Texte intégral
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bonjour Myriam El KHOMRI.
MYRIAM EL KHOMRI
Bonjour.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
De 4 à 500 000 selon les syndicats, 224 000 selon la police. Que dites-vous ce matin de cette mobilisation des opposants à votre projet de réforme du Code du travail, que vous portez ? Même pas mal ?
MYRIAM EL KHOMRI
Nous ne sommes pas dans une bataille de chiffres, il y a des critiques qui s'expriment, des incompréhensions, des doutes, sur cet avant-projet de loi, qui je le rappelle est au Conseil d'Etat, qui n'a toujours pas été présenté en Conseil des ministres.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais tout le monde en parle.
MYRIAM EL KHOMRI
Il faut les entendre. Il faut les entendre et d'ailleurs ça a été ma méthode depuis le début, puisque dès que la pétition avait été lancée, j'avais choisi de répondre à l'ensemble des pétitionnaires, et puis c'est le sen aussi des 15 jours
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Plus de 1,2 million, ce n'est pas rien.
MYRIAM EL KHOMRI
J'ai donc répondu à l'ensemble des pétitionnaires, je suis dans cette démarche de dialogue, d'écoute, et donc c'est le sens aussi des 15 jours que nous avons pris, supplémentaires, avec le Premier ministre, avec Emmanuel MACRON, pour rencontrer l'ensemble des organisations syndicales et patronales
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On va venir aux mesures, dans un instant, Myriam El KHOMRI.
MYRIAM EL KHOMRI
et afin de retrouver un juste point d'équilibre autour de ce projet de loi.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Jean-Marie LE GUEN, qui est le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, parle de la mobilisation, il dit qu'elle n'a pas fait la démonstration du refus. Vous partagez son point de vue ?
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez, non, moi j'entends, il y a eu, il y a des inquiétudes, les personnes étaient mobilisées dans la rue, je crois qu'il est important de répondre à certaines des critiques qui sont portées, cet avant-projet de loi, mais je ne suis pas là en train de commenter les chiffres, sincèrement, ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est comment on réforme le pays.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous n'avez pas envie de nous dire si c'est beaucoup ou pas beaucoup en fait, c'est ça.
MYRIAM EL KHOMRI
Non, je ne vois pas l'intérêt aujourd'hui de commenter. Il y a une mobilisation, elle est là, il faut l'entendre, il y a des critiques, c'est le sens des 15 jours, et c'est le sens de la recherche d'un équilibre. Voilà le sujet.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Alors, très concrètement, le gouvernement aurait donc plusieurs pistes pour la nouvelle mouture qui sera présentée, c'est lundi, lundi prochain
MYRIAM EL KHOMRI
Tout à fait.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
à Manuel VALLS. L'une d'elles, information France Info, serait de surtaxer les CDD pour inciter les patrons à embaucher. Vrai, faux ?
MYRIAM EL KHOMRI
Il y a eu en 2013, une sur-cotisation pour les employeurs qui utilisaient des contrats courts
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça existe déjà, oui.
MYRIAM EL KHOMRI
une cotisation à l'assurance chômage. Cette cotisation, sur-cotisation, visait justement à limiter le recrutement en contrats courts. Aujourd'hui, on le voit, cette sur-cotisation n'a pas eu l'effet escompté, puisqu'on a quand même le deuxième pays utilisateur de l'Union européenne, dans des CDD de moins d'un mois, et donc pourquoi, parce que la sur-cotisation est plutôt modeste, et elle ne concernait pas l'ensemble des contrats courts. Donc, en effet, dans la discussion avec les partenaires sociaux, sur la nouvelle convention assurance chômage, cette question est posée sur la table et cette question elle a un lien avec ce projet de loi. Pourquoi ? Parce qu'elle vise à réduire la précarité, parce que nous savons bien que les personnes
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc, vous allez le faire ?
