Déclaration à la presse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la situation en Syrie et sur la question climatique, à Paris le 10 février 2016.

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Texte intégral


* Syrie
(...)
Q - Vous avez des regrets sur la Syrie ? Vous referiez les choses de la même manière ?
R - Le regret, c'est que le monde n'ait pas suivi la position de la France. Quand vous voyez les brutalités effrayantes de Bachar al-Assad, ce qui se passe avec Daech, la complicité - puisqu'il n'y a pas d'autres termes - des Russes et des Iraniens dans tout cela, et puis les frilosités d'un certain nombre de membres de la coalition, c'est évidemment une situation très grave.
Q - Les Américains vous ont déçu ?
R - Disons qu'il y a des moments où il aurait fallu agir mais c'est une donnée de la politique internationale, ce n'est pas parce que la France prend une position juste que tout le monde s'aligne sur elle. C'est parfois décevant mais c'est comme ça.
Q - Le fait qu'Assad soit toujours au pouvoir, ce n'est pas une démonstration que l'on s'est trompé ?
R - Pas du tout ! La démonstration qu'on ne s'est pas trompé, c'est quand on voit que l'ONU vient de publier un rapport qui dit qu'il a tué des milliers de personnes dans ses prisons.
Ce qui n'a pas fonctionné, c'est la communauté internationale mais il est évident que c'est un dictateur et il restera un dictateur.
Q - Ce bilan, c'est le vôtre ou celui du président de la République ?
R - On a toujours travaillé étroitement ensemble, sur le plan international, c'est d'ailleurs une raison pour lesquelles l'action de la France a été forte, c'est que, sur la politique étrangère, le fil a été direct. Ses décisions ont été, en général, excellentes, courageuses, et j'étais à ses côtés. (...).
* Climat - COP21
Q - C'est la fin de votre carrière politique ?
R - On va voir parce qu'il y a toujours des choses inattendues. Si je quitte le Quai d'Orsay et si je vais là où la presse dit que je vais, ce ne sera plus une fonction politique.
Q - Avec un pincement au coeur ?
R - En ce qui concerne le Quai d'Orsay, vraiment c'est une maison que j'ai beaucoup aimée. Je pense qu'on a fait du bon travail dont la France peut être fière. Et je pense que, notamment avec la COP21, on a fait des choses utiles pour le monde.
(...)
Q - Vous allez garder un bureau au Quai d'Orsay ?
R - C'est autre chose. Je vais continuer à présider la COP21 jusqu'au mois de novembre.
Q - Vous reviendrez dans ces murs ?
R - Ce n'est pas parce que, paraît-il, je vais quitter ces fonctions que pour autant je cesse d'exister mais c'est autre chose. Et puis c'est une maison que j'aime.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 février 2016