Texte intégral
FREDERIC RIVIERE
Bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Plus de 20 ministres vont participer ce soir à la Faculté de médecine de Paris, à un meeting intitulé curieusement, pourrait-on dire, « Hé oh la gauche ! ». Quel est le sens de cette interpellation ? C'est « Hé oh la gauche, on se réveille » ? « Hé oh la gauche, on arrête de déserter le PS » ?
JEAN-MARIE LE GUEN Voilà, « Hé oh la gauche, on se réveille un petit peu, et puis on arrête un tout petit peu de se laisser aller au dénigrement systématique ». Il est temps maintenant de dire que ce gouvernement et cette majorité ont fait des choses importantes pour notre pays, bien sûr, mais en particulier autour de la question sociale. Bien sûr, il y a une focalisation du débat autour de la question du chômage, et même si nous créons des emplois, nous n'en créons pas suffisamment par rapport, jusqu'à aujourd'hui, en raison de la vague démographique. Mais pour le reste, la protection sociale des Français a progressé, la loi travail que nous allons voter, est une avancée tout à fait considérable, équilibrée, parce qu'elle permet à la fois de nouveaux droits aux salariés, et en même temps elle permet une plus grande agilité aux entreprises, dont les salariés, à la fin, seront les premiers bénéficiaires.
FREDERIC RIVIERE
On ne sait pas encore exactement ce qu'elle sera cette loi travail, à l'issue des débats au Parlement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais on en a une idée maintenant, je pense que, d'abord, le Parlement a travaillé, il y a deux commissions du Parlement qui ont travaillé, qui ont adopté ce texte, qui lui ont donné pour l'essentiel un apport équilibré. Alors, j'entends bien que les conservateurs de tous poils vont vouloir s'y opposer, mais il y a aujourd'hui une loi travail qui donne une perspective positive pour notre pays, pour l'emploi, contre la précarité, de nouveaux droits des salariés, c'est important.
FREDERIC RIVIERE
La focalisation, vous avez employé cette expression, sur le chômage, c'est François HOLLANDE qui en est responsable.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr, je reconnais que l'idée d'indexer en quelque sorte la réussite, à la fois de la politique économique et sociale et du quinquennat, sur cette question, n'était à mon avis pas le choix le meilleur, à la fois parce que nous ne sommes certains qu'en partie des statistiques, la croissance elle dépend maintenant beaucoup quand même de la situation internationale, d'une situation, j'allais dire, coopérative internationale, y compris en Europe, parce qu'on peut se plaindre du fait que l'Europe ne maximise pas ses capacités de croissance, mais en même temps il y a d'autres aspects de la politique sociale, il n'y a pas que la question du chômage, même si l'existence d'un chômage de masse depuis 30 ans est un problème qui continue à miner notre pays.
FREDERIC RIVIERE
L'un des grands arguments des défenseurs de François HOLLANDE, et c'est ce qu'on entend un peu en creux dans votre propos, c'est que la politique conduite depuis son arrivée au pouvoir, a été mal comprise, peut-être pas suffisamment expliquée, pas suffisamment mise en perspective. Pour dire les choses un peu crument, est-ce que ça n'est pas prendre les gens qui vous tournent le dos, pour des crétins ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Pas du tout, c'est de rappeler tout simplement que la gauche et la droite, à la fois ça existe, que ça existe l'un par rapport à l'autre. Je suis un de ceux, d'ailleurs qui explique qu'il y a la gauche, la droite, mais aussi le risque de l'extrême droite, il y a le risque de la remise en cause des éléments républicains, par l'extrême droite, mais aussi par des franges de l'extrême gauche, et qu'il est donc important de rappeler qu'il y a des politiques qui sont des résultats et ne pas se laisser aller à des clichés qui sont véhiculés par une volonté, sans arrêt, de dénigrer la gauche de responsabilités et la gauche du gouvernement.