MYRIAM EL KHOMRI
Nous savons bien que les personnes qui ont des contrats courts, qui ont des CDD, ont des difficultés d'accès au logement, ont des difficultés d'accès au crédit, et donc l'objectif c'est d'encourager en CDI, et vous le voyez bien, lorsque nous portons des mesures, qui font débat, qui posent des questionnements sincères, notamment autour du barème des indemnités prud'homales ou autour de la précision de ce que sont les difficultés économiques dans le cadre du licenciement économique
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Définition du licenciement, oui.
MYRIAM EL KHOMRI
cela vise justement à lever, à encourager le recrutement en CDI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc vous allez le faire, vous allez surtaxer.
MYRIAM EL KHOMRI
C'est posé, c'est sur la table et ça relève des partenaires sociaux, puisque c'est eux qui négocient
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
D'accord, la proposition existe.
MYRIAM EL KHOMRI
La proposition existe, elle est portée par certains partenaires sociaux dans le cadre des négociations autour de l'assurance chômage, et je dis, c'est en corrélation avec ce projet de loi, qui vise à réduire la précarité et encourager le CDI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Deuxième piste, deuxième information France Info, le Premier ministre serait prêt à abandonner l'allongement du temps de travail des apprentis, qui a fait débat.
MYRIAM EL KHOMRI
Cher Jean-François ACHILLI, je ne vais pas faire ici l'issue des concertations avant même qu'elles aient toutes été menées. Nous recevons encore aujourd'hui des partenaires sociaux.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ces pistes sont évoquées publiquement aujourd'hui.
MYRIAM EL KHOMRI
Mais cette question des apprentis, aujourd'hui, cette réalité de la possibilité de travailler 40 heures par semaine, existe déjà, elle existe avec une autorisation de l'Inspection du travail. Ce qui était proposé dans le projet de loi, c'était de rester à droits constants, et de passer à un régime de déclaration. Cette question a provoqué en effet des questionnements légitimes, il s'agissait de changer la procédure administrative, et en effet, c'est sur la table, justement, pour retirer cette proposition.
FABIENNE SINTES
Myriam El KHOMRI, vous ne vouliez pas commenter les chiffres de la rue à l'instant, mais là vous répondez à la rue, typiquement, parce que la semaine, par exemple, de travail, pour les apprentis, c'est typiquement quelque chose à destination des jeunes qui ont manifesté hier.
MYRIAM EL KHOMRI
Je réponds également à l'ensemble des partenaires sociaux, et c'est l'objectif de ces concertations. Mais le bilan de ces concertations, nous le donnerons lundi. Il y a des pistes qui sont posées sur la table, nous connaissons les points difficiles. L'enjeu c'est de trouver un équilibre, mais l'enjeu c'est surtout de traiter les problèmes qui se posent dans notre pays. Et dans notre pays, en effet, nous avons une situation, un monde du travail qui est rigide. Notre pays crée moins d'emploi que les autres, même si, bonne nouvelle annoncé ce matin, en 2015 nous avons créé près de 80 000 emplois salariés marchands, c'est plus que ce que nous espérions
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est une information qui vient de tomber.
MYRIAM EL KHOMRI
et c'est après plusieurs années de destructions d'emplois. Ce qui montre bien que la politique qui est menée, le pacte de responsabilité, le CICE, l'aide embauche PME que nous avons lancée le 18 janvier, où il y a un écho très favorable des employeurs, commence à porter ses fruits. C'est encourageant.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Il n'y a pas que des mauvaises nouvelles, c'est ça, 82 300 créations nettes d'emplois, marchands.
MYRIAM EL KHOMRI
Le chômage des jeunes a diminué de 30 000 en 2015, donc ce sont des signes qui sont encourageants, mais cette réforme, il y a des réformes conjoncturelles qui ont été apportées par ce gouvernement, il y a aussi des réformes structurelle que nous devons apporter.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Myriam El KHOMRI, rarement un avant-projet de loi aura été autant commenté. Vous avez vu ce qui circule sur les réseaux sociaux ? Il est dit que la loi remettrait en cause la durée, on en parle beaucoup, la durée minimale de congés en cas de décès d'un proche. Ce qui vous est reproché dans ce qui est avancé, c'est qu'on ne parle plus de durée, parce qu'il est question de deux jours aujourd'hui. Vous y touchez ou pas à ça ? Parce que ça provoque beaucoup d'émotion.
