je vois bien tous les commentaires, d'être très content de 1,1 %, alors qu'il nous faudrait 1,5 ou 1,8 % pour faire reculer le chômage, mais c'est le chiffre que nous avions annoncé, c'est le chiffre que j'avais comme objectif. C'est la première fois depuis cinq ans, que l'objectif que nous nous sommes fixé, nous l'atteignons. A chaque fois. La France, le gouvernement précédent ou ce gouvernement, était en dessous de l'objectif, cette fois-ci nous sommes au-dessus de l'objectif, donc, de ce point de vue-là, je ne peux être que satisfait d'avoir atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Il y a un an, les mêmes qui aujourd'hui nous disent « c'est insuffisant », me disaient « c'est beaucoup trop optimiste, jamais vous y arriverez ». Nous y sommes arrivés, de même qu'en 2016, cette année, nous arriverons au moins à ce chiffre de 1,5 % de croissance, à partir duquel le chômage recule.
BRUCE TOUSSAINT
Justement, on est le 1er février, vous avez peut-être quelque premiers indices, des toutes petites indications sur la situation économique du pays en ce début 2016. Est-ce que cette prévision de croissance ne bouge pas, est-ce qu'elle pourrait bouger ?
MICHEL SAPIN
Je pense qu'elle n'a pas besoin de bouger. L'année dernière, là où j'avais annoncé 1 %, on me disait « ça sera beaucoup moins », et puis ensuite, à l'été, il y a eu une sorte d'euphorie, on me dit « ça sera beaucoup plus », j'ai dit : « Je ne bouge pas » et j'ai eu raison de ne pas bouger, nous avons fait un peu plus. Cette fois-ci, l'objectif c'est 1,5 %, nous ferons tout pour atteindre cet objectif ou éventuellement le dépasser.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, j'aimerais que l'on parle maintenant de votre ex-collègue, Christiane TAUBIRA, qui revient déjà avec un livre, voici la couverture, donc ça sort en ce début de semaine, aux éditions Philippe Rey. « Murmures Vous étiez au courant qu'elle avait écrit un livre, dans le plus grand secret ?
MICHEL SAPIN
Mais, elle n'a pas besoin de me prévenir ces livres qu'elle écrit, de même que je n'ai pas besoin de la prévenir des livres que je suis en train d'écrire.
BRUCE TOUSSAINT
Mais, vous étiez au courant ou pas ?
MICHEL SAPIN
Non non, mais il n'y a aucune raison.
BRUCE TOUSSAINT
Vous n'étiez pas au courant. Bon. Alors, texte écrit non mais ce qui surprend, c'est le timing, encore une fois
MICHEL SAPIN
Oui, mais parce que je pense qu'elle avait du commencer avant
BRUCE TOUSSAINT
Oui, on se doute, mais du coup
MICHEL SAPIN
Je ne sais pas, je lui connais beaucoup de talents, en particulier oratoires et d'écrivain, mais enfin, en l'espace de trois jours ça serait quand même beaucoup.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, voilà, c'est même techniquement impossible. Bon, donc, ce livre a été écrit avant, c'est un livre contre la déchéance de nationalité
MICHEL SAPIN
Vous l'avez lu ?
BRUCE TOUSSAINT
Eh bien j'en ai lu quelques extraits.
MICHEL SAPIN
Ce n'est pas le seul sujet qu'elle aborde.
BRUCE TOUSSAINT
Apparemment, sur cette question-là, il y aura un autre livre un peu plus tard, mais
MICHEL SAPIN
Je pense qu'il y a beaucoup d'autres sujets, sur ce qu'elle a pu faire, sur la manière de réformer la France, sur ce qu'elle a fait elle sur ce magnifique combat en faveur du mariage pour tous, oui, il y a de quoi écrire.
BRUCE TOUSSAINT
Enfin, il n'y a pas un petit problème de loyauté ?