FREDERIC RIVIERE
Il y avait 280 000 adhérents au Parti socialiste en 2006, il y en avait 136 000 au 1er janvier dernier, moins de la moitié. Pourquoi sont-ils partis ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne suis pas sûr que les chiffres soient tout à fait ceux-là, mais au-delà de ça, je pense que
FREDERIC RIVIERE
C'est ce qui a été donné samedi dans Le Parisien.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais justement
FREDERIC RIVIERE
Oui, mais sur la base des déclarations du parti.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui oui oui oui, mais enfin, c'est pas les chiffres que j'ai moi, mais, franchement, c'est pas l'objet du débat, parce que, encore une fois, je ne nie pas la tendance. Simplement, vous le savez, nous avions un certain nombre d'institutions locales, qui permettaient à des gens de se rassembler, le fait d'avoir perdu des municipalités, des départements, ça a un sens. Maintenant, il y a aussi le doute dont on parlait à l'instant sur le sens de la politique et sur les résultats de cette politique, il est entretenu très fortement à gauche. Il y a une guerre des gauches. Il y a une guerre des gauches qui a lieu depuis trois ans, et moi je dis : halte au feu ! Et l'objet de la réunion de ce soir, c'est de dire « halte au feu ! », parce que nous sommes en train de préparer quoi ? Non pas la victoire d'une gauche plus radicale, plus contestataire, mais au contraire la victoire de la droite, voire de l'extrême droite. Donc un peu de responsabilités, le sens de l'unité, le sens de la mesure, le sens du rassemblement, voilà, c'est ce que nous voulons dire, nous disons à la gauche : « Halte au feu ! », nous disons à la gauche « Rassemblons-nous, mesurons véritablement les enjeux de la période », et les enjeux de la période, l'alternative, ce n'est pas la gauche de la gauche.
FREDERIC RIVIERE
Je l'ai dit, il y aura plus de 20 ministres lors de ce meeting ce soir, un tiers du gouvernement, mais pas Emmanuel MACRON. Pourquoi n'a-t-il pas été invité ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je n'en sais rien, je ne suis pas à l'origine des invitations
FREDERIC RIVIERE
Non, c'est Stéphane LE FOLL.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je pense que, simplement, c'est quand même le coeur de l'action gouvernementale, on va dire les ministres essentiellement socialistes. Pour le reste, vous avez noté, il y a un tiers qui n'est pas présent, pour différentes raisons, je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus. Pour ma part, j'allais dire, je le regrette, parce que je pense qu'Emmanuel MACRON est susceptible d'apporter beaucoup de choses à la gauche, il donne image d'avenir, de confiance, positive de cette gauche, encore faut-il que, et lui et les autres, veuillent bien continuer à agir de façon solidaire. Voilà. C'est aussi un message que je voudrais faire passer
FREDERIC RIVIERE
Vous avez des doutes sur ce point ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais je pense qu'il y a une petite logique, une petite musique, un petit emballement médiatique qui fait que, entre une gauche un peu braquée et Emmanuel MACRON qui fait en quelque sorte un peu une percée solidaire, il y a une perte d'énergie collective qui est dommage. Donc, j'appelle à la solidarité, c'est vrai du côté de la gauche contestataire, c'est vrai aussi du côté du pôle réformateur. Je suis moi-même un des animateurs de ce pôle réformateur et je souhaite qu'il reste solidaire de la gauche et qu'il s'exprime dans ce cadre.
FREDERIC RIVIERE
Vous-même, Jean-Marie LE GUEN, vous êtes l'obligé de François HOLLANDE ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, ça ne se pose pas en ces termes. Moi je suis dans la solidarité politique, je suis membre d'un gouvernement. Mes relations personnelles avec François HOLLANDE ne regardent que moi. Ce qui est important et ce que me demandent fortement nos concitoyens, c'est : est-ce que je suis sous l'autorité de François HOLLANDE ? Oui, membre du gouvernement, je suis membre. Si je ne suis plus d'accord avec lui, eh bien je démissionne. CHEVENEMENT a dit des phrases, en son temps, qui étaient très justes là-dessus.
