Texte intégral
Monsieur le président de la mission du Centenaire, mon général,
Monsieur le directeur général de la mission,
Madame Isabelle Clarke et monsieur Daniel Costelle, réalisateurs de la série « Apocalypse »,
Mesdames et messieurs, chers amis,
« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine [...] Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu'on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés ».
Voilà comment Henri Barbusse décrivait il y a 100 ans ces hommes projetés dans la guerre. Je crois que le film que nous nous apprêtons à voir, illustre parfaitement cette pensée.
Symbole de la mort de masse et du traumatisme des soldats revenus du front, la bataille de Verdun est aussi un symbole, celui de la résistance de la Nation toute entière.
Une résistance que « Apocalypse Verdun » interroge : comment ces hommes ont-ils supporté les obus, la boue, le froid, l'odeur de la mort qui rôde partout ? Comment les familles ont-elles supporté l'absence, enduré l'attente, vécu les retrouvailles avec un homme dont le visage et l'âme n'étaient plus ceux de celui qu'elles avaient connu ?
Une résistance qui témoigne aussi que l'histoire de Verdun dépasse les frontières de cette région. Pas une seule famille n'a été épargnée par cette bataille. C'est pourquoi j'ai souhaité que l'ensemble du territoire soit associé au centenaire de la bataille de Verdun.
Car ces hommes que nous allons voir dans quelques instants venaient de tous les départements, des anciennes colonies et d'Outre-mer. Chacun d'eux avait un parcours singulier, une foi en la France, un espoir pour l'avenir. Ce film rend à chacun d'eux un visage, une histoire, un destin.
C'est la grande force de la série « Apocalypse » de raviver une histoire dont le temps nous éloigne un peu plus chaque jour ; de faire revivre une époque dont les témoins des deux camps ont tous disparu ; de faire renaître, avec vérité, justesse et authenticité plus que des combattants, mais des hommes chez qui espoirs et désillusions s'entremêlent au quotidien.
Je salue le travail exceptionnel des réalisateurs Isabelle Clarke et Daniel Costelle et je remercie France Télévision de s'associer à ce projet en diffusant ce nouveau numéro de la série « Apocalypse ».
Je remercie également la Mission du Centenaire, qui a soutenu financièrement le projet, comme elle l'avait fait en 2014 avec « Apocalypse, la Première Guerre mondiale », et l'ECPAD, l'agence d'images de la Défense qui, en coproduisant ce film, saisit une nouvelle occasion de valoriser notre riche patrimoine audiovisuel.
Mesdames et messieurs, une avant-première a déjà eu lieu à Verdun, ville-histoire devenue ville-mémoire. Dans quelques jours, elle accueillera des milliers de visiteurs à l'occasion de l'ouverture du nouveau Mémorial de Verdun qui fait vivre une histoire partagée avec nos amis allemands Outre-Rhin.
Ce film en est une nouvelle preuve. En montrant l'horreur de la vie dans les tranchées des deux côtés du front, comme s'y attache le Mémorial, il rend à l'Europe toute entière cette mémoire partagée par les Français et les Allemands.
Le 29 mai prochain, 50 ans après le général de Gaulle, nous témoignerons de cette dimension franco-allemande à l'Ossuaire de Douaumont autour du président de la République, François Hollande et de la Chancelière allemande, Angela Merkel.
Enfin, permettez-moi de souligner la dimension pédagogique « d'Apocalypse Verdun ». En interrogeant l'histoire, il participe pleinement à la transmission de la mémoire. Car commémorer ce n'est pas seulement se recueillir devant les monuments aux morts, c'est aussi tenter de comprendre comment un tel massacre a-t-il pu se produire.
Ce travail de mémoire ne doit pas uniquement se faire à l'occasion du Centenaire, mais il doit se poursuivre, au-delà des anniversaires décennaux.
En inscrivant résolument cette dynamique dans la durée, le ministère de la défense continue d'accompagner les actions de rénovation du patrimoine de pierre et soutient toutes les initiatives qui l'engagent dans une véritable politique pédagogique.
Voilà, il est temps pour moi de conclure ce propos en vous souhaitant, à toutes et à tous, un bon film. Un film qui se veut aussi un hommage à ceux qui ont connu l'enfer de Verdun.
Ces hommes à qui la guerre a pris la jeunesse, trop souvent la vie mais n'a pas réussi à porter atteinte à leur humanité. C'est sans doute cette conviction que nous devons avoir en regardant ces images, et c'est également le plus bel hommage que nous pouvons leur rendre.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2016