Interview de M. Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports à Public Sénat le 24 mai 2016, sur la préparation de l'Euro et la sécurité dans les compétitions sportives.

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Média : Public Sénat

Texte intégral


CYRIL VIGUIER
Bonjour à tous et bienvenue dans notre matinale d'info avec la presse quotidienne régionale. Aujourd'hui, notre invité, c'est Patrick KANNER. Bonjour Monsieur le Ministre.
PATRICK KANNER
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Vous êtes ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, et des sports, bien entendu, de l'Euro, et donc tout à l'heure, Gilles LECLERC et Véronique JACQUIER, qui sont ce matin, ici, pour vous interviewer, à mes côtés, vous poseront des questions qui concernent les Français sur ce sujet sensible. Bonjour Véronique et bonjour Gilles.
VÉRONIQUE JACQUIER
Bonjour.
GILLES LECLERC
Bonjour.
CYRIL VIGUIER
Patrick KANNER, on démarre tout de suite avec les mouvements sociaux, les violences même, la CGT appelle à une grève illimitée pour le 2 juin, à 04h30 du matin, les forces de l'ordre ont débloqué la raffinerie de Fos-sur-Mer. Va-t-il falloir débloquer par la force les six raffineries qui sont bloquées sur huit ? Et en ce qui concerne les dépôts, que faut-il faire ?
PATRICK KANNER
Déjà, il faut faire une différence entre les blocages des raffineries, et là, il est clair que le gouvernement a décidé d'agir, on ne peut pas prendre en otage un pays complet, surtout un pays qui est en train de se redresser sur le plan économique, on ne peut pas arrêter ce mouvement qui est positif pour l'ensemble des Français. Il y a une radicalisation aujourd'hui de la CGT, moi, j'aimerais bien entendre de temps en temps d'autres syndicats qui, eux, soutiennent, en tout cas, valident le projet de loi Travail porté par Myriam El KHOMRI, en tout cas, la CGT aujourd'hui est sur le devant de la scène, une extrême minorité ne peut pas prendre en otage finalement un pays…
CYRIL VIGUIER
On va débloquer de force, le reste ?
PATRICK KANNER
Alors, ça a été le cas notamment sur Fos-sur-Mer, il y a un autre cas qui est beaucoup plus problématique, c'est la grève à l'intérieur de la raffinerie, donc de la production en tant que telle, c'est ce qui a commencé au Havre. Moi, j'en appelle à la responsabilité, nous avons une image à donner de notre pays, une image positive, notamment, puisque vous parliez de l'Euro, à l'approche de cet événement mondial, que représente l'Euro de football, donc tout est légitime, la manifestation est légitime, mais quand il s'agit de mettre le pays à genoux, parce que ça a été employé comme expression par des responsables CGT, quand il s'agit de provoquer la pénurie par une sorte de mouvement de panique chez les consommateurs, cela est très, très grave, et vraiment, je dis aux syndicalistes CGT : attention, nous risquons d'avoir vraiment, là, un dérapage qui peut être terrible pour notre pays.
GILLES LECLERC
Vous parlez de dérapage, de radicalisation de la CGT, comment vous expliquez ça ? Pourquoi cette radicalisation ?
PATRICK KANNER
Il y a une échéance électorale qui s'approche dans les entreprises, nous le savons bien, la CGT aujourd'hui, peut-être, veut présenter une image de syndicat du grand soir, ça fait bien longtemps que je ne crois plus au grand soir…
VÉRONIQUE JACQUIER
Mais Patrick KANNER, le responsable CGT pétrole dit ce matin, à propos de l'évacuation de Fos-sur-Mer : on est dans un climat de guerre, Manuel VALLS est un chef de guerre, et on n'accepte pas d'être évacué comme ça, sans sommation, bon, ce jusqu'au-boutisme, vous parlez de grève à l'intérieur des raffineries, comment vous allez pouvoir le contrer ?
