Texte intégral
* Union européenne - Conseil des affaires étrangères - Lutte contre le terrorisme - Syrie - Libye - Israël/Territoires palestiniens
Nous avons commencé la séance du Conseil des affaires étrangères ce matin par un moment de recueillement, une minute de silence, comme partout en France, à la même heure, comme dans beaucoup d'ambassades, de lieux, à travers le monde. J'ai exprimé à mes collègues, aux ministres des affaires étrangères, l'attitude de la France, remercié pour tous les messages de solidarité, d'affection, que j'avais reçus et qui ont été renouvelés à l'occasion de ce Conseil des affaires étrangères.
J'ai informé mes collègues aussi sur la gestion de l'urgence, pour accompagner les familles des victimes, des blessés, des personnes impliquées, car malheureusement le bilan est tragique, terrible. 27 nationalités sont concernées. Des Français, bien sûr, de toutes origines, de toutes confessions, et qui sont morts dans des conditions abominables, ou blessés, et qui le resteront dans leur chair et dans leur coeur. Et puis ces victimes étaient des visiteurs, touristes, parents, amis, qui étaient venus à Nice pour participer à un moment de rassemblement et de fête autour des valeurs qui nous sont communes, à tous les Européens : les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité. C'était le jour de la fête nationale française, dans un lieu où chacun venait en famille, pacifiquement, l'esprit tranquille, et la violence s'est abattue sur eux.
J'ai donc informé mes collègues les ministres des affaires étrangères que, en temps réel, grâce à la cellule interministérielle d'aide aux victimes, les ambassades sont toutes informées de la situation exacte de chacun de leurs ressortissants. Et ces informations vont se poursuivre. Quant au bilan officiel des victimes, il se fait bien entendu dans le cadre de l'information judiciaire qui est ouverte sous le contrôle du procureur de la République, M. Molins. Cette identification est en cours et se déroule le plus rapidement possible pour permettre aux victimes et à leurs familles de faire leur deuil ou de commencer à faire leur deuil. C'est donc un moment très important que nous avons partagé ensemble.
Et nous avons aussi abordé, après l'intervention liminaire que j'ai faite, ce qui doit être fait au niveau européen et que nous pouvons faire ensemble. Tous les intervenants, ils étaient très nombreux, au-delà de la solidarité qui a été exprimée, ont rappelé leur engagement aux côtés de la France, qui s'était déjà manifesté après les attentats du 13 novembre. Vous vous souvenez que la France avait invoqué pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne l'article 42.7 du Traité qui prévoit qu'en cas d'attaque sur son territoire, un État membre peut se voir appuyé par ses partenaires européens. Nombre de nos partenaires avaient proposé, et surtout mis en oeuvre, nombre de contributions dans différentes opérations.
Aujourd'hui, l'attentat de Nice et la nécessité pour nous, pour la France, de reconduire le dispositif national, dont le programme «Sentinelle», suscite de nouvelles tensions sur les effectifs des armées. Et dans le même temps, la nécessité de renforcer notre combat commun contre le terrorisme implique un nouvel effort dans les opérations qui sont menées au Levant et en Afrique. Donc il faut mener ce combat de front.
Ainsi notre invocation de la solidarité européenne dans le cadre de l'article 42.7 conserve aujourd'hui toute son actualité et sa pertinence.
Ce matin, mes partenaires de l'UE ont tous été particulièrement clairs. D'abord par une manifestation de solidarité bien sûr, mais comme l'a conclu Federica Mogherini, la Haute représentante, après nos échanges, les États membres ont confirmé leur disponibilité à poursuivre le renforcement de leur assistance et leur engagement dans le cadre lutte contre le terrorisme dans le cadre de l'article 42.7 du Traité, et cela sur les principaux théâtres que j'ai évoqués, le Sahel, Boko Haram, le Levant.
Dans le même temps, le travail en matière sécurité intérieure doit se poursuivre, et je voudrais saluer le travail qui a été engagé depuis plusieurs mois, et souvent à l'initiative de la France, et en particulier du ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, et qui nous a permis d'engager de nombreuses réformes, mais que vous connaissez, concernant notamment la protection des frontières, l'échange d'information et la mise en place, enfin adoptée par le Parlement européen, du PNR.