MYRIAM EL KHOMRI
Alors, l'objectif, et je crois que c'est là où il y a parfois des divergences de fond au sein de ma propre famille politique. L'objectif de cette loi, c'est de laisser une plus grande place à la négociation collective, c'est-à-dire de laisser la possibilité, aux représentants légitimes de salariés, les syndicats et les employeurs, d'avoir plus d'objets de négociations à l'intérieur de l'entreprise Pourquoi ? Parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui, le Code du travail, il est gros, parce qu'il y a eu beaucoup de dérogations, parce qu'on veut répondre à la situation des entreprises, et on ne peut pas y répondre. Donc l'objectif de ce projet de loi est justement de permettre d'ouvrir l'espace de négociations.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc, oui, la durée n'est plus figée, quoi.
MYRIAM EL KHOMRI
S'agissant des congés, absolument pas
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Des décès.
MYRIAM EL KHOMRI
Des décès d'un proche, et j'entends bien qu'il y a, je crois que c'est Marion MARECHAL LE PEN également qui disait que justement
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Qui l'a évoqué hier matin sur France Inter.
MYRIAM EL KHOMRI
Exactement, c'est complètement faux, puisqu'aujourd'hui, un congé pour décès d'un proche, va de un à deux jours, et que dans le projet de loi, justement, nous l'alignons à deux jours. Donc il y a bien là aussi une forme de fantasme qui est faite autour de ce projet de loi, mais je le rappelle, et je pense que c'est le sens de ce projet de loi, est c'est une nouvelle démocratie sociale, et c'est en cela que la philosophie change, et c'est nécessaire, c'est nécessaire parce que je crois qu'il est important de rappeler, l'équation elle est simple, il n'y a pas de souplesse sans négociation. Pas de souplesse aux entreprises, sans négociation. Et vu ce que les entreprises veulent des souplesses, eh bien donc elles devront négocier. Aujourd'hui, il y a des souplesses qui ont accordées avec des accords à 30 %, demain ça sera avec des accords à 50 %. Voilà les garanties
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Oui, ce sont les entreprises qui vont gérer quand même, les accords d'entreprise qui vont gérer nos vies, c'est ce que vous est reproché dans la rue, c'est ça en fait.
MYRIAM EL KHOMRI
Non, il y a les accords de branches, notamment pour les entreprises où il n'y a pas de représentation syndicale, et puis il y a les accords d'entreprise, notamment sur la question du temps de travail. Moi je pars du principe que, aujourd'hui, dans un monde du travail qui a beaucoup évolué, les adaptations peuvent être nécessaires au plus près du terrain, avec les représentants
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
On a bien compris le message. Guy BIRENBAUM.
GUY BIRENBAUM
Pourquoi, Madame la Ministre, vous allez me dire que vous n'étiez pas aux responsabilités, avant, pourquoi ça vient si tard, si c'est si important dans le quinquennat ?
MYRIAM EL KHOMRI
Nous avons fait beaucoup, je pense notamment sur la question de l'emploi des jeunes, avec la mise en place de la garantie jeunes, avec aussi la régulation des stages, l'encadrement des stages, pas plus de 15 % dans les entreprises, avec les contrats d'avenir, et nous voyons bien que, avec le pacte de responsabilité, le CICE, nous le voyons bien que nous sommes dans une autre dynamique, plus positive, une croissance qui est un petit peu meilleure, des créations d'emploi qui sont meilleures aussi après plusieurs années de destruction, mais on voit bien aussi que nous n'arrivons pas à traiter des problèmes de fond dans notre société, et les problèmes de fond, c'est une rigidité qui fait que parfois la capacité d'adaptation au plus près du terrain, la possibilité laissée de répondre à un type de commandes, pic d'activités, aujourd'hui, nous n'avons pas toujours cette possibilité là. Donc je crois que, en effet, ça arrive tardivement, en effet, mais je crois que quand on sert son pays, quand moi je dois annoncer tous les mois des chiffres des demandeurs d'emploi qui sont des hommes et des femmes qui ont des difficultés, quand on regarde que presque 90 % des embauches se font en CDD, que les personnes qui en sont le plus victimes, ce sont les jeunes, ce sont les femmes, ce sont les personnes les moins qualifiées dans notre pays, quand on regarde cette situation-là, eh bien on se dit qu'il faut les traiter. Et la réticence à embaucher en CDI, réelle ou ressentie, vous discutez avec les artisans, des commerçants, elle est très présente, et il faut la traiter également
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais, pour rebondir sur ce que dit Guy BIRENBAUM, Jean TIROLE, le Prix Nobel d'Economie, dit depuis longtemps, ce n'est pas un dangereux révolutionnaire, ça existe ailleurs, pourquoi ne pas avoir fait la bonne réforme ?