MICHEL SAPIN
Non, mais, je ne cherche pas Mais, Christiane TAUBIRA, c'est un esprit libre, c'est une personnalité forte, elle a agi avec énormément de perspicacité, d'opiniâtreté, de courage, parce qu'il faut se souvenir, vous vous en souvenez, de l'ensemble des injures qui ont pu lui être adressées. Aujourd'hui, sur un point particulier, elle a exprimé un désaccord, elle en a tiré les conséquences, voilà, les choses sont maintenant claires. Je trouve, d'un certain point de vue, que c'est dommage parce qu'elle a tiré les conséquences en partant, au moment où justement le gouvernement et le Parlement étaient en train de trouver une solution qui à mon avis, n'est pas très éloignée de ce qu'elle aurait souhaité.
BRUCE TOUSSAINT
Oui. Mais vous, en tant que ministre, elle était dans votre équipe, en quelque sorte, il y a quelques jours encore, vous n'avez pas un sentiment un peu étrange, encore une fois, d'absence de loyauté, je repose ma question, et de
MICHEL SAPIN
Non, l'absence de loyauté c'est très fort, votre terme est très très puissant, et Christiane TAUBIRA a dit encore il y a quelques jours, quelques heures, lorsqu'elle s'est exprimée devant l'assemblée de jeunes, je crois, à New York, sa loyauté au président. Je n'ai aucune raison de mettre en doute la loyauté vis-à-vis du président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Bon, alors, j'utilise un autre mot : ça ne vous agace pas un peu, franchement ?
MICHEL SAPIN
Non. Objectivement non.
BRUCE TOUSSAINT
Regardez ce qu'elle écrit sur, parce que c'est quand même ça aussi le plus important, ce qu'elle écrit que cette déchéance de nationalité : « Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance, considérés comme indésirables ? Faudrait-il imaginer une terre déchèterie, où ils seraient regroupés ? ». Reconnaissez que l'argument est audible.
MICHEL SAPIN
L'argument est audible, à une condition, ou en tous les cas, ou en le modifiant ou en l'interprétant de la manière suivante. De qui s'agit-il ? De qui parlons-nous ? Est-ce que nous parlons des nationaux indésirables, serait indésirable celui qui ferait du bruit la nuit ? Celui qui agresserait, et c'est déjà tout à fait condamnable, pour prendre une pièce de monnaie ? Celui qui irait voler une pomme ? Non. De qui parle-t-on ? Nous parlons de terroristes qui eux-mêmes renient leur nationalité, qui eux-mêmes brûlent leur passeport, qui ont décidé d'être soldats du Kalifa, de je ne sais pas où, au lieu d'être Français de France. Il faut faire attention à l'amalgame.
BRUCE TOUSSAINT
Et elle en fait une question
MICHEL SAPIN
Il ne s'agit pas de tout le monde.
BRUCE TOUSSAINT
Et elle en fait une question de principe, c'est bien cela, vous avez compris.
MICHEL SAPIN
Les questions de principe, dans le contexte d'aujourd'hui, il faut y faire attention. D'ailleurs, on va y faite attention, puisque justement il n'y aura pas de discriminations entre catégories de Français. C'est ça qui pouvait choquer, c'est ça qui pouvait faire réfléchir chacun d'entre nous. Est-ce qu'on a le droit de discriminer, de traiter de manière différente, celui qui est Français, sans être autre chose que Français, celui qui est Français parce qu'il est né sur la terre de France, même s'il a une autre nationalité, et enfin, celui qui est Français, parce qu'il est devenu Français, alors qu'avant il avait une autre nationalité. C'est cette discrimination là qui n'allait pas. Les propositions qui sont faites aujourd'hui, sont des propositions qui permettent de traiter tous, de la même manière, mais très durement, vis-à-vis de ceux qui ne méritent pas, parce qu'ils n'appartiennent plus à la Nation française, ils n'appartiennent plus à cette cohésion de ceux qui ont justement montré leur courage, leur force, leur sérénité, en défilant pour brandir un drapeau en disant non au terrorisme.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez sûrement lui les commentaires après le départ de Christiane TAUBIRA, il a été dit : « Il n'y a plus personne de gauche dans ce gouvernement ». Est-ce que ça vous a alors, un, est-ce que vous vous sentez de gauche ?
