Texte intégral
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Q - On a le sentiment que les Britanniques veulent faire traîner les choses pour la mise en oeuvre de l'article 50. Quand faut-il commencer le processus de sortie ?
R - Maintenant, on commence maintenant. Il faut être clair : le peuple britannique s'est prononcé après une initiative de M. Cameron. Il a pris ses responsabilités, il en assume aussi les conséquences d'un vote dont l'issue qui n'est pas celle qu'il avait souhaitée.
Les Européens, les 27 autres, ont accepté d'aider le Premier ministre britannique à organiser son référendum en adoptant une déclaration le 19 février dernier - donc nous n'avons pas fait preuve de mauvaise volonté. Aujourd'hui cet accord du 19 février, qui aurait dû être mis en oeuvre en cas de «remain», est caduc et il ne sera pas renégocié, c'est très clair.
Par contre, le peuple britannique ayant voté, il faut respecter son vote et nous demandons que les traités européens soient respectés, que l'article 50 de ce traité soit respecté. Il faut donc qu'il soit mis en oeuvre. Bien sûr, il faut désigner un nouveau Premier ministre, ça demande sans doute quelques jours, mais il y a une certaine urgence. Pourquoi ? Parce qu'il en va des intérêts des Britanniques comme des Européens à ce qu'on ne laisse pas une période d'incertitude qui aura des conséquences financières, qui peut avoir des conséquences économiques, qui peut avoir des conséquences politiques.
Nous respectons le Royaume-Uni, nous respectons le vote de son peuple qui est un grand peuple, même si nous regrettons son choix, mais nous demandons que l'Europe et les 27 autres soient respectés. C'est une question de cohérence et de logique, et c'est ce qui motive aussi la réunion que nous avons ici aujourd'hui à Berlin. Ce que nous voulons en étant ensemble à six, c'est-à-dire les pays fondateurs, c'est retrouver l'esprit des fondateurs, j'allais dire des «pères fondateurs», retrouver l'esprit du traité de Rome, qui sera commémoré pour son 60e anniversaire en mars prochain.
Retrouver l'esprit du traité de Rome, c'est revenir aux fondamentaux, revenir aux valeurs, celles qui font sens et aujourd'hui, s'il y a tant de désarroi, s'il y a tant de désillusion, c'est que le sens est en partie perdu. Aussi, il nous appartient, en particulier à nous les pays fondateurs, d'essayer de recréer cet esprit. Et pour terminer, il ne faut pas oublier ce que l'Europe a apporté, Frank-Walter y a fait allusion. Je pense à l'Espagne qui a vu dans l'Europe la liberté après la dictature franquiste, je pense aux Portugais qui ont vu dans l'Europe la liberté et la démocratie après la dictature de Salazar, les Grecs après la dictature des colonels, les Polonais, les Tchèques, les Slovaques, les pays baltes après la dictature communiste, et qui sont venus dans cette grande famille européenne, de l'Union européenne, et qui y ont vu un espoir. Nous n'avons pas le droit de décevoir cet espoir.
C'est en ce sens que nous disons aux Britanniques : vous avez fait votre choix, mais l'Europe que nous voulons, même s'il faut l'améliorer, même s'il faut la transformer, même s'il faut aussi être encore plus efficaces, nous voulons la faire vivre. C'est le sens de notre réunion ici, c'est aussi le message que nous voulons adresser à tous ceux qui croient en l'Europe, qui ont envie d'aimer l'Europe : nous, nous sommes déterminés à la faire aimer davantage.
(...).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 juin 2016