Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur les Harkis, à Magland le 13 juin 2016.

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Circonstance : Dévoilement d’une plaque commémorative au hameau de forestage harkis, à Magland (Haute-Savoie) le 13 juin 2016

Texte intégral


Monsieur le préfet,
Monsieur le maire de Magland,
Messieurs les anciens combattants,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
Par la voix du président de la République, la France a reconnu officiellement sa responsabilité dans les souffrances endurées par les anciens membres des formations supplétives et leurs familles.
Elle a reconnu l'abandon de ses propres soldats, de « ceux qui lui avaient fait confiance, ceux qui s'étaient placés sous sa protection, ceux qui l'avaient choisie et qui l'avaient servie.
Aujourd'hui, nous nous souvenons de toutes les tragédies causées par la guerre d'Algérie avec le souci d'honorer toutes les mémoires : celles des militaires et des civils victimes des affrontements et des massacres ; celles des rapatriés et des harkis, déracinés et injustement pourchassés.
Ce travail de mémoire se mène au nom de deux impératifs. Celui du respect de la vérité historique. Celui de la paix des mémoires et de l'apaisement des consciences. Comme le prévoit le « plan Harkis », cette reconnaissance se mène partout dans le pays, là où l'histoire des harkis s'est écrite, et donc au sein de ces hameaux de forestage par la pose de plaques officielles. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui.
2189 familles de harkis au total furent installées dans les hameaux forestiers. Ils furent des lieux de vie et de travail, des lieux aussi de révolte sociale.
A Magland, un chantier de forestage est installé et 25 logements préfabriqués sont bâtis en 1963 pour accueillir les 23 familles de harkis qui doivent assurer l'exploitation forestière.
Ces familles venaient du camp de Saint-Maurice l'Ardoise, dans le Gard. La commune de Magland leur assura un accueil bienveillant et les aidera matériellement et moralement, jusqu'à la fermeture du hameau forestier, le 1er septembre 1970.
Les harkis, en tant que salariés de l'Office National des Forêts, travaillèrent à l'amélioration des parcelles en forêts domaniales. Ils prirent part à des travaux d'élagage, de plantation, de débroussaillage, d'entretien des chantiers, sur les communes de Chamonix, Marignier, Saint-Gervais, ou sur la cascade de l'Arpenaz.
Ils rendirent nombre de sentiers plus praticables pour les randonneurs de la vallée de l'Arve.
Les hameaux font par conséquent partie intégrante de la mémoire harkie. Notre tâche est de faire vivre cette mémoire, de la faire connaître à tous et notamment aux jeunes générations.
Depuis la mise en place du "Plan Harkis", je m'efforce de respecter cette ambition. Le 16 juillet 2015, j'étais en Corse, à Zonza, pour inaugurer la première plaque officielle portant reconnaissance des lieux de vie et de travail des harkis et de leur famille. J'étais aussi, samedi dernier, au hameau de Lapradelle, dans l'Aude, pour inaugurer une plaque similaire.
Je voudrais remercier, pour leur mobilisation, l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre et l'Office National des Forêts.
Les deux Offices ont en effet signé une convention leur permettant d'assurer en commun la pose des plaques mémorielles dans les hameaux.
Je félicite aussi chaleureusement le maire de Magland pour son engagement au service de la mémoire de son territoire et des harkis. Dans la commune de Magland, je sais que les élèves en particulier sont invités à remplir leur travail de mémoire. Je suis tout particulièrement attaché à ce que les jeunes générations soient elles aussi conscientes de la richesse du passé, de sa complexité aussi.
Le 17 février 2015, j'avais ainsi eu le plaisir d'échanger avec des lycéens du lycée Marc Bloch de Strasbourg autour de l'exposition « Parcours de harkis et de leurs familles ».
Le gouvernement accompagne les collectivités territoriales dans ce travail de mémoire dans le cadre du « plan Harkis ».
D'ores et déjà, ont été prises plusieurs mesures au nom de la réparation matérielle et de la reconnaissance matérielle des harkis, comme la revalorisation de l'allocation de reconnaissance, ou encore l'aide au rachat de trimestre de cotisations de retraites pour les enfants de harkis.
Dans l'optique de simplifier les démarches, l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre est pour tous les harkis devenu le guichet unique.
Au titre de la reconnaissance, de nombreuses initiatives ont été programmées partout en France.
Ainsi, l'exposition itinérante « Parcours de harkis et de leurs familles » a connu un franc succès et a permis à un large public de découvrir cette mémoire parfois trop méconnue.
Ensemble, l'Etat et les collectivités locales s'attachent à accueillir tous ses enfants qui ont combattu pour elle, tous ses fils envers qui la République a une dette immense. Cet accueil se fait avec confiance et bienveillance, au nom du respect de l'histoire, au nom des valeurs de la République. Au nom de la Fraternité. Je vous remercie.Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 juin 2016