Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invitée ce matin est Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre de l'Education nationale. Bonjour.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et merci. Vous êtes avec nous jusqu'à neuf heures sur BFMTV et RMC, et sur RMC de neuf heures à neuf heures et demie pour répondre aux questions de tous nos auditeurs et de toutes nos auditrices. Najat VALLAUD-BELKACEM, hier le ministre des Relations avec le Parlement Jean-Marie LE GUEN a déclaré sur BFMTV : « La prohibition du cannabis en France mérite d'être discutée ». Vous êtes d'accord ? Est-ce que ça mérite d'être discuté ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Moi je suis assez hostile à ce qu'on envoie un signal qui donnerait l'impression qu'on baisse la garde sur la lutte contre les drogues, donc faisons attention à des débats qui ne seraient pas maîtrisés. Au mieux que ce soit un jour l'objet d'un débat de campagne présidentielle pourquoi pas mais pas en ce moment pas à la fin d'un quinquennat, de façon trop précipitée, trop expéditive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi ? C'est une manoeuvre politicienne ? C'est quoi ? Pour faire venir un débat de société dans l'actualité ? C'est quoi selon vous ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je n'ai pas vu honnêtement Jean-Marie LE GUEN s'exprimer sur ce sujet. C'était sur votre chaîne en plus ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'était sur BFMTV hier avec Ruth ELKRIEF.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Donc vous en savez plus que moi. Mais connaissant Jean-Marie LE GUEN qui est médecin de formation et d'exercice d'ailleurs, je pense qu'il a dû exprimer une opinion personnelle sur ce qu'il pense.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Légalisation contrôlée. Il pense qu'une légalisation contrôlée
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est donc une opinion personnelle parce que je rappelle que le gouvernement sur ce sujet s'est exprimé clairement : il n'y a pas de dépénalisation du cannabis en vue.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc pour vous, on ne rouvre pas ce débat.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Sûrement pas en fin de quinquennat comme cela. Que ça puisse faire l'objet, encore une fois, un jour d'un débat de société mais dans un cadre maîtrisé, pourquoi pas d'une campagne, mais pas aujourd'hui, non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que par exemple dans le cadre d'une campagne présidentielle, un candidat à la présidentielle pourrait s'engager à organiser un référendum une fois élu ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En fait, si on revient à l'essentiel de ce débat, c'est-à-dire en gros la coexistence de plusieurs enjeux, l'enjeu de santé publique et l'enjeu de lutte contre les trafics souterrains, la question c'est de savoir d'abord qu'est-ce qui l'emporte en toute situation. Je pense que c'est l'enjeu de santé publique. Pour dire les choses autrement, il nous faut absolument préserver nos jeunes, nos enfants de la drogue. Point. Ça, c'est le plus important pour moi. Ensuite, il y a la question de la lutte contre les trafics souterrains dont on constate en effet aujourd'hui qu'elle n'est pas satisfaisante. Il faut sans doute revoir nos méthodes et nos moyens de lutte contre ces trafics mais est-ce que ça doit passer par la remise en cause de l'enjeu de santé publique ? Je ne le crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais Najat VALLAUD-BELKACEM, ce qui n'est pas satisfaisant non plus, c'est la hausse de la consommation de cannabis chez les adolescents. Nous devenons le pays champion d'Europe de la consommation de cannabis avec une répression.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
La question, c'est est-ce que le dépénaliser réduirait la consommation de cannabis chez les jeunes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'est-ce que vous en pensez, vous ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
J'ai un gros doute.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez un doute ? Franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Plus qu'un doute. Moi, je suis hostile à la dépénalisation du cannabis parce que je pense qu'il faut
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et à toute légalisation ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais entendez-moi. Je pense qu'il faut des interdits dans notre société. Je pense que les messages que l'on envoie à notre jeunesse parce qu'on inscrit dans la loi sont très importants. Donc leur dire que c'est néfaste pour leur santé, c'est un message qui compte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, vous étiez sur M6 hier et vous avez fait cette déclaration.
