Texte intégral
Q - Il y a quelques jours, François Hollande a appuyé votre position exprimant un possible retrait des négociations sur le Tafta. Les négociations ont repris ce lundi. Qu'attendez-vous de cette semaine ?
R - L'idée d'un retrait, je l'ai formulée dès le mois de septembre. La France a un certain nombre d'exigences fortes. Nous avons obtenu un meilleur accès aux informations, puisque les parlementaires peuvent les consulter, mais il faut aller plus loin encore. La France souhaite également la mise en place d'une cour de justice commerciale internationale. Nous avons également une autre exigence en termes d'agriculture, avec la défense des indications géographiques et des appellations qui font la force de nos territoires. Malheureusement, nous constatons que les choses n'avancent pas, et ce depuis très longtemps. Je n'attends donc pas grand-chose de cette semaine...
Q - Pourquoi ?
R - Les principales demandes de l'Europe et de la France ne sont pas prises en compte. Nous ne signerons pas à tout prix.
Q - En quoi l'approche d'échéances électorales aussi bien aux États-Unis qu'en France peut-elle influer sur la suite des négociations ?
R - Elles n'ont pas d'influence sur la position de la France. Il y a une grande constance sur la position française sur ce traité car nous sommes sur une question de principes. Ce ne sont pas les circonstances qui feront changer la position. Pour ce qui est des États-Unis, on voit à travers la campagne qu'il y a une inquiétude de plus en plus forte des classes moyennes et populaires. Les promesses qui ont été faites durant longtemps à propos du libre-échange ne sont pas au rendez-vous.
Q - Pour les produits phares des différents terroirs français, quelles seraient les conséquences concrètes de cet accord ?
R - Si nous parvenions à un accord comme nous le souhaitons, qui reconnaît les indications géographiques, il serait extrêmement bénéfique pour la France. Je pourrais prendre des dizaines d'exemples mais l'agriculture française est souvent copiée. Il est très important de le voir reconnaître dans les négociations. Malheureusement, pour l'heure, nous n'en sommes même pas sur ce sujet-là. Avec le Canada par exemple, nous sommes parvenus à un accord positif. Il a reconnu beaucoup de nos appellations, comme le pruneau d'Agen.
Q - Si les États-Unis venaient à ne pas vouloir préserver certaines appellations comme nous les connaissons en France et notamment dans le Lot-et-Garonne, serait-ce un motif de ne pas poursuivre les négociations ?
R - Oui, mais il y a beaucoup d'autres critères aussi.
Q - Dans le cas où ce serait le seul point d'achoppement dans les négociations, la France serait-elle prête à faire des sacrifices en la matière ?
R - Non, il n'y aura pas de sacrifice sur cette question. La défense de l'agriculture a été inscrite dans les lignes rouges avant le début des négociations.
Q - Est-ce qu'un accord de libre-échange avec les États-Unis peut être à la fois bénéfique et protecteur pour les richesses des terroirs français ?
R - En théorie, oui. En l'état des négociations, non. L'agriculture a intérêt à ce que les appellations soient protégées.
(...).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2016