Interview de Mme Pascale Boistard, secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées et de l'autonomie à Public Sénat le 10 mars 2016, sur l'accessibilité des droits sociaux et notamment l'obtention de l'allocation personnalisée d'autonomie.

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Média : Public Sénat

Texte intégral


CYRIL VIGUIER
Bonjour à tous. Et bienvenue dans « La Matinale d'info » de Public Sénat et de Sud Radio avec la presse quotidienne régionale. Aujourd'hui, au lendemain des mouvements sociaux, nous recevons une membre du gouvernement. Bonjour Pascale BOISTARD, vous êtes secrétaire d'Etat, chargée des Personnes âgées et de l'autonomie. Et pour vous interroger aujourd'hui, Christophe BORDET de Sud Radio. Bonjour Christophe.
CHRISTOPHE BORDET
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Et Michael SZAMES, de Public Sénat, sont avec nous. Bonjour Michael.
MICHAEL SZAMES
Bonjour à tous.
CYRIL VIGUIER
Pascale BOISTARD, les jeunes dans la rue, quand on est une femme de gauche, est-ce que cela vous préoccupe, en même temps, c'était votre électorat…
PASCALE BOISTARD
Ça l'est toujours…
CYRIL VIGUIER
Et on se dit au fond que le quinquennat de François HOLLANDE ne leur a pas servi ; est-ce que ça vous préoccupe ça ?
PASCALE BOISTARD
Moi, si vous voulez, je peux comprendre les inquiétudes de la jeunesse aujourd'hui, et vous savez que c'est une priorité pour nous au gouvernement, et c'est pour ça qu'il y a beaucoup de mesures qui ont été prises, je pense à la Garantie Jeunes, qui est l'une des dernières mesures à destination de la jeunesse, parce que, ce à quoi ils sont confrontés, c'est beaucoup de précarité…
CYRIL VIGUIER
Donc vous comprenez ces manifestations ?
PASCALE BOISTARD
Je comprends les inquiétudes de la jeunesse…
CYRIL VIGUIER
Mais pas la manifestation elle-même ?
PASCALE BOISTARD
Je pense qu'il y a eu beaucoup de désinformation quant au texte sur lequel ils ont manifesté. Mais je dirais que le débat qui a lieu et le dialogue qui a été réinstauré par le gouvernement va permettre aussi d'éclaircir de nombreux points.
CYRIL VIGUIER
Michael SZAMES, avec des chiffres aussi qui sont tombés.
MICHAEL SZAMES
Oui, l'Etat vient d'annoncer que l'économie française a créé 82.300 emplois marchands en 2015, c'est beaucoup plus que les prévisions estimées, quasiment le double, c'est la réponse aujourd'hui à la rue ?
PASCALE BOISTARD
Ce n'est pas la réponse à la rue, c'est la réponse aussi au pays, ce sont beaucoup d'efforts qui ont été consentis, beaucoup de courage politique aussi pour mener des réformes, et ce courage, nous souhaitons le continuer à travers de nouvelles réformes, parce que, il était important aussi pour notre pays de recréer justement des emplois.
MICHAEL SZAMES
Ça veut dire que c'est la seule politique possible à mener aujourd'hui, la vôtre ?
PASCALE BOISTARD
En tous les cas, vous pouvez le constater avec moi ce matin, c'est en tout cas une politique qui recrée de l'emploi.
CHRISTOPHE BORDET
Pascale BOISTARD, après les manifestations d'hier, le Premier ministre envisage, semble-t-il, de surtaxer les CDD pour obliger les patrons à embaucher en CDI. Tout d'abord, les CDD ont déjà été taxés récemment, il y a quelques mois, là, on parle d'une surtaxe, est-ce que ça, c'est une bonne solution ?
PASCALE BOISTARD
D'abord, ça fait partie d'un dialogue, et puis, vous savez que lundi, l'ensemble des partenaires, qui ont été auditionnés…
CHRISTOPHE BORDET
Donc c'est une des mesures qui pourrait être annoncée lundi ?
PASCALE BOISTARD
C'est une des mesures qui est discutée parmi d'autres…
MICHAEL SZAMES
Myriam El KHOMRI vient de dire que le dossier était sur la table, donc c'est plus que confirmé…
PASCALE BOISTARD
Le dossier fait partie effectivement, ce sujet fait partie des discussions.
