Interview de M. Jean-Louis Borloo, porte-parole de l'UDF, dans "France Soir" du 14 novembre 2001, sur la candidature de François Bayrou à l'élection présidentielle.

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Média : France soir

Texte intégral

Le porte-parole de l'UDF, que beaucoup ont accusé d'avoir lâché le président du parti centriste, s'explique.
Avez-vous fui les instances de l'UDF, comme certains vous le reprochent ?
Bien sûr que non, mais j'attends avec impatience qu'on débatte du projet pour mon pays. En attendant, il est vrai que j'ai mis les bouchées doubles sur ma ville, d'autant que, comme beaucoup, j'ai du mal à percevoir la stratégie de la troisième voie.
C'est pour ça que vous avez pris vos distances ?
Je n'ai pas pris mes distances et je ne " mégoterai " pas mon soutien à François Bayrou lors de la mère des batailles, celle des idées. La France est inquiète, la France est déchirée, mais la France est prête à se retrousser les manches. Il faut des candidatures fortes, une vision claire et affirmée, j'attends beaucoup de François Bayrou et de sa candidature.
Mais vous n'êtes pas d'accord avec la stratégie adoptée ?
Si, mais l'UDF a une grande caractéristique, c'est le plus grand réservoir d'élus locaux de France, il faut donc fédérer au plus vite les maires. Bayrou doit faire campagne avec les maires de Perpignan, de Blois, de Strasbourg, de Nancy, d'Arras, de Drancy et les autres. Il doit aussi se doter de toute urgence d'un budget de campagne, d'un directeur de campagne, de locaux
Peut-être considère-t-il qu'il est trop tôt ?
François Bayrou a choisi d'abord d'écouter avant de parler. Maintenant, il va s'exprimer : un livre sort dans 15 jours. En même temps, il annoncera sa candidature De plus, l'UDF va travailler la plate-forme de l'alternance avec le RPR et DL. Focalisé à juste titre sur la présidentielle, Bayrou ne peut pas tout faire.
Doit-t-il faire comme Robert Hue, qui a abandonné la direction de son parti, ou Dominique Voynet, qui a choisi de ne pas se présenter ?
Probablement pas, mais il faut harmonieusement découpler présidentielle et législatives et mettre en place deux équipes complémentaires. Les deux visions convergentes s'enrichiront et se soutiendront mutuellement.
Pensez-vous que Bayrou n'est pas forcément le bon candidat pour l'UDF ?
Si, bien sûr. D'abord, c'est un ami et rien n'altérera ça. Mais il faut qu'il dise ce qu'il a à dire. Maintenant, il est face à son destin.
Que pensez-vous d'une éventuelle primaire entre Bayrou et Madelin ?
Pensez-vous que l'opposition ait vraiment trop de talents ? L'opposition, la France a besoin de ces deux hommes. Regardons au-delà de la ligne très ponctuelle de la présidentielle comment l'un et l'autre peuvent unir leur action dans la durée et de manière complémentaire. Une primaire, pourquoi pas ? mais un accord sur le fond, sûrement.
Propos recueillis par Christelle Bertrand

(source http://www.udf.org, le 15 novembre 2001)