Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur l'exposition « Napoléon à Sainte-Hélène », à Paris le 5 avril 2016.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition « Napoléon à Sainte-Hélène », aux Invalides à Paris le 5 avril 2016

Texte intégral


Monsieur le gouverneur de Sainte-Hélène,
Monsieur le secrétaire général pour l'administration,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris, mon général,
Monsieur le gouverneur militaire des Invalides, mon général,
Monsieur le directeur du musée de l'armée, mon général,
Madame la directrice de la mémoire, du patrimoine et des archives,
Monsieur l'ambassadeur de France honoraire représentant le Ministère des affaires étrangères et le développement international,
Mesdames et Messieurs, chers amis du musée,
Nous sommes ici, aux Invalides, à quelques pas de l'ultime demeure de Napoléon. Il était donc tout naturel que l'exposition que j'ai le plaisir d'inaugurer se tienne dans cette belle institution du musée de l'Armée. Permettez-moi à ce propos d'excuser Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, qui se réjouissait d'être avec nous mais qui est finalement retenu loin de Paris.
Le mérite de l'exposition est de revenir sur une période moins connue de la vie de l'empereur : celle de l'exil à Sainte-Hélène. Cette île aride est pour Napoléon un désert au milieu de l'océan. Celui qui avait régné sur l'Europe gouverne désormais quelques rochers et se fait à l'occasion chasseur ou jardinier.
L'exposition revient sur ces six années d'exil en les présentant sous un jour particulièrement remarquable.
C'est en effet la première fois qu'une partie du mobilier de Longwood est exposé en France. Le visiteur peut ainsi découvrir la vie quotidienne de Napoléon à Sainte-Hélène.
De nombreux objets sont exposés ; certains proviennent des plus belles collections impériales. En parcourant l'exposition, on ressent un contraste saisissant entre luxe et banalité. C'est le principal apport de l'exposition : nous montrer concrètement ce mélange de prestige et d'abandon. Comme le dit l'adage romain, la roche tarpéienne n'est jamais loin du Capitole.
L'exposition nous enseigne la précarité du pouvoir. Face au reflet de sa gloire, Napoléon a dû se sentir déchu, déclassé, damné. Ses souvenirs, qu'il consigne alors (l'exposition montre d'ailleurs le cabinet de travail de Napoléon), devaient être des consolations où le regret se mêlait à la fierté.
Grâce aux multiples panneaux et contenus multimédias mis à disposition, un large public, et notamment les jeunes générations, pourront ainsi appréhender du mieux que possible l'épilogue assoupi du roman napoléonien.
Toute notre reconnaissance va donc à ceux qui ont participé à la rénovation du mobilier de Longwood, dont le gouverneur de Sainte-Hélène qui nous fait l'honneur d'être présent.
Je veux remercier l'ensemble de nos partenaires : le CIC, qui est un parrain fidèle du musée de l'Armée depuis 2003 et qui a notamment financé un film reconstituant Longwood House en 3D. La Fondation Napoléon ensuite, représentée aujourd'hui par son président, M.Masséna, qui a tant contribué à la restauration du patrimoine de Longwood et qui favorise l'accès aux savoirs par un soutien actif aux chercheurs.
Je n'oublie bien sûr pas le musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, qui regroupe un ensemble unique de musées et qui a prêté près de soixante-dix objets à l'exposition, ni les Domaines nationaux de Sainte-Hélène, partenaire historique dont l'exposition est une vitrine. Je salue également le concours du Souvenir Napoléonien, qui fait progresser efficacement notre connaissance sur l'histoire du Premier et du Second Empire.
Je veux aussi souligner la présence des représentants du ministère des affaires étrangères et du Ministère de la culture.
Enfin, je tiens à adresser mes remerciements particuliers à Gallimard, qui a signé une fois encore, après « Mousquetaires », « Indochine » et « Chevaliers et Bombardes », un nouveau catalogue de référence. Le ministère de la Défense est honoré de ses liens avec une maison prestigieuse, qui est son premier partenaire éditorial.
L'exposition confirme la vigueur et l'énergie du musée de l'Armée. Je salue l'équipe du musée, en particulier le général Baptiste et David Guillet. Ils concourent à ce que l'établissement, cinquième musée par sa fréquentation en France, demeure le fleuron culturel de la Défense.
A travers ces remarquables expositions temporaires, que vient récompenser une affluence jamais démentie, le musée de l'Armée perpétue à entretenir les liens entre l'institution militaire et la Nation. A l'image de l'armée elle-même, le musée doit pourtant, pour cultiver son excellence, sans cesse se repenser et se moderniser.
C'est dans cet objectif que le ministre de la Défense a confirmé, en ces lieux, le 6 octobre dernier, le projet d'agrandissement du musée, pour qu'il puisse couvrir les décennies les plus récentes, après 1945. Je veux ici confirmer cette dynamique essentielle.
Ce projet doit en effet permettre au musée d'évoquer la Guerre froide, les conflits de décolonisation et les plus récentes opérations extérieures.
Une réflexion pilotée par le secrétaire général pour l'administration est en cours au sein des services de la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, pour l'extension des parcours permanents.
A l'heure où la menace terroriste conduit le ministère de la Défense à renforcer son engagement sur des théâtres étrangers, à l'heure où la Nation elle-même manifeste un nouvel intérêt pour la sauvegarde de nos valeurs, comment imaginer en effet que le musée de l'Armée ne réponde pas aux interrogations les plus légitimes ?
Pour ne pas devenir une relique aimable, mais anachronique, l'histoire doit parler à chacun.
C'est pourquoi nous devons inscrire l'histoire militaire la plus récente dans un récit actualisé qui permettra de mesurer la continuité des missions historiques de l'armée.
Le défi est d'ampleur, mais Jean-Yves Le Drian et moi-même faisons entièrement confiance au général Baptiste et à David Guillet pour le mener à bien.
La qualité de leur travail au sein du musée de l'Armée m'autorise à l'optimisme le plus serein.
Mesdames et messieurs, grâce à cette exposition, le musée de l'Armée confirme sa place centrale et capitale dans la mémoire nationale. Aujourd'hui comme demain, il donnera les clefs explicatives pour rassembler la Nation autour de ses valeurs républicaines.
Le ministère de la Défense sera bien sûr aux côtés du musée pour se montrer à la hauteur des prochains défis.
En attendant permettez-moi de former des vœux de réussite et d'affluence pour cette exposition qui, j'en suis persuadé, attirera de nombreux visiteurs français et étrangers curieux de notre histoire et de ses grandes figures qui ont fait la France.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 14 avril 2016