Et s'agissant du renforcement de la sécurité européenne, toutes ces initiatives que j'ai brièvement évoquées n'auront de sens dans la durée que si l'UE se dote des moyens de lutter contre les menaces et de contribuer efficacement à la stabilisation de son voisinage. Deux discussions importantes à cet égard ont eu lieu aujourd'hui:
D'abord la mise en oeuvre de la stratégie globale pour la Politique étrangère et de sécurité de l'UE. Cette stratégie, préparée par la Haute représentante, Federica Mogherini, conduit une évaluation de l'environnement stratégique de l'UE et indique les directions pour un renforcement de l'action européenne. Elle constate aussi que les Européens doivent assumer davantage la responsabilité de leur sécurité. Et dans les mois à venir nous aurons à donner un cadre opérationnel à cette stratégie qui a été présentée au dernier Conseil européen. Elle s'inscrit totalement dans l'analyse que fait la France de l'augmentation des menaces, de la nécessité pour l'Europe d'assumer davantage de responsabilité en matière de sécurité, de manière articulée et complémentaire à l'action de l'OTAN, dont tous les États de l'UE ne sont pas membres. C'est un point important, c'est une étape importante, et la France, qui a été en avant-garde sur cette question, est bien entendu engagée pour que l'ensemble des propositions qui sont faites soient rapidement mises en oeuvre.
Il y a un deuxième thème, que j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'aborder au Conseil des affaires étrangères, c'est le renforcement du soutien des Européens à leurs partenaires tiers dans le domaine de la sécurité, pour les former à la sécurité. C'est la nouvelle initiative qui a été proposée, qu'on appelle «CBSD», Capacity building in support of Security and Development. L'UE va intervenir pour soutenir ses partenaires et les former à la sécurité. Et c'est en particulier le cas en Afrique. C'est une demande très forte des pays du G5 par exemple, où la menace est très forte, et qui luttent contre Boko Haram. Mais l'UE ne peut pas assister ses partenaires en leur fournissant des matériels de base qui leur permettent de mettre en oeuvre la formation effectuée sans cette décision. Donc cette nouvelle initiative correspond à une proposition que nous faisons depuis plusieurs mois, avec plusieurs partenaires, et cela à la lumière de l'expérience que nous avons en Afrique, et la France de ce point de vue est très bien placée.
Il ne s'agit pas de se substituer à l'action de tous les partenaires, mais il s'agit de permettre à ses partenaires, en particulier africains, d'assurer leur propre sécurité, qui est la condition première de leur propre développement.
Nous avons par ailleurs commencé la journée par une rencontre avec John Kerry, qui permet de rappeler la nécessité coopération transatlantique sur l'ensemble des questions et nous avons abordé plusieurs dossiers centraux.
La Syrie bien sûr, avec notre priorité qui est d'engager le plus rapidement possible la négociation, ou plutôt de recommencer la négociation, qui est aujourd'hui interrompue à cause du non-respect du cessez-le-feu. Il faut continuer la pression sur le régime, empêcher de nouveaux massacres, à Alep, à Daraya, et garantir un accès humanitaire.
John Kerry nous a fait part de ses dernières rencontres à Moscou. Il faut bien sûr juger sur pièces, sur les résultats, pas seulement sur des bonnes paroles, et il faut que la Russie fasse pression sur Bachar Al-Assad pour qu'il arrête ses frappes. Il faut qu'on y voie clair sur le terrain, et en particulier distinguer l'opposition modérée, celle qui est prête à revenir dans les négociations, et les groupes terroristes comme Al Nosra. Et pour cela il faut un cessez-le-feu pour observer la situation. J'aurai à nouveau l'occasion d'aborder la situation syrienne demain à Londres à l'occasion d'une réunion. Mais il faut aussi continuer à renforcer notre action dans la lutte contre les terroristes de Daech, conforter l'action de la Coalition contre Daech, c'est la raison pour laquelle je me rendrai avec mon collègue, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à Washington, pour une réunion avec l'ensemble des partenaires de la coalition.