MICHEL SAPIN
Evidemment oui.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà. Et est-ce que ça vous a un peu blessé ?
MICHEL SAPIN
Non, parce que c'est du commentaire. C'est du commentaire de ceux qui se croient toujours plus à gauche que la gauche que la gauche. A force d'être toujours plus à gauche que la gauche que la gauche, ils finissent par tenir des propos qui sont à peu près identiques à ceux qui sont toujours plus à droite que la droite que la droite. Moi, quand quelqu'un me dit « plus à gauche que moi tu meurs », je lui dis « tu restes dans ton coin ». Je suis à gauche, je suis au gouvernement et je suis de cette gauche, que j'ai toujours servie, qui sait que si elle veut modifier les choses, si elle veut transformer la société, il faut le faire en exerçant le pouvoir. C'est difficile d'exercer le pouvoir. C'est beaucoup plus difficile que de rester en marge, de montrer du doigt, de critiquer, de chantonner, d'invectiver, comme j'en vois quelques-uns le faire aujourd'hui.
BRUCE TOUSSAINT
Ecoutez ce que dit le frondeur Christian PAUL.
CHRISTIAN PAUL
Pourquoi il faut des primaires aujourd'hui ?
JOURNALISTE
Pour que HOLLANDE reste ?
CHRISTIAN PAUL
Pour deux raisons. Pour donner à quatre ou cinq millions de Français, la possibilité de choisir des idées nouvelles, de prendre leur destin en main et de retrouver une façon de s'engager en politique. C'est d'abord ça les primaires. La deuxième chose, c'est que, aujourd'hui, ni François HOLLANDE, ni Jean-Luc MELENCHON, ni aucun autre candidat de la gauche ne sera au second tour de l'élection présidentielle s'il n'y a pas des primaires, pour ressouder cette gauche qui aujourd'hui est en lambeaux et en miettes.
BRUCE TOUSSAINT
Vous entendez ce que dit Christian PAUL ? Les primaires, on va en reparler, je vais vous poser la question dans un instant, mais il dit « la gauche est en miettes », aujourd'hui.
MICHEL SAPIN
La gauche est oui, il y a des séparations, il y a des fractures au sein de la gauche, c'est évident.
BRUCE TOUSSAINT
Elle est dans quel état ?
MICHEL SAPIN
Elle a d'ailleurs toujours été
BRUCE TOUSSAINT
Elle va mal.
MICHEL SAPIN
La gauche française est une gauche extrêmement diverse, qui prend le pouvoir, exerce le pouvoir, lorsqu'elle a une capacité de rassemblement suffisante. On laisse toujours quelques-uns qui ne veulent pas du pouvoir, qui veulent rester pour critiquer tout ce qui peut se faire par ailleurs
BRUCE TOUSSAINT
Mais là vous visez qui ? Vous visez MONTEBOURG, DUFLOT ?
MICHEL SAPIN
Non non non non, mais je veux dire, il y a toujours eu à l'extrême gauche
BRUCE TOUSSAINT
MELENCHON.
MICHEL SAPIN
Il y a toujours eu à l'extrême gauche, au-delà de MELENCHON, il a été ministre MELENCHON, que je sache, bien, les autres que vous venez de nommer ont été ministres, donc ils ont bien, à un moment donné, accepté d'être dans un ensemble qui gagne et qui à partir de là exerce le pouvoir. D'autres, je ne sais pas l'histoire, ont toujours refusé la gauche au pouvoir. Bien, laissons-les de côté. D'autres ont accepté la gauche au pouvoir. Aujourd'hui, la caractéristique, c'est que parmi ceux qui ont accepté la gauche au pouvoir, beaucoup en sont sortis en se disant « je ne m'y retrouve pas », donc la gauche, oui, elle est aujourd'hui éparpillée, la gauche elle a besoin de se rassembler, il faut qu'elle se rassemble, et de ce point de vue là
BRUCE TOUSSAINT
C'est pas gagné.
