Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, en réponse à une question sur la lutte contre le groupe terroriste Daech et sur les Kurdes, à l'Assemblée nationale le 12 avril 2016.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 12 avril 2016

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La France suit avec une grande préoccupation la situation dans le nord de la Syrie et a condamné à de nombreuses reprises les bombardements indiscriminés du régime et de la Russie. Elle a également eu l'occasion de s'exprimer à propos des tirs d'artillerie de la Turquie. La trêve qui a débuté le 27 février dernier a permis de faire baisser le niveau des hostilités mais des dizaines de violations ont été constatées. La France reste donc vigilante et veillera au respect des engagements issus des communiqués de Vienne et de Munich et des résolutions 2254 et 2268 du Conseil de sécurité.
La France considère que la priorité absolue doit aller à la lutte contre Daech et aux efforts visant à mettre en oeuvre une transition politique en Syrie. Cela comprend notamment la pleine mise en oeuvre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, qui établit un calendrier pour cette transition, et l'application de la résolution 2268 qui appelle à une cessation des hostilités et rappelle les obligations humanitaires qui s'imposent à tous.
En Syrie et en Irak, la France soutient l'opposition modérée qui se bat contre Daech avec l'appui de la coalition, y compris les Kurdes. La France est, dans ce cadre, attachée au respect de l'unité de la Syrie et de l'Irak, ainsi qu'à la préservation de la sécurité de la Turquie. Il est regrettable que le PYD ait profité du contexte de confusion créé par les opérations menées par le régime syrien avec l'appui de la Russie, pour prendre position dans plusieurs localités au nord d'Alep contre des groupes d'opposition au régime. La France suit avec préoccupation la dégradation des conditions sécuritaires dans le sud-est de la Turquie, notamment dans les principales villes, où les combats occasionnent de nombreuses victimes civiles.
La position de la France concernant le PKK a toujours été claire et constante : elle considère qu'il s'agit d'une organisation terroriste et condamne avec la plus grande fermeté ses actions violentes. La condamnation la plus ferme du terrorisme n'est pas exclusive d'un soutien de la France et de ses partenaires de l'Union européenne au retour du processus de dialogue sur la question kurde, qui avait été initié en 2013 et qui avait permis des avancées et de renforcer la stabilité de la Turquie. Ce dialogue doit reprendre avec l'ensemble des acteurs concernés - autorités politiques, société civile, partis politiques, syndicats, universitaires - qui s'inscrivent dans une démarche de non-violence.
À cet égard, la France suit attentivement les procédures qui ont été engagées à l'encontre de plusieurs universitaires et personnalités de la société civile signataires d'une pétition sur la situation dans le sud-est de la Turquie. La France et les institutions européennes ont rappelé à plusieurs reprises leur attachement à la liberté d'expression, que la Turquie s'est engagée à faire respecter au travers de ses engagements européens et internationaux.
Source : http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 avril 2016