Nous avons aussi abordé la situation en Libye, où il y a aussi un combat contre Daech qui est en cours et qui montre que le soutien que nous avons apporté au gouvernement d'Entente nationale est un choix pertinent mais qu'il reste encore beaucoup à faire pour que le gouvernement conforte sa position. Nous entendons poursuivre notre soutien au Premier ministre Al-Sarraj, mais en l'encourageant à créer les conditions de l'union de l'ensemble des forces libyennes, et en particulier sur le plan militaire, car il n'y aura pas de succès durable en Libye contre Daech si cette union n'est pas effective. Donc il y a des efforts à faire, ils doivent être encouragés et tous les pays doivent y participer, et notamment les pays voisins.
Nous nous sommes félicités de la résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité, la résolution 2292 qui vise à augmenter l'action de l'UE dans le cadre mission «EUnavfor Med Sophia» contre les flux d'armes illicites par la mise en oeuvre effective de l'embargo décidée par le Conseil de sécurité. Donc cette extension de la mission européenne va dans le bon sens et il est important que chacun des pays qui en a la capacité mette les moyens pour la mettre en oeuvre.
Lors de la rencontre avec John Kerry nous avons abordé le processus de paix au Proche-Orient, la nécessité de créer à nouveau des conditions de négociation qui redonnent sens à la perspective de deux États, et qui malheureusement s'éloigne de jour en jour, et qui conduit au désespoir. Il faut donc, comme la France en a pris l'initiative, continuer à réunir tous ceux qui veulent contribuer à atteindre à nouveau cet objectif.
Nous avons donc mentionné le rapport du Quartet et j'ai rappelé les décisions prises le 3 juin à Paris de mettre en place des groupes de travail qui portent en particulier sur trois domaines : les incitations économiques en cas d'accord de paix pour les deux parties, le renforcement des capacités du futur État palestinien, et le travail avec les sociétés civiles palestinienne et israélienne. Nous mesurons bien sûr l'immensité de la tâche mais nous ne devons absolument pas nous décourager car c'est indispensable de redonner de l'espoir, et tout le monde peut y contribuer.
Nous nous félicitons de l'engagement de John Kerry qui ne ménage pas sa peine, comme les travaux du Quartet et qui viennent conforter l'initiative française et qui ont le même objectif.
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Q - Après chaque attentat, les appels à davantage de coopération en Europe, on les entend ici et ailleurs. Très concrètement, sur la base de l'article 42.7, quelle est l'aide que vont vous apporter les pays européens ? Quelle est l'aide qu'ils ont déjà apportée ?
R - Ils nous ont apporté une aide substantielle, notamment dans les opérations de maintien de la paix. Il y a de nombreux pays qui sont engagés et qui l'ont redit. De grands pays aussi comme l'Allemagne, qui se sont engagés au Mali -et j'ai d'ailleurs effectué avec mon collègue, M. Steinmeier, un déplacement au Mali et au Niger. Mais d'autres, je pense à la République tchèque pour prendre un autre exemple, se sont engagés également, et d'autres, qui ont redit qu'ils voulaient en faire davantage. Je pense qu'il faut bien comprendre que la France, qui est confrontée à cette menace d'attentats, fait tout pour se protéger.
Je vois des polémiques surgir qui sont inutiles. Je rappelle qu'il y a quelques mois on nous disait «surtout ne faites pas la COP21 car vous risquez d'avoir des attentats». La France a fait face et a été capable d'organiser un événement mondial, qui a été à la fois un évènement politique majeur, en assurant la sécurité de tous les participants, et en particulier de hautes personnalités qui sont venues, et des milliers et des milliers de participants. Quand il a fallu organiser l'Euro 2016 on nous a dit la même chose, il ne faut pas mettre de «fan zones», voire pourquoi ne pas supprimer l'Euro ? Je pourrais continuer la liste.
