Texte intégral
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour cette invitation.
Durant cette journée, j'ai pu mesurer l'implication des élus aux différents échelons, des professionnels dans différents domaines.
J'ai également pu mesurer, - et c'est une réelle satisfaction-, la volonté commune de faire bouger les lignes, de travailler de concert. D'être au service, professionnellement et humainement, de nos aînés. Qu'ils vivent à domicile ou en établissement. Quelle que soit leur condition sociale, quel que soit leur âge ou leur degré d'autonomie.
Rien ne se fait sans les professionnels, les institutions, publiques ou privées, les femmes et les hommes politiques locaux. Vous êtes au plus près des réalités de vos territoires et de leurs habitants. C'est vous qui connaissez la réalité du terrain de manière quotidienne.
Durant toute la journée, j'ai constaté à quel point, que ce soit à Mulhouse ou Wittenheim, la question du bien vieillir et de la place de nos aînés est une préoccupation centrale.
Ici, comme dans le reste de la France, -comme dans la plupart des pays européens-, la population âgée de 60 ans et plus, croît. Elle devrait augmenter de 6% jusqu'en 2021 et représenter, à terme, 27% de la population haut-rhinoise.
Nouveaux besoins, nouvelles dépendances, nouvelles problématiques.
Il est donc essentiel de décloisonner les activités complémentaires en direction des personnes âgées. Afin d'améliorer la qualité de la réponse apportée, au moment le plus opportun et d'optimiser l'intervention des professionnels.
Vous le savez, le gouvernement s'engage fortement pour l'accompagnement des personnes âgées. Tant d'un point politique qu'humain. Car il est de notre responsabilité d'uvrer pour que chacune et chacun ait le choix. Nous devons anticiper, accompagner et faire progresser les mentalités, les bonnes pratiques, les initiatives déconcentrées.
En décembre, la Loi d'Adaptation de la Société au Vieillissement (ASV) était adoptée. Apportant avec elle de nombreuses avancées. Depuis, elle se déploie sur l'ensemble de notre territoire. Elle est mise en pratique.
Très attendue par l'ensemble de professionnels, la loi d'Adaptation de la Société au Vieillissement marque un changement de paradigme.
Ce n'est pas aux aînés de s'adapter à la société, mais bien à la société dans son ensemble de s'adapter à ses citoyens. A toutes et à tous. Qu'ils soient en bonne santé ou en perte d'autonomie.
Car le but est bien celui-là : donner, à travers la mise en place de politiques publiques réfléchies et concertées, les moyens aux personnes âgées, même fragilisées, d'être actrices de leur parcours. Dispositifs existants renforcés, création de nouveaux droits/ La loi a pour ambition de répondre à ces défis du vieillissement. Et de permettre aux uns et aux autres de faire des choix. D'en avoir les moyens, humains et financiers. J'en citerais 3 qui permettent de favoriser le choix de beaucoup de nos concitoyen.nes de vivre à domicile : la revalorisation de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA), la reconnaissance du statut de proche aidant, et enfin la refondation de l'aide à domicile.
1/ La revalorisation de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA)
Elle permet de faciliter, lorsque cela est possible, le maintien de la personne à domicile, en :
- Augmentant le nombre d'heures d'aide à domicile pour les personnes âgées qui en ont le plus besoin,
- Réduisant leur participation financière,
- Supprimant tout reste à charge pour les bénéficiaires de l'Allocation personnalisée de solidarité aux personnes âgées (ASPA)
2/ La reconnaissance du statut de proche aidant
Pour la première fois, une définition de l'aidant est donnée et inscrite dans la loi. Sont ainsi reconnu.e.s tou.te.s les proches de la famille exerçant ce rôle. Mais aussi les personnes ayant des liens étroits et stables, tout en n'appartenant pas à la famille. L'aide, régulière et fréquente, peut prendre différentes formes, du ménage à la préparation des repas. De la toilette à la présence physique, en passant par l'aide financière ou morale.
En parallèle de cette reconnaissance, la loi apporte enfin un nouveau droit social pour les aidant.e.s., à travers 3 dispositifs que sont :
- Le droit au répit.
- Le relais auprès de la personne aidée, en cas d'hospitalisation de son proche aidant.
- L'assouplissement et élargissement du congé de soutien familial en congé au proche aidant.
3/ Le troisième dispositif, présent dans la loi, concerne la refondation de l'aide à domicile.
Plusieurs dispositions en faveur du secteur de l'aide à domicile sont prises :
- L'unification du régime juridique des services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD), facilitant l'inscription des services dans un seul cadre réglementaire, sous l'impulsion du seul Département. Le cahier des charges national des SAAD vient de paraitre.
