Texte intégral
GUILLAUME DURAND
Donc bonjour et bienvenue, d'abord, une question personnelle, est-ce que vous vous sentez en forme pour aller défendre cette loi à l'Assemblée, parce qu'il y a beaucoup de gens, on parlait tout à l'heure, avant d'entrer dans ce studio, de caricatures vous concernant, elle n'y arrivera pas, etc., etc., or, vous arborez ce matin un joli sourire, un beau sourire, donc est-ce que Myriam El KHOMRI va aller à la bataille ?
MYRIAM EL KHOMRI
Je suis tout à fait en forme, en effet, il y a quinze jours de vacances parlementaires actuellement, et donc le 3 mai, ça commence en hémicycle, et j'attends cela avec beaucoup d'impatience, parce que je crois que travailler sur les amendements, ça va permettre de travailler sur la réalité de la loi
GUILLAUME DURAND
Mais vous savez que ça va être violent.
MYRIAM EL KHOMRI
Mais bien évidemment, je sais que ça va être difficile, je sais que
GUILLAUME DURAND
Parce que la droite dit : il n'y a plus de loi El Khomri
MYRIAM EL KHOMRI
Mais tout ça, c'est des caricatures, et notre pays adore ce type de caricatures et de postures. Cette loi, elle a une philosophie, c'est que nous devons changer notre modèle de régulation sociale. Nous devons développer plus de démocratie sociale, au plus près de l'entreprise pour pouvoir s'adapter. Les entreprises ont besoin de souplesse, mais ça ne doit pas se faire en enlevant
GUILLAUME DURAND
Mais elles hurlent
MYRIAM EL KHOMRI
Non, non, attendez, attendez
GUILLAUME DURAND
Pierre GATTAZ, hier, dans Le Figaro : je hurle, la CGPME, vous l'avez vu, ils parlent de coup de poignard, du coup, depuis qu'on a appris la taxation des CDD, donc il y a quand même un son de cloche qui n'est pas celui que vous venez de décrire
MYRIAM EL KHOMRI
Mais cette loi n'a jamais été une loi pro-patrons contrairement à ce qui a été dit, et cette loi n'est pas aujourd'hui une loi anti-patrons, ce n'est absolument pas la réalité. Cette loi, elle a trois éléments essentiels, la première, c'est la capacité de donner des souplesses aux entreprises par la négociation collective, c'est-à-dire des souplesses négociées avec les représentants des salariés, pour pouvoir s'adapter à un pic de commandes, pic d'activités. Ça, c'est essentiel pour gagner pour améliorer la compétitivité de notre économie. Le deuxième enjeu de cette loi, c'est de permettre aux entreprises de se projeter, c'est-à-dire d'avoir assez de clarté et de prévisibilité, et c'est en cela que nous l'avons toujours dit cette loi, elle vise à encourager l'emploi durable. C'est-à-dire l'emploi en CDI. Et c'est pour cela qu'il y a une totale cohérence avec la volonté du gouvernement, même si ça relève des partenaires sociaux, d'avoir une impulsion politique, notamment disant qu'il est possible justement que les partenaires sociaux doivent pouvoir moduler les cotisations, s'agissant des CDD.
GUILLAUME DURAND
Mais à partir du moment où on protège la jeunesse, mais qu'on demande à cette jeunesse d'accéder au marché du travail, et qu'à l'autre bout du marché du travail, vous avez quand même les patrons des CGPME qui vous menacent d'un coup de poignard et de ne plus négocier sur rien dans les jours qui viennent, ça sert à quoi de former des jeunes qui ne pourront plus accéder à des PME, dont les patrons ne veulent pas, finalement, parce qu'ils sont en guerre maintenant contre vous !
