Texte intégral
DOMINIQUE SOUCHIER
Nicole Notat, bonjour.
NICOLE NOTAT
Bonjour.
DOMINIQUE SOUCHIER
La CFDT ne croyait pas à la fusion Brandt Moulinex. Vous l'aviez dit il y a un an et malheureusement l'histoire vous donne raison. Aujourd'hui croyez-vous encore à une possible survie de Moulinex ?
NICOLE NOTAT
On a bien envie d'y croire, en particulier pour les salariés. Et puis quand on reçoit une nouvelle de ce genre, on comprend bien que les salariés sont d'abord abattus. Je dirais que " chat échaudé craint l'eau froide ". Nous avions, il y a un an tout juste, dit que cette fusion était à risque, la fusion Elfi Brandt avec Moulinex. Nous avions alors attiré l'attention sur un projet qui ne nous apparaissait pas tout à fait fiable et viable. Malheureusement nous avions raison, nous n'en sommes pas heureux. Mais cela signifie qu'aujourd'hui, sur tous les projets qui pourraient se dessiner, nous allons tout simplement redoubler de vigilance et que nous ne laisserons personne prendre des décisions trop à la légère. Parfois, en espérant régler un problème de court terme, on a l'impression que ça va aller mieux, on apaise les esprits pour finalement le reporter plus loin, ce n'est pas une bonne solution.
DOMINIQUE SOUCHIER
Quand Lionel Jospin et Laurent Fabius assurent que tout va être fait pour les salariés de Moulinex, vous dites " méfiance ", c'est ce que vous dites-là ?
NICOLE NOTAT
Oui, "tout va être fait". Nous entendions ce discours il y a un an. Donc oui, il faut que tout soit fait. Il faut aussi qu'on ne se laisse pas griser par des solutions qui n'en seraient pas. Nous voulons des solutions qui tiennent la route, nous voulons aussi - parce qu'il y aura de la casse, les salariés maintenant en sont sûrs - que les salariés ne fassent pas les frais de ces erreurs de ces opérations et que le droit au reclassement soit la ligne de conduite pour tout le monde.
DOMINIQUE SOUCHIER
Qu'est-ce qu'on pourrait proposer comme solution qui n'en serait pas une ?
NICOLE NOTAT
J'entends qu'il y a peut-être à nouveau des projets, des repreneurs. En nous reportant à un an en arrière, nous entendions aussi que cette fusion Moulinex Brandt allait être la solution qui allait sauver Moulinex ; on s'aperçoit qu'elle n'a pas été du tout à la hauteur. En tout cas sur les promesses qui ont été faites. Nous allons tout simplement veiller à ce que les solutions soient des solutions économiquement, industriellement et socialement viables.
DOMINIQUE SOUCHIER
A chaque dépôt de bilan, on accuse l'actionnaire, là pour le coup, il y a lieu de le faire ?
NICOLE NOTAT
Oui, bien évidemment, c'est au départ que les choses ont été mises sur de mauvais rails.
DOMINIQUE SOUCHIER
Les plans sociaux s'accélèrent, est-ce qu'à chaque fois on donne les mêmes chances aux victimes ?
NICOLE NOTAT
Malheureusement non. La médiatisation met les projecteurs sur certaines entreprises et donc sur les salariés concernés par ces entreprises de manière plus forte que sur d'autres. En tout cas, les salariés doivent savoir, leurs délégués syndicaux et la CFDT en particulier, n'ont pas de stratégie différente selon que l'entreprise est dans le projecteur médiatique ou pas. Donc tous les jours confrontés à ces réalités-là et ça mobilise, ça remobilise malheureusement aujourd'hui beaucoup d'énergie de nos délégués syndicaux. Ils sont, je dirais les premiers à regarder les raisons, les justifications, les réalités économiques de leur entreprise pour pouvoir faire preuve à la fois de beaucoup de vigilance et de beaucoup de rigueur dans l'analyse de tout, ça pour ne pas emmener et l'entreprise et les salariés dans le mur. A chaque fois que l'entreprise connaît des réorganisations, des restructurations, voire des évolutions d'effectifs en baisse, la préoccupation sur le reclassement des salariés, l'obligation de la responsabilité sociale des entreprises est vraiment ce que nous mettons en première priorité.
