Texte intégral
Dans une interview accordée à latribune.fr, Jacques Freidel, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, juge " dramatique " l'absence d'annonces concrètes sur l'assouplissement du passage aux 35 heures.
Devant les inquiétudes des patrons de PME, Lionel Jospin a confirmé hier soir, lors de son intervention sur TF1, que le gouvernement allait assouplir le passage aux 35 heures pour les entreprises de moins de vingt salariés. Celles-ci bénéficieront d'un contingent d'heures supplémentaires élargi qui leur permettra d'adapter progressivement leur organisation à la réduction du temps de travail.
Pour autant, les réactions des dirigeants de PME ne sont pas enthousiastes. Dans une interview à latribune.fr, Jacques Freidel, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, dénonce l'absence d'annonces concrètes sur les modalités du passage aux 35 heures.
latribune.fr. - Vous vous êtes dit " stupéfait et atterré " par l'intervention de Lionel Jospin hier soir. Pourquoi une réaction aussi vive à un moment où le Premier ministre accepte le principe d'un assouplissement du passage aux 35 heures pour les entreprises de moins de vingt salariés ?
Jacques Freidel. - Je suis extrêmement déçu car Lionel Jospin n'a donné aucune indication concrète sur les modalités de l'assouplissement. Aujourd'hui, nous ne savons toujours pas quel sera le contingent d'heures supplémentaires, ni à combien seront rémunérées ces heures supplémentaires. Dès ce matin, j'ai discuté avec des patrons de PME qui me demandent : " Qu'est-ce qu'on fait pour nos budgets, qu'est-ce qu'on met dans la case salaires ? ". Je suis d'autant plus atterré que la campagne médiatique qui a précédé l'intervention du Premier ministre laissait espérer une série d'annonces concrètes. Or, rien ne bouge ! Nous réunirons donc un bureau confédéral le 19 septembre prochain pour décider d'un plan d'actions.
Que pensez-vous de la méthode retenue par le gouvernement, à savoir une modification par décret des modalités du passage des petites entreprises aux 35 heures ?
Si le gouvernement agit par décret, c'est que l'assouplissement ne concerne que le contingent d'heures supplémentaires et aucune autre de nos revendications. Si le parlement intervient, il sera au contraire possible de procéder à une modification en profondeur des deux lois qui encadrent le passage aux 35 heures. C'est cette deuxième solution que nous privilégions.
Précisément, quelles sont aujourd'hui vos revendications pour les PME ?
Nous réclamons un contingent d'heures supplémentaires de 200 heures pour toutes les PME, y compris celles qui comptent plus de 20 salariés. C'est la condition pour donner à ces entreprises la souplesse nécessaire au traitement de commandes dans des délais toujours plus courts. Aujourd'hui, il y a déjà des entreprises qui sont obligées de refuser des contrats. Qu'en sera-t-il après le passage aux 35 heures ?
Ensuite, nous demandons à Lionel Jospin de différer l'application des 35 heures pour les entreprises de moins de 20 salariés. Celles-ci doivent déjà faire face le 1er janvier 2002 au défi de l'euro . Ne leur infligeons pas les 35 heures en plus !
Il faut également permettre à toutes les entreprises de recourir à l'annualisation du temps de travail, y compris pour celles qui ne sont pas couvertes par un accord de branche.
Enfin, nous demandons que le paiement des heures supplémentaires soit effectué sous forme de salaire majoré et non de repos compensateur. C'est d'ailleurs une revendication des salariés eux-mêmes qui préfèrent augmenter prioritairement leur pouvoir d'achat.
L'année 2002 sera décisive pour les PME avec le passage à l'euro, aux 35 heures et le risque d'une poursuite du ralentissement économique. Etes-vous malgré tout optimiste sur la capacité de réaction de leurs patrons ?
Diverses enquêtes montrent que le moral des dirigeants de PME reste au beau fixe. Mais c'est surtout une question de tempérament car nous sommes très inquiets pour l'année à venir. Avec le passage à l'euro, l'application des 35 heures et un climat économique qui se détériore, le risque existe de casser la croissance. C'est pourquoi l'assouplissement de la réduction du temps de travail est impérieux.