PATRICK KANNER
Mais, d'abord, l'intervention forte de Manuel VALLS hier, et encore aujourd'hui, sûrement à l'occasion des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, et je ne doute pas à celles du Sénat dans 48h, je pense qu'il faut de la fermeté aujourd'hui, cette loi Travail est en discussion au Parlement. Elle va bientôt… elle est présentée actuellement au Sénat. Premièrement. Deuxièmement, il y a des syndicats qui la soutiennent, il y a une majorité de Français qui estiment que, on est en train de voir déborder le vase par des comportements que je qualifierais presque d'irresponsables au regard des enjeux qui sont sur notre pays, et donc le discours de la fermeté et l'agissement vis-à-vis de presque des frondeurs syndicaux, si vous me permettez cette comparaison un peu rapide, qui consiste à vouloir bloquer avec des pneus qui flambent, non, ça, cette image-là n'est pas acceptable. Et donc nous le disons à la CGT : nous sommes prêts au dialogue, nous ne sommes pas prêts à une confrontation qui est portée par une minorité contre la majorité des intérêts français.
GILLES LECLERC
Ça veut dire, Monsieur le Ministre, que dans la perspective de l'Euro, c'est dans à peu près quinze jours, ça veut dire que vous pouvez nous assurer ce matin que les trains vont rouler, que les métros vont rouler, qu'il y aura de l'essence partout, pour que, effectivement, la France présente une image, on va dire positive…
PATRICK KANNER
C'est notre objectif…
GILLES LECLERC
Quels que soient les moyens ?
PATRICK KANNER
La force du dialogue, et en aucun cas, une minorité, même très agissante, ne peut aujourd'hui mettre notre pays dans une difficulté qui serait insupportable, pas uniquement par rapport à l'Euro, mais par rapport aux enjeux économiques qui sont les nôtres. Encore une fois, notre pays se redresse, la croissance repart, le chômage – et nous l'espérons, résultats cette semaine, pour le deuxième mois consécutif – peut-être va continuer à baisser. Tout cela ne peut pas être mis en péril parce que certains ont décidé d'amener une contestation que je qualifierais de violente aujourd'hui par rapport aux intérêts du pays…
VÉRONIQUE JACQUIER
Il y a d'autres faits très violents depuis fin février, depuis le début de l'examen de la loi El Khomri, c'est qu'une trentaine de locaux du PS ou de permanences de députés socialistes…
PATRICK KANNER
Plus que trente, plus que trente…
VÉRONIQUE JACQUIER
Ont été vandalisés, ont été dégradés, parfois avec des insultes au nom de Manuel VALLS, alors qui en veut, comme ça, au PS, et qui en veut au Parti socialiste ? Est-ce qu'il n'y a que la CGT ? Non ?
PATRICK KANNER
Non, non, non, attendez, je ne fais pas d'amalgame, je n'ai pas dit à ce plateau que c'était la CGT qui avait mitraillé la fédération de l'Isère, il y a 48h, pas de malentendu en la matière. Il y a, voilà, sûrement des anarcho-syndicalistes ou des spontanéistes, diront certains, qui aujourd'hui veulent, voilà, marquer du fer rouge les socialistes ; c'est une drôle de manière d'ailleurs de concevoir la démocratie, parce qu'on peut ne pas être d'accord avec le Parti socialiste, avec ses représentants à l'Assemblée, mais en aucun cas, on ne dégrade des permanences qui sont l'expression finalement du débat démocratique normal dans un pays…
VÉRONIQUE JACQUIER
C'est une dérive qui vous inquiète, parce que vous dites : ça va mieux dans le pays, mais bon…
PATRICK KANNER
Bien sûr…
VÉRONIQUE JACQUIER
On n'a pas le sentiment quand même que ça aille mieux…
PATRICK KANNER
Nous disons que ça va mieux sur un plan économique et de plus en plus social, mais nous disons aussi que là, il y a une aggravation aujourd'hui portée par une extrême minorité du climat pacifique dans lequel la démocratie doit fonctionner, c'est une dégradation aujourd'hui de ce climat, qui est indispensable…
VÉRONIQUE JACQUIER
Vous pensez que les choses peuvent, entre guillemets, rentrer dans l'ordre quand la loi sera votée, si la loi est votée ?
PATRICK KANNER
Si la loi était votée dans les conditions que vous savez, en tout cas, adoptée dans les conditions que vous savez, en première lecture à l'Assemblée nationale, elle va continuer à suivre son chemin, vous avez entendu, tant le Premier ministre que le président, dire que cette loi était une loi de progrès, et donc nous allons aller jusqu'au bout. Certains, de l'autre côté, veulent aller aussi jusqu'au bout, simplement, nous, nous prenons les moyens légaux de l'adoption de cette loi.
