Texte intégral
C'est avec un très grand plaisir, Monsieur le Président, que j'ai répondu à votre invitation d'intervenir aujourd'hui devant les responsables des entreprises impliquées dans les énergies renouvelables, rassemblés à votre initiative pour débattre des perspectives d'avenir de ces énergies et réfléchir à vos marchés de demain.
Je voudrais saisir cette occasion pour vous dire combien le Gouvernement en général, et le Ministre chargé de l'Industrie en particulier se réjouissent de voir se structurer une représentation forte et influente des professionnels des énergies renouvelables.
Cette structuration et le succès que rencontre votre premier colloque si j'en juge par le nombre et la qualité des participants présents aujourd'hui traduit, et je m'en réjouis, l'émergence dans notre pays d'une véritable industrie des énergies renouvelables et la volonté des dirigeants de cette industrie d'aller plus vite et plus loin sur le chemin du développement au service de notre politique énergétique.
1 - LA POLITIQUE ENERGETIQUE
Le débat qui s'est déroulé à l'Assemblée Nationale le 21 janvier dernier, et au cours duquel j'ai fait une déclaration au nom du Gouvernement, a permis de dégager une vision claire et consensuelle de la politique que la France veut mettre en uvre dans le secteur de l'énergie : une énergie de qualité, assurée dans son approvisionnement, au moindre coût pour l'économie, respectueuse de l'environnement, et accessible à tous même aux plus démunis.
Comme je l'avais rappelé à la tribune de l'Assemblée Nationale, notre politique énergétique peut être définie par quelques adjectifs :
- Elle doit être sérieuse. C'est ainsi qu'elle ne se reconnaît pas dans le " ni-tout nucléaire, ni-tout énergies renouvelables ". Il faut se défier de tout ce qui pourrait compromettre l'ouverture des choix énergétiques futurs du pays ;
- Elle doit être équilibrée quant aux énergies utilisées, quant à leur maîtrise quantitative et quant aux conséquences notamment écologiques qu'elle engendre ;
- Elle doit être diversifiée et c'est ici que les énergies renouvelables trouvent toute leur place ;
- Elle doit être maîtrisée pour qu'entre à nouveau dans nos priorités la préoccupation d'utilisation rationnelle de l'énergie ;
- Enfin, elle doit être responsable et se placer résolument dans une perspective de long terme sur les plans économiques de la rentabilité et environnemental de l'innocuité pour les générations futures.
Bref, vous voyez que si le Gouvernement a souhaité donner un nouvel essor au développement des énergies renouvelables dans notre pays, ce n'est pas par dogmatisme, par caprice ou pour sacrifier à une mode passagère ; mais bien rationnellement dans le cadre d'une politique énergétique clairement définie.
2 - LA SITUATION DES ENERGIES RENOUVELABLES
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
J'ai souhaité que les bilans énergétiques officiels de la France présentent désormais la contribution des énergies renouvelables à sa juste place en intégrant les productions non commercialisées dans les circuits traditionnels.
Le bilan 1998 que j'ai présenté le 6 avril dernier montre que les énergies renouvelables, hydraulique compris, concourent pour 22 % à notre production d'énergie primaire. Les énergies renouvelables ne sont pas pour la France des énergies d'appoint, marginales. Elles contribuent presque quatre fois plus que le pétrole, le gaz et le charbon réunis à notre production d'énergie primaire.
Dans l'opinion française et étrangère, l'image énergétique de la France est très marquée par le succès de notre programme électronucléaire. Nous n'avons pas à nous en offusquer, bien au contraire, mais il faut aussi observer, et faire savoir, que la France est, très loin devant l'Allemagne et le Royaume-Uni, le premier producteur d'énergies renouvelables de l'Union européenne.
Et, j'entends que la France reste le premier de la classe européenne en ce domaine comme dans de nombreux autres.
A cet effet, dès 1997, le Gouvernement a pris la décision de relancer avec vigueur et détermination le développement des énergies renouvelables qui s'était relâché sous l'effet conjugué du succès de notre programme électronucléaire et de la baisse des prix des énergies fossiles.
Il ne s'agit pas de développer par dogmatisme toutes les énergies renouvelables, à tout prix et dans toutes leurs applications à grand renfort de subventions publiques. Une telle politique n'aurait pour conséquence que d'affaiblir notre compétitivité, de porter atteinte à l'emploi et finalement de donner aux énergies renouvelables une image contre-productive d'énergie assistée.