La France fait face et mobilise des moyens considérables, sur plan humain, en particulier ses forces de police, de gendarmerie, ses personnels de renseignement mais aussi des militaires, dont certains ne sont pas revenus depuis des mois dans leurs familles. Donc, en même temps, la France ne veut pas renoncer à prendre ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme, dans les engagements qui sont les siens, notamment en Afrique, soit directement, c'est le cas de l'opération «Barkhane», soit dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Donc tout ce qui viendra renforcer, sur le plan international, l'action de la France, soit seule mais mandatée, soit dans le cadre des opérations de maintien de la paix, ne se traduira pas par un désengagement de la France mais par un allègement de sa charge. Donc tout ce message que j'ai présenté à mes homologues a été parfaitement compris. Et c'est quelque chose de très important que je tiens à le saluer car ce n'est pas évident, ce n'est pas spontané.
Et c'est pour cela que j'ai évoqué aussi, à cette occasion, la nécessité d'aller plus loin dans une stratégie de défense, à l'échelle européenne. Donc les cheminements qui se font peu à peu sont en train de porter leurs fruits, ce n'est pas si facile, cela ne se fait pas de façon spontanée mais la menace est là et elle prend des formes nouvelles, et il y une prise de conscience qui se traduit concrètement.
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* Union européenne - Conseil des affaires étrangères - Turquie
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Nous avons bien sûr abordé la question de la Turquie et le Conseil a adopté des conclusions qui rappellent que les cadres constitutionnels doivent être respectés et appellent à la retenue. La Turquie, pour l'UE, vous le savez, est un partenaire stratégique, c'est elle qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens, 2,5 millions, qui fuient la guerre en Syrie. Et elle est, comme la France ou la Belgique, confrontée à des attentats terroristes, notamment celui de Daech qui a frappé à la fin du mois de juin dernier l'aéroport d'Istanbul. Donc dans la lutte contre le terrorisme, à l'évidence la Turquie est un allié, et notre coopération, notamment entre nos services et au plus haut niveau, est une nécessité. Il faut donc renforcer cette coopération, et je n'ai aucun doute qu'elle est partagée, et sans la moindre ambiguïté.
En tout cas nous aurons dans le courant de la semaine, je l'ai dit, l'occasion d'évoquer tous ensemble à Washington les moyens de renforcer encore davantage notre coopération contre Daech.
La Turquie a donc été victime la semaine dernière d'une tentative de coup d'État militaire. La population et la classe politique dans son ensemble, toutes sensibilités politiques confondues, ont fait preuve d'une maturité qui inspire le respect, et il était évident pour la France, comme pour toutes les démocraties, de condamner une action qui était contraire à tous les principes démocratiques.
Mais ce qu'il faut, et c'est ce que j'ai eu l'occasion de dire dès les premières heures, c'est que, après l'échec de la tentative de coup d'État militaire, la réponse ne soit pas moins de démocratie en Turquie, mais plus de démocratie. Ce qu'il faut c'est que les libertés fondamentales soient respectées, que ceux qui ont pris la responsabilité de ce coup d'État soient évidemment présentés à la justice dans le cadre de l'État de droit. Dans un État de droit c'est l'application de la loi, c'est le respect des libertés qui constitue le meilleur rempart contre toutes les menaces. En tout cas c'est ce que l'Europe attend d'un pays qui aspire à renforcer ses relations avec l'UE.
Quant à la peine de mort, notre position est la plus claire qu'il soit. J'étais il y a peu de temps à Oslo au Congrès mondial contre la peine de mort. C'est unanime : les Européens que nous sommes feront tout pour que la peine de mort ne soit pas rétablie, mais au contraire que le nombre de pays qui l'ont abolie augmente. Donc cela serait incroyable que la peine de mort soit rétablie en Turquie. Je rappelle d'ailleurs que la Turquie a pris des engagements : elle est signataire de la Convention européenne des droits l'Homme, elle est membre du Conseil de l'Europe. Notre position est claire, nous le disons : nous condamnons la tentative de coup d'État, nous avons rappelé que les voies constitutionnelles devaient impérativement être respectées, mais encore une fois la Turquie doit sortir plus forte et plus démocratique de ce qu'il s'est passé.
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Q - Une question sur la Turquie si vous le permettez : quels sont les moyens de pression ou d'incitation de l'UE pour éviter au président Erdogan de faire le mauvais choix ? Une question plus précise sur la peine de mort : êtes-vous sur la même ligne que la chancellerie allemande lorsqu'elle dit que tout rétablissement de la peine de mort signifierait un arrêt immédiat de la procédure d'adhésion de la Turquie à l'UE ?