GILLES LECLERC
Je reviens à l'Euro, Patrick KANNER, il y a une autre question qui est la question de la sécurité dans la préparation de l'Euro, on a vu des dysfonctionnements au Stade de France samedi dernier, avec l'introduction de fumigènes, de bouteilles en verre, on avait cru comprendre qu'il y avait un état d'urgence, comment vous expliquez ça ? Vous n'êtes pas inquiet de ce point de vue-là ?
PATRICK KANNER
Alors, sur le cas particulier de cette finale de la Coupe de France, tout d'abord, n'oublions jamais qu'il y avait eu cinq matchs précédemment, cinq matchs, trois de rugby, sans aucun problème, comme souvent d'ailleurs dans les matchs de rugby, mais deux matchs aussi de foot, dont une finale de la Coupe de la Ligue, entre le Paris Saint Germain…
CYRIL VIGUIER
Les images sont spectaculaires, elles passent derrière vous, on voit vraiment qu'il y a des fumigènes, Gilles LECLERC a raison…
PATRICK KANNER
Bien sûr, bien sûr, mais certains ont forcé les lignes de protection. Donc je reviens sur le match de la Coupe de la Ligue, Paris Saint Germain-Lille, permettez-moi aux Lillois de le rappeler, même s'ils ont été battus, aucun incident. Ce qui signifie que nous avons été face à une situation très particulière samedi, avec, allons-y, des phénomènes non pas de terrorisme, de Hooliganisme, très concrètement, portés notamment par les supporters marseillais qui ont une…
GILLES LECLERC
Mais ça veut dire qu'il y a une faille quand même !
CYRIL VIGUIER
Oui, c'est une répétition ratée.
PATRICK KANNER
Alors, ce n'était pas une répétition, ce n'était pas un match test au sens classique du terme, on avait mis en place le dispositif prévu pour l'Euro, et nous avons vu des failles ou plutôt des dysfonctionnements, voire des fragilités, des fragilités, elles ont été repérées hier par Bernard CAZENEUVE toute la journée avec ses services, nous allons les corriger d'ici l'Euro. Et très concrètement, les supporters nationaux, qu'ils soient Roumains ou qu'ils soient Français, n'ont pas le profil des Marseillais qui ont effectivement eu, je dirais, une position inacceptable samedi soir dernier.
VÉRONIQUE JACQUIER
Mais dans ce contexte de menace maximale, est-ce qu'il est opportun de mettre en place des fan-zones notamment dans Paris ?
CYRIL VIGUIER
On attend sept millions de spectateurs…
PATRICK KANNER
Sept à huit millions de spectateurs dans les fan-zones, vous savez, je préfère avoir des…
CYRIL VIGUIER
80.000 sous la Tour Eiffel, dit-on…
PATRICK KANNER
Oui, même comme 90.000 dans les grands moments. Moi, je préfère avoir des supporters qui sont dans des fan-zones totalement sécurisées, où ils ont fait l'objet de palpations avant de rentrer à l'intérieur que de voir des gens circuler n'importe où dans Paris ou ailleurs, il y aura des visiteurs qui ne seront pas dans les fan-zones, mais attention de ne pas créer des moules de supporters qui pourraient être des cibles potentielles, les fan-zones sont sécurisées, et j'ai envie de dire autant sécurisées que les stades, à condition que nous veillions…
VÉRONIQUE JACQUIER
Et la sécurisation à l'extérieur des stades, avec les files d'attente avant de rentrer, pour assister aux matchs…
PATRICK KANNER
C'est bien pour cela… vous savez ce qui s'est passé d'ailleurs samedi, c'est que les supporters marseillais n'ont pas respecté les consignes de fluidité, ils sont arrivés en masse, comme cela, et donc nous disons aux supporters de l'Euro, y compris étranger : prenez votre temps, arrivez tranquillement vers le stade, c'est vrai que les contrôles créent des phénomènes de thrombose potentielle, il faudra savoir les gérer, et sûrement mieux fluidifier par de nombreux passages.
CYRIL VIGUIER
C'est Patrick KANNER, le ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, qui est l'invité de notre matinale d'info ce matin. On revient à la politique, Patrick KANNER, bon, tout ce contexte qu'on a décrit et que Gilles LECLERC et Véronique JACQUIER ont décrit tout à l'heure, c'est le moment où Emmanuel MACRON, dans Les Echos, ce matin, dit qu'il faut aller au-delà de la loi El Khomri, laisser avancer une France qui travaille, dit-il. Alors, vous êtes considéré comme un proche du Premier ministre, Manuel VALLS, ce n'est quand même pas la meilleure façon de l'aider cette déclaration ?