MICHEL SAPIN
Evidemment que c'est pas gagné, vous connaissez, vous, des combats politiques qui sont gagnés d'avance, avant même d'avoir été menés ? Donc il faut la rassembler, et de ce point de vue-là, l'idée d'une primaire n'est pas en soi quelque chose de condamnable, si la primaire c'est la méthode pour rassembler toute la gauche, toute celle qui a accepté à un moment donné d'être dans l'exercice du pouvoir, ça comprend le Parti communiste, ça comprend MELENCHON, ça comprend les frondeurs, ça comprend les socialistes, ça comprend les écologistes, ça comprend beaucoup de monde, tous ceux-là
BRUCE TOUSSAINT
Jusqu'à MACRON, comme dirait CAMBADELIS.
MICHEL SAPIN
Si vous voulez. De MELENCHON à MACRON, moi ça ne me pose aucun problème. Tous ceux-là ont accepté l'exercice du pouvoir. Tous ceux-là sont en capacité de se rassembler pour faire quoi ? Pour faire en sorte qu'il y ait un candidat de gauche au deuxième tour, qui permette de l'emporter ensuite au deuxième tour. Sinon, on connait le résultat. L'éparpillement, c'est l'absence de la gauche au deuxième tour. Donc il faut se rassembler.
BRUCE TOUSSAINT
Donc, attendez, je ne comprends pas. La primaire, donc vous dites « la primaire ça n'a aucun sens ».
MICHEL SAPIN
Non je ne dis pas ça. Je dis au contraire que si l'idée c'est de rassembler toute la gauche, c'est une bonne chose, mais si c'est pour rassembler un petit morceau de la gauche, alors qu'un autre morceau de la gauche, j'ai écouté monsieur LAURENT ou monsieur MELENCHON, ils disent : « Ah ben non, nous on n'est pas d'accord si c'est pour ne pas pouvoir être candidat ». Eh bien le principe du rassemblement, c'est que tout le monde n'est pas candidat. Donc il faut que tout le monde soit cohérent, quand il réclame une primaire. C'est une primaire de rassemblement, pourquoi pas ? Alors elle ne peut pas se faire de la même manière, suivant qu'on est dans l'opposition ou suivant qu'on est dans la majorité. Vous n'imaginez pas un président de la République en exercice, agissant, fois cent le temps qu'avait passé par exemple François HOLLANDE dans les primaires alors, que nous étions dans l'opposition. Donc il faut imaginer un mécanisme de rassemblement qui soit aussi respectueux de l'exercice du pouvoir.
BRUCE TOUSSAINT
Et entre parenthèses, vous avez du coup, si je vous entends bien, vous n'avez pas de doute sur la candidature de François HOLLANDE, enfin, elle est automatique.
MICHEL SAPIN
Mais, rien n'est automatique dans la vie, elle lui appartient, c'est une décision qu'i prendra. Ce dont nous discutons aujourd'hui, c'est d'un processus de rassemblement, le processus de rassemblement il doit concerner tout le monde et il doit respecter la personnalité et ce que la responsabilité du président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Le ministre des Finances que nous recevons ce matin, s'apprête à présenter un comparateur de tarifs bancaires, alors même qu'on le sait, les tarifs sont plutôt en augmentation.
MICHEL SAPIN
Oui, c'est la raison, oui.
BRUCE TOUSSAINT
Alors, qu'est-ce que vous sérieusement, qu'est-ce que vous pouvez faire pour éviter cela ?
MICHEL SAPIN
Alors, s'agissant des tarifs bancaires, puisque chacun paie lorsqu'il a un compte en banque. Il y a plusieurs choses à faire. La première c'est que parfois il faut règlementer, parfois il faut limiter le montant de ces tarifs bancaires, c'est ce que nous avons fait en particulier pour permettre à des gens très modestes, de conserver un compte bancaire qui est indispensable à la vie quotidienne. La deuxième chose, c'est qu'il faut informer, il faut que les gens sachent de quoi il s'agit. Donc je paie telle somme lorsqu'il y a un virement, lorsque j'ai un accident, comme on dit, un jour il y a un chèque sans provision, même de 50 centimes, etc. etc. et puis il faut pouvoir comparer. Parce que vous avez beau être informé, si vous ne savez pas ce qui se passe chez le voisin, vous ne pouvez pas faire votre choix, et la comparaison, c'est ça que je propose c'est une comparaison qui permet de faire le choix.
