Texte intégral
JEROME CHAPUIS
Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jérôme CHAPUIS.
JEROME CHAPUIS
Merci d'être avec nous ce matin. Avant de parler de Nice et des attentats, d'abord cette très forte chaleur sur la plupart des régions de France, vous renouveler ce matin votre appel à la vigilance.
MARISOL TOURAINE
Oui, appel à la vigilance pour tout le monde parce que la chaleur ce n'est pas seulement de l'inconfort, la chaleur ça peut être dangereux pour la santé ; et vigilance renforcée évidemment pour les personnes fragiles, c'est-à-dire les personnes âgées, les personnes malades, les enfants, les femmes enceintes, les personnes sans domicile fixe, les personnes qui travaillent à l'extérieur.
JEROME CHAPUIS
Et ça pas seulement dans les départements qui sont placés officiellement, les 12 départements en vigilance canicule.
MARISOL TOURAINE
Il y a des départements qui sont en vigilance canicule, par exemple mon département l'Indre et Loire, où je me rendrais d'ailleurs dans l'après-midi, mais il y a une vague de chaleur sur une grande partie de la France et je serais dans une maison de retraite tout à l'heure dans Paris pour rappeler ces consignes de précaution et dire qu'il faut boire, se protéger, se mettre au frais ; et si on a la moindre question, on peut appeler un numéro vert, un numéro gratuit qui donne toutes les réponses aux questions que l'on peut se poser. Ce numéro je me permets de le donner, c'est le 0800 06 66 66, il a été activé, je l'ai activé dès hier matin pour répondre aux questions de nos concitoyens. Et donc je dis attention la chaleur ça peut avoir des conséquences préoccupantes, problématiques pour la santé, ce n'est pas simplement désagréable.
JEROME CHAPUIS
Alors parlons de Nice, à présent, vous y étiez à nouveau hier, je crois pour la quatrième fois depuis la nuit de jeudi à vendredi. D'abord peut-être donnez-nous des nouvelles des blessés.
MARISOL TOURAINE
Vous l'avez dit je me suis rendu immédiatement dans les hôpitaux de Nice, dans la nuit de jeudi à vendredi pour être au chevet des victimes et pour apporter mon soutien et exprimer ma reconnaissance aux professionnels de santé qui ont été exceptionnels. Aujourd'hui il y a encore, enfin hier soir très exactement, il y avait encore 70 personnes hospitalisées, blessés et hospitalisées, dont 19 pour lesquelles le pronostic vital reste engagé. Et on ne peut donc pas de prononcer pour la suite. C'est une situation difficile à laquelle nous nous étions préparés. Les médecins sont tout à fait remarquables et on connait l'excellence française. Par ailleurs, nous avions engagé des formations spécifiques au cours des mois derniers, nous avons mis en place des exercices, il y en a eu dans toute la France, et dans les Alpes Maritimes au cours des derniers mois il y en a eu quatre exercices pour améliorer encore la réponse nécessaire en cas d'accident, d'ailleurs, ou d'attentat.
JEROME CHAPUIS
S'exercer c'est une chose, vivre un évènement et être confronté à la réalité c'en est une autre. Dans quel état d'esprit étaient hier les personnels que vous avez encore vus ?
MARISOL TOURAINE
Les professionnels de santé, les médecins, les infirmières, les aides-soignantes, les psychologues, tous les professionnels sont à la fois pleinement mobilisés et évidemment profondément heurtés, atteints parce qu'ils ont vu. Ils me l'ont dit et répété, ils n'avaient jamais vu cela ; et même quand on soigne, qu'on guérit, qu'on est confronté à la mort on n'est pas préparé pour cela. Et c'est pour cette raison que je veux à nouveau leur rendre hommage et c'est aussi pour cette raison je veux le dire que les polémiques qui interviennent depuis quelques jours sur l'état de sécurité, la réponse du gouvernement, que ces polémiques sont non seulement indignes, mais qu'elles témoignent d'une spirale outrancière qui fait du mal à notre pays, à un moment où le pays a besoin de se retrouver et de se rassembler.
JEROME CHAPUIS
On va parler des débats, de la polémique ; une question l'indemnisation des victimes. Vous avez sans doute entendu les informations de Martial YOU ce matin sur RTL, qui nous révèle que le fonds de garantie d'aide aux victimes risque de manquer de ressources. Que pouvez-vous nous dire ce matin sur ce sujet.
MARISOL TOURAINE
Toutes les personnes qui ont besoin d'être indemnisées seront indemnisées. Evidemment l'Etat sera au côté des victimes, de toutes les victimes, et moi je veux dire cela de la manière la plus claire qui soit. Le fonds recevra les financements nécessaires pour indemniser les victimes qui seront identifiées. Et donc ça c'est un point extrêmement clair, il n'y aura pas de manque de ressource sur ce fonds.