Bien au contraire, mon ambition consiste à donner aux filières mûres l'impulsion nécessaire pour en permettre la plus large diffusion possible dans les applications où elles sont économiquement rentables ou proches de l'être, et à soutenir au niveau de la recherche et du développement des technologies prometteuses afin qu'elles franchissent le cap de la compétitivité.
3 - LES INITIATIVES EN COURS
C'est dans cet esprit que j'avais invité l'ADEME à renforcer ses actions dans le domaine de l'énergie, cela a été rendu possible, le Premier ministre ayant accepté d'augmenter les moyens d'intervention de l'Agence de 500 MF dès 1999. Par ailleurs, j'avais également demandé à EDF d'amplifier ses efforts en faveur des énergies renouvelables. Il en est résulté plusieurs programmes d'actions concrètes. Sans rechercher l'exhaustivité, je citerai :
- EOLE 2005 qui vise à doter notre pays d'un potentiel éolien de 250 à 500 MW à l'horizon 2005. Les premiers appels à propositions ont permis à EDF de retenir 31 projets pour plus de 125 MW. EDF me dit attendre des propositions pour plus de 150 MW dans le cadre de l'appel d'offre arrivant à échéance à la fin de ce mois.
Devant ce succès, je suis heureux de vous annoncer que M. ROUSSELY a accepté à ma demande de lancer avant la fin de l'année un nouvel appel à propositions pour 100 MW.
- LE PLAN " BOIS-COMBUSTIBLE ET DEVELOPPEMENT LOCAL " a permis la création dans 13 régions volontaires de véritables filières de commercialisation du bois combustible et la construction de près de 200 chaufferies collectives au bois.
Elu d'une des régions les plus boisées de France, je sais l'impact pour l'emploi et l'économie locale du bois-combustible. Le plan bois-combustible et développement local arrivant à échéance, j'ai demandé à l'ADEME de prendre de nouvelles initiatives en faveur du bois énergie en privilégiant les actions diversifiées et proches du terrain, c'est à dire en remplaçant la logique " de guichet " par celle " de projet ".
- LE PROGRAMME " 20.000 CHAUFFE-EAU SOLAIRES DANS LES DOM " connaît un succès certain. 15.000 appareils ont déjà été installés et une véritable filière industrielle a été créée. Mais il faut aller beaucoup plus vite et plus loin et tirer les leçons de cette expérience pour développer le solaire thermique en métropole. J'ai donné mon accord à l'ADEME pour que soit lancé très rapidement en liaison avec les régions volontaires un nouveau programme de diffusion de chauffe-eau solaires et de planchers solaires directs que nous appellerons HELIOS 2006. 30 MF par an de crédits d'Etat y seront consacrées ; les régions y contribuent également.
Mais le succès de cette opération repose pour une large part sur vos capacités à mettre sur le marché des produits toujours plus performants, plus fiables et surtout moins chers. Notre stratégie consiste à donner à travers HELIOS 2006 l'impulsion nécessaire pour que la filière solaire thermique entre dans la spirale vertueuse de la réussite économique.
Enfin, plus de 1100 sites non reliés au réseau EDF disposent désormais de moyens de production d'électricité décentralisés à partir d'énergies renouvelables grâce au programme mis en uvre dans le cadre du Fonds d'Amortissement des Charges d'Electrification (FACE). Les programmes BIOMASSE-BIOGAZ décidés récemment entrent dans une phase opérationnelle. L'appel à propositions lancé, à ma demande par EDF pour la fourniture d'électricité produite à partir de biogaz issu des décharges d'ordures ménagères connaît un succès d'une ampleur considérable si j'en juge par le nombre de projets reçus.
Par ailleurs, de manière à revaloriser les conditions d'achat de l'électricité produite à partir d'énergies renouvelables, des contrats type d'achat aux producteurs indépendants ont été approuvés par mes services en mars 1997 pour la cogénération, mais aussi pour la petite hydraulique en octobre 1997 et en avril 1999. J'ai le plaisir de vous annoncer que le contrat type pour les usines d'incinération d'ordures ménagères a été approuvé hier. Celui relatif au photovoltaïque raccordé au réseau est en phase finale d'élaboration et je pense pouvoir vous dire qu'il sera approuvé avant l'été.
