Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL est avec nous. Bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Porte-parole du gouvernement, ministre de l'Agriculture. Forte baisse du chômage au mois de mars, soixante mille chômeurs de moins. Forte baisse notamment dans la fameuse catégorie A, c'est-à-dire ces chômeurs qui n'ont aucune activité dans le mois. En revanche, hausse sur les autres catégories. Comment regardez-vous ces chiffres ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord c'est une bonne nouvelle pour les Français et la France. C'est une bonne nouvelle pur tous ceux qui ont retrouvé un emploi et ce chiffre de moins soixante mille fait que, depuis le début de l'année, on aura eu moins cinquante mille chômeurs. Donc on a une baisse depuis le début de l'année, après une stabilité du niveau du chômage au dernier trimestre de l'année 2015. Il faut continuer, c'est une bonne nouvelle pour les Français, je l'ai dit. Il faut continuer et amplifier, consolider la croissance et les mesures qui sont en cours et qui marchent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc poursuivre la même politique.
STEPHANE LE FOLL
Poursuivre la même politique, en particulier amplifier ce qui se passe avec l'aide à l'embauche dans les PME puisque deux cent vingt-cinq mille demandes d'embauche et d'aide pour ces embauches ont été recueillies donc c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous relativisez tout de même cette embellie avec le nombre des radiations qui est en forte progression au mois de mars, + 11 % ? Avec les cessations d'inscription qui augmentent au mois de mars, + 3 % ? Avec l'emploi précaire qui progresse au mois de mars.
STEPHANE LE FOLL
Je vais répondre. D'abord, 1°/ quand ça monte, c'est de la faute du gouvernement ; quand ça baisse, c'est qu'il y a des histoires de chiffres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
STEPHANE LE FOLL
Si, monsieur BOURDIN, je vous assure, c'est la vérité. Après sur les chiffres, est-ce qu'il y a plus de radiations : il y en a eu 11 % de plus. Est-ce qu'en moyenne depuis plus d'un an il y a plus de radiations ? Non. On est dans des niveaux en termes de radiation qui sont dans les niveaux les plus bas. Je le dis, on ne peut pas dire quand ça baisse c'est les radiations. Non. C'est un peu plus élevé mais c'est très conforme à la moyenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde se réjouira si le chômage
STEPHANE LE FOLL
Deuxième point, sur les catégories B et C. Je vais prendre les C. Il y a des gens qui travaillent à temps complet, qui sont en catégorie C.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais.
STEPHANE LE FOLL
Et vous savez combien il y en a ? Quatre cent soixante-dix mille. Donc la catégorie C, on peut considérer que c'est un sujet
JEAN-JACQUES BOURDIN
+ 3,2 % au mois de mars.
STEPHANE LE FOLL
Oui mais dans cette catégorie, sur un million deux cent mille personnes à peu près, quatre cent soixante-dix mille travaillent à temps complet. Mais en CDD ils considèrent qu'ils s'inscrivent à Pôle emploi parce qu'ils sont encore dans une phase de précarité. Donc quand même aussi, mesurons bien tous ces chiffres et expliquons ce qu'ils représentent. C'est une bonne nouvelle pour les Français mais on n'est pas au bout de ce qu'on doit faire, c'est-à-dire faire continuer à baisser ce chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la catégorie B, celle dont on n'a pas parlé, ce sont les chômeurs qui travaillent moins de soixante-dix-huit heures par mois. Le nombre de ces chômeurs-là augmente. Est-ce que ça veut dire que le travail précaire augmente ? Est-ce que ça veut dire que vous êtes plus que jamais décidés à taxer les CDD ?
STEPHANE LE FOLL
On est décidé à faire en sorte que ce qui avait été décidé par les partenaires sociaux trouve une concrétisation dans la loi. Le niveau de cette taxation devra être négocié, il ne s'agit pas de faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous dites oui. Vous confirmez la taxation des CDD ?
STEPHANE LE FOLL
Je dis oui. Pourquoi ? Ce qu'on peut considérer, c'est que si vous utilisez beaucoup trop les CDD, en fait vous renvoyez une partie de ce qui est al charge de la précarité sur l'assurance-chômage. C'est donc un coût pour tout le monde et toutes les entreprises. Celles qui jouaient le jeu en CDI paieraient donc pour celles qui utilisent peut-être trop facilement le CDD. Ce n'est pas pour autant qu'il faut supprimer le CDD. Donc cette négociation, c'est comment je fais pour faire en sorte qu'on aille plutôt vers le CDI parce que sinon c'est tout le monde qui paye, sans empêcher d'utiliser des CDD parce qu'on en a besoin. Voilà. C'est ça l'enjeu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc taxation des CDD. A quelle hauteur ?
STEPHANE LE FOLL
Justement je vous l'ai dit. Vous voyez bien que c'est un sujet
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sensible.
STEPHANE LE FOLL
Pas sensible mais compliqué. Il faut que ce soit un peu dissuasif parce que sinon, c'est tout le système qui paye le fait que certains
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi dissuasif ? Ça représente quoi la dissuasion ?
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne sais pas, monsieur BOURDIN. Je n'ai pas la capacité aujourd'hui de vous dire exactement à quel niveau ça doit se mettre. Je laisse la négociation, c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quoi qu'il arrive il y aura taxation, même si la négociation n'aboutit pas.
