Texte intégral
* Libye
Mesdames et Messieurs,
J'ai reçu M. Martin Kobler, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye. Je suis heureux de l'avoir revu, c'est toujours un plaisir de le rencontrer et de parler avec un homme particulièrement compétent et engagé pour veiller à tout faire pour que la Libye retrouve un avenir de paix et de sécurité.
Nous avons fait le point. Il faut voir les choses en face : il y a encore du chemin à faire pour atteindre cet objectif. En même temps, il faut constater les immenses progrès qui sont intervenus depuis les accords de Skhirat, en décembre 2015. Nous avons fait des pas en avant extrêmement importants. Bien sûr, la France renouvelle son soutien au gouvernement de M. Sarraj et souhaite qu'il puisse continuer à asseoir son autorité sur l'ensemble de la Libye, qu'il soit, en même temps, celui qui rassemble et représente l'ensemble des Libyens.
Des initiatives ont déjà été prises, la première étant l'installation du gouvernement à Tripoli. Les ministres ont pris la charge de leur ministère et la Banque centrale est maintenant sous leur contrôle ; les avoirs de la compagnie pétrolière aussi. Pour autant, il reste encore beaucoup de choses à faire pour rassembler les Libyens, en particulier la mise en place, peu à peu, d'une armée nationale libyenne, ce qui demande beaucoup de travail - on part de très loin - et rassembler les forces militaires libyennes pour assurer à la fois la sécurité des Libyens mais aussi lutter contre Daech, ce qui est une priorité pour les Libyens mais aussi pour nous.
(Propos de M. Kobler)
Merci M. Kobler, merci encore, et puis toute ma gratitude pour l'immense travail que vous menez avec beaucoup de conviction, de force, de détermination. Nous avons de la chance de vous avoir dans une situation aussi compliquée, aussi difficile, car vous gardez le cap et je pense qu'il était important de le dire et de le saluer encore aujourd'hui.
Q - (Inaudible - sur le soutien au gouvernement libyen)
R - Nous avons fait le point avec Martin Kobler sur toutes ces questions. Les choses avancent. Il y a encore des progrès à faire et la communauté internationale est très engagée pour soutenir le gouvernement d'entente nationale de M. Sarraj, faisant en sorte aussi - ce sera l'objet d'un prochain débat au conseil de sécurité des Nations unies - de faire reculer le trafic en Méditerranée centrale, le trafic humain, avec des migrants de plus en plus nombreux, malheureusement, qui, exploités par les passeurs, périssent souvent en mer. Il y a également le trafic d'armes qui alimente Daech.
Les Européens se sont donc mis d'accord, il y a quelques jours, pour que la mission EUNAVFOR MED, opération Sophia, soit étendue et qu'elle bénéficie d'un accord du conseil de sécurité ; d'où la préparation d'une résolution qui permettrait d'associer l'ensemble de la communauté internationale pour continuer à aider la Libye à réussir son redressement, un redressement pacifique et dans la sécurité et qui nous permette, avec elle, de traiter les grandes questions qui se posent à ce pays.
Q - Dans la lutte contre Daech, vous confirmez donc ce que vous avez dit au «Journal du Dimanche» : «Ce sont également les forces spéciales françaises et américaines qui sont engagées dans la lutte contre Daech en Libye». Vous avez également tenu des propos assez alarmants dans ce même journal, parlant d'une professionnalisation des terroristes et d'une éventuelle connexion avec Boko Haram. Daech menace-t-il les installations pétrolières en Libye ? Est-il une menace imminente pour l'Europe, à commencer par l'Italie et la France ?
(Propos de M. Kobler)
R - Juste un mot pour souligner ce que vient de rappeler Martin Kobler. Il est en effet très important que le soutien politique que nous accordons au gouvernement Sarraj puisse permettre à ce gouvernement d'assurer l'unité de commandement civil de l'ensemble des forces militaires qui existent. Bien entendu, il faut mettre en place, et c'est l'affaire du gouvernement de M. Sarraj, un commandement opérationnel qui devrait associer l'ensemble des forces, certaines milices et le général Haftar. C'est tout le travail qu'il reste à faire, c'est la responsabilité du gouvernement Sarraj d'y contribuer.
Mais, comme vous le disait M. Kobler il y a quelques instants, l'ennemi numéro un des Libyens comme de nous-mêmes, c'est le terrorisme de Daech. Il faut donc que toutes les forces libyennes concourent, en s'organisant suffisamment efficacement à la lutte contre cet ennemi numéro un.