FREDERIC RIVIERE
Absolument : « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà ! « Ferme sa gueule », ça ne veut pas dire, voyez, que je ne suis pas devant vous en train de parler et d'avancer des idées.
FREDERIC RIVIERE
Donc, l'expression qu'a employée Emmanuel MACRON en disant : « Je ne suis pas l'obligé du président de la République », elle ne vous choque pas. Vous-même, vous ne vous sentez pas l'obligé
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'ai pas à commenter, moi, je n'ai pas à commenter les relations personnelles entre François HOLLANDE et Emmanuel MACRON. Ça les regarde.
FREDERIC RIVIERE
Mais alors, vous-même
JEAN-MARIE LE GUEN
Je dis simplement
FREDERIC RIVIERE
Vous vous sentez l'obligé ou pas ? Pour employer cette expression spécifique.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je vous ai dit que moi j'appartiens à un gouvernement et donc à un combat collectif. Donc, je respecte ce collectif. Voilà.
FREDERIC RIVIERE
Mais vous n'êtes pas l'obligé.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je n'ai pas à me prononcer là-dessus, je n'ai pas Mes relations personnelles avec François HOLLANDE ne sont pas dans ce cadre. Je ne vais pas vous demander si vous êtes l'obligé du patron de RFI, vous allez
FREDERIC RIVIERE
Non mais c'est parce que ça n'est pas l'exercice, c'est pas vous qui posez les questions.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais si, c'est vrai, c'est ça, c'est ça, vous avez un patron, vous pouvez ou bien voilà, je ne vous demande pas vos relations personnelles, simplement il y a des relations de collectifs qui existent, c'est simple.
FREDERIC RIVIERE
Emmanuelle COSSE et Jean-Vincent PLACE, deux écologistes qui sont revenus au gouvernement, seront présents ce soir, vont prendre la parole. Quand on se souvient de la manière dont ils parlaient du gouvernement, du chef de l'Etat il y a quelques mois, quelques années, ils ont eu des propos extrêmement durs tous les deux, il suffit de consulter leur compte Twitter pour les retrouver
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, pas s'agissant de Jean-Vincent PLACE
FREDERIC RIVIERE
Ah bien sûr que si.
JEAN-MARIE LE GUEN
s'agissant du président de la République, je ne crois pas.
FREDERIC RIVIERE
Emmanuelle COSSE en particulier, qui avait parlé de la « connerie de François HOLLANDE »
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais c'est une façon de parler ! Des conneries
FREDERIC RIVIERE
trivial.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais attendez, on n'est pas dans le sacré non plus. Je veux dire, la solidarité, c'est à ça que vous faites référence
FREDERIC RIVIERE
Non mais la question c'est : à quel moment faut-il les croire ? C'est ça.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, mais non, mais attendez, il n'y a pas de sacré, c'est pas parce qu'on dit, tiens, vous avez un ami, quelqu'un avec qui vous travaillez, vous lui dites : il a fait une connerie en faisant ça, ça ne veut pas dire que vous êtes son adversaire politique ou son adversaire tout court. Donc, je veux dire, il y a un vocabulaire qui est celui que chacun se croit libre d'employer, mais il y a aussi l'action politique. L'action politique c'est agrégé. Vous savez, on est quand même 60 millions de Français, il faut agréger une majorité de 60 millions de Français. Ça présuppose quand même que chacun fasse un petit peu un effort à la fois sur son égo et puis respecte à la fois des éléments de diversité et de solidarité.
FREDERIC RIVIERE
Merci Jean-Marie LE GUEN, bonne journée.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 avril 2016
Bonjour Jean-Marie LE GUEN.
JEAN-MARIE LE GUEN
Bonjour.