- Document M6 du 11 avril 2016 :
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
François HOLLANDE sera candidat à la présidence de la République et je pense même que nous avons de grandes chances de convaincre les Français lorsque nous arriverons à la fin du quinquennat avec le bilan de notre action.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il sera candidat à la présidence de la République ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. C'est une formule évidemment qui dit un souhait un peu plus qu'un énoncé, mais je pense que vous aurez compris ça parfaitement dans mon propos. Oui, bien sûr, je souhaite que François HOLLANDE soit président Heu, soit candidat d'abord, c'est la première étape, à la présidence et réélu. C'est évident. Pourquoi ? Parce que moi j'estime que ce qu'il a fait au cours de ce quinquennat, mais sans doute les Français en jugeront mieux à la fin du quinquennat pour avoir une vision d'ensemble, aura été plus qu'utile à la France. L'aura sortie de l'ornière, l'aura préparée pour affronter l'avenir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour l'instant, la France est dans l'ornière, une forme d'ornière. Non ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, non, non. Non, soyons clairs parce qu'on va parler par exemple de la jeunesse. Il y a des décisions qui ne produisent leurs effets que des années plus tard et c'est pour cela qu'on a besoin de temps pour démontrer aux Français que notre action a été utile et forte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Donc il sera candidat.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je pense que cette action mérite d'être reconduite en effet et de durer sur le long terme, donc un deuxième quinquennat serait le bienvenu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il sera candidat.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'évidence, François HOLLANDE me semble le plus légitime pour conduire ce deuxième quinquennat bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il sera candidat.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je le souhaite.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui. Est-ce qu'il devra passer par une primaire ? Vous le souhaitez ou pas ? Franchement, soyons francs.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Vous savez que ce week-end, le Parti socialiste a donc acté le principe d'une primaire de toute la gauche. Si primaire il devait y avoir, en effet autant que ce soit toute la gauche plutôt que de continuer à voir une balkanisation de cette couleur politique. Donc est-ce que le président de la République sortant y participera ? Si vous me demandez mon avis à moi, je pense que le président de la République sortant n'a pas à se présenter à une primaire mais c'est mon avis à moi. Je pense qu'il a la légitimité institutionnelle évidente pour aller devant les électeurs directement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas ce que disait François HOLLANDE en octobre 2011 à propos de Nicolas SARKOZY. Il disait le contraire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est pour ça que je vous précise bien que c'est mon avis à moi. Maintenant, vous aurez sans doute l'occasion de poser la question en direct au président de la République qui vous répondra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tout à fait. Tout à fait.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Les choses semblent encore ouvertes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous voyez à gauche une alternative à François HOLLANDE ? Je dis ça parce que quand je lis Manuel VALLS, la réponse est non, et beaucoup parlent d'Emmanuel MACRON. C'est une alternative ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Réponse à votre question est-ce que je vois une alternative à gauche aujourd'hui à François HOLLANDE : la réponse est non. C'est aussi ce qui me convainc qu'il faut nous rassembler tous et donner le maximum de force possible au seul candidat qui me paraît légitime aujourd'hui, qui est le président sortant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Emmanuel MACRON n'est pas une alternative ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
qui non seulement n'a pas démérité mais, encore une fois, qui a fait progresser notre pays, et donc je souhaite que la gauche se rassemble derrière lui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si 80 % des Français ne souhaitent pas qu'il soit candidat. Vous avez vu le dernier sondage.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais ça, les sondages !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quoi, les sondages ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Les sondages ne m'ont jamais intéressée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même quand ils sont bons ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et ce n'est pas à l'âge canonique qui est le mien que je vais changer sur ce point. Même quand ils sont bons.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM, Emmanuel MACRON qui se revendique ni de gauche ni de droite, est-ce que ce serait une bonne alternative à François HOLLANDE ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais alternative à quoi, du coup, si ça n'est ni de droite ni de gauche ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas, pour rassembler autrement.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, je pense qu'il faut être un peu sérieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas sérieux.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, ce que je veux dire c'est que j'observe avec un certain amusement la saturation médiatique provoquée par le lancement de ce mouvement par Emmanuel MACRON.