Texte intégral
AMANDINE BEGOT
Bonjour Thierry BRAILLARD.
THIERRY BRAILLARD
Bonjour.
AMANDINE BEGOT
Et merci d'être ce matin avec nous. On va bien sûr commencer avec du foot, regardez cette Une de l'Equipe, « Presque parfait », c'est le titre ce matin du quotidien sportif. Vous validez ?
THIERRY BRAILLARD
Je trouve un peu dur, un peu trop exigeant.
AMANDINE BEGOT
Ils étaient parfaits pour vous ?
THIERRY BRAILLARD
Pour moi c'était le match parfait contre un adversaire pas simple, il fallait, je pense, rapidement prendre le match, il a été pris, 4-0 à la mi-temps, on peut dire que la partie était terminé. Qu'il y ait un peu de relâchement en seconde mi-temps, c'est inhérent à ce genre de situation, l'essentiel c'est d'être en demi-finales et d'avoir donné beaucoup de plaisir à tout le public français.
AMANDINE BEGOT
Le presque il est peut-être pour les deux petits buts qu'on prend.
THIERRY BRAILLARD
Oui, mais c'est ce que j'explique. Bien sûr qu'il aurait été mieux d'avoir un 5-0, mais très sincèrement je crois que l'équipe a montré beaucoup de solidité en première mi-temps, et ce petit relâchement de seconde mi-temps n'est pas très coupable, compte tenu des circonstances.
AMANDINE BEGOT
Alors la prochaine étape bien sûr c'est jeudi, à Marseille, face à l'Allemagne, là ça va être une autre paire de manches quand même !
THIERRY BRAILLARD
C'est beaucoup plus difficile. C'est vrai qu'avec les Allemands, enfin la dernière fois qu'on la rencontrés on les avait battus, mais plus personne ne se souvient du score compte tenu des circonstances
AMANDINE BEGOT
C'était le 13 novembre.
THIERRY BRAILLARD
Mais c'est un adversaire coriace, il faut remonter très loin. Je me souviens mon pire souvenir de supporter de l'équipe de France, Séville 1982, donc il faudra bien qu'un jour la France, à la fin du match, l'emporte.
AMANDINE BEGOT
Il faut la prendre là la revanche, c'est cette fois-ci ?
THIERRY BRAILLARD
Je crois que là on a vraiment la bonne occasion.
AMANDINE BEGOT
Alors on a posé la question ce matin aux téléspectateurs d'i Télé justement, la France va-t-elle battre l'Allemagne ? Regardez les estimations. 64% de oui les Bleus peuvent-ils battre l'Allemagne ? Ils sont plutôt confiants nos téléspectateurs.
THIERRY BRAILLARD
On sent un vrai soutien du public derrière cette équipe, dans le stade bien entendu, mais vous avez vu le succès des fan zones, on en a assez parlé, même sur ce plateau. Hier, plus de 100.000 personnes à Paris, plus de 40.000 à Lyon, et on sent vraiment qu'aujourd'hui c'est tous les Français qui sont derrière cette équipe. Je crois qu'on a la possibilité, il reste deux matchs, de gagner cet Euro. Le même quotidien titrait ce matin « Un Everest devant les Bleus », mais je pense qu'on peut franchir cet Everest.
AMANDINE BEGOT
Alors, on fait quoi, 1-0 contre l'Allemagne, et après on affronte qui ?
THIERRY BRAILLARD
Portugal ou Pays-de-Galle.
AMANDINE BEGOT
Oui, mais votre pronostic à vous ?
THIERRY BRAILLARD
Vous voulez vraiment que j'aille au bout ?
AMANDINE BEGOT
Ben oui, allez.
THIERRY BRAILLARD
A ce moment de la compétition je pense quand même que France-Portugal pourrait être une belle finale.
AMANDINE BEGOT
Ce serait effectivement une belle finale. Vous évoquiez à l'instant ces fan zones, c'est vrai qu'il y a eu beaucoup de débats dans le contexte actuel de menaces d'attentats, finalement, on touche du bois, mais ça se passe bien.
THIERRY BRAILLARD
Oui, la compétition n'est pas terminée, tous les bilans devront être tirés, à la fin, à partir du 11 juillet, mais c'est vrai qu'on avait tellement entendu de personnes qui demandaient même aux Français de ne pas se rendre dans les fan zones, qu'heureusement ils n'ont pas été entendus. On a vu hier beaucoup d'images de fête, de joie, c'est ce qu'on souhaitait, c'est ce qu'on voulait, on voulait que l'Euro soit une fête populaire, il l'est, on est dans cette compétition et en plus la France a des belles performances sportives. Il y a aussi d'excellentes retombées économiques, là encore nous ferons le bilan à la fin
AMANDINE BEGOT
Vous avez des chiffres ?