Propos recueillis par Jean-Noël Roffiaen
(Source http://www.cgpme.net, le 30 août 2001)
Devant les inquiétudes des patrons de PME, Lionel Jospin a confirmé hier soir, lors de son intervention sur TF1, que le gouvernement allait assouplir le passage aux 35 heures pour les entreprises de moins de vingt salariés. Celles-ci bénéficieront d'un contingent d'heures supplémentaires élargi qui leur permettra d'adapter progressivement leur organisation à la réduction du temps de travail.
Pour autant, les réactions des dirigeants de PME ne sont pas enthousiastes. Dans une interview à latribune.fr, Jacques Freidel, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, dénonce l'absence d'annonces concrètes sur les modalités du passage aux 35 heures.
latribune.fr. - Vous vous êtes dit " stupéfait et atterré " par l'intervention de Lionel Jospin hier soir. Pourquoi une réaction aussi vive à un moment où le Premier ministre accepte le principe d'un assouplissement du passage aux 35 heures pour les entreprises de moins de vingt salariés ?
Jacques Freidel. - Je suis extrêmement déçu car Lionel Jospin n'a donné aucune indication concrète sur les modalités de l'assouplissement. Aujourd'hui, nous ne savons toujours pas quel sera le contingent d'heures supplémentaires, ni à combien seront rémunérées ces heures supplémentaires. Dès ce matin, j'ai discuté avec des patrons de PME qui me demandent : " Qu'est-ce qu'on fait pour nos budgets, qu'est-ce qu'on met dans la case salaires ? ". Je suis d'autant plus atterré que la campagne médiatique qui a précédé l'intervention du Premier ministre laissait espérer une série d'annonces concrètes. Or, rien ne bouge ! Nous réunirons donc un bureau confédéral le 19 septembre prochain pour décider d'un plan d'actions.
Que pensez-vous de la méthode retenue par le gouvernement, à savoir une modification par décret des modalités du passage des petites entreprises aux 35 heures ?
Si le gouvernement agit par décret, c'est que l'assouplissement ne concerne que le contingent d'heures supplémentaires et aucune autre de nos revendications. Si le parlement intervient, il sera au contraire possible de procéder à une modification en profondeur des deux lois qui encadrent le passage aux 35 heures. C'est cette deuxième solution que nous privilégions.
Précisément, quelles sont aujourd'hui vos revendications pour les PME ?
Nous réclamons un contingent d'heures supplémentaires de 200 heures pour toutes les PME, y compris celles qui comptent plus de 20 salariés. C'est la condition pour donner à ces entreprises la souplesse nécessaire au traitement de commandes dans des délais toujours plus courts. Aujourd'hui, il y a déjà des entreprises qui sont obligées de refuser des contrats. Qu'en sera-t-il après le passage aux 35 heures ?
Ensuite, nous demandons à Lionel Jospin de différer l'application des 35 heures pour les entreprises de moins de 20 salariés. Celles-ci doivent déjà faire face le 1er janvier 2002 au défi de l'euro . Ne leur infligeons pas les 35 heures en plus !
Il faut également permettre à toutes les entreprises de recourir à l'annualisation du temps de travail, y compris pour celles qui ne sont pas couvertes par un accord de branche.
Enfin, nous demandons que le paiement des heures supplémentaires soit effectué sous forme de salaire majoré et non de repos compensateur. C'est d'ailleurs une revendication des salariés eux-mêmes qui préfèrent augmenter prioritairement leur pouvoir d'achat.
L'année 2002 sera décisive pour les PME avec le passage à l'euro, aux 35 heures et le risque d'une poursuite du ralentissement économique. Etes-vous malgré tout optimiste sur la capacité de réaction de leurs patrons ?
Diverses enquêtes montrent que le moral des dirigeants de PME reste au beau fixe. Mais c'est surtout une question de tempérament car nous sommes très inquiets pour l'année à venir. Avec le passage à l'euro, l'application des 35 heures et un climat économique qui se détériore, le risque existe de casser la croissance. C'est pourquoi l'assouplissement de la réduction du temps de travail est impérieux.
Propos recueillis par Jean-Noël Roffiaen
(Source http://www.cgpme.net, le 30 août 2001)