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Saturation », c'est bien qu'il y a une demande.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, il y a une saturation médiatique incroyable. Sachons raison garder.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est bien qu'il y a une demande, non ? Est-ce que vous ne croyez pas que dans l'opinion, il y a une demande ? Il y a une effervescence ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Sachons raison garder.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On voit surgir des mouvements citoyens, une primaire citoyenne, on voit la Nuit Debout, on voit une France qui est en effervescence, qui ne veut plus de François HOLLANDE.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, non. Ça, c'est votre résumé de la situation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'y croyez pas ? Je vous pose la question : vous pensez que la France veut
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ça, c'est votre résumé de la situation ; je vais vous donner le mien s'il vous intéresse. En tout cas, merci de m'avoir invitée pour le faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y, allez-y, évidemment.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mon résumé à moi, c'est que oui, il y a une effervescence dans la société. Oui, il y a une demande de participation démocratique, citoyenne. Nuit Debout en est une belle illustration car moi, j'ai plutôt de la bienveillance à l'égard de ce mouvement. Il y a une défiance à l'égard des institutions et du politique en général, avec un grand P d'ailleurs. Le désamour dont semble souffrir François HOLLANDE dans l'opinion publique, vous remarquerez que les partis de droite souffrent d'un désamour encore plus important, donc sachons le reconnaître.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si Alain JUPPE est au moins au double de François HOLLANDE dans les intentions.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parce qu'Alain JUPPE aujourd'hui représente moins l'institution. Il y a une défiance à l'égard des institutions et du politique. La question, c'est comment on répond le mieux à cette défiance à l'égard du politique. Moi ma réponse, si je peux vous la donner, c'est quand on est en responsabilité comme je le suis, comme Emmanuel MACRON l'est, comme nous sommes nombreux à l'être, c'est de démontrer par A + B aux Français que notre action est capable de changer leur vie quotidienne. On va parler des mesures jeunesse tout à l'heure et je vous le démontrerai. C'est la seule façon de renouer la confiance entre les citoyens et le pouvoir politique, parce que sinon, finalement, tout ça me semble être une impasse. A quoi ça sert simplement de conforter leur idée
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous parlez de confiance. Vous parlez de confiance.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
A quoi ça sert simplement de conforter leur idée que le politique ne sert à rien ? Qu'être de gauche ou être de droite finalement c'est tout pareil, c'est du pareil au même ? A quoi ça sert ? Ça nous mène dans le mur. Donc moi, je suis pour qu'on refasse de la politique au sens noble.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous trouvez stupide ce que dit MACRON.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Refaire de la politique au sens noble, c'est 1° : dire que les projets de société de la gauche et de la droite ne sont pas les mêmes. D'ailleurs précisément, si nous avons dû faire tant d'efforts depuis 2012 pour redresser ce pays, c'est que la situation dans laquelle la majorité de droite précédente l'avait laissé était insatisfaisante, donc nous avons changé de projet de société. Deuxième chose, c'est de montrer aux Français que notre action politique produit ses effets contrairement à cette idée très courue dans les cercles médiatiques qu'il ne se passe rien. Moi, je veux qu'on parle de mes dossiers, je vais vous démontrer en quoi il se passe beaucoup de choses qui changent la vie des gens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord Najat VALLAUD-BELKACEM, mais moi je vois les chiffres : les chiffres du chômage, je vois d'autres chiffres.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parlons du chômage des jeunes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vois une France qui attend, qui a besoin d'espoir. Non ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, la France a besoin d'espoir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pensez que c'est François HOLLANDE qui incarne l'espoir aujourd'hui ? Franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord, moi je ne crois qu'aux démarches collectives. Les démarches individuelles, ce n'est pas mon truc. Donc je pense qu'à côté de François HOLLANDE, derrière François HOLLANDE, il y a toute une équipe. J'aimerais que la gauche soit d'ailleurs plus rassemblée et plus forte à ses côtés, mais que toute cette équipe, oui, elle apporte des réponses qui sont susceptibles de porter l'espoir en effet dans les Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les sorties de MACRON sont intempestives ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