BRUCE TOUSSAINT
Ça va se passer comment ? C'est un outil, c'est sur le site du ministère des Finances ? Il y aura
MICHEL SAPIN
Je vais vous dire les choses assez simplement, les gens sont aujourd'hui habitués à une carte de France sur laquelle ils peuvent comparer les prix de l'essence à la pompe.
BRUCE TOUSSAINT
Exactement.
MICHEL SAPIN
Eh bien c'est exactement les prix de l'essence à la pompe, sauf que ce sont les tarifs bancaires de chaque guichet de banque.
BRUCE TOUSSAINT
Mais, ils sont d'accord les organismes bancaires ou ils font un peu la gueule, pardon pour l'expression ?
MICHEL SAPIN
Ils sont évidemment favorables à la concurrence
BRUCE TOUSSAINT
Parce qu'on le sait, il y a d'énormes disparités.
MICHEL SAPIN
Oui, il y a de grosses disparités, il y en a où c'est zéro, et d'autres où c'est 40 , oui, pour le même service.
BRUCE TOUSSAINT
Est-ce qu'au-delà du comparateur, de cet outil que vous allez mettre à al disposition des consommateurs, est-ce que vous demandez aussi un effort aux banques, ou ça, malheureusement, c'est pas de votre ressort, on ne peut rien faire là-dessus ? Parce que vous le savez, pardon de vous couper mais vous savez que c'est quand même souvent ressenti comme quelque chose comme une petite injustice ces frais bancaires.
MICHEL SAPIN
Je vais vous dire sur quoi il y a un effort, mais d'abord c'est de pouvoir comparer pour pouvoir changer de banque. Aujourd'hui, on change très difficilement de banque, on ne change même parfois pas de banque de toute sa vie, entre la première ouverture jusqu'à la fin vous êtes toujours dans la même banque. Non, il faut comparer, mettre en concurrence et pouvoir changer. D'ailleurs, on va faciliter c'est déjà fait mais ça sera encore plus facile à partir du début de l'année prochaine le changement de banque, parce que sinon c'est compliqué, il y a les prélèvements, il y a les virements automatiques. Ça, c'est la banque qui vous accueille, la nouvelle banque dans laquelle vous allez aller qui fera toutes les démarches à votre place. Donc ça sera très simple. Si c'est très simple de changer de banque, à ce moment-là c'est très important pour les banques de faire attention aux tarifs qui sont il y a un point sur lequel, j'ai demandé aux banques de faire un effort, c'est sur la commission pour les Cartes Bleues, parce que je souhaite qu'en France, on puisse payer dès le 1er euro en Carte Bleue. Or aujourd'hui, il y a des commissions payées par le commerçant qui sont trop élevées pour des petites sommes. Et donc j'ai demandé à l'ensemble des banques de faire un effort considérable pour diminuer le coût des transactions par Carte Bleue.
BRUCE TOUSSAINT
Le remaniement semble se rapprocher, ça c'est
MICHEL SAPIN
Il se rapproche toujours même s'il est encore loin.
BRUCE TOUSSAINT
Vous avez raison de le rappeler. Quoi qu'il arrive, le remaniement
MICHEL SAPIN
Quoi qu'il arrive.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà ! C'est inéluctable. Alors Christophe BARBIER vous disait tout à l'heure, à la fin de son édito, qu'il vous rappelait qu'à chaque remaniement vous dites que finalement, vous iriez ça ne vous dérangerait pas de retourner pêcher à la ligne. Alors est-ce que cette fois, vous allez pêcher à la ligne ou vous allez rester ?