STEPHANE LE FOLL
Il y a un débat au Parlement qui est engagé. Je sais que Christophe SIRUGUE s'était déjà pas mal exprimé là-dessus, il y a pas mal de députés, je laisse ce débat. Je pense qu'il ne faut pas aller sur la définition de la taxe. Qu'on considère qu'il y ait un principe qui consiste à dire : « Il faut financer l'assurance-chômage en évitant un recours systématique au CDD », c'est acté. Maintenant, il faut qu'on laisse la place à une négociation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Douze sous-marins vendus à l'Australie. Le contrat n'est pas encore définitivement signé mais les négociations sont exclusives. Est-ce que la DCNS va annuler le dernier plan de sauvegarde de l'emploi ? Est-ce que la DCNS doit annuler ? Ça veut dire quoi un plan de sauvegarde de l'emploi ? Ça veut dire qu'on supprime des postes. On vient de signer un énorme contrat, on est bien d'accord : trente-quatre milliards d'euros. Est-ce qu'on doit poursuivre une suppression de postes ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord on va se féliciter du contrat. On va commencer par-là. Ce contrat s'est fait il n'est pas terminé - quand même avec deux concurrents : des Japonais et des Allemands. Depuis le temps qu'on entend que la France est en déclin, qu'elle n'est pas capable de gagner dans le marché mondial, qu'elle a reculé, une grande entreprise en plus publique comme la DCN sur un sujet comme celui-là, face aux Japonais et aux Allemands, a été capable de montrer que cette technologie française et ça vaut pour d'autres secteurs, je pense en particulier à l'automobile française qui s'est redressée, PSA, RENAULT, mais PSA surtout donc le made in France, il faut qu'on soit fier. Fier du fait que nous avons les moyens d'être sur ce grand marché du monde dans l'armement mais surtout dans les autres secteurs - je pense en particulier à la French tech, les start-up dans le domaine du numérique - être en capacité de gagner. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point : j'imagine que ce qui avait été décidé au niveau de la DCN, c'était par rapport à un plan de charges puisque c'est quand même ça la vérité. Ce plan de charge est modifié.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment.
STEPHANE LE FOLL
Moi je ne vais pas décider là encore à la place de monsieur GUILLOU qui s'est exprimé et qui devra en tirer les conséquences. Lesquelles ? Je ne sais pas. Je ne suis pas là pour décider de tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Mais enfin, vous seriez salarié de la DCN aujourd'hui, vous ne comprendriez pas qu'un plan de sauvegarde soit maintenu. Franchement !
STEPHANE LE FOLL
Je ne suis pas salarié de la DCN, je suis porte-parole du gouvernement. Non mais monsieur BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes porte-parole, on est d'accord. Mais enfin, c'est quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a un PDG.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une entreprise privée, la DCN ?
STEPHANE LE FOLL
Non, c'est une entreprise qui a du capital public, qui fait dans l'armement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. C'est le gouvernement qui a son mot à dire.
STEPHANE LE FOLL
Justement, il faut non seulement préserver, développer et assurer cette capacité-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne comprendrait pas qu'on supprime des postes à la DCN. Personne.
STEPHANE LE FOLL
Vous me dites qu'on ne comprendrait pas. Le PDG de la DCN a prouvé qu'il était capable de maîtriser ces grands enjeux. Cette entreprise a prouvé qu'elle était compétitive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne demandez pas l'annulation du plan de sauvegarde ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne demande rien. Je constate et je pense que c'est une très bonne nouvelle en termes de charges, d'emploi et de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tant mieux.
STEPHANE LE FOLL
Mais oui, tant mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une bonne nouvelle. Il faut que ce soit concrétisé en matière d'emploi.
STEPHANE LE FOLL
Mais c'est quatre mille emplois, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, ça tombe bien : chômage, très bons chiffres hier soir ; cette annonce hier matin des sous-marins ; et puis la veille, vous lancez la campagne présidentielle de François HOLLANDE.
STEPHANE LE FOLL
Je ne lance pas la campagne présidentielle, mais enfin, allez-y. Posez la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment non ? Comment non ? Mais Stéphane LE FOLL ! Hé oh la gauche !, vous avez inventé ce slogan en quelques secondes.
STEPHANE LE FOLL
C'était au mois de janvier, sur un texte que j'écrivais, et je l'avais intitulé Hé oh la gauche !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au mois de janvier sur un texte, comme ça ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. Parce que c'était en plein débat sur la déchéance de nationalité. J'entendais tellement de choses sur la trahison, des choses de la part de la gauche et au sein du Parti socialiste que j'avais envie de dire : « Mais hé, oh, les gars ! Vous avez regardé dans quelle situation on est ? Vous avez regardé ce qu'on a fait ? Vous avez mesuré que par rapport à ce contexte à l'époque, c'était le terrorisme et les attentats, c'étaient aussi les difficultés économiques qu'on avait qu'est-ce qu'on a été capable pendant ce temps-là sur le modèle social ? » C'était hé oh.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le débat sur la déchéance de nationalité.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, voilà. On a débattu longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup trop longtemps non ?
STEPHANE LE FOLL
Sûrement, parce qu'en bout du compte en fait au Sénat, les dés étaient jetés très tôt. François FILLON l'a dit après, il était contre la réforme constitutionnelle. Monsieur LARCHER comme monsieur RETAILLEAU sont des soutiens de François FILLON. Ce n'était pas la peine d'espérer avoir un accord ; on aurait pu gagner du temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hé oh la gauche !, ça tombe bien. Votre rendez-vous comment appelez-vous ça ?