Ces actions concourent au développement des marchés. Il fallait aussi soutenir les efforts d'innovation et de progrès technique des entreprises. A cet effet, j'avais demandé en mars 1998 à EDF d'accroître sa participation dans le capital-investissement. Aujourd'hui les facilités de capital-risque, qui traitent de projets touchant à l'innovation, et du capital-développement, qui concerne les entreprises dont le développement est prometteur ont été mises en uvre par Synergie Développement Services et sont pleinement ouvertes aux entreprises du secteur des énergies renouvelables.
Ces différentes initiatives commencent à porter leurs fruits. Nous procéderons par exemple prochainement à l'inauguration des premières fermes éoliennes du programme EOLE 2005 dont deux comportent des machines innovantes de conception et de fabrication française.
Elles se traduisent également par les résultats de vos entreprises qui connaissent actuellement une croissance à deux chiffres et augmentent leurs effectifs ce dont je me félicite.
4 - LES PERSPECTIVES D'AVENIR
Vous avez placé aujourd'hui votre colloque sous le thème des énergies renouvelables à l'horizon 2010. Sans prétendre épuiser un sujet vaste et complexe mais pour contribuer à alimenter vos réflexions de cette après-midi, je voudrais évoquer quelques-uns des défis que nous aurons ensemble à relever.
1er défi : la modernisation et le développement du service public de l'énergie
Le marché intérieur de l'électricité et du gaz va se mettre progressivement en place. Dans ce domaine plus encore que dans d'autres, les lois du marché ne conduisent pas nécessairement vers le meilleur des mondes possibles.
Si rien n'était fait, les énergies renouvelables seraient, à l'exception de la grande hydraulique, exclues du marché de la production de l'électricité. C'est pourquoi j'ai veillé à ce que le projet de loi sur le service public de l'électricité en cours d'examen par les Assemblées comporte des dispositions propres à garantir un accès privilégié au réseau et une rémunération appropriée pour les kWh produits à partir d'énergies renouvelables. Ce projet de loi permet également la poursuite des opérations d'électrification des sites isolés par énergies renouvelables dans le cadre du FACE.
En outre, au-delà de la réglementation, j'ai demandé à EDF d'étudier la possibilité de proposer à ses abonnés un " tarif vert " garantissant que l'électricité fournie soit exclusivement d'origine renouvelable. Je suis convaincu que nombre de nos concitoyens accepteront de consentir un effort financier supplémentaire pour bénéficier d'une énergie nationale, propre et créatrice d'emplois.
2ème défi : Associer les Autorités locales à la politique de soutien aux énergies renouvelables
Au cours des mois qui viennent, les Autorités locales auront à se déterminer sur leur contribution à la politique nationale de l'énergie. Elles débattent actuellement du projet de schéma de services collectifs de l'énergie que Mme VOYNET et moi-même leur avons récemment adressé. Dans ce cadre, une identification des gisements locaux d'énergies renouvelables disponibles sera opérée.
Ces travaux serviront ultérieurement de base aux contrats de plan Etat-Régions pour la période 2000-2007. J'ai en effet demandé que ces contrats de plan comportent désormais un volet " énergie renouvelable ".
A l'évidence, les collectivités locales disposent par leur connaissance du terrain d'une position privilégiée pour accélérer la croissance des énergies décentralisées. Il est de notre responsabilité collective de les mobiliser autour des énergies renouvelables, afin que par exemple, la France puisse mieux tirer profit des Fonds structurels européens, insuffisamment utilisés, pour développer les énergies renouvelables.
3ème défi : mieux tirer parti des actions de l'ADEME
L'ADEME dont je salue le Président Pierre RADANNE ici présent, a connu au cours de ces derniers mois une réorganisation en profondeur : ses statuts ont été modernisés, ses modalités d'intervention ont été repensées pour les rendre plus proches du terrain et plus personnalisées, ses moyens d'intervention et ses moyens en personnel enfin ont été renforcés. Ainsi, 100 agents supplémentaires seront recrutés en 1999 pour accroître les capacités d'intervention de l'Agence en faveur de la maîtrise de l'énergie et du développement des énergies renouvelables.