THIERRY BRAILLARD
On est à 10 jours, mais je peux vous dire que quand vous parlez aux différentes maires des grandes villes qui ont pu accueillir des matchs, tous les commerçants sont très satisfaits des retombées de l'Euro.
AMANDINE BEGOT
Il y a eu effectivement très peu de problèmes, quelques débordements dont on a beaucoup parlé en début de compétition, notamment à Marseille, est-ce jeudi il va y avoir un dispositif de sécurité particulier parce qu'on est à Marseille ?
THIERRY BRAILLARD
Le même qui avait été mis en place depuis le début de l'Euro, quand la France a joué contre l'Albanie à Marseille ça s'est très très bien passé, donc contre les Allemands ça se passera aussi très bien. ça me permet d'ailleurs de remercier, de féliciter les forces de l'ordre, qui ont fait un travail, et qui font un travail remarquable, pendant cet Euro, pour que tout soit sécurisé et que vraiment tout le monde puisse se laisser aller à la joie, à la fête, sans le souci de l'insécurité.
AMANDINE BEGOT
L'autre actualité du week-end c'est la disparition de Michel ROCARD, 85 ans, il y a eu beaucoup, beaucoup d'hommages, vous, vous retenez quoi de lui ?
THIERRY BRAILLARD
L'aventure d'une deuxième gauche, c'est vrai qu'à l'époque, au Parti socialiste, il y avait François MITTERRAND et Michel ROCARD qui a essayé de créer un autre espace, il appelait ça la social-démocratie, c'est vrai qu'à l'époque les corps intermédiaires étaient un peu plus importants qu'aujourd'hui, mais il a, c'est vrai, souvent été en concurrence face à François MITTERRAND. Au demeurant c'est quelqu'un qui avait une vraie pensée, qui a montré, à l'épreuve du pouvoir, qu'il avait su très bien gérer son gouvernement à partir de 1989.
AMANDINE BEGOT
Deux gauches, ce n'est pas un peu ce dans quoi on est aujourd'hui, une gauche de gouvernement et puis l'autre gauche qu'on voit notamment dans la rue, contre la loi Travail ?
THIERRY BRAILLARD
Oui, mais là il y avait une troisième gauche, à l'époque, qui était la gauche communiste, donc la différence de Michel ROCARD était vraiment d'essayer d'avancer sur la social-démocratie, au sein du Parti socialiste, et ce n'était pas évident puisque certains socialistes, à l'époque, voulaient rompre avec le capitalisme, il faut se souvenir des mots et des projets. Aujourd'hui je crois qu'il y a la gauche, et puis après il y a une autre gauche, qui veut refuser certaines avancées de progrès, et je crois que la différence se fait ici aujourd'hui.
AMANDINE BEGOT
Michel ROCARD qui, il y a encore quelques jours, parlait à la presse, dernière interview c'était au Point, il parlait notamment de François HOLLANDE en critiquant un peu la politique actuelle du gouvernement, de François HOLLANDE. Il disait ceci : « son problème c'est d'être un enfant des médias, le petit peuple de France n'est pas journaliste, il sent bien qu'il est gouverné à court terme et que c'est mauvais. » C'est ça le problème de François HOLLANDE, trop de com., pas de vision à long terme ?
THIERRY BRAILLARD
Non, c'est un peu, si vous m'autorisez cette métaphore avec le Tour de France, ce qui veulent comparer Jacques ANQUETIL avec Thibaut PINOT, c'est le même sport, mais les choses ont vraiment évolué. Et ce que Michel ROCARD avait du mal à analyser, enfin à apprécier plutôt, c'est cette évolution du monde politique, fait aujourd'hui d'instantanéités avec les réseaux numériques, fait de chaînes de télévision d'information, comme la vôtre, qui nous obligent à la réaction immédiate, à être toujours présent, alors qu'à son époque il y avait une autre façon de vivre la relation entre les politiques et les médias.
AMANDINE BEGOT
Il n'était pas à la page.
THIERRY BRAILLARD
Ce n'est pas qu'il n'était pas à la page, c'est que c'était une autre façon de faire de la politique. Aujourd'hui il y a une exigence, il y a une transparence, qu'il n'y avait peut-être pas, et puis il y a une autre façon d'aborder la communication politique.