STEPHANE LE FOLL
Réunion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Votre réunion présidentielle, vous l'avez bien lancée. Ça tombe bien, vous avez bien lancé la campagne de François HOLLANDE. C'est comme ça que les Français reçoivent cette réunion, non ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne sais pas s'ils le reçoivent comme ça. C'était en tout cas une manière pour beaucoup de ministres
JEAN-JACQUES BOURDIN
De lancer un appel aux Français, de leur dire : « Rangez-vous derrière le président de la République » ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Si on pouvait faire ça, Jean-Jacques BOURDIN, en disant : « Allez hop ! Vous vous rangez derrière ». Non, ça ne marche pas comme ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors c'est quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Le principe, c'était de se dire d'abord qu'on était fier quand même de ce qu'on avait fait. Je rappelle par exemple sur la question de l'éducation ce qui a été fait. Personne n'en parle. Si nous, nous n'en parlons pas, et sur la santé avec Marisol TOURAINE, ce qui a été fait, c'est du progrès, c'est des droits nouveaux. On a préservé un modèle social, on l'a adapté, on l'a conforté. Ecoutez, si les ministres qui ont fait ça ne sont pas fiers de ce qu'ils ont fait et ne le défendent pas, personne ne le fera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils viennent le défendre. A chaque fois qu'on les invite, ils viennent. Ils viennent.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais c'était de le faire de manière collective et ça, c'était très important. Et d'ailleurs, j'ai senti dans cette salle que les gens étaient heureux de se retrouver.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pouvez me dire ce matin que ce n'était pas un appel à un rassemblement derrière François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je peux vous le dire les yeux dans les yeux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui peut vous croire ?
STEPHANE LE FOLL
Mais tout le monde !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Mais vous souhaitez la candidature de François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai pas de discussion sur le sujet. Le président de la République décidera à la fin de l'année. Je ne vais pas revenir là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous verrons bien.
STEPHANE LE FOLL
Autrement, c'était fait parce que moi j'en avais marre qu'on ait cette incapacité collective à défendre ce qu'on a fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'incapacité collective, c'est celle d'Emmanuel MACRON ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas celle d'Emmanuel MACRON.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne joue pas collectif ?
STEPHANE LE FOLL
Emmanuel MACRON a une personnalité qui est évidemment singulière. D'abord parce qu'il n'est pas issu du même rang
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il joue collectif ?
STEPHANE LE FOLL
Il est au gouvernement mais dans sa démarche politique, il a cherché à créer quelque chose autour de ce qu'il pense lui et c'était respectable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
la formule.
STEPHANE LE FOLL
Elle est belle. C'est respectable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans sa démarche politique, il a souhaité créer quelque chose autour de lui !
STEPHANE LE FOLL
Mais exactement !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi « autour de lui » ?
STEPHANE LE FOLL
Il incarne et il souhaite incarner une modernité, il l'a dit, un dépassement. Et c'est là qu'on a un débat avec lui entre la gauche et la droite. Je ne pense pas que le débat, ce soit simplement un clivage, mais c'est que derrière la gauche et la droite, il y a des valeurs, il y a des niveaux et des curseurs qui sont mis plus ou moins hauts sur la question de la liberté, sur la question de l'égalité, sur la question de la fraternité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il continue son esprit d'indépendance, est-ce que le président de la République devra s'en séparer ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Je ne pense pas du tout d'abord qu'il ait envie de continuer, je n'en sais rien. Et je ne pense pas qu'il faille plutôt poser les problèmes avec « je m'en sépare » ou « je ne m'en sépare pas », non. Je pense qu'Emmanuel MACRON est quelqu'un qui a des idées et surtout, ce qui était très important pour moi parce que je l'ai parfaitement intégré, c'est qu'il dégageait de l'optimisme à un moment où on l'avait perdu, cette ambition, cet optimisme. Et donc je pense que c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le rangez dans votre camp.
STEPHANE LE FOLL
Moi j'essaye de faire en sorte d'utiliser ce qu'Emmanuel MACRON représente pour en prendre le positif, tout le positif. Je ne suis pas d'accord, je vous l'ai dit, sur sa démarche, sur « il n'y a plus de droite, il n'y a plus de gauche ». Mais par contre sur l'optimisme, sur cette modernité, oui : on la partage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Autre question d'actualité, les intermittents du spectacle. Faut-il garantir le régime spécifique d'assurance-chômage des intermittents ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut garantir un système qui permet à la culture d'avoir
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un système, mais le régime particulier ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, le régime. Ça a déjà été fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut le garantir ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut trouver les moyens de le pérenniser surtout, c'est certain. Ce système, la culture en a besoin donc on ne va pas se mentir. Après, il faut qu'il trouve dans la pérennisation de ce système, un équilibre. Voilà, c'est ça le sujet. Et il faut aussi être capable là-dessus de négocier et de trouver le point d'équilibre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi Stéphane LE FOLL, que savez-vous des négociations sur le traité transatlantique ?
STEPHANE LE FOLL
Ce que j'en sais aujourd'hui, c'est que contrairement à ce qui est souvent dit, on est loin d'avoir boucler un accord. Et pourquoi on est loin d'avoir bouclé un accord ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Barack OBAMA veut un accord avant la fin de son mandat. Vous êtes d'accord ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Claude JUNCKER veut un accord, le président de la Commission européenne.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai entendu Manuel VALLS nous dire hier : « On est loin de cet accord c'est ce que vous dites ce matin si nous n'obtenons pas de garantie notamment en matière de santé et d'environnement ».
STEPHANE LE FOLL
Oui, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors où en est-on ?
STEPHANE LE FOLL
Au point que vous venez de signaler. C'est que l'idée d'un accord avec les Etats-Unis et l'Europe, ce n'est pas quelque chose qu'on va repousser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à cet accord ?