L'ADEME ainsi modernisée et renforcée doit constituer une véritable force au service des énergies renouvelables. Il importe que votre profession s'approprie véritablement l'action de l'ADEME afin que nous puissions ensemble tirer les bénéfices d'un effet de synergie.
4ème défi : agir en synergie avec l'Union européenne
L'Europe place le développement des énergies renouvelables au premier rang de ses préoccupations. Elle entend y consacrer des moyens considérables tant au niveau de la recherche et de l'innovation technologie qu'au stade de la diffusion des technologies mures.
Nous pouvons raisonnablement attendre du 5ème Programme Commun de Recherche Développement et du Programme cadre énergie récemment adoptés, ainsi que de la future " Campagne de décollage " dont nous avons débattu la semaine dernière lors du denier Conseil des ministres chargés de l'énergie, un soutien européen à nos actions en faveur des énergies renouvelables de l'ordre de 200 MF/an.
Encore faut-il que nous puissions nous organiser, et je demande à l'ADEME d'y veiller tout particulièrement, pour mieux maîtriser collectivement les procédures communautaires et tirer d'avantage profit des facilités qui nous sont ainsi offertes.
5ème défi : Associer plus largement les investisseurs privés au développement des énergies renouvelables.
Le marché des énergies renouvelables en France, mais aussi dans le monde entier connaît un rythme de croissance soutenu. Les experts s'accordent pour prévoir à l'horizon 2010 l'amplification de cette tendance.
Pour faire face à cette forte croissance de la demande et pour soutenir votre légitime ambition de développement, vous aurez besoin des capitaux propres indispensables au financement dans de bonnes conditions de vos investissements productifs. Or, ces ressources sont rares et difficiles d'accès pour les PMI.
J'ai demandé à l'ADEME de me faire des propositions sur les moyens de faire en sorte que les " hauts de bilan " de nos entreprises impliquées dans les énergies renouvelables soient à la mesure de vos ambitions de croissance.
CONCLUSION
En conclusion, je voulais dire que le Gouvernement attend beaucoup de vous, industriels, ensembliers, et exploitants d'installations pour relever les défis qui s'attachent à notre volonté commune de faire de la France le premier pays producteur d'énergies renouvelables à l'horizon 2010.
Je peux aussi vous assurer que vous trouverez toujours auprès du Ministre chargé de l'Industrie un interlocuteur particulièrement attentif à vos préoccupations.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 19 mai 1999)
Je voudrais saisir cette occasion pour vous dire combien le Gouvernement en général, et le Ministre chargé de l'Industrie en particulier se réjouissent de voir se structurer une représentation forte et influente des professionnels des énergies renouvelables.
Cette structuration et le succès que rencontre votre premier colloque si j'en juge par le nombre et la qualité des participants présents aujourd'hui traduit, et je m'en réjouis, l'émergence dans notre pays d'une véritable industrie des énergies renouvelables et la volonté des dirigeants de cette industrie d'aller plus vite et plus loin sur le chemin du développement au service de notre politique énergétique.
1 - LA POLITIQUE ENERGETIQUE
Le débat qui s'est déroulé à l'Assemblée Nationale le 21 janvier dernier, et au cours duquel j'ai fait une déclaration au nom du Gouvernement, a permis de dégager une vision claire et consensuelle de la politique que la France veut mettre en uvre dans le secteur de l'énergie : une énergie de qualité, assurée dans son approvisionnement, au moindre coût pour l'économie, respectueuse de l'environnement, et accessible à tous même aux plus démunis.
Comme je l'avais rappelé à la tribune de l'Assemblée Nationale, notre politique énergétique peut être définie par quelques adjectifs :
- Elle doit être sérieuse. C'est ainsi qu'elle ne se reconnaît pas dans le " ni-tout nucléaire, ni-tout énergies renouvelables ". Il faut se défier de tout ce qui pourrait compromettre l'ouverture des choix énergétiques futurs du pays ;
- Elle doit être équilibrée quant aux énergies utilisées, quant à leur maîtrise quantitative et quant aux conséquences notamment écologiques qu'elle engendre ;
- Elle doit être diversifiée et c'est ici que les énergies renouvelables trouvent toute leur place ;
- Elle doit être maîtrisée pour qu'entre à nouveau dans nos priorités la préoccupation d'utilisation rationnelle de l'énergie ;
- Enfin, elle doit être responsable et se placer résolument dans une perspective de long terme sur les plans économiques de la rentabilité et environnemental de l'innocuité pour les générations futures.