CHRISTOPHE BORDET
Donc est-ce que c'est la solution pour créer de l'emploi ?
PASCALE BOISTARD
Mais ce n'est pas la solution, c'est un ensemble de solutions, qui doivent justement permettre de débloquer ce marché de l'emploi, parce que, à un moment donné, vous voyez bien dans quelle situation nous étions quand nous sommes arrivés en 2012, face à des déficits publics énormes, et en même temps, avec de la destruction massive de l'emploi industriel, et puis, une jeunesse, mais aussi pas qu'une jeunesse, face à des situations humaines absolument terribles, de ne pas avoir d'espoir de retrouver un emploi ou d'en trouver un pour la première fois, et aussi un contexte aussi de monde du travail avec beaucoup de précarité, il faut le dire. Donc c'est tout cela dont il faut discuter…
CHRISTOPHE BORDET
A priori, Pascale BOISTARD, a priori, la plupart des CDD qui sont signés aujourd'hui, beaucoup d'entre eux en tout cas, c'est pour des périodes extrêmement courtes, une semaine par exemple…
PASCALE BOISTARD
Exactement.
CHRISTOPHE BORDET
Si on oblige demain les employeurs à passer ces CDD en CDI, ça a l'air tout juste impossible, non ?
PASCALE BOISTARD
Mais tout dépend comment, si vous voulez, le dialogue se fait, comment la situation évolue économiquement aussi. Les entreprises, c'est pour ça qu'on les a aussi soutenues, avaient aussi beaucoup de précarité, si je peux dire, pour elles-mêmes, quant aux commandes qu'elles pouvaient avoir, qui n'arrivaient pas. Une défiance aussi par rapport au soutien économique qui ne leur était plus fait ou quasi plus fait, on va dire, et tout cela, il a fallu y travailler, et c'est un long travail qui s'est mené depuis plus de trois ans…
CHRISTOPHE BORDET
Et surtaxer les CDD, ce n'est pas contreproductif, quand on sait que, aujourd'hui, les patrons justement se plaignent d'avoir beaucoup trop de taxes à payer ?
PASCALE BOISTARD
Si vous voulez aussi que dans le monde du travail, vous ayez une continuité, une valeur ajoutée à tout ce que vous faites et ce que vous voulez créer, il y a un moment donné, la stabilité, c'est aussi une valeur sûre, je dirais, pour tout le monde.
MICHAEL SZAMES
L'autre point d'achoppement, c'est les indemnités prudhommales, le gouvernement se dit prêt aussi, là, à reculer, donc là, quand on voit surtaxe…
PASCALE BOISTARD
A discuter, oui…
MICHAEL SZAMES
A discuter, peut-être, ou reculer, on verra, on verra lundi. Quand on voit surtaxe pour les CDD, quand on voit peut-être recul sur les indemnités prudhommales, qu'est-ce qui va rester de ce texte ?
PASCALE BOISTARD
Mais je vous rappelle que ce texte…
MICHAEL SZAMES
Manuel VALLS avait dit : on va aller jusqu'au bout !
PASCALE BOISTARD
Permettez-moi quand même de faire un petit point de méthode, ce texte, c'était un avant-projet de loi qui n'a même pas encore été présenté devant le Conseil des ministres. Il ne le sera que le 24 mars. Il a été souhaité de reprendre un dialogue sur la base de cet avant-projet, et ce dialogue a lieu en ce moment, il s'est terminé, là, il y a quelques heures. Et lundi, le dialogue, je dirais, va réunir tous les partenaires pour justement que…
CHRISTOPHE BORDET
Y compris les syndicats étudiants qui n'ont pas été invités à la table jusqu'à présent ?
PASCALE BOISTARD
Ecoutez, tous ceux qui ont été auditionnés vont être réunis, et des propositions par le gouvernement vont être faites. Donc il faut qualifier les choses telles qu'elles sont. Et on pourra après, une fois qu'il sera présenté devant le Conseil des ministres, aussi compter sur un débat parlementaire qui, je suis sûre, sera au rendez-vous…
MICHAEL SZAMES
Réécrire, mais peut-être qu'il restera, quoi, peau de chagrin…
PASCALE BOISTARD
Ce n'est pas une question de réécrire... Je vais vous dire, ce n'est pas une question de réécriture, c'est une question de trouver à un moment donné la voie du dialogue, qui nous permet…
MICHAEL SZAMES
La voie de la sortie ?