STEPHANE LE FOLL
Mais on est tout à fait favorable à ce qu'entre les Etats-Unis et l'Europe il y ait un accord qui puisse se trouver. Mais un accord, c'est quelque chose qui tient compte des grands enjeux à la fois économiques, sanitaires, environnementaux. Et ça ne peut pas être un modèle, et en particulier celui d'Amérique du Nord, qui s'imposerait à l'Europe. Nous avons, nous, des règles qu'il faut faire respecter et en particulier sur l'agriculture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais en parler. Vous êtes tenu au courant de l'évolution des négociations j'imagine, mieux que les parlementaires français par exemple, ou encore mieux que les citoyens français.
STEPHANE LE FOLL
Non, c'est Matthias FEKL qui assure ce suivi et il nous tient au courant. Avec Matthias, à chaque fois que ç'a été nécessaire, on a eu des contacts, des alertes dès qu'il sent quelque chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui, ça bloque.
STEPHANE LE FOLL
Oui aujourd'hui, mais la France
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui la France n'est pas satisfaite.
STEPHANE LE FOLL
Elle n'est pas satisfaite. On est loin du compte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous poursuivez les négociations. Parce que vous pourriez dire : « On arrête ».
STEPHANE LE FOLL
Oui mais ça, c'est toujours la politique qui consiste à dire : ou on arrête, ou on Non ! Il faut continuer. L'idée qu'on se mette dans une discussion avec les Etats-Unis, dans une hypothèse d'un accord qui serait mutuellement intéressant, est quelque chose qu'on peut tout à fait accepter. Mais en même temps, on n'acceptera un accord qui mettra en cause en particulier des lignes rouges.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Accord avant l'élection présidentielle ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je ne crois pas. Je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas d'accord avant l'élection présidentielle ?
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne croyez pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'y crois pas. D'abord parce qu'aujourd'hui, même au sein du Congrès et du Sénat américains, il n'y a pas de majorité. Je comprends que Barack OBAMA voudrait finir son mandat avec un accord mais ce sont des sujets extrêmement complexes, des sujets qui nécessitent de longues négociations et sur lesquels il y a des points durs où la France ne cédera pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un point dur, c'est la viande. Les éleveurs bovins français demandent l'exclusion de la viande bovine de la négociation. Est-ce que vous les soutenez ?
STEPHANE LE FOLL
Je soutiens le fait que la viande bovine est un produit sensible sur lequel on ne peut pas avoir de négociation qui ouvre en particulier, parce que c'est ça le sujet, les marchés européens à la viande bovine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors est-ce que vous demandez l'exclusion de la viande bovine des négociations ?
STEPHANE LE FOLL
Monsieur BOURDIN, est-ce que vous savez comment ça se passe ? Le mandat de négociation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne sais pas. Et à la limite vous non plus, parce que personne ne sait comment ça se passe.
STEPHANE LE FOLL
On a donné un mandat à la Commission. Ça fait un an et demi, deux ans. Deux ans même, deux ans et demi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand je pense que les parlementaires sont obligés pour obtenir des précisions d'aller à l'ambassade américaine
STEPHANE LE FOLL
Et ça, c'est encore un progrès qui a été fait à la demande de Matthias FEKL. Pas à l'ambassade américaine justement, c'est terminé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est terminé ? Encore heureux.
STEPHANE LE FOLL
Deuxième point, je termine. Le mandat qui a été donné à la Commission, c'était il y a deux ans. La France a négocié un mandat de négociation à la Commission très clair, qui a pointé les points sur lesquels il y avait des lignes rouges. Produit sensible : viande bovine. Sur la question des OGM, sur la question du sanitaire et surtout sur la négociation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous ne suivez pas les éleveurs bovins français.
STEPHANE LE FOLL
Mais monsieur BOURDIN, les éleveurs bovins français, il y a deux ans le mandat a été donné, donc on ne revient pas en arrière sur un mandat qui a été donné. Voilà, c'est tout simple. Mais a été donné comme mandat que des produits et des productions étaient des produits sensibles ; la viande bovine en est une.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les partisans de Nuit Debout sont des gens qui n'ont rien dans le cerveau ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que la campagne de Nicolas SARKOZY qui s'engage a toujours ce côté bien excessif et assez méprisant pour tout ce qui se passe et qui ne correspond pas à ce qu'il souhaite. Non seulement les gens de Nuit Debout n'ont pas de cerveau, j'ai vu que sur les syndicats, c'était inadmissible. On a là aussi, et c'est normal, d'expliquer ce que souhaiterait faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'état d'urgence est prolongé et est toujours bravé par Nuit Debout.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais l'état d'urgence n'empêche pas le droit de manifester. Ça, c'est la réalité. Par contre, les violences ont été réprimées et elles devront être réprimées. On ne peut pas accepter ce qui se passe en particulier à la fin de ces discussions qui réunissent beaucoup de monde. En particulier, il paraît qu'il y a des avocats debout, donc la nuit il y a des avocats. Je pense qu'ils ont aussi un cerveau.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 avril 2016
Stéphane LE FOLL est avec nous. Bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Porte-parole du gouvernement, ministre de l'Agriculture. Forte baisse du chômage au mois de mars, soixante mille chômeurs de moins. Forte baisse notamment dans la fameuse catégorie A, c'est-à-dire ces chômeurs qui n'ont aucune activité dans le mois. En revanche, hausse sur les autres catégories. Comment regardez-vous ces chiffres ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord c'est une bonne nouvelle pour les Français et la France. C'est une bonne nouvelle pur tous ceux qui ont retrouvé un emploi et ce chiffre de moins soixante mille fait que, depuis le début de l'année, on aura eu moins cinquante mille chômeurs. Donc on a une baisse depuis le début de l'année, après une stabilité du niveau du chômage au dernier trimestre de l'année 2015. Il faut continuer, c'est une bonne nouvelle pour les Français, je l'ai dit. Il faut continuer et amplifier, consolider la croissance et les mesures qui sont en cours et qui marchent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc poursuivre la même politique.