R - D'abord sur cette question d'adhésion de la Turquie à l'UE, je pense qu'il faut être clair, et notamment clair à l'égard des opinions publiques de chacun de nos pays, et en particulier de l'opinion française. Trop souvent dans le débat de la politique intérieure française on brandit la Turquie pour faire peur, alors que la question de l'adhésion de la Turquie n'est pas à l'ordre du jour. Il n'y a pas d'adhésion de la Turquie qui soit programmée ! Donc arrêtons de jouer à se faire peur, ou d'utiliser cela à des fins de politique intérieure.
Par contre, entre l'UE et la Turquie il y a des relations importantes. Pas uniquement en termes d'échanges économiques. Il y a des chapitres qui ont été ouverts. Quel est l'objet de ces chapitres ? C'est d'aider les démocrates turcs, ceux qui veulent que leur pays se modernise et se mette aux standards internationaux de la démocratie, en particulier européens, souhaitent que ces chapitres soient ouverts, parce qu'ils permettent à la Turquie d'évoluer, de se moderniser, de s'adapter.
Si le président Erdogan persistait effectivement dans son intention de rétablir la peine de mort, c'est tout ce travail qui a été fait qui pourrait être mis à mal. Cela serait dangereux tant pour la Turquie que pour les autres membres de l'UE, car nous avons besoin que la Turquie soit un pays qui se mette au diapason des démocraties. C'est un pays dont le rôle stratégique est évident, je l'ai rappelé tout à l'heure. Donc des progrès considérables ont été faits. Aujourd'hui la question est posée : tout cela doit-il s'interrompre brutalement ? Eh bien nous continuerons de dire, de répéter - c'est important dans notre relation de franchise avec la Turquie - qu'à la fois nous pouvons agir ensemble pour lutter contre le terrorisme, mais en même temps sans concession sur les principes et les valeurs.
Q - Est-ce que vous considérez que la menace, l'annonce faite par Erdogan, est crédible ?
R - Nous jugerons sur les faits. Il ne s'agit pas d'attendre qu'il y ait un projet de loi sur ce sujet pour réagir. La réaction doit être immédiate et elle l'est. Et elle doit être claire, et elle l'est. En tout cas elle était partagée par tous ceux qui étaient autour de la table lorsque nous avons discuté de la Turquie. (...).
* Union européenne - Conseil des affaires étrangères - Royaume-Uni
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Q - Boris Johnson avait comparé les ambitions de l'Union européenne à Adolf Hitler. A-t-il présenté des excuses ?
R - Non, il n'a pas présenté d'excuses. Cela dit, je ne me suis pas senti concerné lorsqu'il a dit cela. Je pense que personne autour de la table ne s'est senti visé. Tout le monde sait bien ce qu'est l'UE, et qu'elle est née justement après la seconde guerre mondiale, à partir de l'appel de Robert Schuman en 1950. Donc tout le monde sait bien, pour parler raisonnablement, ce que l'UE représente comme formidable chance pour la liberté, pour la démocratie, pour la prospérité.
Donc Boris Johnson est venu, je dirais, à ce Conseil avec une certaine modestie. Mais pour moi, l'essentiel, c'est la clarté. Et la clarté, cela n'est pas de lancer de petites piques ou des formules. Ce qui est essentiel, c'est la clarté des rapports qu'il faudra construire désormais entre l'UE et la Grande-Bretagne. Ce qui veut dire une négociation dans les meilleures conditions possibles, dans l'intérêt des uns et des autres, en respectant à la fois le vote du peuple britannique, et en respectant aussi l'UE dans ce qu'elle porte comme espérance.
C'est donc notre responsabilité de mettre le débat au niveau. Boris Johnson est désormais autour de la table pour représenter la Grande-Bretagne. C'est avec lui que je travaillerai, mais je le ferai dans la sincérité, la clarté, et avec les principes que je défends pour continuer à construire une Europe forte et juste.
Merci beaucoup.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2016