PATRICK KANNER
Emmanuel MACRON, on le sait bien, a toujours tendance à aller parfois plus vite que le vent, aujourd'hui, le vent, c'est l'adoption de la loi Travail, portée par Myriam El KHOMRI, dans les conditions qui ont été négociées avec la CFDT, avec les organisations de jeunesse, et j'étais dans ces négociations avec Manuel VALLS à l'époque. Et l'objectif, c'est peut-être de l'enrichir par quelques amendements supplémentaires, mais pour moi, aujourd'hui…
CYRIL VIGUIER
Mais ces déclarations, elles vous gênent, vous ?
PATRICK KANNER
Ecoutez…
GILLES LECLERC
C'est le choix du moment…
CYRIL VIGUIER
Oui, voilà, Les Echos ce matin…
PATRICK KANNER
Enfin, Emmanuel MACRON a l'habitude d'évoquer un peu un projet d'avenir, vous savez, entre le présent et l'avenir, il y a une étape qu'il faut savoir franchir au bon moment. Voilà, c'est tout mon commentaire sur ce sujet. Vous aurez sûrement d'autres encore déclarations d'Emmanuel MACRON…
CYRIL VIGUIER
Ah oui, vous nous annoncez des nouveautés ?
PATRICK KANNER
Vous savez, je ne vois pas pourquoi il s'arrêterait en cours de chemin, à un moment donné, tout le monde se rassemblera autour de ce que sera – je l'espère – la candidature de François HOLLANDE, et je ne doute pas un seul instant qu'à ce moment-là…
CYRIL VIGUIER
Qu'Emmanuel MACRON en fera partie…
PATRICK KANNER
Emmanuel MACRON fera partie de tous ses soutiens.
GILLES LECLERC
Patrick KANNER, en attendant, vous êtes aussi, Cyril VIGUIER le rappelait, le ministre de la Jeunesse, où en est le projet Egalité citoyenneté, que vous portez, le calendrier, vous pouvez bien nous le repréciser ce matin ?
PATRICK KANNER
Oui, c'est un projet de loi important, c'est l'un des derniers projets de loi du quinquennat, qui va, je crois, marquer les esprits, et marquer aussi le progrès social dans notre pays. C'est un projet de loi qui sera présenté à l'Assemblée nationale la dernière semaine du mois de juin, au Sénat à l'automne, plus de droits pour les jeunes, plus d'engagements potentiels, plus de mixité sociale au travers du logement social, une meilleure lutte contre les discriminations dans ce pays, c'est une loi qui sera – je crois – importante pour notre pays.
GILLES LECLERC
Mais tout ça coûte, et on a aussi bien compris que dans la perspective du budget 2017, il y avait deux milliards à trouver, est-ce que votre ministère est aussi concerné, comme celui de la recherche ou de l'environnement par exemple ?
CYRIL VIGUIER
Par les lettres de cadrage…
PATRICK KANNER
Les lettres de cadrage, on les a reçues…
CYRIL VIGUIER
… Premier ministre…
GILLES LECLERC
… Vous allez aussi mettre la main à la poche ?
VÉRONIQUE JACQUIER
Vous l'avez reçue la lettre de cadrage ?
PATRICK KANNER
Bien sûr. Mais je peux vous dire que, à notre niveau, nous avons des priorités qui sont considérées comme nationales, le développement du service civique ne sera pas touché par ces mesures de réduction budgétaire, et la politique de la ville sera sans nul doute sanctuarisée. Et j'espère même que d'autres mesures viendront enrichir mon budget…
GILLES LECLERC
On ne fait pas d'économies du coup ?
PATRICK KANNER
Je ferai partie de l'équilibrage général, mais avec, l'année dernière…
CYRIL VIGUIER
Dans votre secteur…
PATRICK KANNER
J'ai eu une augmentation de plus de 10 % de mon budget l'année dernière, notamment grâce au service civique, donc j'ai le sentiment que mon secteur ministériel est plutôt privilégié.
CYRIL VIGUIER
Dernière question, je crois.