STEPHANE LE FOLL
Poursuivre la même politique, en particulier amplifier ce qui se passe avec l'aide à l'embauche dans les PME puisque deux cent vingt-cinq mille demandes d'embauche et d'aide pour ces embauches ont été recueillies donc c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous relativisez tout de même cette embellie avec le nombre des radiations qui est en forte progression au mois de mars, + 11 % ? Avec les cessations d'inscription qui augmentent au mois de mars, + 3 % ? Avec l'emploi précaire qui progresse au mois de mars.
STEPHANE LE FOLL
Je vais répondre. D'abord, 1°/ quand ça monte, c'est de la faute du gouvernement ; quand ça baisse, c'est qu'il y a des histoires de chiffres.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non.
STEPHANE LE FOLL
Si, monsieur BOURDIN, je vous assure, c'est la vérité. Après sur les chiffres, est-ce qu'il y a plus de radiations : il y en a eu 11 % de plus. Est-ce qu'en moyenne depuis plus d'un an il y a plus de radiations ? Non. On est dans des niveaux en termes de radiation qui sont dans les niveaux les plus bas. Je le dis, on ne peut pas dire quand ça baisse c'est les radiations. Non. C'est un peu plus élevé mais c'est très conforme à la moyenne.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tout le monde se réjouira si le chômage
STEPHANE LE FOLL
Deuxième point, sur les catégories B et C. Je vais prendre les C. Il y a des gens qui travaillent à temps complet, qui sont en catégorie C.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, je sais.
STEPHANE LE FOLL
Et vous savez combien il y en a ? Quatre cent soixante-dix mille. Donc la catégorie C, on peut considérer que c'est un sujet
JEAN-JACQUES BOURDIN
+ 3,2 % au mois de mars.
STEPHANE LE FOLL
Oui mais dans cette catégorie, sur un million deux cent mille personnes à peu près, quatre cent soixante-dix mille travaillent à temps complet. Mais en CDD ils considèrent qu'ils s'inscrivent à Pôle emploi parce qu'ils sont encore dans une phase de précarité. Donc quand même aussi, mesurons bien tous ces chiffres et expliquons ce qu'ils représentent. C'est une bonne nouvelle pour les Français mais on n'est pas au bout de ce qu'on doit faire, c'est-à-dire faire continuer à baisser ce chômage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors la catégorie B, celle dont on n'a pas parlé, ce sont les chômeurs qui travaillent moins de soixante-dix-huit heures par mois. Le nombre de ces chômeurs-là augmente. Est-ce que ça veut dire que le travail précaire augmente ? Est-ce que ça veut dire que vous êtes plus que jamais décidés à taxer les CDD ?
STEPHANE LE FOLL
On est décidé à faire en sorte que ce qui avait été décidé par les partenaires sociaux trouve une concrétisation dans la loi. Le niveau de cette taxation devra être négocié, il ne s'agit pas de faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous dites oui. Vous confirmez la taxation des CDD ?
STEPHANE LE FOLL
Je dis oui. Pourquoi ? Ce qu'on peut considérer, c'est que si vous utilisez beaucoup trop les CDD, en fait vous renvoyez une partie de ce qui est al charge de la précarité sur l'assurance-chômage. C'est donc un coût pour tout le monde et toutes les entreprises. Celles qui jouaient le jeu en CDI paieraient donc pour celles qui utilisent peut-être trop facilement le CDD. Ce n'est pas pour autant qu'il faut supprimer le CDD. Donc cette négociation, c'est comment je fais pour faire en sorte qu'on aille plutôt vers le CDI parce que sinon c'est tout le monde qui paye, sans empêcher d'utiliser des CDD parce qu'on en a besoin. Voilà. C'est ça l'enjeu.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc taxation des CDD. A quelle hauteur ?
STEPHANE LE FOLL
Justement je vous l'ai dit. Vous voyez bien que c'est un sujet
JEAN-JACQUES BOURDIN
Sensible.
STEPHANE LE FOLL
Pas sensible mais compliqué. Il faut que ce soit un peu dissuasif parce que sinon, c'est tout le système qui paye le fait que certains
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est quoi dissuasif ? Ça représente quoi la dissuasion ?
STEPHANE LE FOLL
Mais je ne sais pas, monsieur BOURDIN. Je n'ai pas la capacité aujourd'hui de vous dire exactement à quel niveau ça doit se mettre. Je laisse la négociation, c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quoi qu'il arrive il y aura taxation, même si la négociation n'aboutit pas.
