Déclaration de Mme Laurence Rossignol, ministre des familles, de l'enfance et des droits des femmes, sur la lutte contre les discriminations envers les femmes, Genève le 12 juillet 2016.

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Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les membres du Comité,
Je souhaite d'abord vous remercier pour cet échange nourri sur la politique de la France en matière de droits des femmes. Comme je vous l'indiquais dans mon propos introductif, cette audition est l'occasion d'effectuer notre propre évaluation et vos recommandations pourront être un point d'appui afin de faire progresser les droits des femmes et l'égalité dans notre pays.
Le travail effectué en vue de la préparation de cette audition a été un travail riche, utile, pour mon Ministère et pour l'ensemble des Ministères qui se sont très fortement impliqués.
Vous nous avez interrogés sur de nombreux sujets qui sont tous, pour nous, des points particuliers d'attention. Parmi ces sujets, il y avait bien entendu la situation des femmes dans les départements d'Outre-Mer et les territoires d'Outre-Mer, la situation des femmes migrantes, la situation des femmes roms, et vous aurez, je le souhaite, observé que la précision des réponses, mais aussi leur sincérité et leur franchise, révèlent l'importance que nous donnons nous-mêmes à ces sujets. Nous ne vous avons pas caché certaines difficultés.
Je voudrais, par ailleurs, revenir sur deux choses. Nous avons peu parlé, en fait, des sujets d'égalité professionnelle et de droits sexuels et reproductifs. Nous avons pris des sujets, je pense, pour lesquels vous considérez que la France a des marges de progression. Mais je voudrais quand même simplement rappeler que mon action se situe toujours dans ce que Simone de Beauvoir a exposé comme étant les conditions d'émancipation des femmes : d'abord l'autonomie par le travail, deuxièmement le contrôle des naissances et le droit de disposer de son corps. Vous avez aussi observé, cela ne vous a pas échappé, que parfois nous nous trouvons à devoir nous situer dans de petites contradictions. Ces contradictions sont, à la fois, le respect des coutumes autochtones, auquel le Comité et l'ONU sont très attachés, et, en même temps, l'égalité entre les femmes et les hommes dont nos membres de la délégation vous ont fort bien expliqué comment ils abordent ces questions avec humanité, respect et ambition.
Vous nous avez demandé – c'est revenu à plusieurs reprises – de veiller à protéger spécifiquement les femmes victimes de racisme et nous vous avons exposé comment nous avons une action globale, à la fois contre le racisme et contre le racisme spécifique qui pourrait toucher certaines femmes. Vous avez beaucoup insisté sur le racisme antimusulman dont seraient victimes des femmes musulmanes parce qu'elles sont femmes et musulmanes. Notre vigilance est grande et nous le combattons au même titre que nous combattons l'ensemble des racismes dont les femmes sont spécifiquement victimes. A ce point, je voudrais vous dire aussi que mon rôle est également de défendre et de protéger les femmes qui sont victimes de discriminations en raison de la liberté de leur mode de vie, de leurs convictions philosophiques ou de leur volonté d'émancipation. Et il est aussi particulièrement de mon devoir de protéger toutes celles qui souhaitent échapper à l'extension d'une emprise religieuse plus présente, plus rigoriste, qui multiplie les interdits contre les femmes. Vous ne l'avez pas évoqué mais nous avons aussi en France à protéger les femmes qui sont victimes d'agressions, parfois physiques, de harcèlement, parce que, justement, elles s'émancipent des cultures religieuses dont elles sont issues. Notre rôle – mon rôle – c'est de traiter toutes ces discriminations, toutes ces agressions contre les femmes, avec la même vigilance, la même attention et leurs victimes avec la même bienveillance.
Je tiens aussi à me joindre aux mots aimables que vous avez prononcés à l'égard de Nicole Ameline, qui représente la France dans ce Comité. J'en ai été heureuse et touchée en tant que chef de délégation de la France, et c'est bien volontiers que je suis heureuse de constater que vous avez choisi qu'elle continue de siéger dans votre Comité, je l'en ai félicité déjà.
Voilà, Mesdames et Messieurs les membres du Comité, ce que je voulais vous apporter en conclusion, en vous remerciant encore de cette excellente journée de travail.
Source http://www.familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr, le 26 juillet 2016