PASCALE BOISTARD
Non, ce n'est pas la voie de la sortie, c'est pour faire que ce pays sorte de l'ornière dans laquelle il est depuis des années, à savoir, des personnes qui ne trouvent pas d'emploi, pour la première fois ou qui n'en retrouvent pas, après avoir été licenciées ou après un accident de la vie professionnelle. Et aujourd'hui, il faut trouver des solutions pour que ce statu quo, que l'on connaît, dans ses conséquences, puisse évoluer favorablement pour les salariés, mais aussi pour les entreprises, pour permettre aux entreprises de se développer. C'est cet équilibre qu'il faut trouver en fait.
CHRISTOPHE BORDET
Enfin, vous avez juste entendu les manifestants, j'imagine, hier, qui ne demandent pas la réécriture, ils demandent le retrait pur et simple du texte, tous, y compris le président des Jeunes socialistes !
PASCALE BOISTARD
Oui, mais, enfin, il y a des revendications, et puis après, il y a aussi la responsabilité que nous devons avoir de pouvoir faire avancer les choses, et il y a des représentants aussi des syndicaux, qui, eux, souhaitent discuter, faire évoluer le texte, et c'est ce à quoi sert ce dialogue qui est mené depuis plusieurs jours.
MICHAEL SZAMES
Vous avez peut-être vu les propositions, les contre-propositions de Nicolas SARKOZY hier…
PASCALE BOISTARD
Ça, je les ai vues, oui…
MICHAEL SZAMES
Oui, 300.000, publics, et les 37h dans la Fonction publique…
PASCALE BOISTARD
300.000 emplois publics en moins. Voyez, pour ceux qui avaient quelques questions encore à faire la différence entre la droite et la gauche, c'est 300.000 emplois publics, et je vous rappelle ce sur quoi tous les élus de droite et candidats à la primaire sont d'accord, 100 milliards aussi en moins pour le budget, faire des économies sur le budget dans les propositions qui sont faites. Donc effectivement, il faudra d'ailleurs qu'il puisse nous préciser sur quels secteurs, parce que, on parlera tout à l'heure certainement de solidarité, et je crois que c'est une vraie question pour les Français.
CHRISTOPHE BORDET
Pascale BOISTARD, hier, les jeunes qui manifestaient dans la rue, criaient trahison, est-ce que vous avez l'impression – vous êtes secrétaire d'Etat, vous êtes dans ce gouvernement – que ce gouvernement, vous-même, avez trahi les jeunes ?
PASCALE BOISTARD
Moi, je ne crois pas, je ne crois pas du tout à cela, et si vous voulez, depuis 2012, de nombreuses mesures sociales et d'avancées sociales ont été votées par les parlementaires, et proposées par le gouvernement, et validées par le gouvernement, je pense par exemple à ces personnes qui ont travaillé depuis le plus jeune âge…
CYRIL VIGUIER
Mais pourquoi on ne comprend pas ça ? Pourquoi on ne comprend pas ça…
PASCALE BOISTARD
Qui peuvent partir à la retraite à 60 ans, je pense par exemple, je parlais tout à l'heure de la Garantie Jeunes, je pense par exemple aussi à tout ce qu'on a fait sur les droits des femmes, et ce n'est pas une petite affaire que cela…
CYRIL VIGUIER
Est-ce qu'on a un problème de pédagogie, un problème de communication ? Qu'est-ce qui se passe ?
PASCALE BOISTARD
Qu'est-ce qui se passe, je pense que le…
CYRIL VIGUIER
Ils sont dans la rue quand même…
PASCALE BOISTARD
Oui, d'accord, ils sont dans la rue, je ne minimise rien de ce qui s'est passé hier, mais on ne peut pas comme certains le font tout jeter par-dessus bord, vous voyez ce que je veux dire, et il y a un moment, si certains, qui se disent de gauche, veulent vraiment soutenir la gauche, et vu les déclarations de l'ancien président de la République, hier, dans un quotidien de fin d'après-midi, eh bien, on peut voir la différence, et en tous les cas, aux côtés de Marisol TOURAINE, nous menons une politique de gauche, et je crois que nous sommes suffisamment attaqués par la droite pour qu'elle soit notamment qualifiée politique de gauche.