JEROME CHAPUIS
S'il faut aller au-delà des 1 milliards 300 millions d'euros
MARISOL TOURAINE
Je vous dis l'Etat sera au côté des victimes. Par ailleurs, pour ce qui est de la prise en charge des soins des personnes qui ont été hospitalisées, qui le sont encore, et qui auront besoin d'être soignés dans la durée, j'ai annoncé et je répète ici à votre micro ce matin que ces soins seront pris en charge à 100 % par la sécurité sociale, y compris lorsqu'il y a des dépassements d'honoraires j'espère qu'ils seront le plus limité possible mais ils seront pris en charge à 100 % pour que les blessés, les victimes ne se retrouvent pas en plus confrontés à des inquiétudes sur le plan financier, et cela c'est déjà opérationnel, si j'ose dire.
JEROME CHAPUIS
Quand on parle de victime de qui parle-t-on ? Vous parlez évidemment des blessés, des familles de victimes, mais est-ce que les personnes qui ont vu les témoins
MARISOL TOURAINE
Non, je distingue deux choses. Je distingue les personnes qui ont besoin de recevoir des soins, et pour cela moi ministre en charge de la Santé je mets en place, j'ai mis en place des dispositifs. D'abord ce dispositif de prise en charge à 100 % dans la durée des soins nécessaires ; et par ailleurs l'accompagnement psychologique puisque nous avons mobilisé des équipes qui accompagnent psychologiquement les victimes. Et puis par ailleurs il y a l'indemnisation des victimes. C'est la secrétaire d'Etat en charge des victimes qui met en charge ce processus, qui est évidemment plus large que les seuls blessés, et là encore je le dis l'Etat sera au rendez-vous.
JEROME CHAPUIS
Vous évoquiez le climat politique, vous étiez hier à l'hommage au côté du Premier ministre lorsqu'il y a eu des sifflets qui s'adressaient notamment au gouvernement et à Manuel VALLS, qu'est-ce que vous avez ressenti ?
MARISOL TOURAINE
Hier c'était un moment de deuil et de recueillement. Et donc je le dis-moi j'ai été heurtée, attristée, choquée que ce moment de recueillement donne lieu à des débordements, organisés peut-être, mais à des débordements.
JEROME CHAPUIS
Organisés ?
MARISOL TOURAINE
Je n'en sais rien, mais organisés peut-être, mais en tout cas ces débordements n'avaient pas lieu d'être. Aujourd'hui la France a besoin de se rassembler. Moi j'entends ceux qui disent « nous voulons poser des questions, nous voulons savoir comment était organisé le système de sécurité », oui. Des questions oui, des interrogations oui, des débats démocratiques oui, mais des mises en accusation, des mots comme « mensonge d'Etat », comme « tout ce qui devait être fait n'a pas été fait », cela est indigne d'une démocratie, indigne de responsables d'Etat. Nous sommes dans un moment où les Français
JEROME CHAPUIS
Vous ciblez qui là ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez j'ai vu l'ancien maire de Nice tenir des propos outranciers, j'ai entendu un ancien président de la République ne pas être à la hauteur des fonctions auxquelles il prétend. Je le dis très clairement, lorsque nous sommes dans un moment aussi difficile que celui que traverse la France, on voit bien que les Français ont les nerfs à vif. Eh bien dans un tel contexte être un homme d'Etat, être un responsable c'est ne pas céder à la pression du moment, c'est ne pas se laisser entrainer, emporter par la spirale de l'outrance.
JEROME CHAPUIS
Mais il y a précisément de la colère dont il faut peut-être prendre en compte aussi.
MARISOL TOURAINE
Oui il faut apporter des réponses, des réponses fermes et précises sur les faits. Combien de policiers ? Rappeler que les policiers avaient été mobilisés. Rappeler que ce ne sont pas ceux qui ont supprimé plus de 13 000 postes de policiers alors que nous en avons créés 9000 depuis 2012 qui doivent nous donner des leçons sur les effectifs. Rappeler que nous avons augmenté le budget de fonctionnement de la police et des forces de sécurité. Rappeler que nous avons fermé des lieux de culte radicalisés, ce qui n'avait jamais été fait auparavant. Nous devons rappeler les faits. Et dans le même temps, je le dis parce que j'y tiens, nous devons rester fermes sur les principes de l'état de droit. L'état de droit c'est une protection
JEROME CHAPUIS
Et donc ne pas céder
MARISOL TOURAINE
Expliquer qu'on va enfermer des gens sur de simples soupçons c'est remettre en cause le cadre de l'état de droit, de notre Constitution et cette dérive elle est dangereuse pour le pays, elle est dangereuse à un moment où notre pays a besoin de responsabilité, de solidité et de cohésion.
JEROME CHAPUIS
Merci Marisol TOURAINE d'avoir été l'invitée de RTL ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 juillet 2016