Texte intégral
Monsieur le gouverneur militaire des Invalides, mon général,
Monsieur le directeur du musée de l'armée, mon général,
Madame la directrice de la mémoire, du patrimoine et des archives,
Mesdames et messieurs les représentants de l'Office national des Anciens Combattants et des victimes de guerre,
Mesdames et Messieurs,
Dans son autobiographie La Promesse de l'Aube, le romancier et résistant Romain Gary raconte comment sa mère, depuis la Pologne, lui enseigna La Marseillaise. « Une autre partie importante de mon éducation française fut, naturellement, La Marseillaise », raconte Romain Gary. « Nous la chantions ensemble, ma mère assise au piano, moi, debout devant elle, une main sur le cur ». Quand le temps de la Résistance fut venu, Romain Gary continua à chanter La Marseillaise, dans le ciel ennemi.
La Marseillaise fut composée en une nuit, une nuit de génie, du 25 avril au 26 avril 1792, par Rouget de Lisle. La France était en guerre avec l'Autriche depuis 6 jours. « Monsieur de Lisle », demanda-t-on au capitaine du génie, « faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l'appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation ».
La Marseillaise a, depuis plus de deux siècles, accompagné les Français dans les heures calmes comme dans les périls.
Elle nous accompagne plus particulièrement en cette année 2016, qui est, selon le souhait du Président de la République, François Hollande, « année officielle de La Marseillaise ». Avec le ministère de l'Education nationale, le ministère de la Défense s'est pleinement impliqué pour assurer le bon déroulement de cette année. J'ai d'ailleurs, aux côtés de la ministre de l'Education Nationale, lancé officiellement l'année de la Marseillaise, le 4 février 2016, à l'école Louis Pasteur de Fresnes dans le Val-de-Marne. Par le choix de ce lieu, nous voulions rappeler à chacun l'importance de la transmission des valeurs de notre hymne aux jeunes générations.
Cette année doit permettre à chacun de mieux s'approprier notre hymne national, en redécouvrant son histoire, sa signification, et son parcours à travers les régimes.
Les événements tragiques que nous avons connus le 13 novembre 2015 ou le 14 juillet dernier à Nice, donnent à cette année une résonance poignante.
Mais notre hymne a également été au rendez-vous de moments heureux ou festifs, et les événements sportifs comme l'Euro 2016 dernièrement sont des moments de communion où La Marseillaise est le trait d'union.
Partout, dans le pays, tout au long de l'année, l'hymne national a été entonné, avec vitalité, gravité et solennité.
C'est naturellement que les Français se retrouvent autour de leur hymne national pour rendre hommage à nos morts, pour rappeler qu'ils resteront unis face à la barbarie. C'est naturellement que de nombreux pays étrangers ont fait jouer notre hymne dans leurs capitales, en hommage à notre pays, frappé par le terrorisme, mais aussi pour rappeler leur foi dans la liberté et les valeurs que porte la République.
Car les valeurs de la République et de notre hymne sont l'exact contraire de l'idéologie de mort que porte le terrorisme. La Marseillaise est le refrain de la liberté.
C'est pourquoi, au cours de notre histoire, ce sont toujours les régimes anti-démocratiques et autoritaires qui ont voulu l'éteindre. Sous la Restauration, elle est interdite.
Le régime de Vichy entendait lui substituer le pâle « Maréchal, nous voilà » et la Marseillaise fut même proscrite en Zone occupée.
Au son de LaMarseillaise se sont retrouvés les combattants de la liberté, de France mais aussi du monde entier. La Marseillaise est un hymne national, mais sa portée est universelle.
Je pense aux Fédérés de Marseille, qui ont défendu la patrie et la république menacée par les rois coalisés. Je pense à la coalition du Front Populaire, qui a trouvé dans notre hymne un puissant ferment d'union face aux fascismes et qui commémora avec ardeur le centenaire de la mort de Rouget de Lisle en 1936. Je pense aux étudiants du 11 novembre 1940, qui ont bravé l'occupant nazi au son de l'hymne national.
Je pense à Salvador Allende, qui chanta au cours de sa présidence La Marseillaise socialiste, hymne du parti socialiste chilien inspiré du nôtre. La Marseillaise socialiste fut ensuite interdite par le régime d'Augusto Pinochet. Je pense à l'adaptation en russe, de La Marseillaise des Travailleurs, publiée en 1875 et réutilisée en 1917.
Lorsqu'il inaugura la statue en hommage à Rouget de Lisle en 1882 à Lons-le-Saunier, le président du Conseil, Charles de Freycinet, put ainsi rappeler à son auditoire que la « Marseillaise est l'hymne de la patrie, ( ), une force, un honneur et un enseignement ( ), un drapeau de progrès, de civilisation, de liberté ».
Ce chant est un ciment de cohésion. Il garantit et soutient notre unité nationale, notre détermination à lutter pour la liberté.
Nous devons transmettre son histoire et ses valeurs à tous les Français, et plus particulièrement aux jeunes générations.
Et c'est pourquoi je me félicite de la tenue, aux Invalides, dans ce lieu symbolique pour nos armées, de l'exposition consacrée à La Marseillaise et à son compositeur, Rouget de Lisle.
Je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué à l'organisation de cette exposition, dont en premier lieu le musée de l'Armée, qui est un de nos partenaires privilégiés et qui s'engage quotidiennement pour la mémoire de notre pays.
Je salue aussi les institutions partenaires qui ont également contribué à ce projet : l'établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense, le service historique de la Défense, la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de l'université de Paris Ouest Nanterre La Défense, le service archives-documentation-patrimoine de Choisy-Le-Roi, le musée Rouget de Lisle de Lons-le-Saunier, et la documentation-photothèque des musées de Strasbourg.
Je remercie enfin l'Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerres, qui se chargera de reprendre cette manifestation dans une exposition itinérante grâce à ses services départementaux.
Tout au long de l'année, nous nous retrouvons autour de nos valeurs, autour de notre hymne national. De nombreuses manifestations ont déjà eu lieu. Elles ont associé le pays et plus particulièrement la jeunesse.
Je pense par exemple à cette interprétation belle et généreuse de ces centaines d'élèves et de jeunes lauréats du concours « L'Ecole en chur », qui ont entonné l'hymne national lors du défilé du 14 juillet.
D'autres événements se tiendront encore : je songe par exemple à l'organisation, le 2 décembre prochain, d'un colloque de recherche, sur l'histoire de La Marseillaise. Ce colloque, porté par le ministère de la Défense, réunira de nombreux historiens et des scientifiques. La mémoire en effet ne se construit pas un jour ; elle est le fruit d'une exigence et d'un travail scientifique.
En cette année 2016, le ministère de la Défense a également veillé à soutenir financièrement des projets proposés par les établissements scolaires, comme des voyages pédagogiques ou la réalisation de documentaires autour de notre hymne national.
Notre hymne a une histoire glorieuse. Il est indissociable de la lutte des Révolutionnaires pour conquérir la liberté. Il est indissociable de l'histoire de notre pays, de ses combats, de ses valeurs.
Encore aujourd'hui, nous chantons La Marseillaise avec émotion.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 3 août 2016