CYRIL VIGUIER
Alors, on va en finir, parlons d'autre chose, on va en venir à vos sujets à vous, Pascale BOISTARD, vous êtes secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées et de l'autonomie. Et vous savez que le parcours administratif pour obtenir l'allocation personnalisée d'autonomie, l'APA, qu'on appelle l'APA, est interminable, très compliqué, et du coup, les gens n'y vont pas forcément. Qu'est-ce que vous pouvez faire contre ça ?
PASCALE BOISTARD
Alors, ce qu'on peut faire, d'abord, il faut expliquer un petit peu comment tout cela se passe, vous savez que c'est une politique qui est menée par les départements, une mise en oeuvre par les départements, et d'ailleurs, la revalorisation de l'APA, qui est portée financièrement, à 100 % par le gouvernement, c'est-à-dire, cette revalorisation est une revalorisation qui représente 375 millions d'euros pour cette année, est en train d'être délivrée justement aux départements, et à eux, évidemment, de mettre en oeuvre. Donc nous avons, dans notre pays, en général, et notamment sur les aspects de droits sociaux, une problématique de simplification. Et donc cette simplification est en cours. Et il faut qu'on puisse y travailler avec tous les partenaires…
CYRIL VIGUIER
Et concrètement, qu'est-ce qui peut être fait par vous, poussé par vous ?
PASCALE BOISTARD
Eh bien, moi, je suis en discussion, et en partenariat avec les collectivités qui délivrent des droits sociaux, et nous souhaitons travailler justement à l'accessibilité des droits sociaux, soit l'APA ou d'autres, parce que, effectivement, il faut que les lois qui sont votées, les dispositifs qui sont adoptés, puissent être évidemment perçus par les citoyens et les citoyennes de ce pays.
CYRIL VIGUIER
Donc ça fait partie de la pédagogie dont vous parliez tout à l'heure, qu'il faut faire aussi ?
PASCALE BOISTARD
Ce n'est pas de la pédagogie, ça, ce sont des actes…
MICHAEL SZAMES
Pascale BOISTARD, vous parliez tout à l'heure, à l'instant même, des départements, vous avez vu leur communiqué hier, ils se sont réunis, il faudra redoubler d'efforts financiers et humains pour aller, en tout cas, dans le sens de votre réforme, ils ne sont vraiment pas contents les départements, alors que vous dites que c'est autofinancé, qu'est-ce qui se passe ? Qui a raison ?
PASCALE BOISTARD
Qui a raison, moi, ce que je peux vous dire, c'est que cette loi d'adaptation de la société au vieillissement, elle a été co-construite par toutes les associations, tous les acteurs du secteur du vieillissement, et l'association des départements de France. Donc moi, et j'ai répondu à des questions d'actualité dernièrement, au Sénat et à l'Assemblée, sur cette question, nous sommes dans un partenariat très fort, parce que je considère qu'aux côtés de l'Etat, les départements, c'est un peu la République sociale, je dirais, de notre pays. C'est le filet social de notre pays au plus près de nos concitoyens…
MICHAEL SZAMES
Alors pourquoi ils vous attaquent ?
PASCALE BOISTARD
Vous savez bien, il y a peut-être quelques…
MICHAEL SZAMES
Non, je ne sais pas, dites-nous…
PASCALE BOISTARD
Quelques raisons parfois un peu politiciennes qui viennent se glisser à un an d'une échéance assez…
MICHAEL SZAMES
C'est une raison politicienne.
CHRISTOPHE BORDET
Donc les départements ne sont pas aux abois financièrement aujourd'hui par exemple ?
PASCALE BOISTARD
Il y a d'ailleurs une discussion sur le RSA, ça ne vous a pas échappé, et nous allons faire en sorte que l'argent de l'Etat, qui est délivré aujourd'hui, qui est donné aux départements, notamment sur l'APA, puisse être distribué à ceux qui en ont besoin, je rappelle que ça concerne 600.000 personnes, ce sont par exemple pour des personnes qui gagnent 800 euros maximum, ils n'ont plus à reverser quoi que ce soit par rapport à un différentiel qui pouvait exister jusqu'à présent concernant l'APA. C'est pour certaines personnes aussi en fonction de leur degré de dépendance, jusqu'à 1.800 euros de moins par an, qu'ils auront aussi à débourser. Donc moi, ce partenariat, je le ferai vivre. Et je ne veux pas rentre dans des polémiques politiciennes, juste parce que nous sommes à un an d'une élection présidentielle. Et moi, je dis à tout le monde : pour les personnes âgées d'abord, leur famille, et toutes celles et ceux qui travaillent auprès d'eux, au quotidien, le respect de l'ensemble de ces acteurs, eh bien, c'est de travailler ensemble et de faire en sorte que ces mesures soient mises en place au plus vite et au plus près du terrain.