Bref, vous voyez que si le Gouvernement a souhaité donner un nouvel essor au développement des énergies renouvelables dans notre pays, ce n'est pas par dogmatisme, par caprice ou pour sacrifier à une mode passagère ; mais bien rationnellement dans le cadre d'une politique énergétique clairement définie.
2 - LA SITUATION DES ENERGIES RENOUVELABLES
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
J'ai souhaité que les bilans énergétiques officiels de la France présentent désormais la contribution des énergies renouvelables à sa juste place en intégrant les productions non commercialisées dans les circuits traditionnels.
Le bilan 1998 que j'ai présenté le 6 avril dernier montre que les énergies renouvelables, hydraulique compris, concourent pour 22 % à notre production d'énergie primaire. Les énergies renouvelables ne sont pas pour la France des énergies d'appoint, marginales. Elles contribuent presque quatre fois plus que le pétrole, le gaz et le charbon réunis à notre production d'énergie primaire.
Dans l'opinion française et étrangère, l'image énergétique de la France est très marquée par le succès de notre programme électronucléaire. Nous n'avons pas à nous en offusquer, bien au contraire, mais il faut aussi observer, et faire savoir, que la France est, très loin devant l'Allemagne et le Royaume-Uni, le premier producteur d'énergies renouvelables de l'Union européenne.
Et, j'entends que la France reste le premier de la classe européenne en ce domaine comme dans de nombreux autres.
A cet effet, dès 1997, le Gouvernement a pris la décision de relancer avec vigueur et détermination le développement des énergies renouvelables qui s'était relâché sous l'effet conjugué du succès de notre programme électronucléaire et de la baisse des prix des énergies fossiles.
Il ne s'agit pas de développer par dogmatisme toutes les énergies renouvelables, à tout prix et dans toutes leurs applications à grand renfort de subventions publiques. Une telle politique n'aurait pour conséquence que d'affaiblir notre compétitivité, de porter atteinte à l'emploi et finalement de donner aux énergies renouvelables une image contre-productive d'énergie assistée.
Bien au contraire, mon ambition consiste à donner aux filières mûres l'impulsion nécessaire pour en permettre la plus large diffusion possible dans les applications où elles sont économiquement rentables ou proches de l'être, et à soutenir au niveau de la recherche et du développement des technologies prometteuses afin qu'elles franchissent le cap de la compétitivité.
3 - LES INITIATIVES EN COURS
C'est dans cet esprit que j'avais invité l'ADEME à renforcer ses actions dans le domaine de l'énergie, cela a été rendu possible, le Premier ministre ayant accepté d'augmenter les moyens d'intervention de l'Agence de 500 MF dès 1999. Par ailleurs, j'avais également demandé à EDF d'amplifier ses efforts en faveur des énergies renouvelables. Il en est résulté plusieurs programmes d'actions concrètes. Sans rechercher l'exhaustivité, je citerai :
- EOLE 2005 qui vise à doter notre pays d'un potentiel éolien de 250 à 500 MW à l'horizon 2005. Les premiers appels à propositions ont permis à EDF de retenir 31 projets pour plus de 125 MW. EDF me dit attendre des propositions pour plus de 150 MW dans le cadre de l'appel d'offre arrivant à échéance à la fin de ce mois.
Devant ce succès, je suis heureux de vous annoncer que M. ROUSSELY a accepté à ma demande de lancer avant la fin de l'année un nouvel appel à propositions pour 100 MW.
- LE PLAN " BOIS-COMBUSTIBLE ET DEVELOPPEMENT LOCAL " a permis la création dans 13 régions volontaires de véritables filières de commercialisation du bois combustible et la construction de près de 200 chaufferies collectives au bois.
Elu d'une des régions les plus boisées de France, je sais l'impact pour l'emploi et l'économie locale du bois-combustible. Le plan bois-combustible et développement local arrivant à échéance, j'ai demandé à l'ADEME de prendre de nouvelles initiatives en faveur du bois énergie en privilégiant les actions diversifiées et proches du terrain, c'est à dire en remplaçant la logique " de guichet " par celle " de projet ".