FREDERIC RIVIERE
Plus de 20 ministres vont participer ce soir à la Faculté de médecine de Paris, à un meeting intitulé curieusement, pourrait-on dire, « Hé oh la gauche ! ». Quel est le sens de cette interpellation ? C'est « Hé oh la gauche, on se réveille » ? « Hé oh la gauche, on arrête de déserter le PS » ?
JEAN-MARIE LE GUEN Voilà, « Hé oh la gauche, on se réveille un petit peu, et puis on arrête un tout petit peu de se laisser aller au dénigrement systématique ». Il est temps maintenant de dire que ce gouvernement et cette majorité ont fait des choses importantes pour notre pays, bien sûr, mais en particulier autour de la question sociale. Bien sûr, il y a une focalisation du débat autour de la question du chômage, et même si nous créons des emplois, nous n'en créons pas suffisamment par rapport, jusqu'à aujourd'hui, en raison de la vague démographique. Mais pour le reste, la protection sociale des Français a progressé, la loi travail que nous allons voter, est une avancée tout à fait considérable, équilibrée, parce qu'elle permet à la fois de nouveaux droits aux salariés, et en même temps elle permet une plus grande agilité aux entreprises, dont les salariés, à la fin, seront les premiers bénéficiaires.
FREDERIC RIVIERE
On ne sait pas encore exactement ce qu'elle sera cette loi travail, à l'issue des débats au Parlement.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais on en a une idée maintenant, je pense que, d'abord, le Parlement a travaillé, il y a deux commissions du Parlement qui ont travaillé, qui ont adopté ce texte, qui lui ont donné pour l'essentiel un apport équilibré. Alors, j'entends bien que les conservateurs de tous poils vont vouloir s'y opposer, mais il y a aujourd'hui une loi travail qui donne une perspective positive pour notre pays, pour l'emploi, contre la précarité, de nouveaux droits des salariés, c'est important.
FREDERIC RIVIERE
La focalisation, vous avez employé cette expression, sur le chômage, c'est François HOLLANDE qui en est responsable.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais bien sûr, je reconnais que l'idée d'indexer en quelque sorte la réussite, à la fois de la politique économique et sociale et du quinquennat, sur cette question, n'était à mon avis pas le choix le meilleur, à la fois parce que nous ne sommes certains qu'en partie des statistiques, la croissance elle dépend maintenant beaucoup quand même de la situation internationale, d'une situation, j'allais dire, coopérative internationale, y compris en Europe, parce qu'on peut se plaindre du fait que l'Europe ne maximise pas ses capacités de croissance, mais en même temps il y a d'autres aspects de la politique sociale, il n'y a pas que la question du chômage, même si l'existence d'un chômage de masse depuis 30 ans est un problème qui continue à miner notre pays.
FREDERIC RIVIERE
L'un des grands arguments des défenseurs de François HOLLANDE, et c'est ce qu'on entend un peu en creux dans votre propos, c'est que la politique conduite depuis son arrivée au pouvoir, a été mal comprise, peut-être pas suffisamment expliquée, pas suffisamment mise en perspective. Pour dire les choses un peu crument, est-ce que ça n'est pas prendre les gens qui vous tournent le dos, pour des crétins ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Pas du tout, c'est de rappeler tout simplement que la gauche et la droite, à la fois ça existe, que ça existe l'un par rapport à l'autre. Je suis un de ceux, d'ailleurs qui explique qu'il y a la gauche, la droite, mais aussi le risque de l'extrême droite, il y a le risque de la remise en cause des éléments républicains, par l'extrême droite, mais aussi par des franges de l'extrême gauche, et qu'il est donc important de rappeler qu'il y a des politiques qui sont des résultats et ne pas se laisser aller à des clichés qui sont véhiculés par une volonté, sans arrêt, de dénigrer la gauche de responsabilités et la gauche du gouvernement.
