Texte intégral
Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le président du conseil départemental,
Monsieur le Président de l'amicale de la promotion de Saint-Cyr 1966, mon général,
Monsieur le maire,
Depuis l'aube de cette journée, 100e anniversaire du début de la bataille de Verdun, j'avance au rythme de l'hommage rendu au Colonel Driant et à ses hommes.
A 7h, au Bois des Caures, c'est avec émotion que nous nous sommes réunis au PC du Colonel Driant, au monument abritant sa tombe et à la stèle en son hommage.
J'ai ensuite assisté au congrès régional des chasseurs à pied à Thierville, afin de saluer une histoire d'engagement longue de plusieurs siècles. Je suis allé à la rencontre du monde combattant meusien lors d'un déjeuner avec les porte-drapeaux. Un monde où les itinéraires singuliers ont tant de fois rencontré la riche histoire de notre région.
De retour au bois des Caures, aux côtés d'enfants, venus de métropole, d'outre-mer et d'Allemagne, j'ai à nouveau rendu hommage au colonel Driant, mais aussi à tous les hommes qui ont combattu sur ces terres.
Enfin, j'ai inauguré, à l'Ossuaire de Douaumont, une pierre gravée en hommage aux 56e et 59e Bataillon de Chasseurs à pied et salué la mémoire des soldats dont les noms y sont gravés. Et, c'est parmi vous, que je clôture cette journée avec l'inauguration de la Croix des chasseurs de Driant.
Je renouvellerai mon hommage à ces combattants lors des commémorations du déclenchement du centenaire de la Bataille de la Somme, en juillet prochain, puisque ces mêmes bataillons ont combattu sur ce front. Les deux batailles sont liées. L'histoire nous impose de les commémorer dans un même élan.
Cette commémoration est fidèle aussi à la volonté du colonel Driant. Il fut l'un des premiers à avoir répondu à l'exigence morale de ne pas oublier les soldats tombés pour la patrie. Alors que l'usage voulait que l'on enterre, sans sépulture, les morts à l'endroit où ils avaient péri, il a fait aménager, dès son arrivée dans la zone des combats, un carré militaire, près du Cimetière de Vacherauville marquée d'une croix faite de deux chênes du bois des Caures.
Grâce à une souscription nationale et au talent d'un de ses chasseurs, le sculpteur Alphonse Corio, une statue est érigée, près de la croix, à la fin de l'année 1915.
Elle représentait la France, sous les traits d'Alice Pillant, une jeune habitante de Vacherauville, un glaive à la main.
Ce premier monument est détruit pendant la guerre. Les rares chasseurs de Driant à avoir survécu ont tenu à ce que le monument soit reconstruit. Une statue identique est recréée par le même sculpteur, en 1926. Seule exception, le glaive de la France se trouve dans son fourreau, signe que les combattants voulaient désormais uvrer pour la paix.
Leurs souhaits n'ont pas été réalisés. Quatorze ans après, en 1940, la Lorraine est occupée et la statue détruite. Il ne subsiste aujourd'hui qu'une réduction en plâtre conservée à la maire de Vacherauville. Ce monument est à l'image de la Meuse, tous deux ont été marqués par l'histoire et la mémoire des deux guerres mondiales.
Cent ans après, le devoir de rendre hommage à ces hommes reconstruit ce que la guerre a détruit. Je salue le Général Fournier, président de l'amicale de la promotion Driant de Saint-Cyr, qui est à l'origine du projet de reconstruction de ce monument.
Je tiens également à remercier le conseil départemental de la Meuse, la mission Histoire de la Meuse ainsi que le député Jean-Louis Dumont d'avoir soutenu ce projet. Je remercie plus largement tous ceux qui, comme ce fut le cas il y a 100 ans, ont participé à la souscription lancée par le Général Fournier. Leurs noms sont gravés sur cette croix.
Sur la stèle dédiée au colonel Driant, est inscrite une phrase tirée de la Sidi Brahim, l'hymne des Chasseurs à pied qui porte le nom d'une bataille auxquelles ils ont participé et que j'ai commémorée, à Rettel, le 25 octobre : « Ils sont tombés, silencieux sous le choc, comme une muraille ».
Nous ne pouvons oublier ces hommes tombés silencieusement. Telle était la volonté du colonel Driant, qui a tout fait de son vivant pour qu'aucun soldat mort pour la France ne tombe dans l'oubli. En faisant ériger ce monument, mais aussi, en tant que député de Nancy, en défendant la création de la Croix de guerre qu'il obtiendra à la suite à son comportement héroïque au front.
C'est à notre tour maintenant de rendre hommage à ces hommes. Nous le faisons aujourd'hui, en cette date symbolique, mais nous devons le faire à chaque instant.
Je salue l'installation, décidée par la Mission Histoire de la Meuse, de panneaux explicatifs près des lieux liés à la mémoire du Colonel Driant. En tant que ministre en charge de la mémoire, je m'emploie à ce que cette mémoire de pierre survive au ravage du temps et aux témoignages des hommes.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 février 2016