AMANDINE BEGOT
Pour revenir à François HOLLANDE, il doit se représenter, vous le soutiendrez en tout cas ?
THIERRY BRAILLARD
Il va y avoir une primaire, et on verra ce qui va sortir de cette primaire, en tout cas il est le candidat légitime. Moi je crois beaucoup au bilan, là encore, c'est comme un match de football, ce n'est pas à la mi-temps ou aux trois quarts du match qu'on dresse le bilan, c'est à la fin du match, quand on voit les résultats. Je crois que la politique qui a été menée commence à porter ses fruits, qu'elle va les porter avec encore plus d'ampleur, on voit que la croissance redémarre, on voit que le taux de marge des entreprises a augmenté, on voit que les créations d'emplois augmentent aussi, malgré
AMANDINE BEGOT
Et la courbe du chômage ne s'inverse toujours pas.
THIERRY BRAILLARD
Si, elle s'est inversée, et vous verrez qu'à la fin de l'année elle se sera encore plus inversée.
AMANDINE BEGOT
Les derniers chiffres étaient mauvais quand même.
THIERRY BRAILLARD
On a un souci démographique, il faut se le dire, c'est que quand l'Allemagne, elle, n'a que 80.000 personnes qui rentrent sur le marché du travail, nous on en a 150.000, ce n'est pas la même chose, durant la même année, mais le nombre de créations d'emplois n'a jamais été aussi fort que durant le premier trimestre. Donc, on sent cette dynamique. Comme je vous le dis, il reste encore 1 an, avant l'élection présidentielle, attendons la fin du quinquennat pour dresser véritablement le bilan.
AMANDINE BEGOT
Vous le voyez régulièrement François HOLLANDE, puisqu'il a assisté, si je ne m'abuse, à tous les matchs de l'équipe de France, vous le sentez comment là, dites-nous, juste ?
THIERRY BRAILLARD
Je le sens serein sur la façon dont la politique qui est menée commence à porter ses fruits, très attentif à tout ce qui peut se dire, essayer de rester proche des gens, surtout pas d'être dans une tour d'ivoire, ou surtout ne pas faire preuve, j'allais dire d'une sorte d'optimisme irraisonné.
AMANDINE BEGOT
Mais il y croit ?
THIERRY BRAILLARD
Bien sûr, je pense qu'il y croit, en tout cas il ne nous parle pas de l'élection présidentielle, il parle surtout des projets, ou des sujets, que le gouvernement a à régler, en tout cas je vois un président qui tient la barque avec beaucoup de fermeté.
AMANDINE BEGOT
Vous parliez des primaires, il y aura donc primaires, il va falloir un candidat pour le Parti Radical de Gauche, ce sera qui ?
THIERRY BRAILLARD
Pour l'instant on n'a pas encore décidé puisque c'est vrai qu'on ne nous a pas sollicités pour annoncer cette primaire, et que si on veut véritablement que tous les partenaires se sentent partenaires, mieux vaut leur dire, quand on fait des choses, qu'ils l'apprennent dans la presse. C'est un peu comme cela que nous avons appris cette idée de primaires lancée par Jean-Christophe CAMBADELIS
AMANDINE BEGOT
Vous êtes fâché du coup ?
THIERRY BRAILLARD
Je crois que Sylvia PINEL, qui préside le PRG par intérim pour l'instant, s'est très logiquement exprimée pour dire qu'il ne fallait pas simplement penser qu'on a besoin de nous dans les moments difficiles, mais que quand on doit construire ce qui sera la future élection présidentielle, et je dirais la campagne derrière notre candidat, mieux vaut nous prendre pour un partenaire qui peut apporter quelque chose.
AMANDINE BEGOT
Il faut donc un candidat, est-ce que ça peut être vous ?
THIERRY BRAILLARD
Moi, vous savez, j'ai beaucoup de sports en ce moment, j'ai l'Euro, j'ai les Jeux Olympiques
AMANDINE BEGOT
Mais si Sylvia PINEL n'y va pas ?
THIERRY BRAILLARD
On n'en n'est pas encore là, on prendra la décision début septembre.
AMANDINE BEGOT
Un mot de l'université d'été du PS, prévue à Nantes, qui pourra être reportée, annulée, ça va si mal que ça entre les socialistes et le reste de la France pour qu'on annule carrément l'université d'été ?