GUY BIRENBAUM
Plus tôt.
MYRIAM EL KHOMRI
Mais la réforme que je porte, elle n'est pas née du mois dernier, il y a eu un rapport porté par Jean-Denis COMBREXELLE, qui a été commandé au printemps dernier. Ce rapport nous a été remis en septembre. Suite à ce rapport, j'ai mené près de six concertations, six bilatérales avec chacune des organisations, sur ce rapport de Jean-Denis COMBREXELLE, j'ai même proposé aux partenaires sociaux s'ils souhaitaient une négociation dessus, ils ne l'ont pas souhaitée. Donc cette réforme a fait l'objet de concertations. Il y a des mesures qui sont arrivées tardivement, la question notamment du licenciement économique, qui a fait qu'il y a eu peu ou pas de pédagogie sur cette loi, au moment où cette mesure est arrivée, mais je crois qu'aujourd'hui, est c'est pour ça que nous avons pris le temps, je pense que c'est le symbole d'une gouvernance ouverte
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais vous avez toute la gauche déchirée, regardez, vous avec le MJS, le Mouvement des Jeunes Socialistes, contre un président socialiste, dans la rue, c'est quand même un truc inédit quoi, non ?
MYRIAM EL KHOMRI
J'ai rencontré les MJS cette semaine.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ils sont contre vous, les jeunes socialistes !
MYRIAM EL KHOMRI
Il y a une philosophie nouvelle qui est portée dans cette loi, c'est comment nous pouvons permettre des adaptations au plus près du terrain, entre les syndicats, les entreprises, afin d'améliorer la compétitivité de notre économie, et en même temps protéger les salariés. D'ailleurs, dans ma loi, j'augmente de 20 % la moyens des ces syndicats.
GUY BIRENBAUM
Alors, Jean-François ACHILLI indiquait à quel point la gauche est déchirée, et ça s'est même déchiré au sein de votre cabinet. J'ai vu hier un reportage assez surréaliste sur votre ancien conseiller, votre ancienne plume, Pierre JACQUEMIN, suivi par une équipe de télévision, dans la manifestation, à Paris, et expliquant que
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
C'est sur BFM TV.
GUY BIRENBAUM
Sur BFM TV, absolument vous êtes vraiment une femme de gauche, mais vous vous êtes faites avoir par Matignon, ce qu'il a répété depuis qu'il a quitté votre cabinet, c'est dans tous les médias, c'est très surprenant quand même.
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez, Pierre JACQUEMIN, c'est un militant, c'est un militant proche de Jean-Luc MELENCHON, qui ne fait plus partie en effet de mon cabinet. Je ne suis pas là, pour moi ça n'a aucun intérêt, je ne suis pas là pour venir commenter son plan médias, pour vous dire les choses très sincèrement, et pour ma part, qu'il y ait divergences au sein de la gauche sur cette question-là, je l'entends. Après, moi je suis ministre de l'Emploi et du Travail, et mon objectif c'est de servir mon pays. Et cette réforme, elle est nécessaire. Elle doit être équilibrée, c'est l'objectif de ces concertations, mais elle est nécessaire. Ne fermons pas les yeux sur ce qu'ont fait nos voisins européens, l'enjeu n'est pas de copier. Mon projet, ce n'est pas de mettre en place des mini jobs à l'allemande ou des contrats zéro heure, ce n'est pas le projet que je porte, mais nous devons agir.