CHRISTOPHE BORDET
Alors concrètement, justement, deux petites questions, Pascale BOISTARD, la loi prévoit la revalorisation de l'APA, on vient d'en parler, réduction d'impôts pour l'emploi d'une aide à domicile, un statut pour les aidants, le droit au répit, 700 millions au total, est-ce que c'est suffisant, et au niveau du financement justement, c'est financé comment de la part de l'Etat ? Je crois qu'il y a cette journée à laquelle nous participons tous, est-ce que ça suffit ou pas ?
PASCALE BOISTARD
Oui, la CASA. Je dirais que c'est un début, c'est un début parce que, vous savez, depuis plus de dix ans, il y avait une forme de renoncement à regarder en face le défi démographique auquel nous allons devoir faire face tout simplement. Vous avez aujourd'hui environ 1,5 million de personnes qui ont plus de 85 ans, elles seront quatre fois plus nombreuses en 2060. Et si nous ne nous attaquons pas à cette question, nous allons être…
CHRISTOPHE BORDET
Donc 700 millions, c'est un début ?
PASCALE BOISTARD
C'est un début de ce que nous…
MICHAEL SZAMES
… Deuxième journée de solidarité par exemple ?
PASCALE BOISTARD
Non, c'est un début de ce que nous avons annoncé, pour financer cette loi, mais d'autres défis nous attendent. Cette loi, elle préfigure d'autres lois qui devront intervenir, pour faire face à ce défi démographique, qui est à la fois une chance, parce que ça veut dire que nous vivons plus vieux, mais qui est aussi un vrai défi par rapport aux enjeux, et comment bien vieillir, si on vit longtemps, il faut aussi bien vieillir, dans les meilleures conditions possibles. Et ça ne vous a pas échappé, la précarité aussi est une véritable question, à travers la question du vieillissement, et c'est ce à quoi nous répondons. Vous avez parlé des aidants, ils sont plus de quatre millions dans notre pays, ce sont des personnes par définition qui aident au quotidien des personnes en difficulté d'autonomie souvent. Et ce droit au répit, cette reconnaissance, c'est la première fois qu'elle existe, et c'est cette loi qui a permis justement de reconnaître ces aidants et de leur permettre d'avoir ce droit au répit.
CYRIL VIGUIER
Pascale BOISTARD, vous êtes secrétaire d'Etat, chargée des personnes âgées et de l'autonomie, vous étiez notre invitée ce matin. Vous êtes jeune en même temps, donc je peux vous poser cette question, mi-philosophique, mi-sociale, à quel âge est-on vieux au fond, à quel âge on accepte de se laisser enfermer dans une catégorie d'âge ?
PASCALE BOISTARD
Je ne sais pas, je ne sais pas, je pense que vous avez des contraintes physiques à un moment donné qui s'opposent à vous, mais après, vous pouvez rester jeune aussi dans votre esprit et dans votre coeur. Mais c'est vrai que vous avez aussi, d'un point de vue physique, une perte d'autonomie, ça commence à être quelque chose qui peut être considéré par l'âge comme le début de certaines difficultés, et c'est pour ça que c'est un sujet extrêmement important, c'est vrai que c'est un sujet un peu tabou, parce que c'est aussi se projeter…
CYRIL VIGUIER
Un peu culturel aussi peut-être ?
PASCALE BOISTARD
Bien sûr, parce que c'est vrai qu'on parle beaucoup de la jeunesse, et on parle rarement des personnes âgées. Ce sont toujours des citoyens et des citoyennes, qu'il faut pouvoir respecter. Et je pense que pour une société qui se veut évoluée, eh bien, il faut prendre en compte l'ensemble de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
CYRIL VIGUIER
Merci Pascale BOISTARD, secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées et de l'autonomie, d'avoir été l'invitée de cette « Matinale d'info. »
PASCALE BOISTARD
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 mars 2016