DOMINIQUE SOUCHIER
Alors Nicole Notat, parlons de ce livre et de cette enquête que la CFDT va donc publier cette semaine aux éditions Syros, Le travail en question. Je pense que vous devez être la première surprise, parce que vous, les syndicalistes, vous ne cessez de dénoncer la pression exercée par les patrons, mais les salariés, eux se plaignent plutôt et surtout de la pression exercée par les clients.
NICOLE NOTAT
Oui, je crois qu'il y a là une réalité nouvelle qu'il nous faut maintenant complètement intégrer. Certes la pression de la hiérarchie existe toujours, il ne faut pas la négliger, mais en particulier, tous les salariés qui vivent maintenant dans le secteur des services, qui ont affaire au travail social, qui ont affaire à des clients, qui ont affaire à des usagers, disent "nous avons une réalité supplémentaire, c'est cette relation aux clients et elle pèse sur nous", c'est-à-dire qu'à la fois, et c'est ça qui est paradoxal, ce sont les salariés de ce secteur qui disent avoir un travail le plus valorisant ou en tout cas plus valorisant que d'autres, ils ont moins le sentiment d'un travail subi
DOMINIQUE SOUCHIER
Ceux qui sont en contact avec la clientèle disent ça ?
NICOLE NOTAT
Ceux qui sont en contact avec la clientèle, si vous voulez, où il y a le contact au travail qui valorise leur travail, mais qui aussi génère plus de stress, plus de complexité tout simplement dans la relation avec les usagers, les clients. Tout ça pèse et nous devons prendre en compte cette réalité dans la manière dont nous envisageons tout simplement l'amélioration des conditions de travail de ces salariés.
DOMINIQUE SOUCHIER
Autre chose. Pourquoi vous tenez autant à ce que le Medef revienne à la Sécurité sociale ? Pourquoi les patrons, vous font plus peur dehors que dedans ?
NICOLE NOTAT
Ecoutez, il y a une chose simple, c'est que nous avons en France un système de protection sociale qui a clairement opté pour la protection sociale collective, qui ne laisse pas chaque individu confronté aux aléas de la maladie, de la vieillesse. Mais tout cela relève d'une responsabilité qui engage l'Etat bien sûr, mais qui engage aussi les entreprises et les salariés. Ce projet commun, je dirais ce fond culturel commun à la France, je préfère que les patrons soient dans la Sécurité sociale pour continuer à le défendre, parce que cela signifie qu'ils sont concernés, impliqués. Ils ont certes à mener leur vision des choses, qui sera la manière de défendre les intérêts des entreprises dont ils sont les représentants mais au service de ce système, sans en changer. Et s'ils sont dehors, je crains qu'ils soient un peu tentés par d'autre systèmes, vous savez, un petit espace de privatisation, un petit espace à côté de la protection collective qui pourrait naître sur de nouvelles perspectives de ce genre, je crois que c'est mettre le doigt dans un engrenage dont tout le monde mesure qu'il n'est pas souhaitable et
DOMINIQUE SOUCHIER
Vous redoutez une influence du numéro 2 du Medef, Denis Kessler, qui dirige la Fédération des assurances ?
NICOLE NOTAT
Oh ce n'est pas seulement, me semble-t-il, une affaire de personnes, c'est que ce débat est beaucoup plus global, il est dans l'air du temps, et puis cet autre débat qui est dans l'air du temps, c'est l'étatisation contre la privatisation. Alors si nous n'avons plus ce système, il n'y a pas de mystère, ça veut dire qu'on va dans un système où l'État est en première ligne sur tout, directement l'État est en relation avec l'assuré social, avec l'individu dans la société, il n'y a plus d'intermédiaire, ce que nous sommes, les patrons de leur côté, nous les syndicats de l'autre. Ces systèmes-là, je crains que l'État en première ligne, ce soit un jour un État qui déçoit, un État plus affaibli aussi et que donc toutes les voies alternatives, sans faire les épouvantails inutiles vers la privatisation, puisse davantage trouver des échos.
DOMINIQUE SOUCHIER
A huit mois des présidentielles, après ce qu'a dit le Premier ministre à la télévision et à l'université d'été de La Rochelle, est-ce que vous pensez toujours que Lionel Jospin pratique un réformisme honteux, comme vous l'aviez dit ?
