Texte intégral
INTERVENANT
L'invité politique du 6/9 de France Info ce matin le secrétaire d'Etat aux Sports avec vous Anne-Laure DAGNET.
ANNE-LAURE DAGNET
Thierry BRAILLARD bonjour
THIERRY BRAILLARD
Bonjour.
ANNE-LAURE DAGNET
Bienvenu. Alors on va beaucoup parler de l'Euro 2016 bien sûr mais, d'abord, une question : est-ce que vous vous sentez bien dans ce gouvernement ?
THIERRY BRAILLARD
Je me sens très bien dans ce gouvernement, comme je me sentais très bien dans le gouvernement précédent, car c'est un gouvernement qui réforme et ce n'est pas facile de réformer dans ce pays car on a énormément de conservatisme, on a des difficultés à faire parfois entendre la voix de la réforme, mais j'ai la certitude j'en suis même persuadé que ces réformes verront des résultats arrivés, notamment dans la lutte contre le chômage, et donc je me sens très bien dans ce gouvernement même si aujourd'hui ce n'est pas politiquement correct de le dire compte tenu des taux de popularité, compte tenu de certaines choses qu'on peut entendre ici ou là.
ANNE-LAURE DAGNET
Si je vous demande ça c'est parce qu'il y a plusieurs de vos collègues qui se disent déprimés, ils ont beaucoup de mal à être en phase avec l'Exécutif après la loi sur la déchéance, cette loi Travail, ce n'est plus des couleuvres qu'il faut avaler c'est des boas. Vous, vous digérez bien, ça va ?
THIERRY BRAILLARD
Je suis en parfaite santé et véritablement je crois qu'il y a deux choses : soit on ne fait rien, soit on essaie de réformer, je crois que notre pays a vraiment besoin d'être réformé, notamment en matière de droit du travail une matière que je connais à titre personnel plutôt bien, j'ai été dans une autre vie avocat en droit du travail et je peux vous dire aujourd'hui qu'il y a certains leviers à actionner, ces leviers étaient et sont dans l'avant-projet de loi que porte ma collègue Myriam EL KHOMRI.
ANNE-LAURE DAGNET
Je m'inquiète de votre état d'esprit parce que dans ce gouvernement il y trois ministres radicaux de gauche dont vous faite partie et que c'est un petit peu le seul allié qu'il reste à gauche à François HOLLANDE, partenaire pour toujours, pas d'inquiétude pour HOLLANDE ?
THIERRY BRAILLARD
Eh bien en tout cas partenaire pendant tout le quinquennat et partenaire loyal et cette loyauté c'est que le bilan nous l'assumerons parce que nous avons participé depuis 2012 à tous les gouvernements sous François HOLLANDE et vous verrez qu'on parlera de ce bilan dans quelques mois, mais là aussi j'ai l'impression, j'ai le sentiment que beaucoup voudrait que le match soit terminé alors qu'il reste quasiment une bonne partie de seconde mi-temps et, si je suis secrétaire d'Etat aux Sports excusez-moi la métaphore c'est à la fin du match qu'on voit le score final.
ANNE-LAURE DAGNET
Effectivement !
THIERRY BRAILLARD
Il y aurait le temps d'une bonne causerie à la mi-temps quand même, Thierry BRAILLARD, dans ce gouvernement. Parce que vous parlez d'une bonne réforme sur la loi du travail, vous parlez d'avancées pour les salariés, manifestement il y en a qui n'ont pas compris ces avancées parce que ça fait 800.000 et plus signataires sur Internet, ça fait des jeunes qui sont prêts à manifester ?
THIERRY BRAILLARD
On est un pays quand même qui est assez drôle, vous me dites : « je parle de bonne réforme sur la loi du travail », je ne peux pas en parler puisque celle-ci n'est pas officielle, elle est de nouveau travaillée
ANNE-LAURE DAGNET
On a l'avant-projet, on a les grandes lignes.
THIERRY BRAILLARD
Et quand la pétition a été lancée je rappelle que l'avant-projet avait été transmis uniquement au Conseil d'Etat et que la plupart des gens qui ont signé la pétition ne connaissaient pas le texte exact, avaient simplement
INTERVENANT
Pourquoi il est repoussé, alors ?