MYRIAM EL KHOMRI
Nous avons toujours dit que nous avions un problème dans notre pays qui est le recours abusif aux CDD, 50 % des CDD qui sont signés sont des CDD de moins d'une semaine, neuf embauches sur dix se font en CDD, voilà la réalité, et notre pays est le deuxième pays de l'Union européenne utilisateur de CDD de moins d'un mois
GUILLAUME DURAND
Et il fallait les taxer, ce qui existe déjà depuis
MYRIAM EL KHOMRI
Exactement, et qu'est-ce qui se passe aujourd'hui, nous faisons comme en Espagne et comme en Italie, puisque les organisations patronales prennent souvent l'exemple de l'Espagne et l'Italie, ces modulations, notamment des taxations, existent aujourd'hui, elles ont été mises en place il y a deux ans par les partenaires sociaux. Elles n'ont pas eu les effets escomptés, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu moins d'utilisations de CDD, parce que la sur-cotisation a été modeste, et elle ne concernait pas l'ensemble des contrats de CDD. Donc l'objectif, c'est que là, nous affichons dans la loi l'impulsion politique du gouvernement, c'est notre droit, de dire que nous souhaitons que les partenaires sociaux puissent moduler les cotisations, mais c'est aux partenaires sociaux d'en mettre en oeuvre les modalités, c'est essentiel ; nous avons toujours dit que cette loi visait à favoriser l'emploi durable, et donc l'objectif aujourd'hui, et c'est en totale cohérence avec ce projet de loi, quelle est la question qui est posée pour un chef d'entreprise, ce que nous ont dit les organisations patronales, c'est qu'il y avait une réticence à embaucher en CDI, parce que justement, on avait peur du contentieux, que propose cette loi ? Elle propose de donner de la prévisibilité, de la clarté en disant quelles peuvent être les difficultés économiques s'agissant du licenciement économique
GUILLAUME DURAND
Mais, vous n'êtes pas une naïve, au départ, les patrons, ce qu'ils voulaient, c'est pouvoir licencier plus facilement, avoir le moins de dégâts possibles aux Prud'hommes, et assouplir le marché du travail jusqu'à peut-être, effectivement, comme ça existe dans beaucoup de pays, le précariser totalement, en gros, pour être, au fond, dans la mondialisation, c'est ce que GATTAZ a dit, il dit, finalement, ce qu'on nous propose, c'est la lutte des classes, c'est le refus de la mondialisation, vous l'avez lu dans Le Figaro hier.
MYRIAM EL KHOMRI
Non, oui, mais ce n'est pas la réalité de la loi, la réalité
GUILLAUME DURAND
Mais vous lui répondez quoi à GATTAZ ?
MYRIAM EL KHOMRI
Je lui réponds que les demandes des TPE étaient justement d'avoir plus de clarté et de prévisibilité par rapport au contentieux lorsqu'il y a une rupture d'un CDI, c'est ce que nous avons fait en apportant de la clarté sur le motif de licenciement économique, avec un travail parlementaire, qui a permis d'avoir une distinction entre les grands groupes et les petites entreprises. Nous créons, députés, dans le cadre de la Commission Affaires sociales, permettent aux PME d'avoir une provision, notamment en raison d'un risque contentieux, c'est quelque chose d'assez novateur, qui est intégralement dans la loi. Mais la contrepartie de cela, donc ça, ça favorise justement l'embauche en CDI, la contrepartie de cela, il est légitime, puisqu'on a une situation s'agissant d'une forme d'hyper précarité, avec des CDD de plus en plus courts, sachez juste un chiffre, 82 % des embauches en CDD sont des réembauches. Donc on voit bien que, il y a une utilisation parfois abusive des CDD, notamment des CDD les plus courts, dont sont les victimes les femmes, les jeunes, les personnes les moins qualifiées de notre pays, et donc il est légitime que le gouvernement donne son impulsion politique.
GUILLAUME DURAND
Mais je comprends votre point de vue, mais vous avez lu les commentaires de ce matin, il y a des gens qui disent : c'est la loi MARTINET, donc, et qui représente William MARTINET, il représente combien
MYRIAM EL KHOMRI
Oui, sachant que William MARTINET, lui, appelle au retrait de la loi. Donc à un moment, toutes ces postures et ces caricatures, il faut que
GUILLAUME DURAND
Mais ça prouve qu'il est ambigu, lui aussi
MYRIAM EL KHOMRI
Non, mais il faut cesser, hier, il y avait, autour de la table, huit organisation jeunesses, il n'y avait pas que l'UNEF, il y avait la JOC qui s'occupe des jeunes, notamment, issus des quartiers populaires, il y avait le MRJC, qui s'occupe notamment des jeunes en milieu rural. Toutes ces organisations jeunesses ont fait part de propositions. Elles ne sont pas toutes relatives à ma loi, elles sont relatives à un sentiment d'exaspération de la jeunesse, c'est pour ça qu'il était important de les entendre, et moi, je suis très heureuse que la voix des apprentis, notamment d'origine modeste, qu'on entend très peu, ait été entendue dans le cadre de ces organisations jeunesses
GUILLAUME DURAND
MARTINET, mais c'est quand même bizarre qu'il trouve que les propositions que vous faites soient satisfaisantes, et qu'en même temps, il dise : il faut que cette loi, on n'en veut pas, en gros
MYRIAM EL KHOMRI
Mais c'est toute
GUILLAUME DURAND
Donc un schizophrène ce MARTINET ?
