Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage aux cadres de l'école de cavalerie de Saumur, résistant face à l'armée allemande en juin 1940, à Paris le 18 juin 2016.

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Circonstance : Inauguration du Pont des Cadets de Saumur (ancien Pont de Grenelle rebaptisé), à Paris le 18 juin 2016

Texte intégral


Madame la maire de Paris,
Monsieur le député-maire du XVème arrondissement,
Monsieur le chef d'état-major des armées, mon général,
Madame l'adjointe à la maire de Paris, chargée de la Mémoire et du monde combattant,
Monsieur le Gouverneur Militaire de Paris, mon général,
Monsieur le Gouverneur des Invalides, mon général,
Monsieur le commandant de l'école de cavalerie, mon général,
Monsieur le commandant de l'école du train et de la logistique opérationnelle, mon général,
Mesdames et messieurs,
En ce mois de juin, la France célèbre l'esprit de la Résistance. Hier, j'étais au Panthéon, pour rendre hommage à Jean Moulin. Aujourd'hui, j'ai participé à la cérémonie commémorative de l'appel du général de Gaulle, en présence du Président de la République, au Mont-Valérien.
Le refus du défaitisme et de la soumission, la lutte pour l'honneur et la liberté, la bravoure et la vaillance, voici ce qui constitue l'esprit de la Résistance, voici ce qui constitue l'esprit des cadets de Saumur.
Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain appelle les soldats français à cesser le combat. Le lendemain, il y a 76 ans jour pour jour, le colonel Michon rassemble ses cadres de l'école de cavalerie de Saumur. Ces jeunes gens étaient de convictions et d'origines sociales différentes. Mais tous avaient une hardiesse et une audace hors du commun.
Aux cadets de Saumur, le général Michon expose la situation et ne cache pas qu'elle est désespérée. Il laisse le choix à chacun. Tous sont volontaires. Face à l'ennemi, pas un ne recule.
Pendant deux jours, près de 2500 soldats français, sous-équipés, et sans expérience, résistent à la 1ère division de cavalerie allemande, forte de 40 000 hommes, de 300 pièces d'artillerie et de 150 blindés. Les cadets ne veulent pas faillir à leur devoir. Comme jadis d'autres héros entrés dans l'histoire, ils inscrivent, selon leur citation à l'ordre de l'armée du 24 août 1940, « dans les fastes de la Cavalerie une page digne entre toutes de son glorieux passé ». L'ennemi lui-même rend hommage au sacrifice des cadets.
Ils se nommaient Jean Ferniot, Georges de Caunes ou Jehan Alain. Parmi eux figurait aussi Maurice Druon à qui nous devons – ainsi qu'à Joseph Kessel, son oncle – les paroles du Chant des Partisans : « Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute ».
Telle est l'histoire héroïque des cadets de Saumur : une lutte pour la Liberté, un acte de Résistance.
Aujourd'hui encore, l'école de cavalerie de Saumur perpétue l'héritage d'excellence et de dévouement de ses glorieux prédécesseurs. C'est toujours à Saumur, que se prépare l'avenir de la cavalerie militaire, grâce aux formations que dispensent l'École de cavalerie, le centre d'étude et d'enseignement au renseignement de l'armée de terre, le centre de défense nucléaire, biologique et chimique et l'École d'état-major.
Les élèves du Cadre Noir écoutent toujours avec la même émotion le récit du sacrifice de leurs prédécesseurs.
Ils en mesurent les leçons pour aujourd'hui : le refus du fatalisme, l'exigence du courage, la nécessité, aussi, de rompre avec les plus hautes autorités du pays quand elles trahissent l'identité et les valeurs de la République.
Le 1er août 1940, le Colonel Charles Michon fait ses adieux devant ses cadets de Saumur. « Aujourd'hui, alors que, pour quelques minutes seulement, je suis encore votre chef », dit alors le Colonel Michon, « j'entends user de ma dernière prérogative pour vous donner un dernier ordre : « Tant que la France blessée et mutilée n'aura pas repris sa place dans le monde, vous tiendrez et vous vous sacrifierez. »
Par leurs faits d'armes glorieux, par leurs exploits épiques, les cadets, durant ces jours tragiques de juin, ont écrit des pages mémorables de l'histoire militaire française.
Il n'y avait pas de plus belle date que ce 18 juin 1940 pour cette cérémonie qui nous réunit ici même. Il n'y avait peut-être pas d'endroit plus symbolique aussi, car ce pont est situé non loin du pont Garigliano et du pont Bir-Hakeim, deux lieux qui remémorent deux grandes victoires de la France libre.
Je voudrais remercier le député-maire du XVème arrondissement, monsieur Philippe GOUJON, pour son attachement au souvenir de la France résistante et combattante, pour le travail de mémoire qu'il encourage chaque jour.
Nous devons faire vivre l'esprit de la Résistance, celui qui s'est incarné dans le général de Gaulle ou dans les cadets de Saumur, celui qui s'incarne dans nos armées.
C'est cet esprit qui doit nous guider aujourd'hui et demain. Il est celui d'une espérance, d'une foi en la France. Il nous démontre le courage de la jeunesse qui, lorsqu'on lui fait confiance, est capable de répondre à l'appel et d'offrir à son pays des pages immortelles de gloire et de dévouement. Voici pourquoi l'histoire des cadets de Saumur est aussi un message d'optimisme. Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 23 juin 2016