THIERRY BRAILLARD
Enfin avaient simplement entendu des bribes, comme par exemple : « Voilà, vous allez travailler 10 heures par jour ou 12 heures par jour alors qu'avant c'était 10 heures, vous vous rendez compte le scandale ». Non, si on lit le texte définitif, on peut travailler 12 heures par jour s'il y a un accord préalable au sein de l'entreprise, le « si » il est considérable, il est énormément important. Mais si on dit : « Voilà, maintenant vous allez pouvoir travailler 12 jours et si vous ne travaillez pas vous êtes licencié » comme j'ai entendu, comme j'ai lu des textes, c'est vrai que e débat est tronqué et parce que le débat est tronqué, parce qu'il y a ce genre de choses qui sont j'allais dire des mensonges, le Premier ministre a préféré prendre un peu plus de temps pour faire de la pédagogie et que quand on va parler de ce texte tout le monde sache véritablement ce qu'il y a dans les propositions.
ANNE-LAURE DAGNET
Faire de la pédagogie et faire évoluer le texte aussi pour se rallier notamment la CFDT ?
THIERRY BRAILLARD
Mais faire évoluer le texte j'allais dire on est dans une monarchie ou on est dans une république démocratique ? Si on est dans une république démocratique il y a un Parlement, le Parlement peut et doit faire la loi à partir d'un texte que propose le gouvernement, donnons aussi et faisons confiance aux parlementaires pour faire évoluer le texte dans le sens qu'ils souhaiteront le mieux pour le pays.
INTERVENANT
En parlant d'un 49.3 d'emblée on n'a pas forcément laissé une chance énorme au débat parlementaire ?
THIERRY BRAILLARD
Mais qui a cité le 49.3 ?
INTERVENANT ET ANNE-LAURE DAGNET
Myriam EL KHOMRI !
THIERRY BRAILLARD
Non, non, ce n'est pas vrai, elle a dit : « nous prendrons nos responsabilités » et dans l'esprit des
ANNE-LAURE DAGNET
C'est une façon de le dire.
THIERRY BRAILLARD
Est-ce que c'est cité 49.3 ? Nous prendrons nos responsabilités. Donc vous voyez très bien qu'on est aujourd'hui dans une phase
ANNE-LAURE DAGNET
C'était la question 49.3 !
THIERRY BRAILLARD
Qui est la difficulté de ce gouvernement, on est dans une phase où le moindre mot peut avoir une interprétation qui va amener d'autres interprétations qui font un effet boomerang à toute chose qu'on veut faire. Donc on continue, on réforme, le vent souffle, on fait le dos rond et on avance.
ANNE-LAURE DAGNET
A propos de Myriam EL KHOMRI, vous avez de ses nouvelles, elle a fait un malaise domestique ?
THIERRY BRAILLARD
Ecoutez elle a repris son activité hier, moi j'ai beaucoup d'affection pour Myriam EL KHOMRI, c'est une femme qui a énormément de qualité d'écoute, qui travaille énormément et qui portera ce texte sans ambages devant le Parlement dès que celui-ci sera définitivement rédigé.
ANNE-LAURE DAGNET
On en vient au grand sujet du jour...
THIERRY BRAILLARD
On peut continuer vous savez !
ANNE-LAURE DAGNET
France Info est radio officielle de l'Euro, on va passer à l'Euro 2016, nous sommes à 100 jours de l'ouverture du championnat. C'est un rendez-vous sportif, familial, festif, mais c'est aussi un évènement à haut risque dans un contexte de menaces d'attentats, est-ce qu'il ne faut pas déjà réclamer le prolongement de l'état d'urgence qui est censé s'arrêter 15 jours avant le début de l'Euro 2016 ?
THIERRY BRAILLARD
L'état d'urgence n'a aucun lien direct avec l'organisation d'une manifestation comme l'Euro.
ANNE-LAURE DAGNET
Ca ne permet pas de renforcer les dispositifs de sécurité ?
THIERRY BRAILLARD
Pas du tout, pas du tout. L'Euro a été organisé depuis des années, un comité de pilotage, présidé par Bernard CAZENEUVE le ministre de l'Intérieur a été mis en place depuis plusieurs mois pour assurer la sécurité à l'intérieur des enceintes, dans les fins de zones les fins de zones ce sont ces lieux dans les 10 villes qui vont accueillir des matches de l'Euro où les supporters pourront se rendre avec un écran géant et un aspect festif
ANNE-LAURE DAGNET
Des endroits fermés, sécurisés.
THIERRY BRAILLARD
Ainsi que les 24 sites d'hébergement des équipes qui vont venir, tout cela a été travaillé, tout cela a été précisé, la sécurité sera optimale, c'est le point le plus important de cette organisation et je peux dire aujourd'hui que tous les signaux sont au vert. Après, j'allais dire maintenant il faut qu'on accueille les millions de personnes qui vont venir dans notre pays
ANNE-LAURE DAGNET
Justement !