FREDERIC RIVIERE
Il y avait 280 000 adhérents au Parti socialiste en 2006, il y en avait 136 000 au 1er janvier dernier, moins de la moitié. Pourquoi sont-ils partis ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Je ne suis pas sûr que les chiffres soient tout à fait ceux-là, mais au-delà de ça, je pense que
FREDERIC RIVIERE
C'est ce qui a été donné samedi dans Le Parisien.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui, mais justement
FREDERIC RIVIERE
Oui, mais sur la base des déclarations du parti.
JEAN-MARIE LE GUEN
Oui oui oui oui, mais enfin, c'est pas les chiffres que j'ai moi, mais, franchement, c'est pas l'objet du débat, parce que, encore une fois, je ne nie pas la tendance. Simplement, vous le savez, nous avions un certain nombre d'institutions locales, qui permettaient à des gens de se rassembler, le fait d'avoir perdu des municipalités, des départements, ça a un sens. Maintenant, il y a aussi le doute dont on parlait à l'instant sur le sens de la politique et sur les résultats de cette politique, il est entretenu très fortement à gauche. Il y a une guerre des gauches. Il y a une guerre des gauches qui a lieu depuis trois ans, et moi je dis : halte au feu ! Et l'objet de la réunion de ce soir, c'est de dire « halte au feu ! », parce que nous sommes en train de préparer quoi ? Non pas la victoire d'une gauche plus radicale, plus contestataire, mais au contraire la victoire de la droite, voire de l'extrême droite. Donc un peu de responsabilités, le sens de l'unité, le sens de la mesure, le sens du rassemblement, voilà, c'est ce que nous voulons dire, nous disons à la gauche : « Halte au feu ! », nous disons à la gauche « Rassemblons-nous, mesurons véritablement les enjeux de la période », et les enjeux de la période, l'alternative, ce n'est pas la gauche de la gauche.
FREDERIC RIVIERE
Je l'ai dit, il y aura plus de 20 ministres lors de ce meeting ce soir, un tiers du gouvernement, mais pas Emmanuel MACRON. Pourquoi n'a-t-il pas été invité ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, je n'en sais rien, je ne suis pas à l'origine des invitations
FREDERIC RIVIERE
Non, c'est Stéphane LE FOLL.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je pense que, simplement, c'est quand même le coeur de l'action gouvernementale, on va dire les ministres essentiellement socialistes. Pour le reste, vous avez noté, il y a un tiers qui n'est pas présent, pour différentes raisons, je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus. Pour ma part, j'allais dire, je le regrette, parce que je pense qu'Emmanuel MACRON est susceptible d'apporter beaucoup de choses à la gauche, il donne image d'avenir, de confiance, positive de cette gauche, encore faut-il que, et lui et les autres, veuillent bien continuer à agir de façon solidaire. Voilà. C'est aussi un message que je voudrais faire passer
FREDERIC RIVIERE
Vous avez des doutes sur ce point ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais je pense qu'il y a une petite logique, une petite musique, un petit emballement médiatique qui fait que, entre une gauche un peu braquée et Emmanuel MACRON qui fait en quelque sorte un peu une percée solidaire, il y a une perte d'énergie collective qui est dommage. Donc, j'appelle à la solidarité, c'est vrai du côté de la gauche contestataire, c'est vrai aussi du côté du pôle réformateur. Je suis moi-même un des animateurs de ce pôle réformateur et je souhaite qu'il reste solidaire de la gauche et qu'il s'exprime dans ce cadre.
FREDERIC RIVIERE
Vous-même, Jean-Marie LE GUEN, vous êtes l'obligé de François HOLLANDE ?
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais, ça ne se pose pas en ces termes. Moi je suis dans la solidarité politique, je suis membre d'un gouvernement. Mes relations personnelles avec François HOLLANDE ne regardent que moi. Ce qui est important et ce que me demandent fortement nos concitoyens, c'est : est-ce que je suis sous l'autorité de François HOLLANDE ? Oui, membre du gouvernement, je suis membre. Si je ne suis plus d'accord avec lui, eh bien je démissionne. CHEVENEMENT a dit des phrases, en son temps, qui étaient très justes là-dessus.