MYRIAM EL KHOMRI
Je ne me permettrai absolument pas. Ce que je veux vous dire, aujourd'hui, c'est que, d'un côté, j'ai des organisations patronales qui disent que cette loi a été vidée de son contenu, et de l'autre côté, j'ai monsieur MARTINEZ, par exemple, de la CGT, qui dit qu'il faut le retrait de cette loi. Regardez un petit peu toutes ces postures et ces caricatures, que nous pouvons avoir d'un camp à l'autre, nous avons trouvé un compromis équilibré. Et l'objectif de cette loi, qui est d'améliorer la compétitivité de notre économie, de créer des nouveaux droits à travers le compte personnel d'activité, et en même temps, de donner plus de clarté, de prévisibilité aux entreprises, cette philosophie-là, elle a été maintenue par les députés.
GUILLAUME DURAND
Mais vous savez, Madame, que l'histoire de la gauche version François HOLLANDE, elle a maintenant trois ans et demi, les gens se souviennent du pacte, du CICE, des contrats aidés, enfin, d'un certain nombre de données qui sont toutes sur la table, et qu'on a les uns et les autres, avec un chômage qui continue à exploser. Donc au fond, on est en train de se demander si dans le marché du travail, il n'y a pas tout simplement une opposition entre la gauche et les patrons, et les patrons ne vous aideront pas, et comme c'est les patrons qui embauchent et qui créent des emplois, de toute façon, à terme, quel que soit le contenu de la loi que vous défendez, il n'y aura pas plus d'embauches, et vous finirez le quinquennat avec une barre des chômeurs qui va encore battre tous les records.
MYRIAM EL KHOMRI
Non, ce n'est absolument pas l'analyse, moi, je ne suis pas là pour pronostiquer l'inversion de la courbe du chômage, je suis là pour agir. Et les éléments que vous donnez sont faux, nous avons changé, en termes de signaux économiques, en 2015, nous avons créé 100.000 créations nettes d'emplois dans notre pays, nous n'avions pas eu ce record-là depuis 2010. Donc nous voyons bien que nous avons des
GUILLAUME DURAND
Oui, la majeure partie, ce sont des emplois aidés
MYRIAM EL KHOMRI
Non, non, je vous parle d'emplois marchands, nous voyons bien que nous sommes aujourd'hui dans une situation économique qui est meilleure, le chômage des jeunes a baissé en 2015, au sens des chiffres de Pôle emploi, c'est une bonne chose, c'est encourageant, ce n'est pas suffisant. Donc nous avons aujourd'hui des signaux économiques qui sont positifs, nous avons mis en place
GUILLAUME DURAND
Oui, c'est la logique de François HOLLANDE, c'est ce qu'il a expliqué à la télévision
MYRIAM EL KHOMRI
Nous avons mis en place le pacte de responsabilité, le CICE, mais c'était essentiel pour que les entreprises, nous puissions restaurer leurs marges, néanmoins, il y a des mesures conjoncturelles que le président de la République a prises le 18 janvier, à la fois avec l'aide Embauches PME, à la fois également avec le plan 500.000 actions de formations supplémentaires. Il y a des mesures structurelles dont notre pays a besoin, et ça, c'est la loi que je porte, qui va être donc à l'Assemblée à partir du 3 mai prochain, qui est essentielle, et la philosophie de cette loi, c'est-à-dire, ne pas être dans une vision manichéenne, avec, d'un côté, les patrons, de l'autre côté, les salariés, mais essayer de trouver, d'insuffler dans notre pays une culture du compromis, celle-là, elle est intacte.
