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Le 29 février dernier, j'étais à Metz pour lancer l'expérimentation des Points conseil budget, aux côtés de mes collègues Christian Eckert et Martine Pinville.
Cela fait donc à peine plus de 4 mois que nous avons officiellement lancé ce projet. Mais cela faisait des mois, voire des années pour certains, que vous étiez engagés, chacun de votre côté, sur la question de la lutte contre le surendettement : certains à titre bénévole, d'autre à titre professionnel. Certains à titre gratuit, d'autres en faisant payer un service expert destiné à résoudre des situations complexes qui se seraient sinon rapidement dégradées.
Certaines sociétés privées de recouvrement sans scrupule n'hésitent pas à se présenter comme étant au service des personnes. Et que dire de sociétés qui vont jusqu'à racheter des fichiers de ménages endettés afin de leur réclamer des dettes pourtant échues ? On est là aux antipodes du projet dont il est question aujourd'hui, mais cela montre bien que des dérives sont possibles et que nous devons donc nous doter collectivement d'un cadre d'intervention et de garde-fous.
Je dois dire que ce modèle libre et ouvert fondé sur un partenariat public-privé est particulièrement inhabituel pour un dispositif porté par les pouvoirs publics, et à fortiori dans le domaine de l'action sociale. Mais c'est là que réside en réalité le caractère innovant de ce projet, qui vise précisément à mettre en réseau les acteurs du surendettement afin de permettre un traitement global et mutualisé des dossiers et une stabilisation durable de la situation des personnes. Je crois que nous sommes tous convaincus autour de cette table que nous avons tous intérêt à combattre collectivement les processus de surendettement.
Je souhaite aujourd'hui renouveler mon soutien, car je sais que son succès dépendra de l'engagement de l'ensemble des partenaires (associations, établissements de crédit, créanciers) afin de coordonner les interventions auprès des personnes dans une logique d'efficacité et de solidarité. C'est toute l'idée de la stratégie de « développement social » qui est au coeur du plan d'action en faveur du travail social qui se met en oeuvre actuellement sous l'égide du Haut Conseil du Travail Social, que j'ai installé pas plus tard que cet après-midi.
Je dois dire à ce titre que les Points conseil budget sont pour moi un laboratoire de ce que nous essayons de faire à plus grande échelle dans le cadre de ce plan d'action, qui vise à améliorer l'accompagnement des personnes en renforçant la coordination et le travail en réseau, en s'appuyant sur le partage d'informations et l'utilisation des outils numériques. Il s'agit également de renforcer l'accès aux droits des personnes en mettant en place un premier accueil social de proximité, afin que les personnes rencontrant des difficultés sociales puissent être orientées rapidement vers les dispositifs répondant à leurs besoins. Le premier accueil social fera l'objet d'une journée de travail dès demain au sein de ce ministère, afin d'élaborer un guide des bonnes pratiques, et devra ensuite être pleinement intégré aux schémas départementaux d'amélioration de l'accessibilité des services au public, qui devront être mis en place par les Conseils Départementaux d'ici fin 2017. Les PCB trouveront toute leur place dans ces schémas, afin de pouvoir orienter un maximum de personnes vers ce dispositif avant que les difficultés ne s'accumulent.
Car cette expérimentation n'aura de sens que si elle permet réellement de toucher un public très large, au-delà des personnes déjà connues des acteurs du surendettement : car il s'agit de permettre au plus grand nombre de personnes concernées d'anticiper les difficultés qui peuvent être occasionnées par de simples changements de situation personnelle ou professionnelle (naissance, séparation, perte d'emploi, etc.). Vous le savez, le surendettement est un enfer, les personnes qui en font les frais peuvent en témoigner (j'en ai moi-même rencontrées certaines à plusieurs reprises). Il s'agit donc avant tout de sortir ces familles de cette spirale infernale en renégociant avec les créanciers des conditions de remboursement de leurs dettes qui soient raisonnables et acceptables pour les personnes, et en se tenant à leurs côtés pour les soutenir dans cette période de difficultés qui est aussi une période de reconquête de leur autonomie financière.
C'est en ce sens que j'écrirai très prochainement aux présidents des associations d'élus (ADF, AMF, mais aussi UNCCAS), de l'Union des Bailleurs Sociaux (USH) ainsi que de la Fédération Bancaire Française, afin de leur demander de diffuser le plus largement possible le kit de communication PCB (flyers et affiches) dans leurs réseaux, afin qu'il soit mis à disposition des personnes dans tous les lieux de proximité (points d'accueil, halls d'immeubles, guichets bancaires ). Je compte également sur vous pour retransmettre ce kit, afin que les personnes concernées puissent être informées de l'existence de ce dispositif.
Nous avons encore plusieurs mois d'expérimentation devant nous avant d'en dresser un bilan et d'en tirer des conclusions concernant le cadre optimal de fonctionnement d'un réseau national de PCB permettant de garantir un service indépendant et efficace, dans l'intérêt des personnes concernées. D'ici là, l'expérimentation doit continuer à monter en puissance afin que l'on puisse en mesurer pleinement les effets et l'utilité.
Ce Comité de pilotage a été l'occasion je crois de montrer que les partenariats se structurent et s'enrichissent progressivement dans les territoires qui se sont engagées dans cette expérimentation. Des outils de formation, de contractualisation et de partage d'information se mettent en place. Une dynamique est lancée, il faut maintenant la prolonger et la renforcer.
Je vous remercie.
Source http://social-sante.gouv.fr, le 25 juillet 2016