FREDERIC RIVIERE
Absolument : « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ».
JEAN-MARIE LE GUEN
Voilà ! « Ferme sa gueule », ça ne veut pas dire, voyez, que je ne suis pas devant vous en train de parler et d'avancer des idées.
FREDERIC RIVIERE
Donc, l'expression qu'a employée Emmanuel MACRON en disant : « Je ne suis pas l'obligé du président de la République », elle ne vous choque pas. Vous-même, vous ne vous sentez pas l'obligé
JEAN-MARIE LE GUEN
Je n'ai pas à commenter, moi, je n'ai pas à commenter les relations personnelles entre François HOLLANDE et Emmanuel MACRON. Ça les regarde.
FREDERIC RIVIERE
Mais alors, vous-même
JEAN-MARIE LE GUEN
Je dis simplement
FREDERIC RIVIERE
Vous vous sentez l'obligé ou pas ? Pour employer cette expression spécifique.
JEAN-MARIE LE GUEN
Je vous ai dit que moi j'appartiens à un gouvernement et donc à un combat collectif. Donc, je respecte ce collectif. Voilà.
FREDERIC RIVIERE
Mais vous n'êtes pas l'obligé.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais je n'ai pas à me prononcer là-dessus, je n'ai pas Mes relations personnelles avec François HOLLANDE ne sont pas dans ce cadre. Je ne vais pas vous demander si vous êtes l'obligé du patron de RFI, vous allez
FREDERIC RIVIERE
Non mais c'est parce que ça n'est pas l'exercice, c'est pas vous qui posez les questions.
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, mais si, c'est vrai, c'est ça, c'est ça, vous avez un patron, vous pouvez ou bien voilà, je ne vous demande pas vos relations personnelles, simplement il y a des relations de collectifs qui existent, c'est simple.
FREDERIC RIVIERE
Emmanuelle COSSE et Jean-Vincent PLACE, deux écologistes qui sont revenus au gouvernement, seront présents ce soir, vont prendre la parole. Quand on se souvient de la manière dont ils parlaient du gouvernement, du chef de l'Etat il y a quelques mois, quelques années, ils ont eu des propos extrêmement durs tous les deux, il suffit de consulter leur compte Twitter pour les retrouver
JEAN-MARIE LE GUEN
Non, pas s'agissant de Jean-Vincent PLACE
FREDERIC RIVIERE
Ah bien sûr que si.
JEAN-MARIE LE GUEN
s'agissant du président de la République, je ne crois pas.
FREDERIC RIVIERE
Emmanuelle COSSE en particulier, qui avait parlé de la « connerie de François HOLLANDE »
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais c'est une façon de parler ! Des conneries
FREDERIC RIVIERE
trivial.
JEAN-MARIE LE GUEN
Mais attendez, on n'est pas dans le sacré non plus. Je veux dire, la solidarité, c'est à ça que vous faites référence
FREDERIC RIVIERE
Non mais la question c'est : à quel moment faut-il les croire ? C'est ça.
JEAN-MARIE LE GUEN
Ecoutez, mais non, mais attendez, il n'y a pas de sacré, c'est pas parce qu'on dit, tiens, vous avez un ami, quelqu'un avec qui vous travaillez, vous lui dites : il a fait une connerie en faisant ça, ça ne veut pas dire que vous êtes son adversaire politique ou son adversaire tout court. Donc, je veux dire, il y a un vocabulaire qui est celui que chacun se croit libre d'employer, mais il y a aussi l'action politique. L'action politique c'est agrégé. Vous savez, on est quand même 60 millions de Français, il faut agréger une majorité de 60 millions de Français. Ça présuppose quand même que chacun fasse un petit peu un effort à la fois sur son égo et puis respecte à la fois des éléments de diversité et de solidarité.
FREDERIC RIVIERE
Merci Jean-Marie LE GUEN, bonne journée.
JEAN-MARIE LE GUEN
Merci.Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 avril 2016