Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les relations franco-tunisiennes et sur la lutte contre le terrorisme, à Paris le 13 juillet 2016.

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Circonstance : Point de presse conjoint avec son homologue tunisien, M. Khemaies Jhinaoui, à Paris le 13 juillet 2016

Texte intégral


Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Ministre,
Je viens de terminer mes entretiens avec mon ami Khemaies Jhinaoui, le ministre des affaires étrangères de Tunisie, pour son premier déplacement officiel ici à Paris depuis sa nomination. Nous nous sommes déjà rencontrés plusieurs fois à l'occasion, notamment, de ma visite officielle en Tunisie, et à l'occasion de la réunion Union européenne-Tunisie que nous avons eue à Bruxelles et à laquelle j'ai tenu à participer.
Nous avons bien sûr abordé les différents axes de la relation bilatérale, examiné les possibilités de les approfondir, car notre coopération est très étroite et très forte.
Sur le plan politique d'abord, puisque la France est aux côtés de la Tunisie dans l'engagement qui est celui du pays tout entier, de cette installation dans la durée d'une démocratie forte qui est une référence et un exemple par rapport à beaucoup d'autres pays. Nous regardons toujours vers la Tunisie avec confiance et passion, car nous aimons ce pays, nous aimons son peuple et nous voulons sa réussite.
Nous avons échangé aussi ensemble sur un événement important qui aura lieu les 29 et 30 novembre prochain à Tunis, qui est la conférence économique de promotion des investissements. La France s'est engagée à apporter tout son soutien à la réussite économique et cette conférence est une étape importante. Nous voulons que la Tunisie réussisse sur le plan politique et démocratique, nous voulons qu'elle réussisse aussi sur le plan économique et social et qu'elle puisse également garantir, dans la durée, sa sécurité.
Le renforcement de notre coopération économique est d'abord bilatéral : c'est un plan d'un milliard d'euros sur cinq ans, qui avait été annoncé par le président de la République qui cible en particulier les régions les plus enclavées. Nous avons aussi abordé cette question. Nous avons parlé de la mise en place d'un appui coordonné des partenaires du G7 dans le domaine économique et nous avons développé, bien évidemment, la question de la sécurité.
La France et la Tunisie sont des pays qui sont frappés par le terrorisme, ce sont des pays qui se défendent ensemble, qui coopèrent ensemble, en particulier au niveau de nos services de renseignements, mais aussi du point de vue de notre politique étrangère. Nous avons en particulier coordonné nos approches concernant la question libyenne où le rôle de Daech est néfaste, à la fois pour le peuple libyen, mais aussi pour les pays voisins comme la Tunisie mais aussi la France et l'Europe.
En matière de défense et de sécurité, depuis 2015 nous nous coordonnons avec nos autres partenaires du G7 plus l'Union européenne.
Nous avons bien sûr aussi abordé un autre rendez-vous qu'il nous paraît très important de réussir : c'est le projet de sommet Union européenne - Tunisie. Ce sont donc deux rendez-vous importants, celui des investisseurs en novembre - la date est fixée -, et nous souhaitons que le rendez-vous au plus haut niveau, que ce sommet Union européenne - Tunisie marque en effet une nouvelle étape du soutien, pas seulement de la France mais de l'Europe toute entière, à la transition tunisienne qui est une ambition pour la Tunisie mais aussi une ambition pour toute la région.
Monsieur le Ministre, merci encore de votre visite. Nous nous connaissons à présent beaucoup mieux, nous avons des liens d'amitié, ce qui facilite beaucoup le travail en commun pour la relation bilatérale et le succès de nos deux pays.
Q - Concernant la lutte contre le terrorisme, des missions diplomatiques françaises ont été fermées jusqu'à nouvel ordre en Turquie. Avez-vous un éclairage supplémentaire sur les risques terroristes en Turquie ? À Rio, un attentat a apparemment été déjoué contre la délégation française, avez-vous d'autres informations à ce sujet ?
R - Il y a une menace constante, vous le savez bien, contre tous les pays qui se battent contre le terrorisme. C'est donc vrai pour la Tunisie, nous en avons beaucoup parlé. La France est une cible, elle n'est pas la seule. Une information qui nous est parvenue et qui nous a été confirmée par un échange avec les services turcs nous a montré qu'il y avait une menace réelle, concrète. J'ai donc pris la décision d'annuler les trois réceptions festives qui étaient prévues à l'occasion de la fête nationale en Turquie dans trois lieux : à Ankara, à Istanbul et à Izmir. Quant aux autres lieux, croyez bien que la France est très engagée dans la lutte contre le terrorisme mais aussi dans la protection de tous les sites sensibles. Nous nous félicitons de la manière dont nous avons pu déjouer toutes les menaces à l'occasion de l'Euro 2016 qui a donné lieu à une mobilisation extrêmement efficace et performante de toutes nos forces de police et de gendarmerie, de sécurité civile, des sapeur-pompiers, et également en lien étroit avec les organisateurs. Le président de la République a d'ailleurs rendu hommage ce matin au conseil des ministres à toutes ces forces-là. En même temps, notre mobilisation se poursuit, aussi bien sur le territoire national que dans tous nos postes à l'étranger. C'est notre devoir de protéger nos ressortissants, partout où ils se trouvent, dans les postes, les ambassades, les consulats, les établissements scolaires, en liaison avec les pays concernés.
S'agissant de la Tunisie, nous avons bien sûr évoqué très précisément cette coopération qui est la meilleure façon de faire reculer le terrorisme. Ce n'est pas la seule, parce qu'il faut aussi aller à la source.
Nous avons aussi abordé la question libyenne et la question syrienne avec la lutte contre Daech. Nous avons convergé dans nos échanges sur la nécessité de créer les conditions de la paix, en particulier en Syrie.
Au Proche-Orient, nous avons évidemment abordé le processus de paix que la France veut relancer, pour que des négociations puissent reprendre entre Israël et la Palestine, avec la perspective d'un État palestinien. J'apprécie particulièrement le soutien de la Tunisie à cette initiative.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 juillet 2016