- Le soutien au développement des services polyvalents d'aide et de soins à domicile (SPASAD), favorisant le décloisonnement des services d'aide et de soins et qui bénéficient aussi bien aux aidants qu'aux équipes de terrain, sans oublier les gestionnaires ou les financeurs.
Et, pour compléter le soutien du gouvernement au secteur de l'aide à domicile, à travers la mise en place d'un fonds de restructuration de l'aide à domicile depuis 2012, j'ai décidé de lancer des missions d'appui de l'Etat pour soutenir les départements.
Leur but : aider les départements, et trouver un modèle solide et efficace pour le secteur de l'aide à domicile. Tout en améliorant le service rendu aux personnes âgées vivant chez elles.
Trois départements (Corrèze, Meurthe-et-Moselle, Somme) sont d'ores et déjà engagés dans ces missions, afin de mieux identifier les difficultés rencontrées sur leur territoire et de définir conjointement des leviers d'action pour améliorer la situation des services d'aide et d'accompagnement à domicile. Dans le but d'utiliser pleinement les financements de la loi d'adaptation de la société au vieillissement.
Vous le voyez, cette loi repose sur un principe fondamental : c'est l'humain, son bien -être et la possibilité qui lui est donnée de bien vieillir, qui comptent par-dessus tout. Elaborée dans un esprit de dialogue et de co-construction, cette loi se veut LA réponse aux différentes problématiques.
C'est pourquoi je suis contente de poursuivre cette journée, riche de rencontres et d'échanges, en participant à l'inauguration de la nouvelle antenne d'aide et de soins de Wittenheim.
Car elle représente l'avenir de ce que nous développons. Cette antenne est l'illustration parfaite de ce que sont des politiques publiques, nationales et locales, au service des citoyens.
Une réponse adaptée aux changements de nos sociétés et aux nouveaux besoins de nos aînés. Aux nouvelles réalités démographiques et humaines.
Ensemble, nous anticipons ce que sera la société de demain en termes de vieillissement de nos sociétés, et de vie plus longue. Et nous inventons une politique qui y réponde. Pour aujourd'hui, et pour demain.
Ensemble, nous avons décidé de faire évoluer la société.
C'est à cela que l'on reconnaît une société humaine : à sa capacité, collective de ne laisser personne sur le bord du chemin. C'est un défi de tous les jours, dans bien des domaines.
Etre ici aujourd'hui a donc un sens évident pour moi.
En regroupant des services d'aide et de soins qui d'ordinaire, ont des logiques de financements et d'intervention différentes, vous testez, en grandeur nature, une autre voie : celle de la complémentarité et du dialogue.
Une voie que vous avez empruntée dès 2010, puisque les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et les services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD) se sont rapprochés, pour favoriser le travail en synergie et la coopération. Vous avez également engagé la création d'outils de coordination communs.
Aujourd'hui, à travers l'ouverture de l'antenne, vous réalisez un projet à la fois ambitieux et au service de toutes et de tous.
Le Pôle Aide et Soins de Wittenheim regroupe sur un même site :
- un service d'aide et d'Accompagnement à domicile et un service de Soins infirmiers à domicile, fonctionnant ensemble.
- Un centre d'Accueil de Jour fonctionnant en synergie avec une plateforme de répit et de soutien aux aidants.
Regrouper, coordonner, c'est permettre une meilleure prise en charge, une meilleure communication et une meilleure coordination. C'est essentiel.
L'inauguration de cette nouvelle antenne est le résultat d'un engagement et d'un travail de tous, à tous les niveaux : le réseau APA, l'Agence régionale de la Santé (ARS) le Conseil Départemental du Haut-Rhin, le conseil régional d'Alsace, ainsi que la ville de Wittenheim : chacun a pris ses responsabilités. Pour un but commun : faire en sorte que vieillir ne soit plus synonyme de solitude, de souffrances et de renoncement. Concernant les personnes âgées, nous avons globalement des efforts à faire et des prises de conscience à susciter.
Je tenais à venir vous le dire de vive voix. Le gouvernement est à vos côtés et s'investit pleinement dans le défi du vieillissement de nos concitoyens. Mais ce vieillissement doit être un vieillissement heureux, le plus longtemps possible, le plus largement possible. C'est le sens de tout cela, faire en sorte que la vie quotidienne se passe le mieux possible. Que les problèmes financiers, que les besoin d'être écoutés, que les demandes d'être relayés soient entendus, pris en compte.
C'est un véritable défi que nous relevons, ensemble. Mais c'est un défi passionnant, motivant. Un défi pour l'égalité, pour la solidarité, pour la justice sociale.
Je vous remercie
source http://social-sante.gouv.fr, le 24 mai 2016