[long silence] C'est long un silence ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je le fais exprès.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je sais, mais moi aussi. En fait, je n'ai pas envie de répondre à votre question. J'en suis désolée, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez quelque chose en tête ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Non, ce n'est pas ça. C'est que je ne souhaite pas alimenter la machine médiatique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne s'agit pas d'alimenter la machine médiatique, il s'agit de dire la vérité des choses.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je vais vous la dire, et je l'ai dite déjà. C'est une initiative intéressante, je comprends qu'elle puisse enthousiasmer certains qui s'étaient éloignés de la politique et trouvent là une autre façon de parler de la politique. Maintenant, ça n'est pas l'alpha et l'oméga de notre vie politique, donc je refuse de la commenter parce que sinon, j'en rajoute à mon tour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Najat VALLAUD-BELKACEM, les mesures pour les jeunes, cinq cents millions d'euros par an.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà. Ça en revanche, ça me paraît important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors des mesures intéressantes. Les 16-25 ans peu ou pas diplômés, une aide à la recherche du premier emploi pour les diplômés d'origine modeste, les boursiers, quatre mois de bourse. Il y a aussi une garantie universelle locataire jusqu'à trente ans ; l'Etat est garant pour pouvoir louer quand on est jeune, moins de trente ans. Il y a des bourses versées aux lycéens qui sont augmentées de 10 %. Enfin, plusieurs mesures, et puis il y a la taxation des CDD. Là, ça fait réagir, la taxation des CDD : c'est que les charges patronales sur les CDD sont alourdies.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous croyez que ça va inciter le chef d'entreprise à embaucher ? Franchement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
D'abord, reprenons ce qu'il y a dans ce plan parce que c'est important. En réponse à ceux qui pouvaient mettre en doute notre priorité jeunesse depuis 2012, que les choses soient claires, la priorité jeunesse elle est là. Je ne laisserai personne prétendre le contraire, sinon c'est de la mauvaise foi et je refuse d'en discuter. Pourquoi elle est là ? Parce que quand on gouvernement investit dans l'éducation de ses enfants à hauteur de plus d'un milliard d'euros de plus par an depuis 2012, en créant des postes certes mais surtout en redonnant la priorité au primaire, en donnant plus de temps d'étude aux élèves, en luttant contre le décrochage scolaire. On est passé des cent quarante mille jeunes en décrochage scolaire sans qualification à cent dix mille. On l'a réduit de trente mille par an. C'est un gouvernement qui évidemment investit dans sa jeunesse. La priorité jeunesse, elle est là parce que depuis 2012 nous avons tenu l'engagement qu'avait pris le président de la République, notamment de s'adresser aux jeunes peu ou pas qualifiés qui ne trouvaient juste aucune solution sur le marché du travail avant 2012. Souvenons-nous en, on a la mémoire courte. Aujourd'hui avec deux cent soixante mille jeunes en emploi d'avenir, avec cinquante mille jeunes en garantie jeunes, et cætera, nous avons apporté des réponses. Il n'en reste pas moins que toute réalité qu'elle soit
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont des emplois aidés tout ça.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui. Toute réalité qu'elle soit, la priorité jeune ce n'est pas une réalité figée, donc elle doit s'augmenter, s'améliorer dans le temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est aussi l'entreprise qui embauche des jeunes.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Attendez. La discussion que nous avons eu avec les organisations jeunes, c'est : « Oui, mais il y a ces interstices de précarité que vivent aujourd'hui les jeunes ». Par exemple, un jeune étudiant boursier qui sort de ses études, qui a son diplôme en poche, on sait très bien qu'il ne va pas trouver son emploi dans les deux mois qui suivent. On sait très bien qu'en moyenne, ça prend plusieurs mois. Est-ce qu'on le laisse tomber dans la précarité dans cet interstice de temps ou est-ce qu'on lui crée, comme on vient de le faire, une aide à la recherche du premier emploi qui lui permet de continuer à toucher sa bourse pendant quatre mois ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est encore une aide.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais c'est une aide, bien sûr, mais tant mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tant mieux. Mais ensuite, il va falloir qu'il trouve un emploi. L'aide dure quatre mois, Najat VALLAUD-BELKACEM. Je vous repose la question : est-ce que c'est en alourdissant les charges patronales sur les CDD qu'on crée de l'emploi ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Cette histoire de surcotisation des CDD, c'est très intéressant, les observateurs semblent la découvrir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2013.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà, je refais un petit peu l'historique de tout cela. 2013, que s'est-il passé ? Accord national interprofessionnel, c'est-à-dire entre tous les partenaires sociaux à ma connaissance le MEDEF, la CGPME, l'UPA ont signé actant le fait qu'il faut surcotiser s'agissant des CDD et sous-cotiser en fait ces bonus-malus s'agissant des CDI. Pourquoi ? Parce qu'il faut renchérir le coût des CDD pour inciter à prendre les jeunes en CDI ? Oui, je vous confirme que ce serait une bonne chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sauf qu'il y avait tellement d'exemptions dans cet accord en 2013 ; il y en avait des exemptions.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà. Mais en fait, vous avez le même raisonnement que nous. Allez-y, poursuivez. Il y avait des exemptions, la surcotisation était trop basse, de fait les effets produits sont mitigés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
« Mitigés » ? On est à 87 % de CDD. Mitigés ? Mais c'est un échec monumental depuis 2013 !