GUILLAUME DURAND
Compromis, il n'y en a pas, Jean-François ROUBAUD, il parle d'une loi qui est une hérésie, et François FILLON, Nicolas SARKOZY, Alain JUPPE, Bruno LE MAIRE, tous les leaders de l'opposition vous tombent dessus
MYRIAM EL KHOMRI
Ça ne vous aura pas échappé qu'on a des échéances politiques, et que les uns et les autres jouent par rapport à cela
GUILLAUME DURAND
Non, mais d'accord, mais François HOLLANDE aussi, enfin, mais c'est aussi un des arguments qu'on lit dans la presse ce matin, finalement, François HOLLANDE c'est ce qu'on lit dans la presse cajole les jeunes, cajole la gauche, pour essayer de reconstituer une
MYRIAM EL KHOMRI
Il n'y a pas de question de je crois que ça fait trente ans
GUILLAUME DURAND
Non, mais, écoutez mon argument, c'est-à-dire que cette loi ou vous-même, vous ne seriez que l'instrument de la possible candidature nouvelle de François HOLLANDE.
MYRIAM EL KHOMRI
Non, mais le président de la République nous a demandé de réformer jusqu'au bout, et c'est essentiel, agir en politique, ce n'est pas toujours être populaire, et j'en sais quelque chose.
GUILLAUME DURAND
D'accord
MYRIAM EL KHOMRI
Agir en politique, c'est être lucide sur le diagnostic de notre pays et essayer de promouvoir des réponses, qui sont en phase avec le monde du travail aujourd'hui
GUILLAUME DURAND
Il n'y a aucune arrière-pensée
MYRIAM EL KHOMRI
Voilà qu'elle est ma mission aujourd'hui
GUILLAUME DURAND
Je comprends, mais il n'y a aucune arrière-pensée politique de Manuel VALLS et de François HOLLANDE aujourd'hui ?
MYRIAM EL KHOMRI
Non, mais vous savez, un quinquennat
GUILLAUME DURAND
Pourquoi tout le monde l'écrit alors ?
MYRIAM EL KHOMRI
Un quinquennat, c'est cinq ans, excusez-moi, ce n'est pas quatre ans
GUILLAUME DURAND
Oui, ça, je le savais, oui
MYRIAM EL KHOMRI
Un quinquennat, c'est cinq ans. Et donc la quatrième année, elle est importante, elle est importante, et nous sommes tout à fait lucides, à la fois sur le diagnostic de notre pays, et nous savons que nous avons besoin de mesures structurelles. C'est le sens de cette loi, et cette loi n'est pas là ni pour cajoler les organisations jeunesses ni pour cajoler les organisations patronales, elle est là pour faire avancer notre pays.
GUILLAUME DURAND
Oui, mais je voudrais vous reposer une dernière question, parce que, il y a tellement de choses dans cette loi, il y a eu plusieurs versions, donc évidemment, le détail est très important, et je comprends que vous le défendiez, évidemment, pied à pied, mais ce que je ne comprends pas sur le fond, vous dites : on n'est pas là pour cajoler la jeunesse, ok, on n'est pas là pour cajoler les patrons, mais comment ne pas cajoler les patrons, puisque c'est eux qui créent l'emploi, c'est ça que je ne comprends pas, et que personne ne comprend ?
MYRIAM EL KHOMRI
Ce n'est pas une question
GUILLAUME DURAND
Ce n'est pas l'Etat qui va créer des emplois, c'est, soit, les grandes entreprises, soit les petites et moyennes entreprises. Donc si vous ne les avez pas dans votre camp, c'est cuit !
MYRIAM EL KHOMRI
Non, mais attendez, qu'est-ce que ça veut dire être dans son camp, l'objectif de cette loi, c'est en effet d'améliorer la compétitivité de notre économie, donner des souplesses aux entreprises, c'est encore dans cette loi, et ça y restera, c'est la philosophie de cette loi, mais ces souplesses sont négociées, nous l'avons dit depuis le début, et c'est en ça que ce projet de loi est un projet de loi social démocrate
GUILLAUME DURAND
Est-ce que vous voulez les revoir
MYRIAM EL KHOMRI
Ce qu'ils disent aujourd'hui, c'est par rapport à la question de la sur-taxation des CDD
GUILLAUME DURAND
Eh bien, oui, je le sais
MYRIAM EL KHOMRI
Ce n'est pas par rapport à l'intégralité de cette loi, ils ont bien conscience que cette loi est un pas en avant, notamment en termes de prévisibilité, de clarté
GUILLAUME DURAND
Ils craignent aussi la réintégration des syndicats dans les petites entreprises, etc., etc., vous le savez, vous l'avez lu
MYRIAM EL KHOMRI
Oui, mais qu'il y ait une incompatibilité culturelle dans certaines petites entreprises par rapport aux questions syndicales, c'est une question qu'il faut poser en effet. Mais bien évidemment, pour moi, les souplesses doivent être négociées, c'est le sens se cette loi. Et d'ailleurs, des syndicats réformistes sont prêts à prendre leurs responsabilités pour développer les accords d'entreprise. La négociation en entreprise est au coeur de cette loi, et elle le restera.
