Déclaration de Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé, sur la coopération médicale entre la France et le Mexique, Mexico le 1er juin 2016.

Prononcé le 1er juin 2016

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Texte intégral


Je suis heureuse de vous retrouver un an après les premières assises franco-mexicaines de la santé. Depuis 2013, la coopération entre la France et le Mexique s'est considérablement renforcée sous l'impulsion des Présidents François HOLLANDE et Enrique PENA NIETO. La coopération franco-mexicaine dans le domaine de la santé et de la recherche a un sens, parce que nous partageons la même ambition : offrir à tous un accès aux meilleurs soins y compris les traitements innovants.
Aujourd'hui, ce rapprochement entre le France et le Mexique s'illustre par la richesse des partenariats entre nos institutions. Les coopérations s'opèrent en matière d'organisation des soins ; je pense au projet de création d'un SAMU auquel l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) apporte son appui. C'est vrai aussi dans le domaine de la formation ou encore en matière de médicaments avec un partenariat solide entre l'Agence nationale de sécurité du médicament et la Commission fédéral pour la protection contre les risques sanitaires (COFREPRIS).
Les coopérations sont également fructueuses dans le domaine de la recherche. Le Mexique est le 3ème partenaire de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en Amérique latine avec des coopérations dans les domaines des neurosciences, de l'immunologie, de la santé environnementale, de l'endocrinologie. Chaque année, une trentaine de chercheurs mexicains sont accueillis dans les laboratoires en France. Ce partenariat se caractérise aussi par la création de laboratoires internationaux associés dans le domaine de la nutrition et je me félicite de la création prochaine d'un tel laboratoire sur le vieillissement.
Et bien sûr, comment ne pas parler de la coopération entre l'Institut Pasteur et le Mexique grâce à la signature d'un accord-cadre signé entre le Directeur général de l'Institut Pasteur le professeur Christian BRECHOT et la précédente Ministre de la santé Madame Mercedes JUAN LOPEZ.
Cette coopération, nous devons la faire vivre, la renforcer pour relever ensemble les défis qui accompagnent le vieillissement de nos populations et l'accélération des innovations en santé. Le séminaire qui nous réunit aujourd'hui doit nous permettre d'avancer sur trois thèmes d'actualités internationales.
1. La révolution génomique, d'abord.
La révolution génomique, ce n'est pas seulement une prouesse scientifique, c'est du concret, pour les patients. C'est l'espoir de tirer tous les bénéfices d'un traitement sans en avoir les effets secondaires. La génomique, c'est ainsi un espoir nouveau pour tous les patients qui souffrent de cancer, de maladies métaboliques et notamment de diabète.
En France, la génomique est devenue la référence du traitement du cancer. Il est désormais possible d'identifier les tumeurs par la caractéristique de leurs gènes. Cette avancée permet de sélectionner de façon ultra-spécifique le traitement anti-tumoral, ce qui maximise l'efficacité du traitement et minimise les inconvénients. Ma volonté, c'est d'établir la signature génomique de chaque tumeur pour offrir au patient une approche thérapeutique personnalisée. De 10 000 tumeurs analysées en 2015, nous avons fixé un objectif ambitieux de 60 000 en 2018 dans le cadre du 3ème plan national contre le cancer. Pour aller encore plus loin encore et ouvrir les thérapies ciblées aux maladies non cancéreuses, la France va lancer le mois prochain un vaste programme national, le plan France génomique 2025.
Je sais que le sujet de la génomique vous tient à coeur et je souhaite que ce séminaire soit l'occasion pour les chercheurs français et mexicains d'échanger à ce sujet et de proposer de nouveaux projets de recherches.
2. Le second sujet prioritaire concerne la lutte contre maladies vectorielles
Le Sud du Mexique et la péninsule du Yucatan ont un climat tropical et connaissent des problèmes sanitaires similaires à ceux de la région Caraïbes. La France et le Mexique sont ainsi confrontés aux fléaux de la dengue, du chikungunya, et de Zika.
Dans ce domaine les coopérations franco-mexicaines sont importantes et je veux les encourager. Je pense notamment à l'étroite implication de l'Instituto Mexicano de Seguridad Social et l'Instituto Nacional de Salud Publica au programme international ZIKAlliance sur l'épidémie de ZIKA en Amérique latine et dans les Caraïbes conduit par l'université de Marseille, l'Institut Pasteur, l'Institut de Recherche pour le développement (IRD) et l'INSERM.
Nous devons également encourager les coopérations dans le domaine des maladies tropicales négligées. C'est dans cet esprit que j'ai établi un partenariat inédit avec la Fondation Bill Gates pour favoriser, dans le cadre de la « Drugs for Neglected Diseases Initiative », le développement de traitements innovants pour la leishmaniose, maladie parasitaire qui sévit aussi au Mexique.
3. Enfin, que je veux aborder la question de l'obésité
Cette pathologie frappe près de 30% des adultes au Mexique et 17% des adultes en France. Ce sont autant de personnes exposées au risque de diabète, de troubles cardio-vasculaires, ainsi que certains cancers.
Nous le savons, l'obésité est liée aux inégalités sociales : les enfants d'ouvriers sont dix fois plus victimes d'obésité que les enfants de cadres. C'est pourquoi la loi de modernisation de notre système de santé fait de la prévention auprès des jeunes une priorité. Il s'agit notamment en s'appuyant sur le médecin traitant de prévenir les comportements à risques chez l'enfant et de renforcer le dépistage précoce du surpoids et de l'obésité. Par ailleurs, pour améliorer l'accès à une alimentation équilibrée, j'ai mis en place un étiquetage nutritionnel synthétique, simple et accessible pour tous.
Ce séminaire doit être l'occasion de partager nos expériences, de réfléchir à des solutions innovantes pour lutter contre ce fléau de l'obésité.
Mesdames, messieurs,
« La science n'a pas de patrie », disait Louis PASTEUR, et c'est pourquoi nous devons aujourd'hui profiter de cette rencontre pour échanger, coopérer, et progresser mutuellement. Je souhaite que ce séminaire soit l'occasion de poursuivre et de pérenniser les travaux déjà lancés et d'en lancer de nouveaux.
Je vous remercie.
Source http://www.ambafrance-mx.org, le 8 juin 2016