Voilà les tâches qui restent à accomplir dans les jours et dans les semaines qui viennent. Nous vous apporterons, autant que possible, notre soutien afin que vous puissiez continuer votre mission.
Q - (Inaudible - sur la signature d'un accord entre la société Technip et une filiale de la National Oil Company)
R - Je pense qu'il est important de saluer cet événement - c'est aussi le signe que la situation en Libye s'améliore - puisqu'une lettre d'intention a été signée entre la société Technip et une société libyenne filiale de la National Oil Company, la Mellitah Oil, qui permettra de lancer un programme, un projet d'extraction pétrolière offshore à cent kilomètres au large de Tripoli.
C'est donc une très bonne nouvelle qui permet aussi de concrétiser les efforts considérables qui sont faits depuis maintenant quelques mois, depuis les accords de Skhirat en décembre 2015 pour permettre à la Libye de se reconstruire et de le faire dans la sécurité, dans la paix.
Cela demande encore beaucoup d'efforts mais, maintenant, il y a ce gouvernement de M. Sarraj, le gouvernement d'entente nationale qui s'est installé dans la capitale, à Tripoli, qui contrôle maintenant la Banque centrale, qui contrôle la compagnie nationale pétrolière - nous en avons là une illustration.
Tout cela permet aussi de faire redémarrer le pays. Le pays a besoin d'activités économiques, a besoin de bénéficier de ses ressources, notamment celles qui proviennent du pétrole qui est la principale ressource de ce pays. Ces ressources lui permettent de faire fonctionner les administrations publiques, les services publics, d'aider la population, d'apporter de l'emploi et, donc, d'améliorer la situation générale des Libyens.
Je souhaitais donc témoigner de mon soutien à tout ce qui est engagé, les efforts qui sont faits par les Libyens eux-mêmes, par le représentant spécial des Nations unies, M. Martin Kobler, et la communauté internationale qui le soutient, dont la France.
Je crois donc qu'il est important de montrer que la Libye est sur le bon chemin, même s'il y a encore beaucoup à faire. Je pense notamment à l'organisation d'une force militaire commune à tous les Libyens qui nécessite aussi des travaux de réconciliation, de rapprochement entre différentes forces de police militaire, de milices et aussi l'armée nationale libyenne avec le général Haftar.
Donc, je crois qu'on a tous à s'y mettre pour renforcer, soutenir ce besoin d'unité de la Libye, parce que la Libye est aussi un pays qui connaît le terrorisme avec, au centre et au nord de la Libye, des forces de Daech qu'il faut continuer à combattre. C'est une priorité pour les Libyens, mais c'est aussi une priorité pour les pays voisins : je pense à l'Égypte, je pense au Tchad, je pense au Niger, je pense à l'Algérie et à la Tunisie. Il faut absolument aider à cette lutte, et c'est aussi une menace pour nous, les Européens.
Q - Une ambassade de France en Libye, c'est pour quand ?
R - C'est toujours d'actualité. Simplement, il faut que toutes les conditions de sécurité soient réunies ; elles ne le sont pas encore. Je me suis rendu le 16 avril à Tripoli avec mon homologue, M. Steinmeier, de la République fédérale d'Allemagne, nous avons le même projet. Nous y travaillons d'ailleurs ensemble, mais il faut que les conditions de sécurité soient rassemblées ; il faut trouver un lieu. J'ai déjà constaté que depuis notre visite du mois d'avril, les ministères qui étaient tous regroupés dans la base navale, ont réussi maintenant, pour la plupart d'entre eux, à s'installer dans les bâtiments de leur administration pour diriger l'administration.
Donc, les choses avancent. Il faut être patient mais il ne faut surtout pas renoncer : l'objectif, c'est bien de conforter ce gouvernement d'entente national qui doit rassembler tous les Libyens. Symboliquement, si la France peut vite s'installer dans une ambassade, je pense que ce sera une contribution à la consolidation de ce processus politique qui est engagé. (...).
* Tchad - Procès de l'ancien président tchadien Hissène Habré
(...)
Q - Une petite question sur le verdict d'Hissène Habré. Comment réagit la France ?
R - C'est la justice qui, en toute indépendance, s'est prononcée. Je pense qu'il faut saluer l'État de droit partout où il peut progresser ; c'est un progrès.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er juin 2016