Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Départemental du Val-de-Marne,
Monsieur le maire de Champigny-sur-Marne,
Monsieur l'ambassadeur d'Allemagne en France,
Madame la Directrice générale de l'Office national des anciens combattants,
Monsieur le Directeur du service départemental de l'Office national des anciens combattants,
Monsieur le représentant du Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
Je remercie monsieur l'ambassadeur d'Allemagne pour les paroles qu'il vient de prononcer. Depuis quelques semaines, nous nous retrouvons souvent régulièrement pour célébrer la réconciliation de nos deux pays. L'histoire des relations franco-allemande a façonné la mémoire de tant de nos territoires ; Champigny ne fait pas exception.
Entre novembre et décembre 1870, Paris, plongé dans les tourments et l'effervescence, remet son sort aux hommes du général Ducrot. La bataille est sanglante.
Après la défaite, notre pays doit signer le traité de Francfort. Ce traité prévoit que les deux gouvernements s'engagent à entretenir les tombeaux des soldats tombés sur leurs territoires respectifs. C'est ainsi qu'en 1877, l'Etat construit une crypte qui accueille 1007 Français et 377 Allemands morts à Champigny.
Le traité de Francfort suivait une défaite de la France. Aujourd'hui, aux désirs de Revanche, a succédé le souhait de la réconciliation.
Au fil des décennies, après 1918, l'intérêt autour du monument décroît. Le temps poursuit son uvre : les fissures sur les murs, l'oubli dans les esprits.
A la fin des années 1960, le VDK, nouvellement associé à la gestion du monument, accepte de financer quelques rénovations et aménagements. L'ossuaire n'est pas encore sauvé de l'oubli ; mais le couple franco-allemand est à l'uvre.
Enfin, en 2013, la rénovation de l'ossuaire est décidée par le ministère de la Défense et le VDK allemand. Autrefois symbole du ressentiment entre les deux pays, l'ossuaire est désormais confirmé comme un des symboles de la réconciliation franco-allemande.
Les tombes anonymes des soldats de Champigny sont des héritages et des avertissements. Elles ne furent hélas que les mornes préludes de deux autres conflits plus mortifères.
L'importance de la guerre de 1870-1871 doit être rappelée sans cesse ; le conflit a en effet été à l'origine de bouleversements institutionnels et historiques qui ont marqué les décennies suivantes.
En l'espace d'une seule vie humaine, la France et l'Allemagne se sont affrontées trois fois. C'est pourquoi la mémoire de ces conflits doit être partagée entre nos deux pays. Le fait que des soldats français et allemands soient enterrés sur ce même lieu nous le prouve encore une fois.
C'est pourquoi nous faisons tout également pour que les commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale s'inscrivent dans un cadre franco-allemand.
La grande cérémonie du centenaire de la bataille de Verdun, le 29 mai prochain, associera ainsi les plus hautes autorités françaises et allemandes, dont le président de la République et la chancelière allemande.
Ce travail de mémoire doit également se poursuivre dans les lieux mêmes où l'histoire fut écrite.
C'est tout l'objectif du tourisme de mémoire et Champigny s'inscrit parfaitement dans ce cadre. Sa rénovation participe à mettre en valeur le riche patrimoine historique de la Marne.
La convention entre la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de guerre et la commune de Champigny, signée en juillet 2015, permet d'ailleurs la visite du site par des groupes de touristes et l'ouverture de l'ossuaire lors des journées de patrimoine. Je veux ainsi féliciter la DMPA et les services de l'ONAC-VG représentés aujourd'hui par la Directrice générale de l'Office et le Directeur de son service départemental dans le Val-de-Marne.
Le travail de mémoire doit se mener en effet au cur des territoires. L'Etat y prend bien sûr toute sa part, mais il doit aussi agir de concert avec les collectivités locales.
Je veux donc remercier la commune de Champigny et le Conseil départemental du Val-de-Marne pour le concours qu'ils ont apporté aux projets.
Mesdames et messieurs, nous avons eu la détermination de mener ces travaux, comme nous l'avions eue lorsqu'il a fallu décider de la rénovation du monument allemand au Cimetière Saint-Charles de Sedan, que j'ai annoncée au mois de janvier dernier.
A Champigny comme à Sedan, des soldats allemands sont enterrés en France.
Ces monuments de pierre ne sont pas les vestiges d'un passé à tout jamais enfoui. Ils trônent, comme des avertissements taciturnes et colossaux. Ils nous éclairent. Ils nous éduquent.
Ils célèbrent, comme le déclaraient ensemble le général de Gaulle et le chancelier Adenauer en 1963, « l'événement historique » que constitue la « fin d'une rivalité séculaire ».
Je vous remercie
source http://www.defense.gouv.fr, le 14 avril 2016