Texte intégral
Monsieur le directeur du musée de l'Armée, mon général,
Mesdames et messieurs,
C'est avec un grand plaisir que je viens aujourd'hui inaugurer cette exposition consacrée à cet évènement majeur de la Grande Guerre, que fut la bataille de Verdun. Je salue l'initiative prise par le Musée de l'Armée, et je remercie tout particulièrement Vincent Giraudier, le commissaire de cette exposition, ainsi que les partenaires du projet. Vous participez ainsi à la saison culturelle et mémorielle du centenaire de la bataille. Saison que j'ouvrirai le 21 février à Verdun.
Depuis plus d'un an, je me rends à Verdun régulièrement, chaque fois avec la même émotion. A la vue de ces champs paisibles, rien ne laisse présager qu'il y a cent ans, Français et Allemands combattaient, enterrés dans des tranchées avec la menace persistante de la mort. Aujourd'hui, le Mémorial de Verdun et l'Ossuaire de Douaumont témoignent de l'enfer que ces hommes ont connu.
Ils ont connu la faim, la soif, le froid, la chaleur, la boue, les poux, la maladie. Ils ont supporté les obus, les gaz et les lance-flammes. Il ont vu les cadavres s'entasser au milieu d'eux, qui ne cessaient de leur rappeler que la mort pouvait surgir à tout moment. Mais au cur de l'horreur, ces soldats restaient des hommes et ont offert à la postérité des gestes de fraternisation.
Verdun occupe aujourd'hui une place à part dans la mémoire collective grâce aux expositions comme celle-ci, grâce à des documentaires, tel qu'Apocalypse Verdun que j'aurai la chance de visionner en avant-première vendredi, grâce à la littérature et au cinéma. Cette histoire donne matière à des initiatives culturelles, pédagogiques, mémorielles et scientifiques qui invitent au travail de mémoire.
Ce travail ne peut se faire sans évoquer ceux qui ont connu l'enfer de Verdun et à qui cette exposition rend hommage :à des jeunes hommes dont beaucoup n'avaient pas20 ans ; à des soldats disparus, obligeant les familles à un deuil impossible ; à des survivants qui ont fini par emporter leurs paroles indicibles dans leurs tombes ; à tous ces hommes venus de métropole et des anciennes colonies et à qui j'ai rendu une nouvelle fois hommage avec mon homologue algérien Tayeb Zitouni, la semaine dernière.
Au lendemain du conflit, c'est à Verdun, sur les ruines de la bataille, que le 10 novembre 1920, Auguste Thin choisit parmi les cercueils présentés devant lui, le soldat inconnu. Comme si cette ville, devenue un symbole de courage et d'abnégation, représentait à elle seule, toutes les victimes de la Grande Guerre.
Au-delà des hommes dont les témoignages se sont éteints avec eux, il y a des lieux, témoins éternels de notre histoire. L'exposition met en lumière le fort de Douaumont, de Vaux, de Souville, la Voix Sacrée, la ville martyre de Verdun. Autant d'endroits à arpenter pour se souvenir, pour comprendre. Nous devons préserver et mettre en valeur ce patrimoine en développant le tourisme de mémoire. C'est pour moi un devoir et une responsabilité. C'est en allant là où les combats se sont tenus que l'on mesure le sacrifice des hommes, que l'on transmet leur héritage et leur mémoire aux jeunes générations.
C'est pour cela que dès la fin de la guerre, des milliers de Français ont ressenti le besoin de visiter le fort de Douaumont, écrivant alors les premières pages de l'histoire du tourisme de mémoire.
Autrefois théâtres d'affrontements sanglants, ces sites sont aujourd'hui le lieu de la réconciliation entre les nations française et allemande. C'est à l'Ossuaire de Douaumont que François Mitterrand et Helmut Kohl ont écouté la Marseillaise, main dans la main, hymne que le président de la République a souhaité mettre à l'honneur en cette année 2016.
C'est au Mémorial de Verdun, que la mémoire autrefois française, est désormais partagée avec nos ennemis d'hier à travers le nouveau parcours muséographique. Cent ans après, c'est ensemble que l'Allemagne et la France commémoreront, le 29 mai, le centenaire de cette bataille.
Sa mémoire continue de vivre aujourd'hui, notamment avec les images obtenues grâce à la technique LiDAR qui permet d'établir une cartographie des vestiges de guerre enfouis. Ces traces de l'histoire, que le temps a recouvertes, ressurgissent dans cette exposition comme un appel au souvenir. Des traces qui font partie de notre histoire et nous réunissent toutes et tous autour d'une mémoire commune.
Je vous remercie.Source http://www.defense.gouv.fr, le 17 février 2016