NICOLE NOTAT
Ecoutez
DOMINIQUE SOUCHIER
Vous l'avez dit ?
NICOLE NOTAT
Oui bien sûr parce qu'à la CFDT, nous sommes persuadés que le chemin de la réforme, c'est celui, je pense aux retraites, mais je pense aussi à notre Sécurité sociale, qui permet le mieux de sauver les acquis auxquels nous sommes attachés en France et en Europe, les droits sociaux, les protections collectives.
DOMINIQUE SOUCHIER
Et vous avez l'impression que Lionel Jospin ne le fait pas ?
NICOLE NOTAT
C'est-à-dire que ce gouvernement en a beaucoup parlé, ce gouvernement n'est pas resté inactif, mais on n'a pas l'impression qu'il prend à bras le corps ces réponses qu'il convient d'apporter pour l'avenir à 5, 10 et 20 ans. Voilà ce que nous attendons à la CFDT parce que c'est tout simplement des solutions qui maintenant deviennent urgentes pour que les salariés ne connaissent pas de plus gros problèmes demain.
DOMINIQUE SOUCHIER
Ca ressemble à une prise de position politique à quelques mois des présidentielles. Qu'est-ce que vous pensez de l'autre candidat, Jacques Chirac ?
NICOLE NOTAT
Je ne vais rien penser des candidats un par un, je vais écouter ce qu'ils vont avoir à nous dire, parce que nous sommes des gens qui dans la société française, comme tous les syndicats partout où ils existent, de par je dirais leur fonction savent analyser ce qui est bon, ce qui n'est pas bon pour les salariés aujourd'hui dans les programmes politiques. Donc voilà nous allons jouer notre rôle de syndicat indépendant, la CFDT ne donnera pas plus à cette élection qu'avant de consignes de vote, les salariés sont majeurs
DOMINIQUE SOUCHIER
Même déguisées, même de façon déguisée ?
NICOLE NOTAT
Pas du tout, les salariés sont majeurs, simplement nous saurons tenir notre place dans le débat public qui va s'organiser à l'occasion de ces élections et faire valoir des solutions qui à nos yeux en sont ou n'en sont pas.
(source http://www.cfdt.fr, le 12 septembre 2001)
Nicole Notat, bonjour.
NICOLE NOTAT
Bonjour.
DOMINIQUE SOUCHIER
La CFDT ne croyait pas à la fusion Brandt Moulinex. Vous l'aviez dit il y a un an et malheureusement l'histoire vous donne raison. Aujourd'hui croyez-vous encore à une possible survie de Moulinex ?
NICOLE NOTAT
On a bien envie d'y croire, en particulier pour les salariés. Et puis quand on reçoit une nouvelle de ce genre, on comprend bien que les salariés sont d'abord abattus. Je dirais que " chat échaudé craint l'eau froide ". Nous avions, il y a un an tout juste, dit que cette fusion était à risque, la fusion Elfi Brandt avec Moulinex. Nous avions alors attiré l'attention sur un projet qui ne nous apparaissait pas tout à fait fiable et viable. Malheureusement nous avions raison, nous n'en sommes pas heureux. Mais cela signifie qu'aujourd'hui, sur tous les projets qui pourraient se dessiner, nous allons tout simplement redoubler de vigilance et que nous ne laisserons personne prendre des décisions trop à la légère. Parfois, en espérant régler un problème de court terme, on a l'impression que ça va aller mieux, on apaise les esprits pour finalement le reporter plus loin, ce n'est pas une bonne solution.
DOMINIQUE SOUCHIER
Quand Lionel Jospin et Laurent Fabius assurent que tout va être fait pour les salariés de Moulinex, vous dites " méfiance ", c'est ce que vous dites-là ?
NICOLE NOTAT
Oui, "tout va être fait". Nous entendions ce discours il y a un an. Donc oui, il faut que tout soit fait. Il faut aussi qu'on ne se laisse pas griser par des solutions qui n'en seraient pas. Nous voulons des solutions qui tiennent la route, nous voulons aussi - parce qu'il y aura de la casse, les salariés maintenant en sont sûrs - que les salariés ne fassent pas les frais de ces erreurs de ces opérations et que le droit au reclassement soit la ligne de conduite pour tout le monde.
DOMINIQUE SOUCHIER
Qu'est-ce qu'on pourrait proposer comme solution qui n'en serait pas une ?