THIERRY BRAILLARD
Pour qu'elles se sentent dans un pays qui est accueillant, festif et pour une compétition merveilleuse.
ANNE-LAURE DAGNET
Deux millions et demi de visiteurs attendus dans 10 villes, toutes les délégations, les sportifs, est-ce qu'on aura assez de policiers, de stadiers, de bras, bref pour assurer la sécurité de tout le monde ?
THIERRY BRAILLARD
Oui, les dispositions ont été prises en ce sens, en lien avec le Club des villes que préside Alain JUPPE, bien sûr en lien avec les collectivités aussi par rapport aux effectifs de police et puis je vous le dis le ministre de l'Intérieur a vraiment pris l'Euro comme une priorité pour montrer au monde que la France peut accueillir en toute sécurité un bel évènement comme celui-ci.
ANNE-LAURE DAGNET
La sécurité ça a un coût, ça coûte très cher même, par exemple sur le budget dédié à l'évènement à Bordeaux quatre millions, un million pour les mesures supplémentaires de sécurité. Il y a une ville, Saint-Etienne par exemple, qui dit qu'elle ne peut pas, qu'elle ne prendra pas en charge le coût supplémentaire, comment on va faire, comment ça va se passer ?
THIERRY BRAILLARD
On va discuter, on va discuter avec notamment le comité d'organisation de l'Euro qui dans le cahier des charges suggérait je ne dis pas imposait mais suggérait l'organisation de ces fins de zones. Pourquoi il y a eu un surcoût ? Parce qu'on a pris des mesures supplémentaires, une mesure qui avait déjà été prise en mars 2015, pour que vraiment dans ces fins de zones on se sente en totale sécurité ; et pour que vos auditeurs comprennent bien, l'Etat assure la sécurité en dehors de la fin de zone mais dans la fin de zone c'est la ville qui est en charge de la sécurité, d'où ces surcoûts, d'où ces discussions, mais j'ai bon espoir que tout se passe très bien et que nous aurons vraiment des fins de zones festives.
INTERVENANT
Il y a des questions qui remontent d'un peu partout ces dernières semaines, Thierry BRAILLARD, sur la gestion des supporters justement parce que vous semblez très serein avant l'arrivée de deux millions et demi de visiteurs dans 10 villes en France et, pourtant, les interdictions de déplacement pour les supporters se multiplient week-end après week-end je prends l'exemple-là de samedi dernier Amiens-Orléans, Troyes-Lorient, Nice-Bastia, Ajaccio-Marseille, des déplacements interdits pour 200 à 300 personnes dans certains cas. Qu'est-ce qu'on répond à ces supporters qu'on interdit de déplacement alors que ce sont des dizaines de milliers d'autres qui vont arriver au mois de juin ?
THIERRY BRAILLARD
Qu'il faut que ça s'arrête et qu'une des raisons pour laquelle ça s'arrête il faut que le supportérisme en France soit enfin organisé. C'est la raison pour laquelle nous avons saisi l'occasion d'une proposition de loi déposée par Guillaume LARRIVE pour agrémenter ce texte - qui passera le 4 mars au Sénat, le 4 avril pardon au Sénat - pour l'agrémenter et pour organiser le supportérisme, car le problème aujourd'hui c'est les clubs, les instances du football, le ministère de l'Intérieur ont parfois du mal à avoir des interlocuteurs représentatifs et donc avec cette organisation nous aurons les interlocuteurs représentatifs qui feront en sorte que nous éviterons cela. Moi je suis le premier à essayer de faire de la pédagogie, il faut toujours faire de la pédagogie, pour expliquer par exemple qu'un ultra
INTERVENANT
Là en ce moment il n'y a pas beaucoup de pédagogie, c'est : « vous ne vous déplacez pas » point final pour beaucoup de supporters.
THIERRY BRAILLARD
Oui, mais vous avez vu aussi des comportements dans les stades qui font que moi vous savez j'ai des enfants, j'aime bien les emmener dans un stade, si c'est pour qu'ils voient des sièges voler et des bagarres de rue ce n'est pas l'enceinte, donc il faut aussi comprendre que quand le ministère de l'Intérieur prend ces décisions c'est souvent qu'il y a eu des antécédents. Mais il faut faire de la pédagogie, dire par exemple qu'un ultra est un supporter et qu'il doit le respect au motif qu'un supporter ce n'est pas parce qu'il a le titre d'ultra, l'ultra ça veut dire qu'il peut contester des décisions de son club mais qu'il est quand même supporter.