- LE PROGRAMME " 20.000 CHAUFFE-EAU SOLAIRES DANS LES DOM " connaît un succès certain. 15.000 appareils ont déjà été installés et une véritable filière industrielle a été créée. Mais il faut aller beaucoup plus vite et plus loin et tirer les leçons de cette expérience pour développer le solaire thermique en métropole. J'ai donné mon accord à l'ADEME pour que soit lancé très rapidement en liaison avec les régions volontaires un nouveau programme de diffusion de chauffe-eau solaires et de planchers solaires directs que nous appellerons HELIOS 2006. 30 MF par an de crédits d'Etat y seront consacrées ; les régions y contribuent également.
Mais le succès de cette opération repose pour une large part sur vos capacités à mettre sur le marché des produits toujours plus performants, plus fiables et surtout moins chers. Notre stratégie consiste à donner à travers HELIOS 2006 l'impulsion nécessaire pour que la filière solaire thermique entre dans la spirale vertueuse de la réussite économique.
Enfin, plus de 1100 sites non reliés au réseau EDF disposent désormais de moyens de production d'électricité décentralisés à partir d'énergies renouvelables grâce au programme mis en uvre dans le cadre du Fonds d'Amortissement des Charges d'Electrification (FACE). Les programmes BIOMASSE-BIOGAZ décidés récemment entrent dans une phase opérationnelle. L'appel à propositions lancé, à ma demande par EDF pour la fourniture d'électricité produite à partir de biogaz issu des décharges d'ordures ménagères connaît un succès d'une ampleur considérable si j'en juge par le nombre de projets reçus.
Par ailleurs, de manière à revaloriser les conditions d'achat de l'électricité produite à partir d'énergies renouvelables, des contrats type d'achat aux producteurs indépendants ont été approuvés par mes services en mars 1997 pour la cogénération, mais aussi pour la petite hydraulique en octobre 1997 et en avril 1999. J'ai le plaisir de vous annoncer que le contrat type pour les usines d'incinération d'ordures ménagères a été approuvé hier. Celui relatif au photovoltaïque raccordé au réseau est en phase finale d'élaboration et je pense pouvoir vous dire qu'il sera approuvé avant l'été.
Ces actions concourent au développement des marchés. Il fallait aussi soutenir les efforts d'innovation et de progrès technique des entreprises. A cet effet, j'avais demandé en mars 1998 à EDF d'accroître sa participation dans le capital-investissement. Aujourd'hui les facilités de capital-risque, qui traitent de projets touchant à l'innovation, et du capital-développement, qui concerne les entreprises dont le développement est prometteur ont été mises en uvre par Synergie Développement Services et sont pleinement ouvertes aux entreprises du secteur des énergies renouvelables.
Ces différentes initiatives commencent à porter leurs fruits. Nous procéderons par exemple prochainement à l'inauguration des premières fermes éoliennes du programme EOLE 2005 dont deux comportent des machines innovantes de conception et de fabrication française.
Elles se traduisent également par les résultats de vos entreprises qui connaissent actuellement une croissance à deux chiffres et augmentent leurs effectifs ce dont je me félicite.
4 - LES PERSPECTIVES D'AVENIR
Vous avez placé aujourd'hui votre colloque sous le thème des énergies renouvelables à l'horizon 2010. Sans prétendre épuiser un sujet vaste et complexe mais pour contribuer à alimenter vos réflexions de cette après-midi, je voudrais évoquer quelques-uns des défis que nous aurons ensemble à relever.
1er défi : la modernisation et le développement du service public de l'énergie
Le marché intérieur de l'électricité et du gaz va se mettre progressivement en place. Dans ce domaine plus encore que dans d'autres, les lois du marché ne conduisent pas nécessairement vers le meilleur des mondes possibles.
Si rien n'était fait, les énergies renouvelables seraient, à l'exception de la grande hydraulique, exclues du marché de la production de l'électricité. C'est pourquoi j'ai veillé à ce que le projet de loi sur le service public de l'électricité en cours d'examen par les Assemblées comporte des dispositions propres à garantir un accès privilégié au réseau et une rémunération appropriée pour les kWh produits à partir d'énergies renouvelables. Ce projet de loi permet également la poursuite des opérations d'électrification des sites isolés par énergies renouvelables dans le cadre du FACE.