NICOLE NOTAT
J'entends qu'il y a peut-être à nouveau des projets, des repreneurs. En nous reportant à un an en arrière, nous entendions aussi que cette fusion Moulinex Brandt allait être la solution qui allait sauver Moulinex ; on s'aperçoit qu'elle n'a pas été du tout à la hauteur. En tout cas sur les promesses qui ont été faites. Nous allons tout simplement veiller à ce que les solutions soient des solutions économiquement, industriellement et socialement viables.
DOMINIQUE SOUCHIER
A chaque dépôt de bilan, on accuse l'actionnaire, là pour le coup, il y a lieu de le faire ?
NICOLE NOTAT
Oui, bien évidemment, c'est au départ que les choses ont été mises sur de mauvais rails.
DOMINIQUE SOUCHIER
Les plans sociaux s'accélèrent, est-ce qu'à chaque fois on donne les mêmes chances aux victimes ?
NICOLE NOTAT
Malheureusement non. La médiatisation met les projecteurs sur certaines entreprises et donc sur les salariés concernés par ces entreprises de manière plus forte que sur d'autres. En tout cas, les salariés doivent savoir, leurs délégués syndicaux et la CFDT en particulier, n'ont pas de stratégie différente selon que l'entreprise est dans le projecteur médiatique ou pas. Donc tous les jours confrontés à ces réalités-là et ça mobilise, ça remobilise malheureusement aujourd'hui beaucoup d'énergie de nos délégués syndicaux. Ils sont, je dirais les premiers à regarder les raisons, les justifications, les réalités économiques de leur entreprise pour pouvoir faire preuve à la fois de beaucoup de vigilance et de beaucoup de rigueur dans l'analyse de tout, ça pour ne pas emmener et l'entreprise et les salariés dans le mur. A chaque fois que l'entreprise connaît des réorganisations, des restructurations, voire des évolutions d'effectifs en baisse, la préoccupation sur le reclassement des salariés, l'obligation de la responsabilité sociale des entreprises est vraiment ce que nous mettons en première priorité.
DOMINIQUE SOUCHIER
Alors Nicole Notat, parlons de ce livre et de cette enquête que la CFDT va donc publier cette semaine aux éditions Syros, Le travail en question. Je pense que vous devez être la première surprise, parce que vous, les syndicalistes, vous ne cessez de dénoncer la pression exercée par les patrons, mais les salariés, eux se plaignent plutôt et surtout de la pression exercée par les clients.
NICOLE NOTAT
Oui, je crois qu'il y a là une réalité nouvelle qu'il nous faut maintenant complètement intégrer. Certes la pression de la hiérarchie existe toujours, il ne faut pas la négliger, mais en particulier, tous les salariés qui vivent maintenant dans le secteur des services, qui ont affaire au travail social, qui ont affaire à des clients, qui ont affaire à des usagers, disent "nous avons une réalité supplémentaire, c'est cette relation aux clients et elle pèse sur nous", c'est-à-dire qu'à la fois, et c'est ça qui est paradoxal, ce sont les salariés de ce secteur qui disent avoir un travail le plus valorisant ou en tout cas plus valorisant que d'autres, ils ont moins le sentiment d'un travail subi
DOMINIQUE SOUCHIER
Ceux qui sont en contact avec la clientèle disent ça ?
NICOLE NOTAT
Ceux qui sont en contact avec la clientèle, si vous voulez, où il y a le contact au travail qui valorise leur travail, mais qui aussi génère plus de stress, plus de complexité tout simplement dans la relation avec les usagers, les clients. Tout ça pèse et nous devons prendre en compte cette réalité dans la manière dont nous envisageons tout simplement l'amélioration des conditions de travail de ces salariés.
DOMINIQUE SOUCHIER
Autre chose. Pourquoi vous tenez autant à ce que le Medef revienne à la Sécurité sociale ? Pourquoi les patrons, vous font plus peur dehors que dedans ?
