Déclaration de M. André Vallini, secrétaire d'Etat au développement et à la francophonie, sur les priorités de la Francophonie, à Paris le 18 mars 2016.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture de la 4ème édition du championnat du monde de débat francophone, à Paris le 18 mars 2016

Texte intégral


Ce matin c'est une belle et une grande cause que nous honorons, elle s'appelle la Francophonie et elle nous rassemble, au-delà de nos sensibilités, de nos origines, de nos différences. Albert Camus disait: «Notre patrie commune, c'est la langue française». Il avait raison.
La Francophonie est en effet bien plus qu'un patrimoine légué par l'Histoire, bien davantage qu'un lien linguistique entre des populations, qui souvent ne se connaissent pas. La Francophonie repose sur des principes et elle porte des valeurs.
Parler le français, aimer la langue française, c'est en effet d'abord une façon de penser le monde, une façon aussi de parler au monde. Parler le français, aimer la langue française, c'est aussi porter un message de liberté, d'égalité et de fraternité : c'est en français que les révolutionnaires de 1789 ont proclamé, et donc écrit, la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen. Et c'est en français, en 1948, au lendemain de la seconde guerre mondiale, qu'a été rédigée la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Pour autant, la Francophonie ne doit pas être un conservatoire ou un musée où nous protégerions ce bien précieux qui serait notre langue. Non, la Francophonie c'est bien plus que ça et ce doit être plus que jamais un espace d'échange, d'ouverture et de rayonnement. D'échange entre nous d'abord, d'ouverture aux autres ensuite, et de rayonnement culturel enfin, culturel au sens le plus noble, au sens de la culture comme porteuse d'émancipation individuelle et collective.
Vous le voyez, nous avons de l'ambition pour la Francophonie. Et notre ambition elle se décline autour de quatre priorités.
La première c'est de multiplier les échanges, entre les jeunes, les étudiants, les enseignants, les chercheurs, les artistes, les créateurs. La France doit montrer l'exemple car il y a encore trop d'obstacles sur la route de celles et ceux qui veulent déployer leurs talents dans l'espace francophone.
La deuxième priorité, c'est de faire de la Francophonie un outil au service du développement mais au service d'un développement solidaire et soutenable. Et si la France a beaucoup contribué au succès historique de la Conférence sur le climat en 2015 c'est aussi grâce à la Francophonie qui a permis des avancées décisives.
La Francophonie doit demain porter plus haut et plus loin cette belle idée de développement solidaire et soutenable, dans nos relations bilatérales bien sûr mais aussi, et tout autant, dans les enceintes internationales où la Francophonie pèse aujourd'hui et doit peser demain plus encore.
La troisième priorité que nous devons porter ensemble, c'est de lutter contre tous les trafics, les trafics de drogue, les trafics d'armes, les trafics d'êtres humains. Et de plus en plus, hélas, le terrorisme.
Chacun comprend ici que les menaces vont bien au-delà de ce qui peut se passer dans tel ou tel pays. Nous avons donc besoin d'une stratégie mondiale pour éradiquer le terrorisme et pour en terminer avec tout ce qui déstabilise nos États, menace nos sociétés. La Francophonie est à cet égard un espace de solidarité mais aussi d'action comme nous l'avons montré cette semaine en Côte d'Ivoire.
Et puis, la quatrième priorité de la Francophonie, ce doit être la démocratie. Défendre le pluralisme politique, le respect de la liberté d'opinion, d'expression, de réunion, l'égalité entre les hommes et les femmes, l'affirmation que tout être humain doit pouvoir choisir librement sa vie personnelle comme ses dirigeants politiques : ces principes démocratiques sont eux aussi de grandes causes que nous devons, comme francophones, avoir comme exigence en portant haut, sans crainte et avec fierté, l'étendard qui est au fond celui des droits fondamentaux de la personne humaine, les droits individuels comme les droits collectifs, les droits civils comme les droits sociaux.
À cet égard je veux rappeler avec force ce matin qu'à mes yeux, la Francophonie se doit d'être au premier rang du combat pour l'abolition, à l'échelle du monde, de la peine de mort. Et je vous le dis ce matin, ce combat contre la peine de mort, je vais le mener partout où je vais me rendre dans le monde, car ce message humaniste doit être celui de toute la Francophonie pour faire en sorte qu'il devienne un jour enfin universel. À mon niveau, je m'y emploierai de toutes mes forces.
En conclusion, Mesdames et Messieurs, vous le voyez, ce qui nous rassemble, bien plus qu'une langue, ce sont d'abord des valeurs, des principes, qui doivent être autre chose que des mots : ils nous sont des exigences.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 mars 2016