MICHEL SAPIN
Alors ce n'est pas incompatible, même si on a peu de temps pour pêcher ce n'est pas incompatible de pêcher à la ligne tout en étant ministre. Pour le reste, j'ai trop l'habitude des remaniements
BRUCE TOUSSAINT
Vieux briscard
MICHEL SAPIN
J'ai quelques expériences dans ce domaine-là pour faire le moindre commentaire.
BRUCE TOUSSAINT
Non mais sérieusement, vous aimeriez poursuivre votre mission dans ce ministère des Finances ?
MICHEL SAPIN
Je
BRUCE TOUSSAINT
A choisir, si on vous laisse le choix ?
MICHEL SAPIN
Je suis aujourd'hui ministre pourquoi ? Parce que le président de la République et les Premiers ministres successifs ont souhaité que je le sois. Ensuite aussi parce que j'aime ça, parce que j'y trouve une satisfaction personnelle. Et le fond du fond de cette satisfaction, c'est comme ça depuis très longtemps pour moi, c'est d'avoir le sentiment d'apporter quelque chose aux autres. Alors je peux être critiqué, on peut être vilipendé, on peut être parfois apprécié, mais donner une partie de sa vie tout en gardant le temps qu'il faut pour la pêche à la ligne, donner une partie de sa vie à l'intérêt général, aux autres, je trouve que c'est difficile d'avoir quelque chose de plus beau.
BRUCE TOUSSAINT
Ce remaniement doit-il servir à rassembler la gauche, on en parlait tout à l'heure au sujet des primaires, est-ce qu'une famille politique doit faire son entrée, je pense aux écologistes, il a été question aussi de la société civile, Nicolas HULOT a été cité, qu'est-ce que vous souhaitez ?
MICHEL SAPIN
Je souhaite que ce remaniement s'il intervient, si le président de la République le décide, soit un remaniement qui permette de rassembler un peu plus qu'aujourd'hui, mais à une condition, c'est qu'on ne perde jamais la cohérence de l'action gouvernementale, la cohérence de l'action gouvernementale. C'est très important, de la constance, de la cohérence, de la cohésion ça n'empêche pas la diversité, ça n'empêche pas le rassemblement, au contraire.
BRUCE TOUSSAINT
Un remaniement mais avec Emmanuel MACRON !
MICHEL SAPIN
Emmanuel MACRON et bien d'autres, il n'y a pas qu'Emmanuel MACRON au gouvernement.
BRUCE TOUSSAINT
Dernière question, est-ce que vous dînez avec Jean-Luc MELENCHON ce soir ?
MICHEL SAPIN
J'ai compris que c'était avec monsieur Raul CASTRO
BRUCE TOUSSAINT
Dîner d'Etat
MICHEL SAPIN
C'est merveilleux. Si Raul CASTRO peut permettre de rassembler la gauche ce soir, ce sera un premier pas. C'est une forme de primaire qui va s'exercer ce soir.
BRUCE TOUSSAINT
Et vous avez vu le plan de table, parce que si vous êtes à côté de lui par exemple
MICHEL SAPIN
Non, non
BRUCE TOUSSAINT
Ça ne vous dérange pas ?
MICHEL SAPIN
Nous verrons heureusement que ça ne me dérange pas.
BRUCE TOUSSAINT
Et enfin, et enfin, je ne l'ai pas signalé mais ceux qui nous regardent l'ont peut-être noté, le bras ça va ?
MICHEL SAPIN
Ça va mieux, ça va mieux.
BRUCE TOUSSAINT
Vous aviez le bras en écharpe depuis quelques temps !
MICHEL SAPIN
15 jours, ça passe
BRUCE TOUSSAINT
Ça passe ?
MICHEL SAPIN
Comme quoi même les ministres peuvent se démettre une épaule.
BRUCE TOUSSAINT
Bon ! Donc la blessure est réparée !
MICHEL SAPIN
Elle se répare peu à peu.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup Michel SAPIN, bonne journée à vous.
MICHEL SAPIN
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 9 février 2016