FABIENNE SINTES
Est-ce que vous avez l'impression de faire les frais des divisions de la gauche, en fait, la révision de la Constitution, du reste, vous êtes un peu la loi qui fait déborder le vase de cette constitution à gauche, en fait, non ? Vous ne le sentez pas, ça ?
MYRIAM EL KHOMRI
Que ma loi soit l'otage, de la fin de la déchéance, des primaires à droite, à gauche, j'entends tout cela, j'entends tout cela, mais moi
FABIENNE SINTES
Mais vous pensez qu'elle l'est ou pas ?
MYRIAM EL KHOMRI
J'entends bien qu'il y a un contexte
FABIENNE SINTES
Est-ce que votre loi est l'otage de la déchéance ?
MYRIAM EL KHOMRI
J'entends bien que, autour de ma loi, il y a un contexte particulier, et que ce contexte particulier fait que certains en profitent pour marquer une vraie défiance en direction de ce gouvernement. C'est pas mon sujet, c'est pas mon sujet, moi j'ai été nommée il y a six mois, j'ai été nommé non pas pour annoncer tous les moins le chiffres du chômage, j'ai été nommée pour régler la situation de l'emploi dans notre pays. Et donc je ne suis pas sourde ni aveugle, ni à ce qui est dit dans la rue, ni à ce qui s'est passé au niveau européen, et donc l'objectif, c'est vrai que nous créons moins d'emploi que nos voisins, c'est vrai qu'il y a des solutions qui ont été mises en oeuvre dans certains pays, est-ce que toutes ces solutions sont bonnes ? Je ne le crois pas. Je propose un nouveau modèle, mais je pense qu'aujourd'hui notre système est arrivé à bout de souffle et je crois que notamment en ce qui concerne le quotidien des ces salariés, avec cette garantie qui est la signature d'accords majoritaires avec les syndicats, je crois qu'il faut que nous arrivions à passer d'une culture de l'affrontement à une culture du compromis.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Myriam El KHOMRI, on ne sait pas ce que va devenir la mobilisation, puisque d'autres dates sont prévues, dès la semaine prochaine avec l'UNEF, le 31 mars avec les syndicats hostiles à la réforme. Est-ce que vous n'en avez pas ras le bol, vous-même, que votre nom El KHOMRI, soit brandi comme une marque négative à tout bout de champ, vous êtes devenue une sorte de symbole de ce qui ne fonctionne plus dans ce quinquennat, vous, in situ personne ?
MYRIAM EL KHOMRI
Ça n'a aucune importance.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ah j'étais sûr que vous me répondriez ça.
MYRIAM EL KHOMRI
Ça n'a aucune importance.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais vous le pensez, ça ?
MYRIAM EL KHOMRI
Moi, ce que je veux, c'est que mon nom soit associé à une réforme juste et nécessaire et je pense que ce sera le cas le moment venu.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais vous êtes tweetée partout.
FABIENNE SINTES
Ça fait mal un peu quand même, non, Myriam El KHOMRI.
GUY BIRENBAUM
Ça pique !
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
El KHOMRI, la loi El Khomri !
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez, je ne suis pas là pour m'apitoyer sur mon sort. J'ai
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous commettez un lapsus à l'Assemblée, c'est la risée, vous avez un malaise, tout le monde en parle.
MYRIAM EL KHOMRI
C'est vrai que l'emballement médiatique sur mon malaise m'a vraiment
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous le vivez bien ça ?
MYRIAM EL KHOMRI
Mais je le vis très bien. Vous savez, moi je ne suis pas là Je ne suis pas issue d'un milieu où en effet on s'apitoie sur son sort, il faut avancer. Moi, ce que je porte, c'est une réforme pour mon pays, et je ferai tout, le moment venu, pour que mon nom soit associé à une réforme juste et nécessaire, parce que nous devons avancer ?
FABIENNE SINTES
Myriam El KHOMRI, invitée de France Info ce matin, merci beaucoup.
MYRIAM EL KHOMRI
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2016