STEPHANE LE FOLL
Il y a un débat au Parlement qui est engagé. Je sais que Christophe SIRUGUE s'était déjà pas mal exprimé là-dessus, il y a pas mal de députés, je laisse ce débat. Je pense qu'il ne faut pas aller sur la définition de la taxe. Qu'on considère qu'il y ait un principe qui consiste à dire : « Il faut financer l'assurance-chômage en évitant un recours systématique au CDD », c'est acté. Maintenant, il faut qu'on laisse la place à une négociation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Douze sous-marins vendus à l'Australie. Le contrat n'est pas encore définitivement signé mais les négociations sont exclusives. Est-ce que la DCNS va annuler le dernier plan de sauvegarde de l'emploi ? Est-ce que la DCNS doit annuler ? Ça veut dire quoi un plan de sauvegarde de l'emploi ? Ça veut dire qu'on supprime des postes. On vient de signer un énorme contrat, on est bien d'accord : trente-quatre milliards d'euros. Est-ce qu'on doit poursuivre une suppression de postes ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord on va se féliciter du contrat. On va commencer par-là. Ce contrat s'est fait il n'est pas terminé - quand même avec deux concurrents : des Japonais et des Allemands. Depuis le temps qu'on entend que la France est en déclin, qu'elle n'est pas capable de gagner dans le marché mondial, qu'elle a reculé, une grande entreprise en plus publique comme la DCN sur un sujet comme celui-là, face aux Japonais et aux Allemands, a été capable de montrer que cette technologie française et ça vaut pour d'autres secteurs, je pense en particulier à l'automobile française qui s'est redressée, PSA, RENAULT, mais PSA surtout donc le made in France, il faut qu'on soit fier. Fier du fait que nous avons les moyens d'être sur ce grand marché du monde dans l'armement mais surtout dans les autres secteurs - je pense en particulier à la French tech, les start-up dans le domaine du numérique - être en capacité de gagner. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point : j'imagine que ce qui avait été décidé au niveau de la DCN, c'était par rapport à un plan de charges puisque c'est quand même ça la vérité. Ce plan de charge est modifié.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Evidemment.
STEPHANE LE FOLL
Moi je ne vais pas décider là encore à la place de monsieur GUILLOU qui s'est exprimé et qui devra en tirer les conséquences. Lesquelles ? Je ne sais pas. Je ne suis pas là pour décider de tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Mais enfin, vous seriez salarié de la DCN aujourd'hui, vous ne comprendriez pas qu'un plan de sauvegarde soit maintenu. Franchement !
STEPHANE LE FOLL
Je ne suis pas salarié de la DCN, je suis porte-parole du gouvernement. Non mais monsieur BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes porte-parole, on est d'accord. Mais enfin, c'est quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Il y a un PDG.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une entreprise privée, la DCN ?
STEPHANE LE FOLL
Non, c'est une entreprise qui a du capital public, qui fait dans l'armement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. C'est le gouvernement qui a son mot à dire.
STEPHANE LE FOLL
Justement, il faut non seulement préserver, développer et assurer cette capacité-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne comprendrait pas qu'on supprime des postes à la DCN. Personne.
STEPHANE LE FOLL
Vous me dites qu'on ne comprendrait pas. Le PDG de la DCN a prouvé qu'il était capable de maîtriser ces grands enjeux. Cette entreprise a prouvé qu'elle était compétitive.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne demandez pas l'annulation du plan de sauvegarde ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne demande rien. Je constate et je pense que c'est une très bonne nouvelle en termes de charges, d'emploi et de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Tant mieux.
STEPHANE LE FOLL
Mais oui, tant mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une bonne nouvelle. Il faut que ce soit concrétisé en matière d'emploi.
STEPHANE LE FOLL
Mais c'est quatre mille emplois, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, ça tombe bien : chômage, très bons chiffres hier soir ; cette annonce hier matin des sous-marins ; et puis la veille, vous lancez la campagne présidentielle de François HOLLANDE.
STEPHANE LE FOLL
Je ne lance pas la campagne présidentielle, mais enfin, allez-y. Posez la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment non ? Comment non ? Mais Stéphane LE FOLL ! Hé oh la gauche !, vous avez inventé ce slogan en quelques secondes.
STEPHANE LE FOLL
C'était au mois de janvier, sur un texte que j'écrivais, et je l'avais intitulé Hé oh la gauche !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au mois de janvier sur un texte, comme ça ?
STEPHANE LE FOLL
Oui. Parce que c'était en plein débat sur la déchéance de nationalité. J'entendais tellement de choses sur la trahison, des choses de la part de la gauche et au sein du Parti socialiste que j'avais envie de dire : « Mais hé, oh, les gars ! Vous avez regardé dans quelle situation on est ? Vous avez regardé ce qu'on a fait ? Vous avez mesuré que par rapport à ce contexte à l'époque, c'était le terrorisme et les attentats, c'étaient aussi les difficultés économiques qu'on avait qu'est-ce qu'on a été capable pendant ce temps-là sur le modèle social ? » C'était hé oh.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le débat sur la déchéance de nationalité.
STEPHANE LE FOLL
Voilà, voilà. On a débattu longtemps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Beaucoup trop longtemps non ?
STEPHANE LE FOLL
Sûrement, parce qu'en bout du compte en fait au Sénat, les dés étaient jetés très tôt. François FILLON l'a dit après, il était contre la réforme constitutionnelle. Monsieur LARCHER comme monsieur RETAILLEAU sont des soutiens de François FILLON. Ce n'était pas la peine d'espérer avoir un accord ; on aurait pu gagner du temps.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hé oh la gauche !, ça tombe bien. Votre rendez-vous comment appelez-vous ça ?
STEPHANE LE FOLL
Réunion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Votre réunion présidentielle, vous l'avez bien lancée. Ça tombe bien, vous avez bien lancé la campagne de François HOLLANDE. C'est comme ça que les Français reçoivent cette réunion, non ?