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui, oui, d'accord. Enfin
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est un échec.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Quand je dis mitigés, ça veut dire pas bons. Qu'on s'entende bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, disons-le. Ce n'est pas bon.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est parce que j'ai un discours poli.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Poli et politique.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Et par ailleurs en 2013, cette surcotisation était optionnelle. Donc le principe en avait été acté y compris par le patronat mais sur un mode optionnel. Donc quelle nouveauté apportons-nous aujourd'hui ? C'est de dire : on va inscrire dans la loi pour dire clairement un message fort du gouvernement, que cette surcotisation sera obligatoire. Maintenant, les modalités et le montant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc les partenaires sociaux n'ont rien à dire.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Laissez-moi finir. Les modalités et le montant, ce sont les partenaires sociaux qui décident, donc nous n'interférons aucunement dans le dialogue des partenaires sociaux mais nous envoyons un message fort. C'est que nous incitons au CDI plutôt qu'au CDD. Je rappelle que c'est aujourd'hui à peine 13 % de gens qui sont embauchés en CDI, donc il fallait faire quelque chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ne pas baisser les charges sur les CDI parallèlement ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais c'est l'idée. C'est l'idée du bonus-malus. Pardon, ce n'était pas clair ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, parce qu'hier ça n'a pas été dit. Pardon.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Dans l'accord de 2013, vous reprendrez dans les conclusions, c'est bien l'idée d'une surcotisation sur les CDD et d'une sous-cotisation sur les CDI. Bonus-malus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce qui va se passer là ? Parce qu'hier, ça n'a pas été annoncé, ça ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr. Parce que l'idée, c'est d'être dans la continuité de l'accord de 2013.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, on est bien d'accord. On est bien d'accord. Il y aura surtaxation, surcotisation comme on veut charges alourdies sur les CDD et charges allégées sur les CDI. On est bien d'accord.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est le principe de 2013.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sur tous les CDD et sur tous les CDI.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'et le principe de 2013 et encore une fois aujourd'hui
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais en 2013, il y avait des exemptions. Là, c'est tous les CDD et tous les CDI ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Aujourd'hui ce qu'on inscrit dans la loi par la voie d'un amendement qui va être apporté en première discussion à la loi Travail, c'est l'obligation d'intégrer cette modulation des cotisations. Ensuite, les modalités et le montant précis, c'est aux partenaires sociaux qu'il reviendra de les définir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui veut dire que les charges sur les CDI seront allégées ? Sur tous les CDI ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Parce que nous nous situons dans la continuité de ce qui a été décidée en 2013
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous dites oui ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est la logique, mais, encore une fois, les modalités ce sont les partenaires sociaux qui en décident.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, les modalités d'accord, mais enfin le principe c'est on alourdit les charges
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Mais, Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais attendez, parce que c'est très important, ça n'a pas été dit hier. On alourdit les charges sur les CDD, et on allège les charges sur les CDI.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est cela, pour inciter, en effet, à la prise en CDI plutôt qu'en CDD.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça c'est une information que nous n'avions pas, c'est pour ça qu'elle importante. On parlera d'éducation nationale, beaucoup sur RMC, entre 9H00 et 9H30, parce que j'ai beaucoup de questions sur le fonctionnement de l'éducation nationale, mais je voudrais vous parler des actes de pédophilie et des efforts que vous faites. 27 radiations dans l'éducation nationale en 2015, c'est bien cela, des enseignants ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des enseignants, ces 27 radiations.