Texte intégral
Madame la Vice-Première ministre,
Madame la Ministre de la culture,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je vous souhaite la bienvenue.
Ce dialogue, vous venez de le rappeler, Madame la Vice-Première ministre, ce dialogue de haut niveau sur les échanges humains est devenu un moment essentiel de notre relation bilatérale. L'année dernière, nous en avons pris toute la mesure, en constatant que notre échange était porteur de réalisation concrète, avec de nombreux accords de coopération qui seront signés aujourd'hui, et qui confirment que nous sommes entrés dans une dynamique positive : les échanges humains.
Comme vous venez de le rappeler, nos deux pays, mais les autres aussi bien sûr, sont confrontés à d'énormes défis liés aux mutations du monde. Évidemment, il faut faire face avec courage et lucidité et pour faire face à ces défis économiques, ces défis sociaux, ces défis environnementaux mais aussi sécuritaires, il faut coopérer. Il faut coopérer comme nous le faisons entre la France et la Chine, mais une coopération dans un ensemble à échelle plus vaste. La Chine en elle-même est un ensemble très vaste, mais s'agissant du continent européen, il est important que la relation bilatérale, aussi importante et aussi essentielle soit-elle, en particulier entre la France et la Chine, qu'elle ne soit pas exclusive et que la dimension de l'Union européenne soit développée et préservée.
Même si le peuple britannique a décidé le Brexit, l'Europe continue et elle sera présente parce que nous en avons besoin. C'est certainement l'une des grandes questions qui sera abordée lors du G20 en Chine et je voudrais féliciter la présidence chinoise pour sa vision très ambitieuse de ce G20 qui prendra encore davantage d'importance. Je prendrai un exemple qui montre à quel point l'Europe est nécessaire, non pas seulement pour ces peuples, mais aussi pour l'humanité toute entière. C'est la capacité que nous avons eue à trouver un accord, après une longue négociation dans le cadre de la COP21 qui a conduit à l'Accord de Paris. Vous-même, la Chine, vous aviez beaucoup travaillé et préparé ce rendez-vous. Je remercie encore la Chine et le président Xi Jinping qui s'était engagé très fortement. Vous aviez également négocié un accord préparatoire avec un autre grand pays, les États-Unis d'Amérique. Lorsque nous avons poursuivi nos négociations, ce n'était pas seulement avec la France, même si chacun des membres de l'Union européenne avait apporté sa contribution, c'est avec cet ensemble que représente l'Union européenne que la négociation finale s'est conclue. C'est donc que, pour faire face à ces défis, il faut s'organiser. L'Europe a construit patiemment l'ensemble depuis la Seconde guerre mondiale, la France y est très attachée et elle veillera à ce que ce projet continue de jouer son rôle au bénéfice des peuples d'Europe, mais aussi au bénéfice des peuples du monde entier.
Lorsque nous développons les échanges humains, comme nous le faisons dans le cadre de ce dialogue de haut niveau, nous ne nous trompons pas de chemin. Nous investissons dans ce qui est la première de nos forces, c'est-à-dire les femmes et les hommes de nos sociétés, les jeunes en premier lieu, et c'est donc essentiel de manifester et d'exprimer les plus grandes ambitions en la matière.
Je ne vais pas revenir sur tous les aspects qui ont été évoqués notamment par les secrétaires généraux et vous-même, madame la vice-Première ministre, mais je vais mettre l'accent sur quelques points qui me paraissent très importants.
D'abord, le partenariat culturel. C'est une force dans la relation franco-chinoise. C'est une force quand on voit ce que nous avons été capables de faire plus d'un an après les célébrations du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays. Nous mesurons à quel point cette séquence a donné un élan sans précédent dans les échanges artistiques. Il y a bien sûr la diffusion des spectacles et des expositions, mais nous sommes dans une nouvelle phase et je crois que l'on peut le dire avec une confiance réciproque entre nos institutions culturelles, avec beaucoup de partenariats.
Tout à l'heure avec le ministre de la culture sera signé un accord qui témoigne de cette ambition. Mais je voudrais citer, à titre d'exemple le Centre Pompidou avec un projet d'implantation provisoire à Shanghai. Déjà, le Centre Pompidou entretient des relations soutenues avec ses partenaires chinois et je suis heureux que ce formidable projet puisse aboutir à moyen terme. À Shanghai, c'est la reprise du festival populaire de musique classique, je le cite mais je pourrais citer beaucoup d'autres exemples. Mais, celui-là est un peu sentimental : c'est «La folle journée» qui a été créée dans ma ville, à Nantes en 1996, lorsque j'étais maire et maintenant, ce festival a lieu dans d'autres pays et il aura lieu en Chine. J'en suis très heureux et fier car il aura aussi pour résultat de permettre à un vaste public chinois d'accéder de façon inédite à la musique classique. Je suis certain que ce sera un grand succès.