VÉRONIQUE JACQUIER
Patrick KANNER, et on a le sentiment quand même qu'il y a des secteurs qui sont des variables d'ajustement, comme le budget de la Recherche, qui est amputé de 256 millions d'euros. Il y a sept Prix Nobel, il y a une médaille Fields, qui dénoncent un suicide scientifique et industriel, parce qu'ils disent que dans le même temps, les dépenses de la recherche augmentent de 75 % en Allemagne, et ce, depuis dix ans.
PATRICK KANNER
Ecoutez, ces questions de financement de la recherche sont récurrentes dans notre pays. La lettre de cadrage prévoit ces économies, il y aura un débat budgétaire, il y aura une négociation portée par les ministres, c'est le Parlement qui décide du budget, nous ne sommes qu'à la première phase de l'élaboration du budget 2017…
VÉRONIQUE JACQUIER
Non, mais dans la mesure où le budget de la Recherche est constamment amputé, et ce, depuis des années, est-ce qu'on n'est pas quand même dans une vision court-termiste dans la façon de faire de la politique, et de booster l'innovation…
PATRICK KANNER
Ce qui est certain, c'est que notre configuration française tient beaucoup compte du financement de la recherche par le secteur public. N'oublions pas aussi que le secteur privé peut porter aussi des financements de recherche. Il y a un équilibrage sûrement à mieux trouver dans notre pays en la matière. En tout cas, encore une fois, les propositions qui sont faites aujourd'hui ne sont pas celles qui seront peut-être votées demain dans le budget 2017.
CYRIL VIGUIER
Dernière question, Gilles LECLERC…
GILLES LECLERC
… Un tout petit mot des Jeux olympiques éventuels de Paris 2024, parce qu'on a vu que, aussi, la France s'est dotée d'un Comité de Sites et Territoires, qui regroupe une quarantaine d'élus. Comment vous allez faire pour que cette question intéresse, je dirais, toute la population et pas seulement Paris, dans la perspective de ces Jeux, ce n'est pas fait ?
PATRICK KANNER
D'abord, vous avez raison de souligner que Paris, en l'occurrence, ce n'est pas la France, simplement parce qu'il y a d'autres sites qu'à Paris, je pense par exemple à Marseille pour la base… les épreuves nautiques. Donc il y a une appétence, je crois, des Français pour ces grands événements internationaux, représentés par le sport. Aujourd'hui, il y a déjà une majorité de Français qui sont favorables à l'organisation des Jeux olympiques. Il faut continuer à convaincre, cette candidature doit être portée par l'ensemble de la nation, ce n'est pas qu'une élite, entre guillemets, ou sportive ou parisienne, ça doit être une nation complète autour de ce projet. Nous n'avons pas eu les Jeux depuis 1924, d'été, ce n'est pas un droit, et il faudra aller conquérir jusqu'au bout, c'est une sorte de marathon qui se terminera par un 110 mètres-haies. Donc il faut aller jusqu'au bout.
CYRIL VIGUIER
Patrick KANNER, une dernière question, la montée de la droite extrême en Europe, on a vu le tout petit écart, je crois que c'est 31.000 voix entre les deux candidats en Autriche, celui de la droite extrême et l'écologiste. Est-ce que vous êtes inquiet alors que le Front national est autour de 25 % en France pour les élections l'année prochaine ?
PATRICK KANNER
Bien sûr que je suis inquiet, surtout quand je vois que ce vote du candidat de l'extrême droite s'est porté notamment dans les campagnes, chez les hommes en particulier, et surtout aussi chez les ouvriers. Donc c'est pour cela que, il faut mieux protéger les classes populaires, leur donner des perspectives, la loi Travail vraiment – et j'insiste – peut contribuer à cela, comme la prime d'activité par exemple qui a été délivrée depuis le mois de janvier, mieux protéger les petits, entre guillemets, c'est-à-dire ceux qui ont peu de ressources, qui ont besoin de reconnaissance, et aussi donner du sens à notre pays. Le vote de l'extrême droite, c'est le vote de repli, c'est le vote souvent des déçus, des inquiets, eh bien, il faut corriger tout cela, et je crois que nous sommes sur la bonne voie.
CYRIL VIGUIER
Merci Patrick KANNER. Vous êtes ministre de la Ville, de la jeunesse et des sports, d'avoir été l'invité de cette matinale d'info.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 mai 2016