STEPHANE LE FOLL
Je ne sais pas s'ils le reçoivent comme ça. C'était en tout cas une manière pour beaucoup de ministres
JEAN-JACQUES BOURDIN
De lancer un appel aux Français, de leur dire : « Rangez-vous derrière le président de la République » ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Si on pouvait faire ça, Jean-Jacques BOURDIN, en disant : « Allez hop ! Vous vous rangez derrière ». Non, ça ne marche pas comme ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors c'est quoi ?
STEPHANE LE FOLL
Le principe, c'était de se dire d'abord qu'on était fier quand même de ce qu'on avait fait. Je rappelle par exemple sur la question de l'éducation ce qui a été fait. Personne n'en parle. Si nous, nous n'en parlons pas, et sur la santé avec Marisol TOURAINE, ce qui a été fait, c'est du progrès, c'est des droits nouveaux. On a préservé un modèle social, on l'a adapté, on l'a conforté. Ecoutez, si les ministres qui ont fait ça ne sont pas fiers de ce qu'ils ont fait et ne le défendent pas, personne ne le fera.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils viennent le défendre. A chaque fois qu'on les invite, ils viennent. Ils viennent.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais c'était de le faire de manière collective et ça, c'était très important. Et d'ailleurs, j'ai senti dans cette salle que les gens étaient heureux de se retrouver.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous pouvez me dire ce matin que ce n'était pas un appel à un rassemblement derrière François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je peux vous le dire les yeux dans les yeux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais qui peut vous croire ?
STEPHANE LE FOLL
Mais tout le monde !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord. Mais vous souhaitez la candidature de François HOLLANDE ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'ai pas de discussion sur le sujet. Le président de la République décidera à la fin de l'année. Je ne vais pas revenir là-dessus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous verrons bien.
STEPHANE LE FOLL
Autrement, c'était fait parce que moi j'en avais marre qu'on ait cette incapacité collective à défendre ce qu'on a fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'incapacité collective, c'est celle d'Emmanuel MACRON ?
STEPHANE LE FOLL
Ce n'est pas celle d'Emmanuel MACRON.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il ne joue pas collectif ?
STEPHANE LE FOLL
Emmanuel MACRON a une personnalité qui est évidemment singulière. D'abord parce qu'il n'est pas issu du même rang
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il joue collectif ?
STEPHANE LE FOLL
Il est au gouvernement mais dans sa démarche politique, il a cherché à créer quelque chose autour de ce qu'il pense lui et c'était respectable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
la formule.
STEPHANE LE FOLL
Elle est belle. C'est respectable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans sa démarche politique, il a souhaité créer quelque chose autour de lui !
STEPHANE LE FOLL
Mais exactement !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi « autour de lui » ?
STEPHANE LE FOLL
Il incarne et il souhaite incarner une modernité, il l'a dit, un dépassement. Et c'est là qu'on a un débat avec lui entre la gauche et la droite. Je ne pense pas que le débat, ce soit simplement un clivage, mais c'est que derrière la gauche et la droite, il y a des valeurs, il y a des niveaux et des curseurs qui sont mis plus ou moins hauts sur la question de la liberté, sur la question de l'égalité, sur la question de la fraternité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
S'il continue son esprit d'indépendance, est-ce que le président de la République devra s'en séparer ?
STEPHANE LE FOLL
Non. Je ne pense pas du tout d'abord qu'il ait envie de continuer, je n'en sais rien. Et je ne pense pas qu'il faille plutôt poser les problèmes avec « je m'en sépare » ou « je ne m'en sépare pas », non. Je pense qu'Emmanuel MACRON est quelqu'un qui a des idées et surtout, ce qui était très important pour moi parce que je l'ai parfaitement intégré, c'est qu'il dégageait de l'optimisme à un moment où on l'avait perdu, cette ambition, cet optimisme. Et donc je pense que c'est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le rangez dans votre camp.
STEPHANE LE FOLL
Moi j'essaye de faire en sorte d'utiliser ce qu'Emmanuel MACRON représente pour en prendre le positif, tout le positif. Je ne suis pas d'accord, je vous l'ai dit, sur sa démarche, sur « il n'y a plus de droite, il n'y a plus de gauche ». Mais par contre sur l'optimisme, sur cette modernité, oui : on la partage.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien. Autre question d'actualité, les intermittents du spectacle. Faut-il garantir le régime spécifique d'assurance-chômage des intermittents ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut garantir un système qui permet à la culture d'avoir
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un système, mais le régime particulier ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, le régime. Ça a déjà été fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faut le garantir ?
STEPHANE LE FOLL
Il faut trouver les moyens de le pérenniser surtout, c'est certain. Ce système, la culture en a besoin donc on ne va pas se mentir. Après, il faut qu'il trouve dans la pérennisation de ce système, un équilibre. Voilà, c'est ça le sujet. Et il faut aussi être capable là-dessus de négocier et de trouver le point d'équilibre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi Stéphane LE FOLL, que savez-vous des négociations sur le traité transatlantique ?
STEPHANE LE FOLL
Ce que j'en sais aujourd'hui, c'est que contrairement à ce qui est souvent dit, on est loin d'avoir boucler un accord. Et pourquoi on est loin d'avoir bouclé un accord ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Barack OBAMA veut un accord avant la fin de son mandat. Vous êtes d'accord ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Claude JUNCKER veut un accord, le président de la Commission européenne.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai entendu Manuel VALLS nous dire hier : « On est loin de cet accord c'est ce que vous dites ce matin si nous n'obtenons pas de garantie notamment en matière de santé et d'environnement ».