Un partenariat culturel dans beaucoup de domaines comme les arts visuels, la musique, la danse, le livre. Et dans ce dernier domaine, ce partenariat permettra la formation de professionnels, de confronter les excellentes relations que nous entretenons avec les éditeurs chinois et les traducteurs dont il faut parler souvent, parce qu'ils font un travail formidable et essentiel. Je crois que le partenariat qui nous a été présenté tout à l'heure montre à quel point il y a là un potentiel très important.
La diversité culturelle, vous y êtes attachée Madame la Vice-Première ministre, la France aussi. Ce n'est pas parce que nous vivons à l'aire de la globalisation et de la mondialisation que le caractère, les spécificités, l'originalité de chacune de nos nations doit s'effacer. Il n'y a aucune raison et ce serait même une faute au contraire. Et ce qui serait aussi une faute, c'est de rester enfermer et de ne pas vouloir partager cette richesse et cette diversité culturelle. C'est justement le sens de ce que nous entreprenons dans tous les arts, dans tous les domaines de la culture, y compris le patrimoine millénaire. C'est échanger, faire connaître, partager pour préserver et pour être plus forts ensemble.
Beaucoup de choses sont prévues et engagées et l'Agence française de développement mettra son savoir-faire au service d'une collaboration qui devra conjuguer la préservation du patrimoine culturel et développement économique et innovation.
J'aurai le plaisir, Madame la Vice-Première ministre, d'inaugurer avec vous, tout à l'heure, le festival du film chinois en France. Sur ce plan, je crois que nous pouvons poursuivre et amplifier nos efforts, notamment en encourageant les coproductions franco-chinoises qui sont de plus en plus nombreuses d'ailleurs, et qui doivent permettre aussi à un plus large public d'accéder aux films chinois et français les plus récents dans les réseaux commerciaux des deux pays. Ici en France, le cinéma chinois est largement diffusé, et je souhaite, dans un même esprit, que les films français bénéficient d'une distribution commerciale plus étendue en Chine, aussi bien en salle que sur les plateformes en ligne.
Dans le domaine de la coopération audio-visuelle, TV5-Monde travaille beaucoup avec CCTV pour l'échange des programmes. D'ailleurs, près de 30 chaînes de télévisions chinoises sont diffusées en France, c'est considérable ; notamment celles qui sont diffusées en français et qui sont regardées. Le voeu que je formule, Madame la Vice-Première ministre, c'est que notre réseau, je pense à France-24, puisse aussi bénéficier des mêmes possibilités dans votre pays.
Concernant les déplacements entre nos deux pays, c'est le deuxième sujet que je voudrais évoquer, nous devons renforcer nos efforts pour faciliter la circulation sans entrave pour les millions de Français et de Chinois qui souhaitent voyager entre nos deux pays, que ce soit pour étudier, pour faire un stage ou pour travailler, ou tout simplement pour découvrir la culture de l'autre. Je sais que la France est la destination européenne la plus visitée par les touristes chinois, c'est la raison pour laquelle nous avons fait beaucoup d'efforts pour améliorer l'accueil des visiteurs chinois, pour améliorer leur sécurité lorsqu'ils viennent en France, en doublant les moyens humains et personnels aux abords des sites touristiques et en facilitant l'accès aux visas.
Monsieur l'Ambassadeur de France en Chine, vous qui êtes là et qui m'avez accueilli il y a peu de temps, j'ai voulu féliciter le remarquable effort fait par le personnel consulaire qui fait qu'aujourd'hui, en 48 heures on peut délivrer un visa, et parfois même, moins lorsqu'il s'agit d'un groupe. Cet effort sera donc poursuivi.
C'est aussi l'apprentissage de la langue qui est important, pour mieux se comprendre. Ce n'est pas seulement pour communiquer, mais aussi pour aller plus en profondeur dans la compréhension de l'autre. Aujourd'hui, 100.000 Chinois étudient le français avec des sections pilotes de langue française qui se développent en Chine. En France, nous avons aussi des établissements scolaires qui développent la langue chinoise, 45 sections internationales de langue chinoise en France et cela augmentera de plus en plus.
