Texte intégral
Monsieur le préfet,
Monsieur le député,
Monsieur le président du Conseil départemental de l'Aude,
Monsieur le maire de Puilaurens-Lapradelle,
Messieurs les anciens combattants,
Mesdames et messieurs,
La République, par la voix du Président François Hollande, a reconnu sa responsabilité dans les souffrances endurées par les anciens membres des formations supplétives et leurs familles. « Il y a cinquante ans », selon les mots du Président de la République, « la France a abandonné ses propres soldats, ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s'étaient placés sous sa protection, ceux qui l'avaient choisie et qui l'avaient servie. »
Nous honorons la mémoire des militaires et des civils victimes des affrontements et des massacres, ainsi que des rapatriés et des harkis, victimes de l'injustice et du déracinement. Nombre d'anciens supplétifs de l'armée, face à l'abandon de la France, durent choisir entre l'exil et la mort. Certains n'eurent pas même le choix.
Aujourd'hui, la France mesure ce qu'elle doit à ceux qu'elle avait promis d'accueillir comme ses enfants. Notre histoire nationale doit rassembler les consciences, et consacrer, après la fin de la guerre, la paix des mémoires. Ce travail de reconnaissance mémorielle doit se mener au plus près des territoires, sur les lieux mêmes où les harkis ont écrit leur histoire.
Parmi ces actions de reconnaissance, figure, comme le prévoit le "plan Harkis", la pose de plaques officielles dans les anciens hameaux de forestage. C'est le sens de ma venue.
Les hameaux font partie intégrante de la mémoire harkie. Lors de leur arrivée en métropole, de nombreux anciens supplétifs y furent logés, formés et employés pour travailler à l'Office National des Forêts dans des travaux d'aménagement de la forêt domaniale. 69 hameaux ont été construits au total. Au milieu des années 1980, on en dénombrait encore une vingtaine.
Ils furent des lieux de rencontre, des lieux de révolte sociale, des lieux quoi qu'il en soit chargés de sens et de souvenirs. Cette histoire est trop oubliée de nos concitoyens. Il est pourtant indispensable aujourd'hui d'en transmettre le récit.
Depuis la mise en place du "Plan Harkis", je m'efforce d'honorer la promesse de transmettre la mémoire des hameaux de forestage. Le 16 juillet 2015, je me trouvais en Corse, à Zonza, où j'ai inauguré la première plaque officielle portant reconnaissance des lieux de vie et de travail des harkis et de leur famille. Je me trouverai les prochains jours en Haute-Savoie, où j'inaugurerai une plaque similaire.
Rien ne serait possible sans la mobilisation de tous nos partenaires institutionnels. Je voudrais remercier, pour leur action et leur coopération fructueuse, l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre et l'Office National des Forêts. Je salue en ce sens la signature d'une convention entre ces deux Offices portant sur le travail à mener en commun afin d'assurer la pose de ces plaques mémorielles.
Je salue aussi l'engagement pour la mémoire des harkis du maire de Puilaurens-Lapradelle, qui a bien voulu avancer la date de cette cérémonie et qui va engager des travaux d'embellissement pour ce lieu de mémoire.
Ensemble, nous assurons la transmission de la mémoire des harkis, nous la faisons connaître au plus grand nombre. Il s'agit de favoriser la paix des mémoires et la cohésion nationale. Il s'agit d'un respect pour la vérité historique.
Je mesure pleinement que cette ambition doit s'accompagner de mesures fortes et symboliques. C'est pourquoi le gouvernement auquel j'appartiens a décidé d'un "plan Harkis" ambitieux et dynamique pour viser une intégration pleine et entière des harkis et de leurs familles dans la communauté nationale.
Il se divise en deux volets : celui de la réparation ; celui de la reconnaissance. Au titre de la réparation, depuis juin 2015, l'aide au rachat de trimestres de cotisation retraite pour les enfants de harkis a été mise en place. De plus, l'allocation de reconnaissance, conformément aux engagements pris, a été revalorisée le 1er janvier 2015. Toujours dans l'optique d'assurer un accompagnement renforcé et simplifié, l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre est devenu pour les harkis un guichet unique.
En 2016, cette mobilisation se poursuit avec détermination et confirme dans la durée la mobilisation de tous les services concernés. Certes, tout n'est pas encore parfait.
Parmi les points d'amélioration que je note à ce jour, nous devons notamment nous attacher à mieux faire connaître l'ensemble de ces dispositifs auprès des personnes qui y ont droit
Au titre de la reconnaissance, de nombreuses actions de sensibilisation ont été menées partout sur le territoire, dans l'optique de faire connaître cette histoire à l'ensemble de la communauté nationale.
C'est ainsi que l'exposition "Parcours de harkis et de leurs familles", a connu un succès remarquable en 2014 comme en 2015. Elle a permis à nombre de Français, dans 100 départements de France, notamment parmi les jeunes générations, de s'approprier les récits des anciens supplétifs.
Ensemble, nous honorons l'engagement du Premier Ministre Manuel Valls, qui déclarait lors de son discours annonçant le "plan Harkis", le 25 septembre 2014 : "Face au déracinement, à l'abandon et à l'oubli, la République répond : réparation, dialogue et reconnaissance. Elle répond, aussi, justice sociale et réconciliation des mémoires."
Aujourd'hui, la République s'attache à accueillir tous ces fils qui ont combattu pour elle. Elle intègre l'histoire dans ses harkis dans sa mémoire. Elle compatit aux récits des souffrances et des douleurs. Elle adresse, aux harkis et à leurs familles, toute sa chaleureuse fraternité et sa reconnaissance.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 juin 2016