En outre, au-delà de la réglementation, j'ai demandé à EDF d'étudier la possibilité de proposer à ses abonnés un " tarif vert " garantissant que l'électricité fournie soit exclusivement d'origine renouvelable. Je suis convaincu que nombre de nos concitoyens accepteront de consentir un effort financier supplémentaire pour bénéficier d'une énergie nationale, propre et créatrice d'emplois.
2ème défi : Associer les Autorités locales à la politique de soutien aux énergies renouvelables
Au cours des mois qui viennent, les Autorités locales auront à se déterminer sur leur contribution à la politique nationale de l'énergie. Elles débattent actuellement du projet de schéma de services collectifs de l'énergie que Mme VOYNET et moi-même leur avons récemment adressé. Dans ce cadre, une identification des gisements locaux d'énergies renouvelables disponibles sera opérée.
Ces travaux serviront ultérieurement de base aux contrats de plan Etat-Régions pour la période 2000-2007. J'ai en effet demandé que ces contrats de plan comportent désormais un volet " énergie renouvelable ".
A l'évidence, les collectivités locales disposent par leur connaissance du terrain d'une position privilégiée pour accélérer la croissance des énergies décentralisées. Il est de notre responsabilité collective de les mobiliser autour des énergies renouvelables, afin que par exemple, la France puisse mieux tirer profit des Fonds structurels européens, insuffisamment utilisés, pour développer les énergies renouvelables.
3ème défi : mieux tirer parti des actions de l'ADEME
L'ADEME dont je salue le Président Pierre RADANNE ici présent, a connu au cours de ces derniers mois une réorganisation en profondeur : ses statuts ont été modernisés, ses modalités d'intervention ont été repensées pour les rendre plus proches du terrain et plus personnalisées, ses moyens d'intervention et ses moyens en personnel enfin ont été renforcés. Ainsi, 100 agents supplémentaires seront recrutés en 1999 pour accroître les capacités d'intervention de l'Agence en faveur de la maîtrise de l'énergie et du développement des énergies renouvelables.
L'ADEME ainsi modernisée et renforcée doit constituer une véritable force au service des énergies renouvelables. Il importe que votre profession s'approprie véritablement l'action de l'ADEME afin que nous puissions ensemble tirer les bénéfices d'un effet de synergie.
4ème défi : agir en synergie avec l'Union européenne
L'Europe place le développement des énergies renouvelables au premier rang de ses préoccupations. Elle entend y consacrer des moyens considérables tant au niveau de la recherche et de l'innovation technologie qu'au stade de la diffusion des technologies mures.
Nous pouvons raisonnablement attendre du 5ème Programme Commun de Recherche Développement et du Programme cadre énergie récemment adoptés, ainsi que de la future " Campagne de décollage " dont nous avons débattu la semaine dernière lors du denier Conseil des ministres chargés de l'énergie, un soutien européen à nos actions en faveur des énergies renouvelables de l'ordre de 200 MF/an.
Encore faut-il que nous puissions nous organiser, et je demande à l'ADEME d'y veiller tout particulièrement, pour mieux maîtriser collectivement les procédures communautaires et tirer d'avantage profit des facilités qui nous sont ainsi offertes.
5ème défi : Associer plus largement les investisseurs privés au développement des énergies renouvelables.
Le marché des énergies renouvelables en France, mais aussi dans le monde entier connaît un rythme de croissance soutenu. Les experts s'accordent pour prévoir à l'horizon 2010 l'amplification de cette tendance.
Pour faire face à cette forte croissance de la demande et pour soutenir votre légitime ambition de développement, vous aurez besoin des capitaux propres indispensables au financement dans de bonnes conditions de vos investissements productifs. Or, ces ressources sont rares et difficiles d'accès pour les PMI.
J'ai demandé à l'ADEME de me faire des propositions sur les moyens de faire en sorte que les " hauts de bilan " de nos entreprises impliquées dans les énergies renouvelables soient à la mesure de vos ambitions de croissance.
CONCLUSION
En conclusion, je voulais dire que le Gouvernement attend beaucoup de vous, industriels, ensembliers, et exploitants d'installations pour relever les défis qui s'attachent à notre volonté commune de faire de la France le premier pays producteur d'énergies renouvelables à l'horizon 2010.
Je peux aussi vous assurer que vous trouverez toujours auprès du Ministre chargé de l'Industrie un interlocuteur particulièrement attentif à vos préoccupations.
(Source http://www.industrie.gouv.fr, le 19 mai 1999)