Le lycée franco-chinois de Pékin a développé un programme innovant qui accueillera à la rentrée ses deux premières classes d'enseignement primaire bilingues franco-chinoises. D'une manière générale, il faut effectivement que nos deux peuples apprennent à se connaître le plus tôt possible. Le programme «Young Leaders» de la French China Fondation et de l'Institut de politique étrangère du peuple chinois va nous aider en cette matière. Ce programme permet chaque année, à 40 jeunes, dont 20 de chaque pays, même si c'est modeste on poursuivra, de se rencontrer, d'échanger et de le faire aussi avec les plus hautes autorités françaises et chinoises. C'est une chance qui est donnée à ces jeunes, et cela me permet d'aborder la question des échanges universitaires, les étudiants.
Aujourd'hui, la France accueille 35.000 étudiants chinois et plus de 10.000 Français étudient en Chine. Je souhaite que nous allions plus loin. J'y suis personnellement très attaché. Nous avons un objectif qui est d'atteindre 50.000 étudiants chinois par an en France. Il ne s'agit pas de faire uniquement de la quantité, nous veillerons bien entendu à la qualité de l'accueil. Avec nos établissements universitaires, il s'agit d'une coopération qui doit être la meilleure possible. Il faut faire plus et mieux avec d'ailleurs, des instituts franco-chinois qui se développent dans beaucoup de domaines aujourd'hui.
Le plus connu, avec des résultats incroyables, que j'avais visité lors de mon premier voyage en Chine en tant que Premier ministre, c'est l'Institut franco-chinois de l'énergie nucléaire. Le 19 juin dernier, c'est la première promotion de cet institut qui a été fêté : 90% des étudiants ont signé leur contrat de travail, un an avant même l'obtention de leur diplôme. 9% d'entre eux ont choisi de poursuivre plus loin pour un doctorat. C'est vraiment prometteur et cela peut être une référence pour d'autres instituts que nous pourrions développer dans d'autres domaines. Il y en a un que je salue notamment qui est le nouvel Institut de gestion des Arts et du design. C'est un accord qui va être signé cet après-midi, à l'occasion du forum franco-chinois des présidents d'universités qui coopèrent eux-mêmes beaucoup.
Il y a la formation professionnelle qui doit développer des programmes croisés entre la France et la Chine avec des doubles diplômes, avec des partenariats entre écoles dans les domaines où la France bénéficie d'une expertise. On l'a rappelé, vous l'avez fait, la gastronomie, l'hôtellerie restauration, mais aussi les formations dans les secteurs industriels en ingénierie. Je me réjouis aussi que nous puissions concrétiser le projet de la Maison de la Chine à la cité internationale universitaire de Paris.
Voilà donc beaucoup de thèmes qui nous permettent de développer les stages pour les étudiants, pour les jeunes diplômés et je remercie les entreprises françaises qui accueillent déjà de nombreux stagiaires chinois. Je les encourage à poursuivre encore. Rien que pour nos écoles d'ingénieurs, ce sont près de 2.000 étudiants chinois qui, chaque année, effectuent un stage en France. Afin de faciliter la mobilité des stagiaires entre nos deux pays, nous avons mis en place cette année, ce programme que vous avez rappelé Madame Descôtes qui se nomme «Mille stagiaires». C'est important et je voudrais également souligner cette initiative.
Il y a la coopération scientifique et sanitaire qui est également essentielle face à tous les nouveaux défis de santé que vous avez mentionnés, les maladies infectieuses, les maladies émergentes. La coopération s'est structurée autour de l'Institut Pasteur de Shanghai Académies des sciences de Chine créée en 2.000, ainsi que le laboratoire national de sécurité biologique de Whuan.
La cérémonie de signature qui s'est tenue le 16 juin dernier est une étape importante qui officialise la livraison du laboratoire à l'Institut de virologie de Wuhan par le bureau d'architectes français.
Nous allons continuer encore à amplifier ces échanges. Là aussi, il y a je crois, des domaines essentielles de développement.
De plus, il y a les échanges sportifs. Vous avez fait preuve de beaucoup d'enthousiasme, Madame la Vice-Première ministre, vous avez aimablement salué l'Euro 2016, j'y suis particulièrement sensible, c'est un événement formidable pour la France. Je vois que même en Chine, on suit les résultats. Vous nous avez bien encouragés et je vous en remercie beaucoup.