THIERRY BRAILLARD
Non, mais on se rend compte que depuis plusieurs semaines il y a une façon de polémiquer qui est une façon agressive, une façon de créer le désordre, et ça pose d'ailleurs un problème pour le maintien de l'ordre dans des réunions publiques, on l'a vu très récemment. Stéphane LE FOLL tenait une réunion, paisible, et d'un seul coup quelqu'un vient devant lui et lui met sous le regard une pancarte, moi-même j'ai eu l'occasion de me déplacer
AMANDINE BEGOT
Mais c'est quand même inquiétant de voir que l'Etat ne peut pas assurer la sécurité de ce type de réunion, comme on a vu qu'à certains moments on n'était pas capable d'assurer la sécurité de certaines manifestations.
THIERRY BRAILLARD
Ce n'est pas une histoire d'assurer la sécurité, c'est une histoire de réunions militantes où on a des gens qui se glissent à travers ces militants et qui au dernier moment vont avoir un comportement irresponsable.
AMANDINE BEGOT
On n'a pas les moyens d'encadrer ça aujourd'hui en France ?
THIERRY BRAILLARD
Si, on va les prendre ces moyens, en tout cas les organisations de ces réunions vont les prendre, mais c'est vrai qu'aujourd'hui on aime bien le désordre et on aime bien créer les conditions du désordre, donc il faut faire attention et je crois que, c'est la raison pour laquelle Johanna ROLLAND, la maire de Nantes, a attiré l'attention du Parti socialiste sur les difficultés qu'il y aurait à avoir une réunion politique paisible.
AMANDINE BEGOT
Vous disiez l'actualité sportive est chargée, effectivement, il y a le Tour de France, on en parle moins avec l'Euro, mais il a débuté. Je voulais vous montrer ce sondage du Parisien qui posait une question hier : quand un coureur gagne une étape du Tour de France, doutez-vous de l'honnêteté de cette victoire ? Et les Français, regardez, ont répondu oui à 88 %. Il y a encore du gros travail à faire, non ?
THIERRY BRAILLARD
Travail de pédagogie, parce que les outils aujourd'hui existent, que ce soit sur la lutte contre le dopage, que ce soit sur la fraude technologique, donc aujourd'hui moi je fais vraiment partie des gens qui pensent que lorsque quelqu'un gagne, cette année, sur le Tour de France, il faudra vraiment penser que c'est avec ses qualités sportives qu'il l'emportera et pas avec le reste. Je crois vraiment qu'il faut louer les efforts du cyclisme principalement sur la lutte contre le dopage, sur la lutte contre la fraude technologique, et penser que c'est un magnifique sport et que c'est des grands champions, qu'il y a d'ailleurs beaucoup de monde qui vont les applaudir aux bords des routes.
AMANDINE BEGOT
Le dopage, il en sera aussi sans doute question, en tout cas ça va planer, comme ça, au-dessus des J.O de Rio, c'est normal que certains athlètes russes aient pu malgré tout se rendre à Rio ?
THIERRY BRAILLARD
Oui, à partir du moment où le Comité International Olympique décide que ceux qui n'ont pas eu affaire à un quelconque réseau de dopage ou inquiétés par rapport à s'être dopés, c'est-à-dire qu'ils sont « propres », peuvent se rendre à Rio, c'est un choix du CIO, et je crois qu'il faut rendre justice à ceux qui essayent de faire des efforts pour être propres par rapport à ceux qui trichent. En tout cas, jamais il y a des années, les affaires de dopage ne seraient sorties comme aujourd'hui, grâce à l'Agence mondiale antidopage, avec l'Agence française de lutte contre le dopage qui est vraiment locale, donc voyez, ces luttes-là sont vraiment très fortes.
AMANDINE BEGOT
Un mot de l'objectif des Français pour ces J.O. On avait fait 11 médailles d'or aux précédents J.O.
THIERRY BRAILLARD
Moi je crois qu'on va aller au-delà et je pense qu'on peut terminer dans les cinq plus grandes Nations mondiales, ce qui serait une première. On a déjà un premier record, on va battre le nombre de sélectionnés, puisqu'on a une délégation qui va être supérieure à 400, si les basketteurs se qualifient, ce que l'on souhaite, puisqu'ils commencent demain, et donc je pense vraiment qu'on a de très forts potentiels pour arriver dans les cinq meilleures plus grandes Nations mondiales.
AMANDINE BEGOT
C'est l'objectif que vous fixez en tout cas à cette délégation.
THIERRY BRAILLARD
C'est l'objet.
AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Thierry BRAILLARD.
Source : Service d'information du gouvernement, le 5 juillet 2016