Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur la feuille de route nationale sur l'Arctique et la question climatique, à Paris le 14 juin 2016.

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Circonstance : Présentation de la feuille de route nationale sur l'Arctique, à Paris le 14 juin 2016

Texte intégral

Cher Michel,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Présidentes d'Instituts scientifiques,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
C'est un plaisir de vous retrouver ici, à l'occasion de la présentation de la feuille de route pour l'Arctique, qui est en fait une véritable stratégie nationale française pour l'Arctique.
Je voudrais, tout d'abord, rendre hommage à Michel Rocard pour le travail qu'il a accompli. Vous connaissez tous sa passion, il est notre ambassadeur chargé des négociations internationales sur les pôles, et il donne, sur cette question essentielle, le meilleur de lui-même.
Cher Michel, nous connaissons tous ton engagement en faveur de la protection de ces régions, nous en avons parlé plusieurs fois ensemble et encore récemment ; tu as su faire partager l'enjeu de la préservation de notre planète. Je voudrais t'exprimer toute ma reconnaissance pour ton action personnelle et décisive, et en particulier, pour l'adoption du protocole de Madrid au Traité de l'Antarctique qui a permis de sanctuariser ce continent unique.
Chacun sait que si cette stratégie française sur l'Arctique voit aujourd'hui le jour, c'est avant tout grâce à ton travail et à celui de l'équipe qui t'accompagne.
Mesdames et Messieurs, certains se demandent peut-être pourquoi la France s'intéresse-t-elle à l'Arctique ?
C'est vrai que nous parlons d'un espace lointain à l'échelle de notre hexagone, qui s'étend sur une zone située entre 2.500 et 5.000 kilomètres des côtes françaises. C'est d'ailleurs un espace difficilement accessible, où règne des conditions climatiques extrêmes et, il faut bien le dire, fort peu hospitalières. C'était un espace largement vierge qui semblait encore, jusqu'il y a peu de temps, totalement préservé des transformations causées par l'homme. Mais, justement, l'approche de la France c'est de considérer qu'il est de notre responsabilité d'être pleinement présents et impliqués dans l'avenir de l'Arctique. D'abord parce que nous sommes une grande puissance maritime, nous l'oublions parfois, avec le deuxième domaine maritime mondial, ce qui nous amène à nous projeter partout dans le monde. Ensuite, parce que nous avons une tradition d'exploration scientifique. Cette tradition, vieille de trois siècles est présente dans les pôles. Les grands explorateurs polaires font partie de notre imaginaire collectif, c'est vrai, et ils continuent d'ailleurs à inspirer les jeunes générations scientifiques.
Évidemment nous avons en tête les noms de Jules Dumont d'Urville et de Jean-Baptiste Charcot.
Enfin, grâce à nos scientifiques, notamment ceux qui travaillent au sein de l'institut polaire Paul-Émile Victor, nous sommes particulièrement conscients de la gravité de l'impact du réchauffement climatique sur l'Arctique, qui y est, en moyenne, quatre fois plus rapide que dans le reste du monde. Nous sommes aussi conscients d'une responsabilité collective pour ralentir ce phénomène. À l'évidence, ce dérèglement peut aussi, pour certains, présenter des opportunités économiques. C'est vrai, certains sont tentés par cela, mais à quel prix ? Pour nous, c'est certain, c'est au prix d'une perte irréparable en termes de biodiversité, de diversité humaine et de diversité culturelle.
Nous ne sommes pas les seuls évidemment à nous sentir concernés, tous les pays ont une responsabilité pour contribuer à la préservation de cet écosystème unique qu'est l'Arctique. La France entend assumer toutes responsabilités, aux côtés des États riverains, le Canada, les États-Unis, le Danemark, la Finlande, l'Islande, la Norvège, la Russie et la Suède dans le cadre du conseil de l'Arctique. D'ailleurs, je me réjouis de la bonne coopération que nous avons avec ces pays.
Aujourd'hui, nous allons entendre les propositions et la stratégie de la France, cette contribution et cette action commune.
Je retiens deux priorités :
La première, c'est de poursuivre la coopération scientifique. Le président de la République l'a annoncé en octobre à Reykjavik. Nous allons renforcer notre présence au sein du conseil et également augmenter notre contribution.
La seconde priorité, c'est de promouvoir des normes élevées de protection de l'environnement. C'est aux États de l'Arctique qu'il appartient bien sûr d'encadrer les activités économiques, notamment l'extradition de ressources fossiles, voire, de les interdire si le risque est trop important.
Si nous souhaitons réellement limiter le réchauffement climatique en deçà de 2 degrés, voire 1,5 degré, les scientifiques, - Madame vous nous en direz quelques mots dans quelques instants - sont formels, il faudra être clairs, courageux et responsables, c'est-à-dire renoncer à exploiter la plupart des ressources connues.
Voilà ces quelques mots d'accueil, ces quelques mots d'introduction. Je suis heureux que cette réunion puisse se tenir ici, au Quai d'Orsay. Il y a de quoi se réjouir de tout ce travail qui a été fait. Au-delà de ces mots d'accueil, je voudrais vous dire ma fierté que la France soit en pointe et qu'elle soit à l'initiative.
Merci encore une fois de votre présence à toutes et à tous, merci cher Michel, merci pour le travail qui a été fait et aussi pour celui qu'il reste à faire. Vous pouvez en tout cas compter sur mon engagement pour être à vos côtés dans cette détermination à préserver l'équilibre de notre planète, c'est-à-dire notre bien commun.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2016