STEPHANE LE FOLL
Oui, absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors où en est-on ?
STEPHANE LE FOLL
Au point que vous venez de signaler. C'est que l'idée d'un accord avec les Etats-Unis et l'Europe, ce n'est pas quelque chose qu'on va repousser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable à cet accord ?
STEPHANE LE FOLL
Mais on est tout à fait favorable à ce qu'entre les Etats-Unis et l'Europe il y ait un accord qui puisse se trouver. Mais un accord, c'est quelque chose qui tient compte des grands enjeux à la fois économiques, sanitaires, environnementaux. Et ça ne peut pas être un modèle, et en particulier celui d'Amérique du Nord, qui s'imposerait à l'Europe. Nous avons, nous, des règles qu'il faut faire respecter et en particulier sur l'agriculture.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais en parler. Vous êtes tenu au courant de l'évolution des négociations j'imagine, mieux que les parlementaires français par exemple, ou encore mieux que les citoyens français.
STEPHANE LE FOLL
Non, c'est Matthias FEKL qui assure ce suivi et il nous tient au courant. Avec Matthias, à chaque fois que ç'a été nécessaire, on a eu des contacts, des alertes dès qu'il sent quelque chose.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui, ça bloque.
STEPHANE LE FOLL
Oui aujourd'hui, mais la France
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aujourd'hui la France n'est pas satisfaite.
STEPHANE LE FOLL
Elle n'est pas satisfaite. On est loin du compte.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous poursuivez les négociations. Parce que vous pourriez dire : « On arrête ».
STEPHANE LE FOLL
Oui mais ça, c'est toujours la politique qui consiste à dire : ou on arrête, ou on Non ! Il faut continuer. L'idée qu'on se mette dans une discussion avec les Etats-Unis, dans une hypothèse d'un accord qui serait mutuellement intéressant, est quelque chose qu'on peut tout à fait accepter. Mais en même temps, on n'acceptera un accord qui mettra en cause en particulier des lignes rouges.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Accord avant l'élection présidentielle ?
STEPHANE LE FOLL
Non, je ne crois pas. Je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas d'accord avant l'élection présidentielle ?
STEPHANE LE FOLL
Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous ne croyez pas ?
STEPHANE LE FOLL
Je n'y crois pas. D'abord parce qu'aujourd'hui, même au sein du Congrès et du Sénat américains, il n'y a pas de majorité. Je comprends que Barack OBAMA voudrait finir son mandat avec un accord mais ce sont des sujets extrêmement complexes, des sujets qui nécessitent de longues négociations et sur lesquels il y a des points durs où la France ne cédera pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un point dur, c'est la viande. Les éleveurs bovins français demandent l'exclusion de la viande bovine de la négociation. Est-ce que vous les soutenez ?
STEPHANE LE FOLL
Je soutiens le fait que la viande bovine est un produit sensible sur lequel on ne peut pas avoir de négociation qui ouvre en particulier, parce que c'est ça le sujet, les marchés européens à la viande bovine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors est-ce que vous demandez l'exclusion de la viande bovine des négociations ?
STEPHANE LE FOLL
Monsieur BOURDIN, est-ce que vous savez comment ça se passe ? Le mandat de négociation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne sais pas. Et à la limite vous non plus, parce que personne ne sait comment ça se passe.
STEPHANE LE FOLL
On a donné un mandat à la Commission. Ça fait un an et demi, deux ans. Deux ans même, deux ans et demi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand je pense que les parlementaires sont obligés pour obtenir des précisions d'aller à l'ambassade américaine
STEPHANE LE FOLL
Et ça, c'est encore un progrès qui a été fait à la demande de Matthias FEKL. Pas à l'ambassade américaine justement, c'est terminé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est terminé ? Encore heureux.
STEPHANE LE FOLL
Deuxième point, je termine. Le mandat qui a été donné à la Commission, c'était il y a deux ans. La France a négocié un mandat de négociation à la Commission très clair, qui a pointé les points sur lesquels il y avait des lignes rouges. Produit sensible : viande bovine. Sur la question des OGM, sur la question du sanitaire et surtout sur la négociation
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous ne suivez pas les éleveurs bovins français.
STEPHANE LE FOLL
Mais monsieur BOURDIN, les éleveurs bovins français, il y a deux ans le mandat a été donné, donc on ne revient pas en arrière sur un mandat qui a été donné. Voilà, c'est tout simple. Mais a été donné comme mandat que des produits et des productions étaient des produits sensibles ; la viande bovine en est une.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les partisans de Nuit Debout sont des gens qui n'ont rien dans le cerveau ?
STEPHANE LE FOLL
Je pense que la campagne de Nicolas SARKOZY qui s'engage a toujours ce côté bien excessif et assez méprisant pour tout ce qui se passe et qui ne correspond pas à ce qu'il souhaite. Non seulement les gens de Nuit Debout n'ont pas de cerveau, j'ai vu que sur les syndicats, c'était inadmissible. On a là aussi, et c'est normal, d'expliquer ce que souhaiterait faire
JEAN-JACQUES BOURDIN
L'état d'urgence est prolongé et est toujours bravé par Nuit Debout.
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais l'état d'urgence n'empêche pas le droit de manifester. Ça, c'est la réalité. Par contre, les violences ont été réprimées et elles devront être réprimées. On ne peut pas accepter ce qui se passe en particulier à la fin de ces discussions qui réunissent beaucoup de monde. En particulier, il paraît qu'il y a des avocats debout, donc la nuit il y a des avocats. Je pense qu'ils ont aussi un cerveau.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 avril 2016