NICOLE NOTAT
Ecoutez, il y a une chose simple, c'est que nous avons en France un système de protection sociale qui a clairement opté pour la protection sociale collective, qui ne laisse pas chaque individu confronté aux aléas de la maladie, de la vieillesse. Mais tout cela relève d'une responsabilité qui engage l'Etat bien sûr, mais qui engage aussi les entreprises et les salariés. Ce projet commun, je dirais ce fond culturel commun à la France, je préfère que les patrons soient dans la Sécurité sociale pour continuer à le défendre, parce que cela signifie qu'ils sont concernés, impliqués. Ils ont certes à mener leur vision des choses, qui sera la manière de défendre les intérêts des entreprises dont ils sont les représentants mais au service de ce système, sans en changer. Et s'ils sont dehors, je crains qu'ils soient un peu tentés par d'autre systèmes, vous savez, un petit espace de privatisation, un petit espace à côté de la protection collective qui pourrait naître sur de nouvelles perspectives de ce genre, je crois que c'est mettre le doigt dans un engrenage dont tout le monde mesure qu'il n'est pas souhaitable et
DOMINIQUE SOUCHIER
Vous redoutez une influence du numéro 2 du Medef, Denis Kessler, qui dirige la Fédération des assurances ?
NICOLE NOTAT
Oh ce n'est pas seulement, me semble-t-il, une affaire de personnes, c'est que ce débat est beaucoup plus global, il est dans l'air du temps, et puis cet autre débat qui est dans l'air du temps, c'est l'étatisation contre la privatisation. Alors si nous n'avons plus ce système, il n'y a pas de mystère, ça veut dire qu'on va dans un système où l'État est en première ligne sur tout, directement l'État est en relation avec l'assuré social, avec l'individu dans la société, il n'y a plus d'intermédiaire, ce que nous sommes, les patrons de leur côté, nous les syndicats de l'autre. Ces systèmes-là, je crains que l'État en première ligne, ce soit un jour un État qui déçoit, un État plus affaibli aussi et que donc toutes les voies alternatives, sans faire les épouvantails inutiles vers la privatisation, puisse davantage trouver des échos.
DOMINIQUE SOUCHIER
A huit mois des présidentielles, après ce qu'a dit le Premier ministre à la télévision et à l'université d'été de La Rochelle, est-ce que vous pensez toujours que Lionel Jospin pratique un réformisme honteux, comme vous l'aviez dit ?
NICOLE NOTAT
Ecoutez
DOMINIQUE SOUCHIER
Vous l'avez dit ?
NICOLE NOTAT
Oui bien sûr parce qu'à la CFDT, nous sommes persuadés que le chemin de la réforme, c'est celui, je pense aux retraites, mais je pense aussi à notre Sécurité sociale, qui permet le mieux de sauver les acquis auxquels nous sommes attachés en France et en Europe, les droits sociaux, les protections collectives.
DOMINIQUE SOUCHIER
Et vous avez l'impression que Lionel Jospin ne le fait pas ?
NICOLE NOTAT
C'est-à-dire que ce gouvernement en a beaucoup parlé, ce gouvernement n'est pas resté inactif, mais on n'a pas l'impression qu'il prend à bras le corps ces réponses qu'il convient d'apporter pour l'avenir à 5, 10 et 20 ans. Voilà ce que nous attendons à la CFDT parce que c'est tout simplement des solutions qui maintenant deviennent urgentes pour que les salariés ne connaissent pas de plus gros problèmes demain.
DOMINIQUE SOUCHIER
Ca ressemble à une prise de position politique à quelques mois des présidentielles. Qu'est-ce que vous pensez de l'autre candidat, Jacques Chirac ?
NICOLE NOTAT
Je ne vais rien penser des candidats un par un, je vais écouter ce qu'ils vont avoir à nous dire, parce que nous sommes des gens qui dans la société française, comme tous les syndicats partout où ils existent, de par je dirais leur fonction savent analyser ce qui est bon, ce qui n'est pas bon pour les salariés aujourd'hui dans les programmes politiques. Donc voilà nous allons jouer notre rôle de syndicat indépendant, la CFDT ne donnera pas plus à cette élection qu'avant de consignes de vote, les salariés sont majeurs
DOMINIQUE SOUCHIER
Même déguisées, même de façon déguisée ?
NICOLE NOTAT
Pas du tout, les salariés sont majeurs, simplement nous saurons tenir notre place dans le débat public qui va s'organiser à l'occasion de ces élections et faire valoir des solutions qui à nos yeux en sont ou n'en sont pas.
(source http://www.cfdt.fr, le 12 septembre 2001)