Vous nous avez également encouragés pour les Jeux olympiques et je voudrais vous remercier parce que la Chine a déjà reçu les Jeux à Pékin et ce fut un grand succès. Il y a aussi les Jeux olympiques d'hiver et la France qui a déjà déposé une candidature en 2012, en a tiré les enseignements, elle a regardé ce que les autres pays qui ont connu le succès pour cette organisation, de quelle manière ils avaient bâti leur dossier. La France s'inspire de leur dossier. La France s'inspire de l'expérience chinoise comme de celle de Londres. Merci beaucoup pour votre soutien, vous avez vu à quel point vous avez soulevé l'enthousiasme Madame la Première Vice-ministre. Merci encore pour cet aimable soutien.
Vous êtes allée à Chamonix, il faisait plus beau qu'aujourd'hui à Paris et vous m'avez dit que Monsieur l'Ambassadeur de Chine en France était allé deux fois en visite préparatoire et qu'à chaque fois, le ciel était gris et qu'il n'avait pas pu bénéficier de la vue imprenable sur les montagnes. C'était réservé pour vous, Madame, et vous m'avez indiqué que cela vous avait beaucoup plu, un ciel aussi bleu qui nous inspire les uns et les autres.
En tout cas, ces échanges sont essentiels, ils correspondent aussi à une vraie filière économique, la filière des métiers du sport en France. La filière d'organisation d'événements et des métiers de la montagne. Je suis heureux que vous ayez pu vous rendre compte sur place de ce que nous pouvons faire ensemble.
Je voudrais aussi saluer la coopération qui existe notamment dans ce domaine, grâce à l'action des collectivités locales dont je vois dans la salle les représentants. Je vois mon ami Jacques Auxiette, je sais le travail qu'il fait et qu'il continuera de faire. 126 projets sont menés par 59 collectivités françaises et les cinquièmes rencontres franco-chinoises de la coopération décentralisée se dérouleront en octobre prochain à Chengdu et porteront sur beaucoup de domaines dont l'art de vivre, la gastronomie et le tourisme, autant de domaines au coeur de nos traditions d'hospitalité. Je compte donc beaucoup sur cette coopération entre les villes chinoises et les villes françaises, les régions chinoises et les régions françaises.
Mesdames et Messieurs, j'en arrive à la fin de mon intervention, nous avons été un peu long, mais c'est un événement majeur qui nous réunit aujourd'hui ; encore une fois, merci d'y participer.
Vous avez évoqué la thématique essentielle des droits des femmes et de l'égalité femme homme qui est inscrite à l'agenda de notre dialogue. C'est une question essentielle qui fait aussi partie des autres défis que nos sociétés doivent relevés. C'est donc à nous de privilégier les initiatives les plus concrètes possibles, sur les priorités que nous avons identifiées ensemble, notamment la lutte contre les violences faites aux femmes. Pour cela, nous avons besoin d'échanger entre femmes dirigeantes, d'entreprises notamment, d'Organisations non-gouvernementales, il faut promouvoir tout ce qui va aider à l'exercice des responsabilités, à la création d'emplois au féminin, entreprenariat. Nous avons là des champs de développements considérables.
Sans entrer dans les détails, nous avons abordé énormément de sujets comme vous le voyez, qui justifient bien ce dialogue de haut niveau sur les échanges humains qui sont une véritable chance, une véritable opportunité. Dans quelques instants, nous allons d'ailleurs signer des accords et dans les jours qui viennent aussi. Ils illustreront l'excellence de notre coopération, mais surtout de notre détermination.
En conclusion, je profite de ce moment pour remercier nos équipes, les équipes françaises du ministère des affaires étrangères et du développement international, tous nos partenaires publics et privés, ainsi que les équipes chinoises avec lesquelles nous avons travaillé en confiance. Et grâce à ce long travail préparatoire, nous sommes là aujourd'hui, et en quelque sorte, nous n'avons plus qu'à constater le travail accompli à notre demande. Il a été bien fait.
Merci à toutes et à tous, merci pour ce que nous continuerons de faire ensemble, au nom de l'amitié franco-chinoise, au nom de l'ambition partagée et avec le sens des responsabilités partagées de ce que nous avons à faire, pour améliorer les conditions de vie de nos peuples, en Chine comme en France, en jouant également notre rôle dans ce monde nouveau en construction, que nous voulons pacifique et protecteur pour la planète. Il faut que ce monde donne à la jeunesse des perspectives qui soient enthousiastes et positives.
Merci encore de votre présence, merci pour ce travail et vive l'amitié franco-chinoise.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2016