INTERVENANT
Oui, mais si lui n'a rien fait mais qu'il est ultra il est interdit de stade alors qu'il est supporter ?
THIERRY BRAILLARD
Pas obligatoirement.
ANNE-LAURE DAGNET
Il y a une question que tout le monde se pose, on parle football, est-ce que Karim BENZEMA pourrait jouer cet Euro 2016, son statut a été un petit peu assoupli au niveau judiciaire ? Est-ce que VALBUENA aussi pourrait jouer ? Vous leur avez parlés ?
THIERRY BRAILLARD
Je leur ai parlés et vous savez Jacques VENDROUX dit souvent : « En France, il y a 60 millions de sélectionneurs », moi je n'en connais qu'un, Didier DESCHAMPS, faisons-lui confiance pour qu'il fasse la meilleure équipe.
ANNE-LAURE DAGNET
Vous leur avez parlés, qu'est-ce qu'ils veulent, qu'est-ce qu'ils vous ont dit ?
THIERRY BRAILLARD
Mais c'est des conversations privées.
INTERVENANT
Noël LE GRAET dit qu'il n'est pas sélectionnable aujourd'hui ?
THIERRY BRAILLARD
Moi je vous le dis, le seul qui fera la sélection s'appelle Didier DESCHAMPS et je lui fais entièrement confiance, on a la chance d'avoir quelqu'un à la tête de l'équipe de France qui a beaucoup de qualités et qui, en plus, a gagné la Coupe du monde.
ANNE-LAURE DAGNET
Il y a un autre suspendu, Michel PLATINI, suspendu par la FIFA lui, est-ce que vous souhaitez qu'il fasse d'une manière ou d'une autre partie de cette fête ?
THIERRY BRAILLARD
Bien sûr.
ANNE-LAURE DAGNET
Et comment alors ?
THIERRY BRAILLARD
J'allais dire sur les modalités on verra, puisqu'il a saisi le tribunal des affaires sportives et qu'il attend de voir si sa sanction sera remise en question - donc laissons faire là aussi la justice - mais c'est vrai qu'on doit beaucoup à Michel PLATINI pour l'organisation de cet Euro, on doit beaucoup à Michel PLATINI pour plein de choses dans le sport et dans le football français et je crois que pour plein de raisons ça serait vraiment quelque chose de mortifère s'il ne pouvait pas participer à cet Euro qu'il a tant souhaité et tant voulu.
ANNE-LAURE DAGNET
Il y a l'Euro 2016 et il y a les J.O en 2024, Paris candidate, Paris favorite dites-vous, il y a Los Angeles aussi quand même
THIERRY BRAILLARD
Je n'ai rien dit, c'est vous. Paris qui a tous les atouts pour avoir cette organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, Paris qui a lancé sa candidature portée par les sportifs, on a eu un Tony ESTANGUET qui a su tout de suite donner le tempo, donner le rythme à cette candidature. Nous soutenons, nous sommes derrière et nous voulons gagner.
ANNE-LAURE DAGNET
Il y a la justice française qui enquête sur des soupçons de corruption pour l'attribution des J.O 2016 2020, est-ce que ça ne risque pas d'interférer et de gêner les membres du CIO qui pourraient attribuer la place à Paris ?
THIERRY BRAILLARD
Non, parce qu'il semble que celui qui est mis en cause de ce que j'ai pu comprendre c'est le président, l'ancien président de la Fédération Internationale d'Athlétisme, donc au contraire je crois que là le CIO sous l'autorité de Thomas BACH veut vraiment que les choses soient transparentes et en tout cas sachez que la candidature de Paris répondra à tous ses critères car nous voulons véritablement de ce côté-là être exemplaires.
INTERVENANT
Un dernier mot très rapidement ! La Cour des comptes a dressé un bilan très sévère du projet de Grand stade voulu par la Fédération Française de Rugby cette semaine, 600 millions d'euros c'est le coût, vous avez une position sur ce projet ?
THIERRY BRAILLARD
Oui, la position c'est de savoir si véritablement la Fédération Française de Rugby doit dans les mois qui viennent apporter des réponses très concrètes sur son financement en fonds propres, puisque la fédération annonçait qu'elle ferait ce projet si elle amenait 200 millions d'euros en fonds propres, on va attendre de voir si véritablement ils se lancent dans ce projet ou pas
INTERVENANT
On attend le nouveau président, ça sera à l'automne a priori. Merci Thierry BRAILLARD d'avoir été l'invité de France Info ce matin.
THIERRY BRAILLARD
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 mars 2016