GUILLAUME DURAND
J'ai une dernière question, pardonnez-moi de vous interrompre, parce que nous sommes arrivés au terme de cet entretien, merci d'être venue ce matin sur l'antenne de Radio Classique et de Paris Première, les gens sont un peu stupéfaits par la sortie de Jean-Marie LE GUEN, qui débarque justement en plein milieu des conversations que vous avez avec les jeunes pour, au fond, arrêter la pénalisation du cannabis, est-ce que ce serait une autre version aussi de la loi El Khomri, c'est-à-dire, de faire plaisir aux jeunes, en leur disant : allez, les gars, le pétard, c'est reparti ?
MYRIAM EL KHOMRI
Non, écoutez, absolument pas, je ne sais pas dans quel contexte, Jean-Marie LE GUEN s'est exprimé sur le cannabis, mais ça n'a strictement rien à voir avec ma loi, ni par rapport au contexte
GUILLAUME DURAND
Non, mais je sais, je ne suis pas complètement idiot, ni par rapport au contexte, non, mais on y voit une sorte de démagogie pro-jeunes, quoi, c'est-à-dire à la fois, on aide, on prolonge les bourses, et en même temps, on leur fait miroiter l'idée que
MYRIAM EL KHOMRI
Non, non, non, absolument pas
GUILLAUME DURAND
Vous ne croyez pas aux arrière-pensées, vous, c'est ça qui est bien
MYRIAM EL KHOMRI
Vous savez, moi je suis profondément concentrée sur la mission que m'a donnée le président de la République. Alors, j'entends plein de caricatures, plein de postures ici ou là, mais je déteste ça en politique, je vous le dis très clairement. Donc, moi je reste dans mon rail, et concentrée sur ma mission, parce qu'elle est importante, et servir mon pays c'est essentiel. Après, sa gestion du cannabis, je ne sais pas dans quel cadre Jean-Marie LE GUEN s'est exprimé sur le sujet, je pense qu'il a dû le faire à titre personnel, après moi je pense que cette question elle ne pourra être réglée dans notre pays que si les politiques ne s'en mêlent pas.
GUILLAUME DURAND
C'est-à-dire ?
MYRIAM EL KHOMRI
C'est-à-dire que je crois qu'il faut être en capacité d'avoir un débat
GUILLAUME DURAND
Vous êtes pour ou vous êtes contre, vous ?
MYRIAM EL KHOMRI
Non, non, moi je pense qu'il faut, au-delà d'être pour ou d'être contre, je pense que le cannabis est une vraie problématique dans notre pays, notamment quand on consomme particulièrement jeune, que ça peut créer des retards notamment en termes de suivi scolaire, que ça a un impact bien sûr sur le cerveau des plus jeunes, mais je crois aussi qu'il est important d'avoir une réelle politique de prévention et aujourd'hui le cadre légal qui est appliqué peut mettre en difficulté cela. Donc moi ce qui me semble important aujourd'hui, c'est que nous puissions avoir un débat, mais peut-être un débat plus serein, et donc j'invite les politiques à ne pas s'en mêler mais peut-être de laisser les chercheurs, les universitaires, les médecins, s'emparer de ce débat.
GUILLAUME DURAND
Merci beaucoup Myriam El KHOMRI d'être venue ce matin sur l'antenne de Radio Classique et de Paris Première, je rappelle qu'il va y avoir un petit espace, disons de repos, de détente, et qu'après la grande bataille aura lieu avec vous en première ligne au Parlement. Bonne journée à vous.
MYRIAM EL KHOMRI
Merci à vous.
Source ; Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2016