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Il y a du personnel enseignant et du personnel non-enseignant, mais il y a des enseignants, oui, bien sûr. Mais, sur ce point d'abord, merci d'évoquer le sujet, parce que je vais vous dire une chose, il y a une chose qui m'a frappée la semaine dernière, c'est qu'après 1 an de travail continu et d'efforts très importants sur ce sujet nous avons réussi à faire adopter définitivement la loi dite loi Villefontaine, c'est-à-dire une loi qui, pour ne se reproduise plus jamais le cas qu'on a connu à Villefontaine, impose désormais à la justice de transmettre à l'éducation nationale les condamnations portant sur des agents de l'éducation nationale pour que directement dans la foulée on puisse prendre une sanction disciplinaire et empêcher que ces personnels continuent à être au contact d'enfants. Vous voulez ce que je vous dise ce qui m'a frappée la semaine dernière
JEAN-JACQUES BOURDIN
Allez-y.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est que quasiment personne n'en n'a parlé, et c'est ça qui me déplaît, et c'est pour ça que tout à l'heure j'étais peut-être un peu irritée dans la question que vous me posiez sur la politique, la confiance, les Français, etc. Je pense que, à un moment donné, si on veut renouer avec la confiance des Français, il faut aussi que la presse fasse son travail et sache relayer les moments où les décisions sont prises et qu'elles entrent dans le dur de la vie des gens. Donc voilà, je le dis, merci vraiment de m'offrir votre tribune pour le faire, la loi a été adoptée, donc nous n'aurons plus la situation de Villefontaine. Et par ailleurs, je procède en ce moment même au contrôle des casiers judiciaires de tous les agents de l'éducation nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tous les dossiers ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Tous les dossiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Des personnels de l'éducation nationale. Vous avez commencé avec l'académie de Reims
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'avez rien trouvé ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Tout à fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans l'académie de Reims vous n'avez rien trouvé ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Je souris, il n'y a rien de drôle, mais
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous n'avez rien trouvé.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
On n'a rien trouvé. En fait on a commencé avec l'académie de Reims pour tester notre modèle de contrôle des casiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, et d'autres académies vont être
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Toutes les académies. En fait, concrètement, ça va durer 1 an, ça peut paraître long 1 an, comme ça, mais il faut rappeler peut-être à vos auditeurs qu'on a 850.000 personnels, 850.000 personnels à raison de 3000 contrôles par jour. Donc, on contrôle à la fois les casiers dits B2 et on croise ces informations avec le fichier informatisé judiciaire des infractions sexuelles, donc comme ça on a vraiment une vision claire des condamnations qui auraient pu porter sur nos agents dans le passé et qu'on n'aurait pas connues, et si on les découvre on reconvoque des conseils disciplinaires pour repasser en revue leur situation et mettre fin, si besoin, à leur exercice. Donc, 3000 dossiers par an, ça prend à peu près 1 an pour les 850.000. Mais c'est une opération, si vous voulez, qui a vocation à n'avoir lieu qu'une fois, donc cette fois-ci, parce que, ensuite, la loi dite Villefontaine, entrée en vigueur, quasiment immédiatement, eh bien pour l'avenir nous serons au courant quand quelqu'un sera condamné chez nous, et nous pourrons agir pour qu'aucun prédateur sexuel ne traîne auprès des enfants dans nos établissements scolaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien, merci d'être venue nous voir sur BFM TV
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Déjà ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Déjà, il est 8H56, mais sur RMC vous allez répondre à toutes les questions, et notamment toutes les questions d'éducation, sur le baccalauréat, sur j'ai vu même qu'il serait possible, à nouveau, de disséquer une souris en classe, vous avez vu ça
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Conseil d'Etat vous a donné tort.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
C'est vrai. En effet on avait adopté une circulaire mettant fin à cette pratique de dissection des souris, le Conseil d'Etat a jugé que ça n'avait pas de raison d'être, donc voilà, il faut faire confiance aux enseignants, il y a ceux qui utiliseront cette pratique et puis les autres. Moi j'avoue que j'étais quand même favorable à la protection des animaux, qui allait jusqu'à la fin de la dissection des souris, mais le Conseil d'Etat ne nous a pas suivis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Najat VALLAUD-BELKACEM vous êtes avec nous sur RMC pendant une demi-heure, à tout de suite.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2016